Corrélations entre les variations de la pression intracranienne et l'e.e.g. chez les traumatisés craniens

Corrélations entre les variations de la pression intracranienne et l'e.e.g. chez les traumatisés craniens

194 Rev. E.E.G. Neurophysiol., 1979, 9, 2, 194-201. CORRELATIONS ENTRE LES VARIATIONS DE LA PRESSION INTRACRANIENNE ET L'E.E.G. CHEZ LES TRAUMATISI~...

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Rev. E.E.G. Neurophysiol., 1979, 9, 2, 194-201.

CORRELATIONS ENTRE LES VARIATIONS DE LA PRESSION INTRACRANIENNE ET L'E.E.G. CHEZ LES TRAUMATISI~S CRANIENS J.-D. G U I E U , M. L A P I E R R E , S. BLOND, J.-F. H U R T E V E N T , M. J O M I N et P. PRUVOT avec la collaboration technique de D. CANONNE Service d'explorations fonctionnelles neurochirurgicales, Service tie neurochirurgie, C.H.U., av. Oscar-Lambret, 59037 Lille.

SUMMARY Correlations between intracranial pressttre variations and E E G changes in patients with cranial trauma. Polygraphic studies were performed over periods o f 14 to 76 hours in 30 patients with recent closed cranial injuries. Correlations between ICP and EEG findings were rarely found (3/i 6) in cases of cerebral dysfunction o f nwsodiencephalic or lower levels, where both ICP and EEG were usually stable. Correlations are regularly found in dieneephalic or higher (10/14) levels and their presence is of favourable ,vrognostie significance. Generally, delta wares at 1,5-2 cs, high in amplitude (OTe A) accompany reduced ~'r low 1CP levels, while a rapid and low voltage traci, tg (type B) is associated with raised or high le,,els o.f lCP. In the latter eases, a very slow (0.5 cs) and low in amplitude tracing (type C) can progressively replace the type B. The classical periodic or alternating tracing associates alternate sequences o f o'pe A and B and is observed simultaneously with O'pe B pressure waves. These correlations are analogous with those observed dttring the evolution o f intraeranial tumors or hydrocephahts. The EEG modifications are probably related more to the pathological lesion than to a direct action of fluctuations in ICP.

INTRODUCTION. Les travaux portant sur les caraet~ristiques E.E.G. dans les suites des traumatismes crfiniens sent extr~mement nombreux et documentds (COURJON, 1955, 1972 ; FISCHGOLD et MATHIS, 1959 ; CHATRIAN et coll., 1963 ; PASSOUANT et coll., 1964 ; BERGAMASCO et coll., 1968 ; CoURJON et coll., 1971; BRICOLO et TURELLA, 1973). Ces travaux oat permis d'isoler diff6rents tableaux 61ectroencdphalographiques se distinguant de prime abord par une persistance o u u n e abolition de la r6activitd du tracd E.E.G. Dans la premiere dventualitd qui englobe, en particulier, les tracds de coma-sommeil, les trac6s alternants ou diphasiques, les tracds avec r~tction d'dveii i nversd, le pronostic est en g6ndral favorable. Dans la seconde dventualitd era l'on retrouve les t r a ~ s fonts stables, les tracds de type <>, le pronostie dolt 6tre r~serv6.

Plus r~cernment, le ddveloppement des techniques de mesure de la pression intracr~tnienne (P.I.C.) (LUNDnERG, 1960) a permis de suivre l'dvolution de cette P.I.C. chez les traumatis6s crhniens montrant, d'une part, la frdquence de son dldvation chez ces patients, d'autre part, l'intdr~t pronostique et les implications th6rapeutiques de cette mesure (JANY, 1974 ; DE ROUGEMONT et coll., 1976 ; FLEISCHNER et coll., 1976 ; LANOrn-r, 1976 ; MmLER et coll., 1977). Malgr6 l'abondance des travaux prdcit6s, les 6tudes portant sur les correlations dventuelles entre la P.I.C. et I'E.E.G. chez les traumatis~s crfiniens sent r6duits et portent sur un hombre limitd de cas (CALnUCCt et coll., 1978). Ceci nous a conduit ~t entreprendre une dtude de ees corrdations se pr6sentaat h priori eomme la recherche : a. d ' u n e correspondanc¢ r~guii~te entre un tableau E.E.G. donnd et un niveau de pression intracffmienne ;

Communication pr6sent~e /r la Soeidtd d'E.E.G, et de neurophysiologie clinique de langt;e franeaise ie 6-12-1978 ; texte remis le 6-12-1978 ; d~finitivement accept6 le 2-5-1979. Tirds-d-part : J.-D. GUI;EU,/tl'adresse indiqu6e ei-dessus.

