Arch PCdiatr 1599 ; 6 : 105.14 0 Elsevier, Paris
Lettres
Crise convulsive EMLA@*
aprks application
Y. Plee I, A.P. Jonville-B&2**, G. Paintaud 3, E. Autret-Leca
de cr2me
B. Bourgade?,
A. Lacombe l,
2
/ Urgences pe’diatriques, h6pital Clocheville, 49, boulevard Bet-anger, 37044 Tours cedex ; 2pharmacologie. centre rPgionu1 de phurmacovigilance. ~pharmacolagie, laborcztoire de pharmacologic et toxicologic, h&pita1 Bretonneuu. 2, bis, boulevard Tonnell&, 37044 Tours cedex, France (Resue le 27 juillet
1998 ; acceptCe le 28 juillet
1998)
convulsions I c&me EMLA@ I accident mCdicamenteux convulsions / lidocaine / prilocaine / drug tolerance / adverse drug reaction I child Une publication rCcente [ 11 rapporte une crise convulsive associCe B une mCthCmoglobinkmie secondaire & un surdosage en c&me EMLAE (lidoca’ine et prilocafne) chez une enfant ayant recu une dose excessive (sept tubes) de c&me sur une peau !&ke. Si les convulsions sent un effet connu des anesthksiques locaux en situation de surdosage, leur survenue est plus surprenante lors d’une utilisation correcte de cette cr&me, comme le montre notre observation. Une enfant de 5 ans (16.6 kg) ayant pour ante&dent un ptosis et une paralysie du III externe gauche d’origine congknitale et un eczCma, a recu B plusieurs reprises de la c&me EMLA@ (lidocdine et prilocaine) pour l’ablation de molluscum contagiosum. En fevrier 1998, 2 heures apr&s l’application de crbme EMLA@. l’enfant 6tait pile et s’est plainte de cephalees et d’une sensation de malaise. Elle a dCve!oppC une reaction CrythCmateuse au niveau des zones d’application de la c&me, qui a disparu entre 24 et 48 heures. En avril, pour une nouvelle cure de molluscum, on a app!iquC, vers 7 h 30. 1 tube et demi de c&me EMLAS (soit 7 g) sur huit sites (plis des coudes, de I’aine. genoux, etc). L’exCrbse a lieu vers 9 h 30. De retour chez elle. vers 10 h 30, elle s’est plainte de nouveau de ckphaIkes; elle est devenue pSle et a fait une crise convulsive g~nCra!isee. L’enfant a .W hospita!isCe. L’examen clinique &ait normal, en dehors d’une reaction &yth&nateuse importante au niveau des zones d’application de la c&me. L’electroencCphalogramme n’a pas r&?!e d’ano-
* Cette observation a fait l’objet d’une dtclaration au centre rigmnal de pharmacovigilance de Tours, le 20 avril 1998 (TS 9800 137) ** Correspondarm: A.P. Jonville-B&a, mCme adresse.
h la rkdaction
malie. La concentration plasmatique de lidocai’ne, mesur&e environ 6 h 30 apres l’application, ktait ZI 0,7 mg/L. L’Cvolution 2 distance a 6tC favorable, sans rCcidive des convulsions. Le delai de survenue de la crise convulsive, 3 heures apt& l’application de la crttme EMLAm, done contemporaine du pit sCrique de la lidocai’ne [2], est en faveur de l’origine mCdicamenteuse, de m&me que l’existence de signes cliniques Cvoquant une mauvaise tolCrance lors de l’application pr&Cdente. De plus, les cCphalCes et les convulsions sont d&rites dans les surdosages en lidocai’ne [3]. Plusieurs hypothbses peuvent &tre faites pour expliquer cet effet indksirable alors que la posologie utilisCe Ctait conforme aux recommandations de l’autorisation de mise sur le march6 (AMM) (dose maximale de 10 g si 1’Nenfant a plus de I an). L’absorption percutanCe des anesthCsiques a pu &tre augment&e par la vasodilatation secondaire ZI la r&action Crythemateuse siLgeant au niveau de chaque site d’application et par l’application sur des sites oli la peau est t&s fine (pli de l’aine par exemple) [4] et peut-Ctre plus permeable du fait des antecedents d’eczr5ma. Enfin, on ne peut Climiner une anomalie du metabolisme de la lidoca’ine ou l-existence d’un seui! Cpileptogkne bas. Cependant, m&me si le taux plasmatique de lidocai’ne mesurc’ 6 h 30 apt& l’application est elev-6 (plus de deux fois la valeur maximale attendue au moment du pit sCrique), il ne parait pas suffisant pour expliquer la crise convulsive par un surdosage massif, ces dernieres ne survenant que pour des concentrations superieures a 5 mg/L (31. Ainsi, mCme si les don&es cliniques et cinCtiques ainsi que la large utilisation de cette creme sont en faveur de sa bonne to!Crance, i! faut garder en mCmoire le risque de toxicite systCmique des anesthesiques locaux percutanbs. mCme uti!isCs conform6ment aux recommandations, surtout s’i! existe des circonstances pouvant augmenter leur passage systemique. I Capron F, Perry D, Capolaghi B. Crise convulsive et m&h&moglobinCmie aprgs application de c&me anesthtsique [Lettre]. Arch PPdinrr 1998 ; 5 : 812 2 Evers H, Von Dardel 0, Juhlin L. Ohlsen L. Vinnars E. Dermal effects of compositions based on the eutectic mixture of lidocaine and prilocaine (EMLA”). Studies in volunteers. Br J Anaesth 1985 ; 57 : 997-1005 3 Bigger JT, Hoffman BF. Antiarrhythmic drugs - lidocaine. In: Goodman Gilman A, Rall TW. Nies AS. Taylor P, eds. The Pharmacologiral Basis @‘Therapeutics. 8th ed. New York: Pergamon; 1990. p 8.57-6 I 4 Juhlin L, Hagglund G, Evers H. Absorption of lidocaine and prilocaine after application of a eutectic mixture of local anesthetics (EMLA’T:) on normal and diseased skin. Actu Derm Vmrrrol
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; 69 : 18-22
.4rch PCdiatr 1999 ; 6 ; IO5