Corrélations entre les variations de la pression intracranienne et l'e.e.g. chez les traumatisés craniens
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Rev. E.E.G. Neurophysiol., 1979, 9, 2, 194-201.
CORRELATIONS ENTRE LES VARIATIONS DE LA PRESSION INTRACRANIENNE ET L'E.E.G. CHEZ LES TRAUMATISI~...
CORRELATIONS ENTRE LES VARIATIONS DE LA PRESSION INTRACRANIENNE ET L'E.E.G. CHEZ LES TRAUMATISI~S CRANIENS J.-D. G U I E U , M. L A P I E R R E , S. BLOND, J.-F. H U R T E V E N T , M. J O M I N et P. PRUVOT avec la collaboration technique de D. CANONNE Service d'explorations fonctionnelles neurochirurgicales, Service tie neurochirurgie, C.H.U., av. Oscar-Lambret, 59037 Lille.
SUMMARY Correlations between intracranial pressttre variations and E E G changes in patients with cranial trauma. Polygraphic studies were performed over periods o f 14 to 76 hours in 30 patients with recent closed cranial injuries. Correlations between ICP and EEG findings were rarely found (3/i 6) in cases of cerebral dysfunction o f nwsodiencephalic or lower levels, where both ICP and EEG were usually stable. Correlations are regularly found in dieneephalic or higher (10/14) levels and their presence is of favourable ,vrognostie significance. Generally, delta wares at 1,5-2 cs, high in amplitude (OTe A) accompany reduced ~'r low 1CP levels, while a rapid and low voltage traci, tg (type B) is associated with raised or high le,,els o.f lCP. In the latter eases, a very slow (0.5 cs) and low in amplitude tracing (type C) can progressively replace the type B. The classical periodic or alternating tracing associates alternate sequences o f o'pe A and B and is observed simultaneously with O'pe B pressure waves. These correlations are analogous with those observed dttring the evolution o f intraeranial tumors or hydrocephahts. The EEG modifications are probably related more to the pathological lesion than to a direct action of fluctuations in ICP.
INTRODUCTION. Les travaux portant sur les caraet~ristiques E.E.G. dans les suites des traumatismes crfiniens sent extr~mement nombreux et documentds (COURJON, 1955, 1972 ; FISCHGOLD et MATHIS, 1959 ; CHATRIAN et coll., 1963 ; PASSOUANT et coll., 1964 ; BERGAMASCO et coll., 1968 ; CoURJON et coll., 1971; BRICOLO et TURELLA, 1973). Ces travaux oat permis d'isoler diff6rents tableaux 61ectroencdphalographiques se distinguant de prime abord par une persistance o u u n e abolition de la r6activitd du tracd E.E.G. Dans la premiere dventualitd qui englobe, en particulier, les tracds de coma-sommeil, les trac6s alternants ou diphasiques, les tracds avec r~tction d'dveii i nversd, le pronostic est en g6ndral favorable. Dans la seconde dventualitd era l'on retrouve les t r a ~ s fonts stables, les tracds de type <>, le pronostie dolt 6tre r~serv6.
Plus r~cernment, le ddveloppement des techniques de mesure de la pression intracr~tnienne (P.I.C.) (LUNDnERG, 1960) a permis de suivre l'dvolution de cette P.I.C. chez les traumatis6s crhniens montrant, d'une part, la frdquence de son dldvation chez ces patients, d'autre part, l'intdr~t pronostique et les implications th6rapeutiques de cette mesure (JANY, 1974 ; DE ROUGEMONT et coll., 1976 ; FLEISCHNER et coll., 1976 ; LANOrn-r, 1976 ; MmLER et coll., 1977). Malgr6 l'abondance des travaux prdcit6s, les 6tudes portant sur les correlations dventuelles entre la P.I.C. et I'E.E.G. chez les traumatis~s crfiniens sent r6duits et portent sur un hombre limitd de cas (CALnUCCt et coll., 1978). Ceci nous a conduit ~t entreprendre une dtude de ees corrdations se pr6sentaat h priori eomme la recherche : a. d ' u n e correspondanc¢ r~guii~te entre un tableau E.E.G. donnd et un niveau de pression intracffmienne ;
Communication pr6sent~e /r la Soeidtd d'E.E.G, et de neurophysiologie clinique de langt;e franeaise ie 6-12-1978 ; texte remis le 6-12-1978 ; d~finitivement accept6 le 2-5-1979. Tirds-d-part : J.-D. GUI;EU,/tl'adresse indiqu6e ei-dessus.