CORRI~LATION P,I.C.-E,E.G. DANS LES TRAUMATISMES CRANIENS

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La P.I.C. 6tait ©nreg'~str6e au niveau d'une corne ventriculaire, le plus souvent par l'interm6diaire d'un cath&er 1. V. reli6/t un transducteur, parfois directcment par un capteur in situ. La valeur instantan~e et la valeur moyenne de la P.I.C. pouvaient ~tre obtenues indiff~:remment. Les valeurs consid6r6es ici sont les valeurs moyennes, la pression moyenne 6tant consid6r~e comme normale entre 5 et 15 torts. Chez certains malades, d'autres variables physiologiques 6talent de surcroR enregistr6es (PEco~, PEo,,, pression veineuse centrale, fr6quence respiratoire).

b. d ' u n e association syst6matique entre un m o d e de variation de la P.I.C, et une modification caract6ristique du tableau E,E.G. MATI~RIEL ET METHODES. Notre s6rie se compose de trente malades, victimes d'un traumatisme cr~nien. Certaines de leurs caract6ristiques sont rapport~es dans ie tableau I. Tous ces malades ont 6t6 6tudi6s /x i'aide d'une angiographie et, pour un nombre restrcint, 6galement par examen tomodensitom6trique. La majorit6 pr~sentait soit une contusion c6d:brale diffuse (cas 1, 2, 4, 11, 12, 15, 17, 19, 20, 21, 22, 24, 28, 29), soit une contusion h6misph6rique ou focalis6e (cas 3, 6, 7, 8, 9, 14, 16, 18, 23, 25). Cos malades ont b~n6fici6 d'un traitement m~dical comprenant pour i'essentiel et en fonction du niveau de destructuration et de la P.I.C. : une assistance ventilatoire, une prescription d'anti-0ed6mateux et/ou de Va[itim, une d6connection. Cinq malades trait6s m~dicalement dans les m&nes conditions ont ~t~ justiciables initialement d'un geste chirurgical. 11 s'agissait d'une plaie cranio-c~r6brale (cas 5, 30), d'un h6matome extra-dural (cas 13), d'un hydrome sousdural (cas 10), d'un h6matome intrac6r6bral traumatique (cas 26). Le niveau rostro-caudal de destructuration 6tait d6terrain6 deux lois parjour, scion un protocole tenant compte de la r6activit~ "h la douleur, de la morphologie pupillaire et des mouvements oculaires, des r~flexes du tronc c6r~bral (Pt.oM et POSNER, 1972). Les enregistrements polygraphiques suivants : E.E.G., E.M.G., E.O.G., E.C.G., P.I.C. ont 6t6 r6alis(~s chez tous les malades pendant une dur6e de 14 h 72 heures dans le cadre d'une unit6 de r~animation. Les enregistrements les plus courts se situaient en p~riode nocturne. L'6tude a 6t6 r6alis6e de I ~ 28 jours apr6s le traumatisme, mais pour plus de la moiti6 des cas au tours des trois premiers jours (voir tableau I, p. 196).

RESULTATS. La r6partition des cas en fonction des aiveaux de dysfonctionnement et de la r6activi~6 61ectroenc6phalographique est r6sum6e clans le tableau IL P o u r trois malades, deux niveaux diff6rents de destructuration ont pu 6tre observ6s soit en t o u r s d ' u n m~me enregistrement, soit au cours d'enregistrements distincts (cas 21, 22, 29). C ' e s t done au total 33 cas diff~rents qui o a t 6t~ comptabilis6s. A. Cas des malades prdsentant des tracds E.E.G. sans signe de rdactivitd (n = 17).

a. D a n s 16 cas, aucune corrdlation P.I.C. - E . E . G . n ' a 616 observ6e. I1 s ' e s t agi dans tous les cas de trac6s E.E.G. stables avec pr6dominance d ' u n e aetivit6 delta diffuse, le plus souvent ample, ne r~agissant /t aucun m o d e de stimulation. D a n s un cas (18), le trac6 6tait irr6guli~rement h a t h 6 de br6ves pdriodes de d6pression de l'61ectrog6n~se, dans un autre (15) quelques activit6s triphasiques ~taient observ6es

TABLEAU lI. - - Rdpartition des survies et de la rdactlvitd E.E.G. en fonction des niveaz:x de destructuration. dysfunction. Niveau

Distribution of patients who survived and EEG reactivity as a function of the level o f cerebral

n

Sumie

E.E.G. rdactif

JE.E.G. ardactif .

