EPI-CLIN 2014 / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 62S (2014) S133–S164 sur la prévention des cancers était rapporté par 25,6 % des médecins. Une grande diversité de comportement est observée en ce qui concerne les dépistages, et cela même pour les cancers qui font l’objet de recommandations claires comme le cancer du sein ou du col de l’utérus. On constate par exemple que le dépistage des cancers de la prostate par dosage de l’antigène spécifique prostatique est pratiqué par 70,2 % des médecins mais que seulement 6,7 % des médecins utilisent des tests HémoccultII® comme test de dépistage. Conclusion.– Cette étude souligne la nécessité de renforcer les connaissances des praticiens sur les tests de dépistage. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.102 P8-11
Association entre l’adhésion à la diète méditerranéenne et le tour de taille au Maroc : résultats d’une étude transversale M. Atassi a , C. Nejjari a , A. Najdi a , A. Zidouh b , R. Bekkali b , K. El Rhazi a a Laboratoire d’épidémiologie,recherche clinique et santé communautaire, Fès, Maroc b Fondation Lala Salma de lutte contre le cancer, Rabat, Maroc Mots clés : Cancer ; Diète méditerranéenne ; Maroc ; Obésité ; Tour de taille Introduction.– Le taux d’obésité et de surpoids, deux facteurs associés à un risque accru de cancer, a augmenté de fac¸on marquée au Maroc. L’obésité est principalement liée au comportement alimentaire et caractérisée dans la plupart des études par l’indice de masse corporelle (IMC). Objectif.– Le but de cette étude était d’étudier l’association entre l’adhérence à la diète méditerranéenne (ADM) et l’obésité évaluée par le tour de taille (TT) plutôt que par l’IMC. Méthodes.– Une étude transversale nationale a été menée en mai 2008 sur un échantillon représentatif des adultes marocains. Les données sociodémographiques et les facteurs de risque du cancer (tabagisme, alcoolisme, activité physique, ADM) étaient recueillis à l’aide d’un questionnaire. L’ADM était évaluée grâce à un questionnaire de fréquence alimentaire (FFQ), un score d’ADM simplifié était mesuré en se basant sur la fréquence de consommation hebdomadaire de huit aliments (légumes, légumineuses, fruits, céréales ou pommes de terre, poisson, viande, produits laitiers et huile d’olive). Une valeur de 0 ou 1 était attribuée à chacun de ces huit aliments en fonction de leurs effets bénéfiques ou néfastes sur la santé. Le score total de l’ADM simplifié variait de 0 (adhésion minimale) à 8 (adhésion maximale). Des mesures anthropométriques standardisées étaient effectuées pour calculer l’IMC (kg/m2 ) et le TT (cm). La régression linéaire multiple était utilisée pour étudier les déterminants du TT. Résultats.– Au total, 2801 sujets étaient inclus dans l’étude, 49,5 % étaient des femmes et l’âge moyen était de 41,7 ± 15,3 années, 58,4 % vivaient en milieu urbain, 53,3 % avaient un revenu mensuel < 2000 dirhams et 69 % étaient mariés. L’IMC moyen était de 23,8 ± 3,8 kg/m2 chez les hommes et de 26,1 ± 5,1 kg/m2 chez les femmes (p < 0,000), le TT moyen était de 88 ± 11 cm chez les hommes et de 88,5 ± 12,4 cm chez les femmes (p = 0,293). le score d’ADM simplifié était de 5,08 ± 1,18. Dans l’analyse brute, la régression linéaire simple avait montré une association positive entre l’ADM et le TT ( = 0,05, p < 0,02) et aucune association avec l’IMC ( = –0,007, p = 0,750). Les principaux déterminants du TT étaient l’âge ( = 0,15, p < 10−3 ), statut non-fumeur ( = 3,67, p < 10−3 ), marié ( = 6,07, p < 10−3 ), plus de 5000 MAD/mois( = 3,26, p = 0,002), milieu urbain ( = 2,55, p < 10−3 ), problème de santé ( = 1,71, p = 0,001) et l’ADM ( = 0,41, p = 0,05). Conclusion.– Cette étude avait montré que le TT, indicateur de l’obésité, est plus lié à l’ADM que l’IMC, Ceci peut aider à mieux déterminer la population à risque dans les programmes de prévention du cancer. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.103 P8-12
Méta-analyse de données binaires : utilisation de la loi bêta-binomiale pour l’estimation de la variance intra-étude
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C. Ferdynus a , L. Huiart a , R. Giorgi b CHU La Réunion, Saint-Denis, La Réunion, France b Université Aix-Marseille, UMR 912, Marseille, France