CORRI~LATION P,I.C.-E,E.G. DANS LES TRAUMATISMES CRANIENS
b. d ' u n e association syst6matique entre un m o d e de variation de la P.I.C, et une modification caract6ristique du tableau E,E.G. MATI~RIEL ET METHODES. Notre s6rie se compose de trente malades, victimes d'un traumatisme cr~nien. Certaines de leurs caract6ristiques sont rapport~es dans ie tableau I. Tous ces malades ont 6t6 6tudi6s /x i'aide d'une angiographie et, pour un nombre restrcint, 6galement par examen tomodensitom6trique. La majorit6 pr~sentait soit une contusion c6d:brale diffuse (cas 1, 2, 4, 11, 12, 15, 17, 19, 20, 21, 22, 24, 28, 29), soit une contusion h6misph6rique ou focalis6e (cas 3, 6, 7, 8, 9, 14, 16, 18, 23, 25). Cos malades ont b~n6fici6 d'un traitement m~dical comprenant pour i'essentiel et en fonction du niveau de destructuration et de la P.I.C. : une assistance ventilatoire, une prescription d'anti-0ed6mateux et/ou de Va[itim, une d6connection. Cinq malades trait6s m~dicalement dans les m&nes conditions ont ~t~ justiciables initialement d'un geste chirurgical. 11 s'agissait d'une plaie cranio-c~r6brale (cas 5, 30), d'un h6matome extra-dural (cas 13), d'un hydrome sousdural (cas 10), d'un h6matome intrac6r6bral traumatique (cas 26). Le niveau rostro-caudal de destructuration 6tait d6terrain6 deux lois parjour, scion un protocole tenant compte de la r6activit~ "h la douleur, de la morphologie pupillaire et des mouvements oculaires, des r~flexes du tronc c6r~bral (Pt.oM et POSNER, 1972). Les enregistrements polygraphiques suivants : E.E.G., E.M.G., E.O.G., E.C.G., P.I.C. ont 6t6 r6alis(~s chez tous les malades pendant une dur6e de 14 h 72 heures dans le cadre d'une unit6 de r~animation. Les enregistrements les plus courts se situaient en p~riode nocturne. L'6tude a 6t6 r6alis6e de I ~ 28 jours apr6s le traumatisme, mais pour plus de la moiti6 des cas au tours des trois premiers jours (voir tableau I, p. 196).
RESULTATS. La r6partition des cas en fonction des aiveaux de dysfonctionnement et de la r6activi~6 61ectroenc6phalographique est r6sum6e clans le tableau IL P o u r trois malades, deux niveaux diff6rents de destructuration ont pu 6tre observ6s soit en t o u r s d ' u n m~me enregistrement, soit au cours d'enregistrements distincts (cas 21, 22, 29). C ' e s t done au total 33 cas diff~rents qui o a t 6t~ comptabilis6s. A. Cas des malades prdsentant des tracds E.E.G. sans signe de rdactivitd (n = 17).
a. D a n s 16 cas, aucune corrdlation P.I.C. - E . E . G . n ' a 616 observ6e. I1 s ' e s t agi dans tous les cas de trac6s E.E.G. stables avec pr6dominance d ' u n e aetivit6 delta diffuse, le plus souvent ample, ne r~agissant /t aucun m o d e de stimulation. D a n s un cas (18), le trac6 6tait irr6guli~rement h a t h 6 de br6ves pdriodes de d6pression de l'61ectrog6n~se, dans un autre (15) quelques activit6s triphasiques ~taient observ6es
TABLEAU lI. - - Rdpartition des survies et de la rdactlvitd E.E.G. en fonction des niveaz:x de destructuration. dysfunction. Niveau
Distribution of patients who survived and EEG reactivity as a function of the level o f cerebral
n
Sumie
E.E.G. rdactif
JE.E.G. ardactif .
Cortico-sous-cortical
.
.
.
_
7
6
7
0
Di-enc6phalique
10
4
7
3
M~so-di-enc6phalique
10
3
2
8
6
0
0
6
33
13
16
17
M6senc6phalique
.
_
. .
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GUIEU, LAPIERRE) BLOND, HURTEVENT, JOMIN ET PRUVOT