.Soc Scr Med Vol 36, No IO, pp 1291-1296, Pnnted m Great Bntam All rights reserved
DIFFERENCES
1993 Copynght
DE MORTALITE DE BON1
0
0277-9536/93 $6 00 + 0 00 1993 Pergamon Press Ltd
CHEZ LES DOGON
E BROWN’ et M H CAZES~ ‘I D P , 22 rue Vauquelm, 75005 Pans et ‘1 N E D , 27 rue du Commandeur,
75014 Pans,
France
R&urn&La mortahte est ttudlte i l’echelle d’une petite population Dogon lsolte du Mali, de 5000 personnes environ, rkpartles en quatre groupes dlstmcts, abntant chacun trols i quatre vdlages Des tables de mortahtt ajusttes sont estlm&es sur deux p&nodes qumquennales 1977-81 et 1982-86, d’abord sur l’ensemble de la population, pms sur deux des masslfs les plus peuples Le mveau de mortahti, tr& Clevi, est cependant senslblement dd%rent dans les deux massifs Les causes probables de cette dlffkrence, d&i marqute en 77-81 et qul s’accentue en 82-86, pourralent Ctre h&es i l’ttabhssement dans le masslf de Tab1 de soms de santi pnmalre qm, tout en restant hmltts n’en ont cependant pas moms change les rigles d’hyglene Blementalre De plus, des comparalsons entre villages lalssent supposer le rBle important de la quahte et de la quantlte de I’eau dlspombie sur le mveau de la mortahte dans l’enfance Mars-clefs--Mall,
Isolat, tables de mortal&
soms de Sante pnmalre
Abstract-Mortality has been analyzed at the level of a small population of approximately 5000 persons, part of the Dogon of Mall They are separated mto four dlstmct groups, each composed of from three to four villages Adjusted hfe tables are estimated for two periods of five years 1977-8 1 and 1982-86 First these tables were calculated for the entire population and then for two of the most densely populated massifs Mortality IS very high However, It IS different m the two areas This difference, already notable m 1977-81, increased dunng the period 1982-86 Possible causal factors could be linked to the presence of primary health care m the Tab1 regon Although very limited, the care changed elementary rules of hygiene Moreover, comparison between vdlages point to the important role of the quality and quantity of avadable water m relation to child mortality levels Key words--Mall,
Isolate,
hfe table, primary health care
Le Malt est l’un des pays du monde oti la mortahtC est la plus forte La population Dogon prtsentCe ~1 confirme le fait de faGon salslssante SltuCe dans les arrondlssements de Bon1 et de Hombon, i 150 km $ l’est des Dogon de la falalse de Bandlagara, elle s’est implant&e dans les masslfs tabulalres qm entourent le village de Bon1 et qm Jalonnent la rCglon d’ouest en est (figures 1 et 2) La population est rCpartie en quatre sous-groupes correspondant aux masslfs d’habltatlon Chacun de ces masslfs abnte trols ou quatre villages, situ&s tan& sur le plateau, tantBt sur tantdt au pled de la montagne le pdmont, L’ensemble totahse plus de 5000 personnes (tableau 1) La r&glon fait partle de la zone t&s d&favor&e du sud-Sahel, elle se dtsertlfie progresslvement et mexorablement surtout depms la dermere dkcenme Les Dogon went de la culture du ml1 pratlquie durant les trols mols de la salson des plules (Jmllet i septembre) Depuls quelques an&es, les Gcoltes ne suffisent plus B couvnr leurs besoms et une partle de la population Cmlgre durant les mols d’hlver pour revemr au pays au moment des semallles L’approvlslonnement en eau constltue leur probltime majeur Les mols de maI et Jum sont souvent cntiques car les mares et les citernes sont A set 11 leur faut souvent consacrer plusleurs heures 1 la SSM 36,lc-E
qu&te de l’eau vers les quelques pCrennes enwronnants
pults
ou sources
LA COLLECTE ET LA QUALITE DES DONNEES