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Mots clés : Méta-analyse ; Surdispersion ; Binomiale ; Bêta-binomiale Introduction.– La méta-analyse est devenue une technique incontournable pour synthétiser les résultats d’études cliniques publiées. Ces résultats à synthétiser peuvent se présenter, notamment dans le cas d’études transversales, comme des probabilités. Dans l’approche « classique » de la méta-analyse, on suppose que la transformation logit de cette probabilité suit une loi normale et on pondère chaque étude par l’inverse de la variance de cette probabilité, dite variance intra-étude. L’approximation de cette variance est réalisée à l’aide de la loi binomiale. Cette approche tend à fournir des estimations biaisées des paramètres, possiblement par l’absence de prise en compte d’une potentielle variation extra binomiale. Une alternative à cette approximation pourrait être l’utilisation de la loi bta-binomiale, permettant de prendre en compte cette dispersion. Nous proposons, dans cette étude, d’approximer la variance intra-étude à l’aide d’une loi bêta-binomiale et de comparer les résultats à ceux obtenus par l’approche « classique ». Méthodes.– Nous avons donc simulé les résultats d’études cliniques transversales dont le critère de jugement serait la probabilité d’observer l’évènement. Pour tester la robustesse et la précision des deux approches, nous avons élaboré plusieurs scénarios en faisant varier d’une part cette probabilité, et d’autre part la variance inter-étude. Chaque scénario était simulé 1000 fois et était ensuite analysé en utilisant l’approche « classique », puis l’approche basée sur la loi bêta-binomiale. Le biais, l’écart quadratique moyen (EQM) et la couverture réelle des intervalles de confiance à 95 % ont été estimés pour chaque scénario. Résultats.– En utilisant l’approche classique, le biais variait de -1,31 % (EQM = 0,09) à 1,35 % (EQM = 0,10). En utilisant une estimation de la variance basée sur la loi béta-binomiale le biais variait de –0,28 % (EQM = 0,03) à 0,45 % (EQM = 0,03). La couverture réelle minimale des intervalles de confiance à « 95 % » était de 85,6 % pour l’approche classique et de 90,9 % pour celle utilisant une loi bêta-binomiale. Conclusions.– Pour une méta-analyse de données binaires, l’utilisation d’une loi bêta-binomiale plutôt qu’une loi binomiale pour l’estimation de la variance permet de réduire de fac¸on simple le biais d’estimation des paramètres. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.104 P8-13
Comparaison du flux et du refus de participation des patients dans les essais contrôlés randomisés en population adulte et pédiatrique : une revue E. Le Roux a , C. O’Neill a , T. Ait Aissa b , J. Shroedt b , C. Alberti a a Inserm, U 1123 et CIC 1426, Paris, France b AP–HP, hôpital Robert-Debré, unité d’épidémiologie clinique, Paris, France Mots clés : Essais controlés randomisés ; Pédiatrie ; Reporting ; Refus ; Consentement Contexte.– Le recrutement des enfants dans les essais cliniques est connu comme étant particulièrement difficile, notamment à cause du refus des parents. C’est une des principales barrières à la réalisation d’études en pédiatrie. Objectif.– Nous avons souhaité déterminer et comparer les taux de refus des populations pédiatriques et adultes dans les essais contrôlés randomisés et les facteurs associés. Méthodes.– Une revue de la littérature a été réalisée à partir d’essais contrôlés randomisés conduits en populations pédiatrique ou adulte et publiés dans 15 journaux à haut facteur d’impact entre 2005 et 2012. Les données ont été collectées, en double lecture, sur une grille standardisée comprenant des items sur la population étudiée, les caractéristiques de l’étude, le flux de patients et les critères de qualité de l’étude. Les analyses sont descriptives et exploratoires. Le taux de refus est défini par le nombre de refus rapporté à la population éligible. Un modèle de Poisson a été utilisé pour expliquer les refus. Principaux résultats.– Parmi les 235 articles analysés, 150 (64 %) présentaient un flowchart. Les nombres médians de personnes éligibles et de personnes
