Journal de pédiatrie et de puériculture (2017) 30, 17—19
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CAS CLINIQUE
Corps étrangers du cavum : à propos de deux cas chez le nourrisson Nasopharyngeal foreign body: About two cases in infants W. Foma a,∗, B. Amana a, E. Pegbessou a, E. Tagba a, E. Boko b, E. Kpemissi a a
Service d’ORL et chirurgie cervico-faciale, CHU Sylvanus-Olympio de Lomé, BP 57, Lomé, Togo b Service d’ORL et chirurgie cervico-faciale, CHU campus de Lomé, BP 30284, Lomé, Togo Rec ¸u le 1er d´ ecembre 2016 ; accepté le 16 d´ ecembre 2016
MOTS CLÉS Cavum ; Corps étranger ; Nourrisson
KEYWORDS Nasopharynx; Foreign body; Infant
∗
Résumé L’enclavement de corps étranger ingéré dans le cavum est une situation rare qui peut même être méconnue surtout chez le nourrisson ne pouvant pas relater l’incident, d’autant plus que cette localisation est difficilement accessible à la clinique. Sa gravité réside dans le fait qu’il est tributaire d’un risque d’asphyxie par obstruction des voies aériennes inférieures en cas de descente du corps étranger. Nous rapportons deux cas de corps étranger du cavum chez des nourrissons de 2 ans. La radio-opacité des corps a été déterminante dans le diagnostic et l’extraction a été faite au doigt dans les 2 cas sous anesthésie générale au masque. eserv´ es. © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´
Summary The enclavement of a foreign body ingested in the nasopharynx is a rare situation that can even be unrecognized especially in infant who can’t tell the incident, insomuch as that location is hardly accessible to clinical examination. Its gravity is tributary to the risk of asphyxia by lower airways obstruction in case of foreign body’s descent. We report two cases of nasopharyngeal foreign body in two infants of 2 years. The radio-opacity of the bodies was determinant in the diagnosis and the extraction was made by finger under mask general anesthesia. © 2016 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (W. Foma).
http://dx.doi.org/10.1016/j.jpp.2016.12.005 0987-7983/© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es.
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Introduction Un corps étranger (CE) introduit par la bouche passe en général dans l’œsophage ou dans les voies aériennes inférieures et donc remonte rarement vers le cavum [1,2]. Les corps étrangers du cavum (CEC) sont rares et peuvent être méconnus surtout chez le nourrisson ne pouvant pas relater l’incident, d’autant plus que le siège est difficilement accessible à la clinique. Nous rapportons deux cas de CEC chez des nourrissons, suivis d’une revue de la littérature.
Observations
W. Foma et al. d’ingestion du corps et il s’en était suivi une quinte de toux, puis un saignement s’extériorisant par les fosses nasales. À l’admission, l’état général de l’enfant était bon ; sa coloration cutanéomuqueuse était normale et il n’y avait pas de saignement actif. L’auscultation pulmonaire était normale. Après un prélèvement sanguin pour le taux d’hémoglobine et le groupage-rhésus, une radiographie cervicothoracique a été demandée montrant le CE logé dans le cavum (Fig. 2a). Sous anesthésie générale au masque, le CE a été extrait au doigt tout en isolant les voies aériennes inférieures par un abaisse-langue placé contre la paroi pharyngée postérieure. Il s’agissait de la partie métallique d’une pince à linge (Fig. 2b). Les suites ont été simples.
Observation 1 Nourrisson de sexe féminin de 2 ans, référé d’un centre médico-social au service d’ORL du CHU Sylvanus-Olympio (CHU S.O) pour ingestion d’une pièce de monnaie depuis 2 heures de temps. À l’interrogatoire, la mère a déclaré avoir été alertée par d’autres enfants juste après l’ingestion du corps. Devant les efforts de vomissement, elle a procédé à des tentatives d’extraction au doigt sans succès, n’entraînant que des vomissements alimentaires. Le nourrisson n’avait pas d’antécédent pathologique particulier. À l’admission, l’enfant était irritable et présentait une hypersialorrhée avec une respiration bruyante. L’oropharynx était normal de même que l’auscultation pulmonaire. Devant ce tableau, une radiographie cervicothoracique a été demandée montrant le CE à hauteur du cavum (Fig. 1a). Sous anesthésie générale au masque, la tête de l’enfant étant immobilisé par un aide et après abaissement de la langue, le CE a été extrait au doigt. Il s’agissait d’une pièce de monnaie de 10 francs CFA (Fig. 1b). Les suites ont été simples.