Cortico-sous-cortical

.

.

.

_

7

6

7

0

Di-enc6phalique

10

4

7

3

M~so-di-enc6phalique

10

3

2

8

6

0

0

6

33

13

16

17

M6senc6phalique

.

_

. .

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GUIEU, LAPIERRE) BLOND, HURTEVENT, JOMIN ET PRUVOT

TABLEAU I.

No

Age

Ddlai

03 09 21 22 25 27 28

23 2,4

22 j 12 j

20 20 20

19 j 17 j ol j ot j

02 04 I0 14 20 21 22 23 24 29

°

E vohtllon

Niveau

P.I.C-E.E.G.

(particularitds)

03 j

d~c6d6 satisfais. satisfais. s6quelles satisfais. satisfais. satisfais.

cortico-sc. cortico-sc. cortico-sc. cortico-sc. corticd-sc. cortico-sc. cortico-sc.

P : 5-15 P : 10-15 P : 10-15 P : 15-20 P:I7 P : 15-20 P : 12-20

16 19 52 15 18 20 20 08 21 18

28 Ol 09 04 09 02 01 Ol 03 01

d6c6d6 d6c6d6 d6c~:d6 sdquelles d6c6d6 satisfa,s. s6q uelles s6quelles d6c6d6 d6c(~d6

dicnc6phal. dienc6phal. diencgphal. dienc6phal. dienc6phaL dienc6phal. dienc6phal. diencgphal. dienc6phal. dienc6phal.

P: 2 E:R P : 15 E : AR P:5 E:R P : 5-12 E : R P:I2 E:AR P : 10-15 E : R P : 15 E:I~. P : 12-18 E : R P : 10-20 ( A ) E : A R P : 10-20 E : R

01 07 08 11 15 16 17 19 26 29

07 09 17 30 20 18 19 50 43

09 j 05 j 13 j 07 j I0 j 02 j 02 j 03 j 01 j

~8

03 j

sdque/les s6quclles s6qucllcs d~c6d6 d6c6d6 d6c6d~: d6c6d6 d6c6d(: d6c6d6 d6c6d6

m6sodienc6p. mt~sodienc6p. m6sodienc6p. m6sodienc6p. m6sodienc6p. m6sodienc6p. m6sodienc6p. m6sodienc6p. m/~sodienc6p. m6sodienc6p.

P P P P P P P P: P P

05 06 12 I3 18 30

26 17 20 24 2l

24 09 02 02 04

d6c6d6 d6cdd6 ddc6d6 ddcdd6 ddc6d6 d6c6d6

m6senc6phal. m6senc6phal. m6senc6phal. m~senc6phal. m6senc6phal. m6senc6phal.

P : P : P : P ." P : P:I2

18 17

30

j

j j j j j j

j j

j

j j j j

j 02 j

: : : : : : :

8-12(A) 10 (A) 7-18(A) 15-25 10 5-15(A) 10 4 : 12 : 5-20 20 0-25 10 I0 5-25

E : E : E : E : E:R E : E :

R R R R

(corr.) (corr.)

(corr.)

R R

(corr.) (corr.)

(corr.)

(corr.) (corr.) (corr.) (corr.)

E : AR E : AR E • AR E : R (corr.) E : AR E : AR E : AR E:AR E : AR E : R (corr.) E : AR E : AR E :AR E :AR E :AR E:AR

(corr.)