Depuls 1976, cette population fait i’objet d’une itude gCn&que Dans cet ObJectif, une enqui?te gtntaloglque a Ct& entreprise faisant appel i la mCmolre des habitants Le culte des ancitres Ctant tr&s vivace, 11 a ktC possible de recuellhr, pour tous les villages, des gCnCalogles remontant en moyenne i pr&s de SIX gCnCratlons Un recensement exhaustif a cornpI& cette collecte prthmmalre Depuls, des passages rkguhers ont permls d’enreglstrer les nalssances, manages et dC&s de chaque annCe Nous dlsposons mamtenant d’un sulvl dCmographlque de la population sur une p&node de dlx ans Comme pour toute population sans ttat civil, la quahtC de la collecte souffre de plusleurs blats Tous les paramttres falsant mtervemr une d&e, (dates, Pges notamment) sont soumls i l’appriaatlon subjective des enquCtCs et sont, par li mime, entachCs d’une erreur dlfficlle i apprCcler mals que nous pensons pouvolr sltuer dans une fourchette de plus ou moms 3 ans Cependant, la forte endogamle favonse les recoupements d’mformatlons concernant
1291
E BROW& et M H CAZES
1292
-
-
-
-
/
GUINEE
I,,
Fig 1 Carte de I’Afrlque
-’
occldentale
<
DOGON
,-J
COTE D’IVOIRE
sud-Saharienne
chaque personne ou noyau famlhal De fait, 84% des kchanges matnmomaux ont heu a I’mteneur d’un m&me massif, 12% en moyenne ont lieu entre massifs Les manages avec une ethme CtrangGre n’attelgnent pas 5% des umons [I]
UNEMORTALIT~Z ELEVGE POURTANTSENSIBLE AUX ALEAS CLIMATIQUES
Dans un premier temps, nous avons etudle la mortalit& de I’ensemble de la population sur les deux p&odes qumquennales succewves 1977-l 98 1, 1982-1986 dans ces dlx annkes, od le sulvl de la population a &tC satlsfalsdnt, la forte sicheresse des
et localisatlon
\
BURKINA-FASO
/
i h J *---
GHANA
des Dogon (RCpubllque du Mall)
annkes 83 et 84 ktalt susceptible d’entrainer une varlatlon du mveau global de la mortahtb, dont la premkre penode seralt alors un mellleur reflet i long terme Ces Dogon connalssent les m?mes dlfficulttts chmatlques, partagent un mode de we trks wmllalre, souffrent d’une quasi totale absence d’hygkne et ne connalssent pas de mkdlcahsatlon dutre que leur mkdecme tradltlonnelle Le tableau 2 prksente la table de mortahtk alustCe a partw du nombre de d&s et de survlvants par annte pour la p&node 1977-1981 Le quotient de mortalit& mfantlle (figure 3), de 135%0, est moms irlevk que cehn de 175%0 fourm par les Nations Umes (1988) pour I’ensemble du Mall [2], ou que celul de 163%0 mesurC sur la mZme p&node par
Ella-Bull TABI ----
Tandi
. 0
Paste Falaise Village
Tup&rk 10 km
:
Fig 2 Les qumze villages dogon de l’arrondlssement de Bon1
Tab1
Ttga
de mortahtt
Diflikences Tdbleau
I
Effectlfs par wllage en ,a”wer EffectIf hommes
Sarllyere
Nemgene DJXIW~~ Tandl Koyo
304 177 I67 73
359 7.01 I58 99
663 378 325 172
Tdbl
Tab1 Tupere Teg‘I
615 231 242
640 239 264
1255 470 506
Elld
Ella-Bull Ella-Born Momm Bandga
42 55 63 48
41 61 77 56
83 II6 I40 I04
170 29 II2 I44
174 36 90 I28
344 65 202 272
autrea total
32
70
102
2504
2693
5197
l’Enqu&te Dkmographle et Sank (EDS-Mah) [3] men&e par le CERPOD en 1987 (tableau 4) La mortahtk JuvCnile entre 1 et 3 ans, puls entre 3 et 5 ans est crolssante (158%0 et 187%0), ce qul est plut8t mhabltuel Elle correspond ii un quotient entre 1 et 5 ans de 316%0, chlffre cette fowcl plus kleve que le quotient correspondant mesurC en zone rurale, dans I’EDS-Mall On peut penser que le sevrage tardlf, vers l’gge de 30 mols. et le passage brutal A une nournture ne comportant plus de products lactCs, ne sont pas mdlffkrents au mveau Clevi: de la mortahtk entre 3 et 5 ans De fait, dans une ktude sur les effets de I’allaltement sur la morbldltk dlarrhkque, B TraorC et al observent que les enfants allaltts au-deli de douze mols mals pendant moms de 18 mols ont plus de chance de surwe que ceux dont I’allaltement se prolonge plus tardwement [4] En 1982-1986 (tableau 3), la mortahtt: est encore plus forte L’espCrance de we i la nalssance passe de 35,9 i 30.6 ans De plus, le profil de la mortahtk mfanto-JuvCmle est dlffkent, correspondant davan-