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randomisées étaient respectivement de 263 (Q1 : 128–Q3 : 498) et 156 (Q1 : 82–Q3 : 300) en population pédiatrique et de 552 (Q1 : 193–Q3 : 958) et 456 (Q1 : 185–Q3 : 867) en population adulte. Le nombre de refus était rapporté dans 113 articles. Les études pédiatriques le publiaient plus fréquemment (63/104, 61 %) que les études adultes (51/131, 38 %) (p < 0,01). Le taux de refus dans les essais pédiatriques était de 13 % (Q1 : 3 %–Q3 : 32 %) et de 2 % (Q1 : 0 %–Q3 : 9 %) dans les essais adultes (p < 0,01). Les facteurs associés au taux de refus dans la population éligible totale étaient l’âge pédiatrique (OR : 1,65 IC 95 % : [1,20–2,27]), le pronostic vital engagé (OR : 0,43 IC 95 % : [0,31–059]), le financement industriel (OR : 0,20 IC 95 % : [0,1–0,35]) et le bras de contrôle actif (OR : 0,70 IC 95 % : [0,50–0,97]). Conclusion.– Le refus de participation est encore insuffisamment documenté dans les articles. Bien que le nombre de refus rapporté à la population éligible soit plus important dans la population pédiatrique, le dénominateur y est plus petit. De plus, il y a un biais de reporting dans les études adultes ne donnant qu’une vision restreinte des taux de refus réels. Les refus peuvent poser des problèmes de validité externe d’autant plus que les profils entre les personnes éligibles participant et celles ayant refusé seront différents. Ils entraînent une augmentation de la durée et des coûts des études causant parfois leur arrêt prématuré. Une meilleure identification des refus pourrait permettre de définir des stratégies de recrutement plus adaptées dans les essais contrôlés randomisés. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.105 P8-14
Les facteurs de risque du cancer du sein chez les femmes de la région de Fès, Maroc : résultats préliminaires d’une étude cas-témoin M. Khalis , H. Charaka , Y. El Achab , A. Nadji , S. Elfakir , M. Berraho , K. Elrhazi , C. Nejjari Laboratoire d’épidémiologie, santé communautaire et recherche clinique, faculté de médecine et de pharmacie, Fès, Maroc Mots clés : Facteurs de risque ; Cancer du sein ; Étude cas-témoin ; Fès ; Maroc Introduction.– Au Maroc, le cancer du sein est le premier cancer chez la femme. Aucune étude publiée n’a encore montré si les facteurs de risques du cancer du sein chez la femme marocaine sont les mêmes facteurs connus et existants dans la littérature. L’objectif de notre étude est de déterminer les principaux facteurs de risque du cancer du sein chez les patientes de la région de Fès. Méthodes.– Il s’agit d’une étude cas-témoins avec appariement sur l’âge, menée au CHU Hassan II de Fès de janvier à mai 2014. Le nombre des sujets nécessaires dans chacun des deux groupes était de 88. Pour les cas, il s’agit des cas incidents et des cas prévalents diagnostiqués au maximum il y a six mois à la date de l’entretien. Les témoins sont des accompagnantes des patients admis au centre des consultations externes de CHU de Fès dont le résultat d’examen clinique des seins est négatif. Résultats.– Après recrutement de 137 femmes (71 cas et 66 témoins), la consommation des contraceptifs oraux pour une durée de deux ans ou plus était plus fréquente chez les cas par rapport aux témoins (59,2 % versus 42,42 % ; p = 0,04). La nulliparité était plus élevée chez les cas comparativement aux témoins (23,9 % versus 12,12 % ; p = 0,07). L’allaitement maternel pour une durée de deux ans ou plus était plus fréquente chez les témoins que chez les cas (53,1 % versus 39,4 % ; p = 0,07). Autres tendances remarquées : l’histoire du cancer dans la famille : 19,7 % pour les cas versus 12,1 % pour les témoins, le tabagisme passif : 52,1 % pour les cas versus 40,9 % pour les témoins. Conclusion.– Le résultat de cette étude permettra de mieux repérer les populations à risque de développer un cancer du sein au Maroc et contribuera à l’élaboration des stratégies de prévention et de contrôle de cette maladie. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.106 P8-15
Les indicateurs de mesure de la production et de l’impact de la recherche médicale : revue systématique de la littérature