CORRI~LATION P.I.C.-E.E.G. DANS LES TRAUMATISMES CRANIENS enfin dans un dernier cos (19), des d~charges critiques frdquentes ~taient enregistr~es dans ia r6gion post6rieure et moyenne droite. L'6volulion de la P.I.C. n ' a pas pr6sent6 de caract~ristique univoque duns ce groupe. On a distingu6 deux sous-groupes scion la pr6sence ou l'absence d'ondes en plateau (type ~>de LtJNt~nERG, 1960). Chez 5 malades, ia pr6sence d'ondes en plateau earact6risait le true6 de P.[.C. L'~volution a 6t6 plut6t favorable (3 survivants avec s~quelles). Chez les 11 cas restants, la P.LC. 6tail suit assez stable output d'une valeur moyenne variant entre 10 et 20 torrs ( + 2) (9 cas), suit en d~croissance r6guli~re au cours de l'enregistrement (2 cas). Tous ces roulades sont d6c~d6s. b. Duns un seul cos (6), ['~volution de Ia P.I.C. s'est caract6risde par une 6Mvation progressive pendant I0 heures de 5 / t 25 torrs, puis une d~croissauce presque sym6trique. Pendant la p~riode de pression la plus ~lev6e, le true6 E.E.G. qui 6tait auparavant caract~ris6 par un rythme delta ample, permanent, ar6actif, h 0,5-1 c/s, s'est entrecoup6 de pfriodes de silence 61ectriques telles qu'on les rencontre au cours des anoxies c6r6brales s~v~res. B . Cos des malades pr~sentant avec persistanee d'une r~activitE.

des traces E.E.G.

a. l'absence de corrdation entre les variations de P.I.C. et de I'E.E.G. a 6t6 observ6e 4 lois. Dans 2 eas, la pression 6tait basse et stable (2 et 5 torrs _+_+I) et I'E.E.G. 6tait repr6sent6 par un rythme ~ 3-6 c/s

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peu volt6, sur lequel s'inscrivaient des bouff~es d'activit~s delta diffuses, plus amples,/l 0,5-2 c/s. Le niveau t~tait dienc6phalique ; l'6volution s'est r~v61~e d6favorable. Dans les deux autres cas, la pression 6tail 61ev6e (15 h 20 torrs),*stable et I'E.E.G. form6 d'une activit6 rapide ~t 12-16 c/s, surchargeant ou alternant avec des 616ments lents/t 1-3 c]s. L'6volulion a 6t6 favorable. L a prdsence de corrdlation P . L C . - E . E . G . a ~t6

observ6e chez 12 sujets. Trois types de trac~s E.E.G. out pu 6tre observes chez ces m a l a d e s : un premier type (fig. 1 A) est caract~ris6 par des

activitds delta hypervolt~es A dominante 1~5-2 c/s ; un deuxi~me type (fig. 1 B) est caraet~ris6 par

des rythmes plus rapides th&a ou sub-alpha de bas voltage, 6voquant parfois un trae6 d'6veil d6synchronis6 ; un troisidme type (fig. 1 C) est caract6ris6 par des activit~s delta moins amples mais beaucoup plus lentes (0,5 c/s) et plus polymorphes que duns le type A.

Ces trois types de trac6s peuvent s'observer iso16merit pendant plusieurs minutes ou dizaines do minutes e t s e succkdent scion un ordre st6r~otyp6 en simultan6it6 avec des modulations de la P.I.C. ( c f infra). La pr6sence de rythmes/t 12-I6 c/s peut surcharger les aetivit6s lentes en particulier de type A e t ce d'autant plus que l'enregistrement est effectu6 rapi

TABL~hU I. - - lndexation des cos Etudids avec certaines caractEristiques slgnificatives. Le dElai correspond au iour du debut d' enregistrement aprds le traumatisme. Duns la colonne <(partictdaritEs) : P rdf~Zre dt la P . L C . P 10 traduit une valeur moyenne trbs stable autour de 10 torrs au coats de l'enregistrement. P 5-15 traduit une valeur majeureflactuam' entre 5 et 15 torrs. ,4 traduit la presence d'ondes en plateau. E rEfbre h I'E.E.G. avec presence (R) ou absence (AR) de rdactivit~. Corr. traduit l' existence de corrdlation E.E.G.-P.L C. Details of the cases studied including certain significant characteristics. The delay corresponds to the day recording was started after the injury. In the column : PIC-EEG (particularities) : Prefers to the P I e (ICP). PIO : shows a very stable moderate value of about 10 torrs during the recording. P 5-15 : shows a value fluctuating between 5 and 15 torts; A : corresponds to plateau waves. E : refers to the EEG with (R) or without (AR) reactivity. Corr. : shows that there is a correlation EEG-PIC (IGP).