Observation 2 Il s’agissait d’un nourrisson de 2 ans, de sexe masculin, amené par ses parents au service d’ORL du CHU S.O pour pleurs et épistaxis survenus dans un contexte d’ingestion d’un CE que les parents n’arrivaient pas à identifier. En effet, un des parents a déclaré avoir vu de loin la scène
Figure 1.
Discussion Nos observations présentent des situations d’urgence rares, parfois méconnues, mais pouvant être fatales chez l’enfant. L’ingestion et l’inhalation de CE sont des urgences fréquentes chez l’enfant de moins de 10 ans avec un pic vers la deuxième année de vie [3]. L’âge de nos enfants dans ces observations illustre bien cet état de chose. En effet, à cet âge, il y a une tendance à l’exploration des orifices naturels chez l’enfant avec des comportements alimentaires au cours des jeux. La rareté de survenu de CEC est due non seulement au fait que le rhinopharynx est la partie la plus évasée de l’entonnoir pharyngé prévenant ainsi l’enclavement des CE, mais aussi à l’étroitesse des cavités nasales où ces corps peuvent être retenus [3,4]. Sur le plan clinique, les CEC et des cavités nasales sont révélés par une obstruction nasale, une rhinorrhée purulente, une toux persistante, un tableau de végétations adénoïdes sont parfois asymptomatiques [5]. L’incident peut être méconnu et donc exposer à un risque d’asphyxie par obstruction des voies aériennes inférieures lors du jeu ou au cours du sommeil en cas de descente du CE [3,6]. Divers mécanismes expliquent la survenue des CEC : • tentative d’extraction au doigt par les proches ; • la régurgitation due aux vomissements ou à la toux ou si le CE est dans la cavité buccale ; • la tête étant en déclivité par rapport au cou [1].
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Figure 2.
Dans les deux cas de notre observation, l’histoire clinique a orienté la démarche, mais c’est le caractère radio-opaque des CE qui a déterminé le diagnostic puisqu’au départ les radiographies demandées n’étaient pas focalisées sur le cavum, mais sur le cou et le thorax. Ceci nous interpelle sur l’exploration du cavum lorsque la recherche d’un CE des voies aéro-digestives s’avère infructueuse, comme suggéré par Kumar et al. [5]. La prise en charge est simple, mais nécessite une protection des voies aériennes inférieures par un abaisse-langue comme dans notre cas ou par une intubation trachéale [7] ; le recours à l’abord chirurgical du cavum est rare [6].
Conclusion Les CEC du cavum sont rares, mais comportent un risque d’asphyxie secondaire. L’on doit savoir y penser devant un contexte d’ingestion de CE chez l’enfant.
Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Références [1] Ray L, Chatterjee P, Bandyopadhyay SN, Das S, Sinha R, Nandy TK. An unusual foreign body (big metallic nut) in the nasopharynx of an infant. Indian J Otolaryngol 2004;56(4): 309—10. [2] Sengupta A, Saha P, Chakrabarty S. Foreign body in the nasopharynx of a child. Indian J Otolaryngol 2005;57(3):248—9. [3] Oysu C, Yilmaz HB, Sahin AA, Külekc ¸i M. Marble impaction in the nasopharynx following oral ingestion. Eur Arch Otorhinolaryngol 2003;260:522—3. [4] Saha S, Saha PP, Roychowdhury S, Nandi TK. Foreign body in the nasopharynx — a rare entity: case report. BJOHNS 2013;21(1):23—4. [5] Kumar S, Singh DB, Singh AB. An unusual nasopharyngeal foreign body with unusual presentation as nasal regurgitation and change in voice. BMJ Case Rep 2013, http://dx.doi.org/10.1136/bcr-2013-010005. [6] Eghtedari F. Long lasting nasopharyngeal foreign body. Otolaryngol Head Neck Surg 2003;129:293—4. [7] Ozer C, Ozer F, Sener M, Yavuz H. A forgotten gauze pack in the nasopharynx: an unfortunate complication of adenotonsillectomy. Am J Otolaryngol 2007;28:191—3.