Une quadrithérapie pour éliminer H. pylori Les infections digestives à Helicobacter pylori sont associées à des proliférations bénignes, mais également cancéreuses, des voies digestives supérieures. L’éradication de cette bactérie peut permettre d’éviter ces complications, mais souffre du développement récent de résistances d’Helicobacter à certains agents antimicrobiens, rendant nécessaire de nouvelles stratégies thérapeutiques. Un essai de phase 3 a été mené dans 39 sites hospitaliers en Europe. Il visait à évaluer chez des sujets infectés par H. pylori l’efficacité d’une nouvelle approche utilisant 10 jours d’une quadrithérapie associant un comprimé d’oméprazole et une gélule unique contenant un sel de bismuth, le métronidazole (Flagyl®) et la tétracycline, comparée au traitement de référence, qui associe pendant 7 jours oméprazole, amoxicilline et clarithromycine.
L’essai a inclus 440 sujets présentant gatifs, à respectivement 28 et 56 jours de une infection documentée et randomisés l‘arrêt du traitement. Dans une analyse à l’entrée de l’étude pour recevoir, soit la en intention de traiter, l’éradication bactérienne a été obtenue chez 80 % des sujets sous quadrithérapie (174 sur 218 parLa supériorité de la ticipants) contre seulement 55 % (123 sur 222) dans le groupe contrôle (p < 0,0001). quadrithérapie semble La tolérance des deux approches utilisées est comparable, avec des effets seconliée à l’émergence de daires sans gravité, digestifs ou plus rareplus en plus fréquente ment neurologiques. Selon les auteurs, la supériorité de la quadrithérapie évaluée, d’Helicobacter qui est probablement liée à l’émergence pylori résistant à la de plus en plus fréquente de souches d’Helicobacter pylori résistantes à la claclarithromycine. rithromycine, doit la faire proposer comme nouvelle « quadrithérapie » (n = 218), soit la traitement de première ligne devant une thérapie standard de référence (n = 222). infection digestive due à cette bactérie. Le critère principal de jugement était l’éradication de la bactérie du tube digestif, Malfertheiner P, Bazzoli F, Delchier JC, et al. définie par deux tests à l’urée 13 C né- Lancet 2011;377(9769):905-13.
Des anophèles super-transmetteurs du paludisme En Afrique subsaharienne, le paludisme est transmis essentiellement par l’intermédiaire d’un moustique, Anopheles gambiae. La caractérisation génétique de ces insectes vecteurs aurait jusqu’à présent souffert d’un biais important dans le recueil des échantillons, si l’on en croit les résultats surprenants d’une vaste étude associant l’Institut Pasteur, un centre de recherche sur le paludisme du Burkina-Faso et deux universités américaines. Cette étude remet en effet en question l’hypothèse selon laquelle le moustique piquerait essentiellement la nuit à l’intérieur des habitations. Hypothèse expliquant que les collectes usuelles des insectes vecteurs soient uniquement effectuées dans les villages, à l’intérieur des maisons. Dans une zone aride de savane, localisée en Afrique de l’Ouest, les équipes ont cherché à cartographier de façon non biaisée la présence de ces insectes vecteurs, en échantillonnant sur une durée de 4 ans les moustiques adultes et les larves présentes dans les zones domestiques ou non de la région, à l’intérieur comme à l’extérieur des habitations. C’est à cette occasion qu’a été
découvert un sous-groupe d’Anopheles gambiae, jamais décrit auparavant. Ce sous-groupe, dénommé Anophele gambiae
Rechercher des insectes vecteurs exophiles ET endophiles permet d’échantillonner toutes les espèces responsables de la contamination humaine. Goundry, du nom d’un village où ces insectes ont été prélevés, est important puisqu’il représente plus de la moitié des moustiques prélevés. Les moustiques qui le composent sont exophiles, c’est-à-dire qu’ils piquent et vivent au dehors, ce qui explique qu’ils n’aient jamais été recueillis auparavant par les méthodes classiques d’échantillonnage.
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Ils diffèrent ainsi des moustiques du sousgroupe endo, traditionnellement recueilli au sein des habitations, par leur comportement, leur génétique, mais surtout par une sensibilité supérieure au Plasmodium. Ainsi, en présence de sang infecté par Plasmodium falciparum, 58 % des insectes adultes provenant des larves de ce nouveau sous-groupe s’infectent, contre seulement 35 % pour le sous-groupe endo mis en présence de sang infecté par P. falciparum. Ces insectes d’un nouveau type pourraient donc constituer des super-transmetteurs de paludisme, expliquant en partie pour quelle raison les mesures actuelles de lutte anti-vectorielle ne permettent pas à réduire de façon satisfaisante la transmission du paludisme à l’homme. La prise en compte de ces nouvelles données génétiques et comportementales des insectes transmetteurs, dans les stratégies de lutte vectorielle, paraît cruciale pour améliorer l’impact de ces stratégies sur l‘épidémie persistante de cette redoutable affection.
Riehle MM, Guelbeogo WM, Gneme A, et al. Science 2011;331(6017):596-8.