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GUIEU, LAPIERRE~ BLOND~ ltURTEVENT) JOMIN ET PRUVOT

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C FIG. I. - - Types de trac6s E.E.G. observ6s chez les traumatis6s dent l'activit6 E.E.G. pr~sente des corr61ations avec la variation de P.I.C. Trac6 de type A (P.I.C. d6croissante ou en plateau bas) ; trac6 de type B (P.I.C. eroissante ou 61ev6e) ; trac6 de type C succ6dant toujours au type Bet se terminant toujours en c6dant la place au type A. A rioter les 2 vitesses de d6roulement : calibration : 6 s : moiti6 gauche ; I s : moiti6 droite. Types o f EEG tracings observed in the injured patients in whom EEG activity showed a correlation with I C P variations. Type A tracing (ICP diminishing or on a low stead), level). Type B tracing (ICP increasing or high). Type C tracing which followed type B, and ,'as always replaced b.v O'pe A. Note the two recording rates : calibration : 6 sec. on the left - I see. on the right.

dement apr~s traumatisme, mais ce n'est pas, en l'occurence, un ~16ment fondamental dans les cort6lations d6crites ci-apr~:s. L'association des trac6s de types A et B e n alternances rapproch~es reproduit le classique trac6 p&iodique ou aiternant (fig. 2). La P.I.C. est relativement plus instable que dans t o u s l e s groupes pr6c6dents et varie en g6n6ral chez t o u s l e s sujets entre 5-10 et 15-20 torrs (tableau I). Aucune sch~matisation n'est possible mais on rencontre le plus souvent : l'association de longues p6riodes de stabilit6 coup6es par des s6quences d'ondes r6pondant aux caraet6ristiques des ondes B de LUNDnERG.(1960) (0,5 h 2 par minute, rythmiques, d'amplitude t r ~ variable ) ,

des variations p&iodiques, parfois < t e n cr6neaux )> de durge variable, de la P.I.C. qui s'6tablit alternativement ~ un niveau sup6rieur et infgrieur (fig. 3, trac6 sup6rieur). Malgr6 ce polymorphisme, des corrglations 6troites peuvent s'observer entre l'activit6 E.E.G. et les variations de la P.I.C. : lorsque la P.I.C. s'61~ve rapidement et reste stable, 6levge, le trac6 E.E.G. est de type B. Il peut soit Io~ rester, soit progressivement se surcharger d'ondes delta peu amples tr~s lentes se transformant ainsi en trac6 de type C (fig. 2) ; iorsque la P.I.C. dgcroit rapidement soit au dgcours d ' u n e onde B, soit/t ia fin d'une p6riode prolong6e de pression ~lev~e, c'est toujours le trac6 de type A qui se substitue aux trac~s B ou C selon les cas (fig. 2) ;

CORRI~,LATION P.I.O.-E.E.G, DANS LES TRAUMAT1SMES CRANIENS

AIO

'

,

199

L

t

FIG. 2. - - Lo... Malade de 15 ans, 4jours apr~s le traumatisme : coma d'embl6e au niveau dienc6phalique. Extrait continu de 6 mn objectivant un trae6 E.E.G. p6riodique avee aiternance de trac6s de type A e t B contemporains d'une phase d'onde B de P.I.C. (calibration 100 tzV/6 s). Lo... - - Patient aged 15 ),ears, 4 days after injur.v : immediate coma at the diencephalic leveL Continu~u~ recording o f 6 min-:turation sh~wing and EEG o f periodie type with alternation o f type A and B and a B phases of lCP (calibration : 10O ~V]6 sec.). - - lorsque s'~tablissent des ondes de pressions de type B de LUNDnERG, l'accroissement de P.I.C. est synchrone d'un trac6 B, la d6croissance d'un trac~ A. I1 y a une discrete pr~cession des activit6s lentes E.E.G. sur la baisse de pression. L'ensemble r~alise un trac6 de type p6riodique au cours duquel le rapport des dur~es respeetives des phases E.E.G. de type A e t B peut ~tre extr~memer,t variable. Les p6riodes d'ondes B ne sent pas n~cessairement contemporaines d'une respiration de type p6riodique. Les phases pr6c~dant imm6diatement et accompagnant la d~croissance de la P.I.C. s'accompagnent d'une activation globale (tonus musculaire, acc61&ations cardiaques respiratoires) similaire ~t la r~action d'~veil invers6e (CotmJON, 1955).

DISCUSSION.