F. Thonon a , R. Boukedid b , S. Rousseau a , A. Trinssoutrop a , M. Saghatchian a , C. Alberti b a Institut Gustave-Roussy, Villejuif, France b Unité d’épidémiologie clinique, Hôpital Robert-Debré, Paris, France Mots clés : Indicateurs ; Scientométrie ; Recherche médicale Introduction. - Le Projet EurocanPlatform WP12-2 est un projet européen dont l’objectif est de développer et tester un ensemble d’indicateurs destinés à mesurer la recherche en cancérologie des institutions en termes de bénéfices scientifique et sociétal. De nombreux indicateurs existent pour mesurer l’impact et la production de la recherche médicale. L’objectif de ce travail était : – d’identifier tous les indicateurs pouvant mesurer la production ou l’impact de la recherche médicale conduite par les institutions ; – de répertorier leur méthodologie de construction ou de calcul et leurs points positifs et négatifs. Méthodologie.– Nous avons effectué une recherche à partir de trois bases de données (Pubmed, Scopus et Web of Science) à partir des mots clé : [Research outcome* OR research output* OR bibliometric* OR scientometric* OR scientific production AND indicator* OR index* OR evaluation OR metrics] par deux chercheurs indépendants et ajouté les articles présentés dans la bibliographie. Une grille d’extraction standardisée a été développée. Pour chaque article le nombre et la nature des indicateurs ont été relevés. Pour chaque indicateur, plusieurs items ont été retenus dont la définition de l’indicateur, son mode de calcul, ses points forts et points faibles. Le texte complet de chaque article a été soumis à une double lecture. Résultats.– Au total, 57 indicateurs ont été identifies à partir des 66 articles sélectionnés. Ces indicateurs ont été repartis en six catégories : indicateurs d’activité de recherche (9/57 (15,8 %) indicateurs), indicateurs bibliométriques (24/57 (42,1 %) indicateurs), indicateurs de collaboration (5/57 (8,8 %) indicateurs), indicateurs de production industrielle (7 (12,3 %) indicateurs), indicateurs de dissémination (4 (7,0 %) indicateurs) et indicateurs d’impact de la recherche (8 (14,0 %) indicateurs). L’indicateur le plus discuté ou décrit est le h-index avec 24 (42,1 %) articles le mentionnant. Conclusion.– La majorité des indicateurs identifiés sont des indicateurs bibliométriques. Plusieurs indicateurs ont été développés pour améliorer le h-index. Cet indicateur a également inspiré la création de plusieurs indicateurs utilisés pour mesurer la production industrielle (« h-index brevet ») et la collaboration (« Partnership ability index »). Plusieurs articles proposent des indicateurs d’impact de la recherche mais ne proposent pas de méthodologie précise pour leur utilisation et leur calcul. De nombreux indicateurs ont été identifiés dans la littérature. Un grand nombre d’entre eux ont été crées mais n’ont jamais été utilisés par la suite. La prochaine étape serait d’identifier les indicateurs les plus pertinents pour une utilisation en routine dans les institutions de recherche en utilisant une méthode de consensus type Delphi auprès d’un panel d’experts. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.107 P8-16
Mortalité à un an des patients âgés hospitalisés en urgence pour insuffisance cardiaque sévère : cohorte prospective Elisa P.-A. Natella , P. Le Corvoisier , B. Renaud , E. Paillaud , O. Montagne , S. Bastuji-Garin AP–HP, hôpital Henri-Mondor, Créteil, France Mots clés : Personne âgée ; Insuffisance cardiaque ; Mortalité extrahospitalière ; Survie à un an ; Facteur pronostique gériatrique Introduction.– La prévalence de l’insuffisance cardiaque (IC) est de 10 à 20 % chez les patients âgés de 70 ans et plus. Les décompensations, fréquentes, sont grevées d’une lourde morbi-mortalité. Peu d’études se sont intéressées spécifiquement au pronostic chez les sujets âgés. Notre objectif était, à partir d’une vaste cohorte (Elisa) de patients âgés hospitalisés pour décompensation d’IC, d’estimer la mortalité post-hospitalière à un an, ainsi que les facteurs associés. Méthodes.– Cohorte prospective multicentrique de 555 patients âgés de 75 ans et plus hospitalisées en service d’accueil des urgences pour IC aiguë (critères de Framingham). Au total, 478 patients sortis vivants ont été suivis pendant deux ans. Les taux de survie ont été estimés par la méthode de Kaplan–Meier. Les