Cette ~tude prdiminaire n'a pas cherch~ ~ mettle en 6vidence des patterns graphiques pouvant 6vocluer

une fluctuation nycth~m6rale, ni port6 attention aux corr61ations pouvant exister entre l'expression E.E.G. de focalisations 16sionnelles et la P.I.C. Seule I'analyse des fluctuations globales de I'E.E.G. et des variations concomit~ntes ~ventuelles de IaP.I.C. a 6t~ rapport~e. L'analyse des r6sultats et des donn~es cliniques montre que les cas d'atteintes c~r6brales diffuses ou, au contraire, lat~ralis~es se r6partissent sensiblement pour moiti6 dans chacun des groupes correspondant aux niveaux de destrueturation, niveau m~senc~phalique exceptS. Les traumatis~s pr6sentant des corr61ations E.E.G. P.I.C. se r~partissent de faqon 6gale entre les groflpes des atteintes c~r6brales diffuses et Iat~ralisbes. L , m~me type de correlation a ~t6 observ~ chez des patients enregistr6s, pour moiti6 au tours des trois premiers jours et pour moiti6 apr~s le troisi6me jour

200

GUIEU, LAPIERRE, BLOND, HURTEVENT, JOM1N ET PRUVOT

!

A t C~

[.__ '

j

FIG. 3. ~ LE... Malade de 20 arts, 2 jours aprSs un polytraumatisme avec contusion bitemporale. Niveau de destructuration dienct~phalique. De haut en bas. trac6 de P.I.C. 6voluant sur 2 h e t extraits de trac6s E.E.G. de 2 mn de types B, C, A e t alternant B/A. Chaque symbole renvoie au syrnbole correspondant du trac6 de P.I.C. pour indiquer la phase de P.I.C. au cours de laquelle il a 6t6 enregistrd : type B en p6riode de P.I.C. 61ev6e ~ type C en p~riode de P.I,C. 6levfie mais suce6dant ~ un trac6 hypovolt6 acc61~r6 ; type A en p6riode de P.I.C. d6croissante ou'basse ; trac6 alternant A/B contemporain d'une pdriode d'onde B de la P.I.C. (calibration 100 btV/6 s ; dur6e de chaque extrait E.E.G. : 2 ran). Le... - Patient aged 20 ),ears, 2 days after multiple injuries with bitemporal contusion, and diencephalic level. From above dounwards : ICP tracings over a 2 hour period attd parts o f 2 rain. EEG tracings of O'pes B, C, A, and alternating B/A. Each symbol refers to the corresponding symbol of the ICP tracing to indicate the ICP phase during which it was recorded : type B daring the period of high 1CP, type C during the period of high ICP but following a rapid low voltage tracing, type A during the period o f diminishing or low 1CP, alternathtg A/B tracing occurring during a period of B phase oft the 1CP (calibration : 1O0 ~ I//6 sec ; duration o f each EEG recording : 2 rain).

II n'y a done pas de relation directe dans notre sdrie entre la pr6sence de correlation et la proximitd du traumatisme.

Dans la majoritd des cas, c'est it partir du niveau d'atteinte diencdphalique et plus rostralement q u ' o n obsel've d'dtroites corr61ations P.I.C, - E.E.G. et, en particulier, l'association caractdristiqu¢ d'un tracd E.E.G., p~riodique ou altetnant, et de sdquences d'ondes de pression de typ~ B. Pour ces niveaux cliniques de dysfonctionnement du tronc cdrdbral, I'absence de variations silnultan6es P.I.C. - E.E.G. parait un 61dment pronostique d6favorable. DaBs les atteintes mdsodienc6pbaliques et plus caudales, les correlations sont rares, l~videmment ia P.l.C. est plus souvent stable que dans les cas prdcddents et I'E.E.G. plus souvent ardactif. Cependant, le m6me tableau E.E.G. p~-ut s'observer avec une pression basse, dlevde, ou dabs les limites de la normale. D'autre part, les ondes de forte hypo.rpression intracrhnienne (onde en plateau de type A) ne modifient pas significativement le tableau E.E.G. par leur survenue. On retrouve, chez les traumatisds crfiniens, certaines caractdristiques gdngrales des corrdlations P.I.C. - E.E.G. observies par d'autres auteurs, en particulier, au cours de l'6volution de tumeurs intr/~cr~niennes (INGVAR et LUNDBERG, 1961 ;CooPER et HULME, 1968) et d'hydroc6phalies pendant ia veille ou le sommeil (MAMA et coll., 1973 ; PIERRE-KAHN et coll., 1974 ; Dt R o c c o et coll., 1975, MUNARI et CALBUCCI, 1976). Les augmentations de pression s'accompagnent d'une accdldration et r6duction d ' a m plitude des rylhmes et inversement. Cependant les variations drastiqt:es de P.I.C. (onde3 en plateau) ne s'accompagnent pas ndcessairement de variations concomitantes de I'E.E.G-: (WILSON et coll., 1965 ; INGVAR et LUNDBERG, 1961). L'6tude actuelle de l'dvolution d'autres variables physiologiques enregistr6es chez BUS m~mes s u j e t s semblo indiquer que les modifications E.E.G. sont /a r a p p o r t e r b. 1'atteinte pathologique elle-m6tne plus q u ' h la fluctuation de la P.LC., en particulier, en raison de la precession des variations de l'dlectrogen~se sur celle de la pression. Les trac6s de type A, B et C ddcrits ci-dessus persistent isol6rnent souvent pendant plusieurs dizaines de minutes et il est vraisemblable q u ' u n examen standard de laboratoire y compris les st imul~t ons d'activation peut rester tr6s incomplet par sa bri6vet6 en ne permettan~, de saisir q u ' u n e partie des patterns possibles p o u r un sujet et un niveau donn6.

CORRI~LATION P.I.C.-E.E.G. DANS LES TRAUMATISMES CRANIENS R~trospectivement ent'in, ii a p p a r a i t q u ' u n e vitesse d'enregistrement lente facilite la reconnaissance des types de trac~s d~crits. BIBLIOGRAPHIE BERGAMASCO (B.), BERGAMIN!(L.) and DORIGUZZl (T.). Clinical value of the sleep electroencephalographic pattern in post-traumatic coma. Acta Neuroi. Scand., 1968, 44, 495-511. BRICOLO (A.) and TO'aELLA (G.). Ele:troencephaiographie patterns of acute traumatic coma : diagnostic and pronostic value. J. Neurosurg. Sc., 1973, 17, 278-285. CALBUCICI (F.), MUNARI (C.), DALLOLIO (W.), BENERIcz~rri (E.) et DaRlZZI (A.). Correlations entre ia pression intracr.~nienne et I'E.E.G. pendant les comas traumatiques. Communication /l la Soci~t~ d'E.E.G, et de Neurophysiologie clinique, Paris, 1¢~ mars 1978. CHATRIAN (G.), WHITE (L.) and DALLY (D.). Electroen:ephalographic patterns resembling those of sleep in certain comatose states after injuries of the h~ad. Electroenceph. clin. Neurap/o'siol., 1963, 15, 273-280. COOPER (R.) and HULME (A.). Changes of the E.E.G. intracranial pressure and other variables during sleep in patients with intracranial lesions. Electroenceph, olin. Neuropyhsiol., 1969, 27, 12-22. COUR~ON (J.). Les traumatismes cranio-c6r6braux r~cents ferm~s. In : Mansuy (L.) et Lecuire (J.). Rapport prdrentd d, la SocMtd de Neurochirurgie de Langue Francaise, Masson Cie, Paris, 1955. COURJON (J.). Traumatic disorders. In : Handbook of E.E.G. aml clinical Neurophysiology, 6dit. R6mond A., Elsevier Pub., Amsterdam, 1972. COURJON (J.), NAQUET (R.), BAURAND (C.), CHAMANT (J.), CHOUX (M.), GERIN (P.), LANG (M.), REVOL (M.) et VIGOUROUX(R. P.). Valeur diagnostique et pronostique de I'E.E.G. dans ies suites imm6diates des traumatismes crS.niens. Rev. E.E.G. NeurophysioL, 1971, 1, 133-150. DE ROUGEMONT(J.), BENABIB(A. L.), CHIROSSEL(J. P.) and BARGE (M.). The brain vasomotor tone index as prognosis leader in severe head injuries. In : lntraeranml Pressure IH. Beks J. W. J., SpringerVerlag Pub., Berlin, 1976. DI R o c c o (C.), Mc LONE (D. G.), SHIMOJI(T.) and RIMOND1 (A. J.). Continuous intra-ventricularcerebrospinal fluid pressure recording in hydro~ephalic children during wakefulness and sleep, d. Neurosurg., 1975, 42, 683-689

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