Tableau Groupe d’dges 0 I-2 3-4 5-6 7-9 IO-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74 75-79 80et+
2 Table de mortahte
SW les
quatre
1293
Dogon de Bon]
. Table Total
Wlage
Loro YUlld Kayo-Bon1 Prmg‘I
les
1987
EffectIf femmes
Masslf
Loro
chez
masslfs,
1977-1981
Quotient de mortdhte
Survlvdnts
Esperance de we en annees
0,135o 0.1579 0,1875 0,0475 0.0433 0,0324 0,Ol I9 0,0204 0 0253 0,0314 0 0389 0.0483 0.0599 0,0742 0,092O 0,I I41 0,1415 0,1754 0,2175 I ,oooo
10000 8650 7284 5918 5636 5392 5217 5154 5048 4920 4765 4579 4357 4096 379 1 3442 3049 2617 2157 1687
35,86 40,38 45,76 54,09 54,74 54.15 50,88 46,47 42,38 38,42 34,58 30,88 27,32 23,9l 20,62 l7,46 l4,39 II,34 8,23 4,82
0
10
+ Table
1977-81
20
30
40
50
1982-86
60
70
80
Lge
Fig
3 Quotients
de mortahtt, tow masslfs 1977-81 a 1982-86
Comparaison
tage i des condltlons souvent rencontrkes dans les pays i trks forte mortahtt, d savolr une mortahtk infantile nettement plus Clevke, de 22Oo/oo, une mortal& Juvkmle de 1 A 3 ans moms lmportante (129%0), puls un peu plus ClevCe entre 3 et 5 ans Cependant, 11ne faut pas s’attacher A un dkoupage trop fin de ces quotients dans la prime enfance car I’apprtklatlon des iges est sulette A caution Ce qul demeure certain, c’est que 42% des enfants en moyenne meurent avant 1’8ge de cmq ans Une fols pass6 ce cap, I’espCrance de we monte i 47 ou 54 ans selon la p&ode ktudke Cette forte surmortahtk en 82-86 chez les Dogon n’apparait nullement dans I’Enqugte DCmographle et SantC du Mah [3] qul observe, au contralre, une dlmmutlon continue de la mortahtk au tours des trols dermite~,pk.nodes qumquennales en 82-86, les quotients y sont respectlvement de 119%0 pour ,q, et de 173% pour qq, (tableau 4) La courbe des espkrances de vie (figure 4) montre clalrement que la surmortahtk de la p&ode 1982-1986 a touch& tous les dges L’Clolgnement de la capltale et de tout centre urbam fait que la population bCnC!icle de peu de secours ahmentalre et mtdlcal, en pinode de crlse grave occaslonnke par des condltlons chmatlques dksastreuses
Tableau Groupe d’iges 0
l-2 3-4 5-6 7-9 IO-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74 75-79 80etf
3 Table de mortahte
SW les quake
masslfs,
1982-1986
Quotient de mortahte
Survlvdnts
Esperance de vie en annees
0,2202 0,129l 0,1484 0,0499 0,0616 0,0754 0,0512 0,0348 0,0236 0,0304 0,040l 0,0529 0,0697 0,09 I9 O,l212 O,l598 0,2107 0,2778 0,3663 I ,oooo
I0000 1798 6191 5783 5494 5155 4766 4522 4364 4260 4130 3964 3754 3492 3171 2786 2340 1846 1333 844
30,62 38,13 41,63 46,7l 47.11 47,ll 45,74 43,08 39,54 35,43 31,47 27,68 24,OS 20,70 l7,54 l4,6l I I ,92 9,43 7,lO 4,75
1294
E BROWN et
Tableau
4 Quotients enquh
de morldllle mfdnto-Juvemle Dogon et enqukte EDS-Mdh lY77~1YXl
Populatmn Dogon EDS-MA 1987 (zone rur‘ile)
Compdrdlson
1982 19X6
IQ,
44,
IQ,,
&
TQ,,
135 161
316 203
40x 337
220 II9
25x 173
422 271
M H
CAZES
Tableau 5 De~ea et survlvcints parm, les enfants nes au tours des permdes 77-81 el82-86 dans les deux masslfs de Tab1 et du Sarnyere (les dlstrlbutmns par mdsslf different pour les deux penodes. x*(lddl) ~4.72 et 6.31) 1977 1981
Dece\ Surv1v‘+nta N‘ll~SdlKes
1982~1986
S‘irnvere
Tdbl
Total
Sdrnvere
Tdbl
Totdl
92 238 130
97 361 458
I89 599 7xx
129 255 3x4
135 3X6 521
264 641 905
DES DIFFERENCES DE MORTALI'IE LIEES ALIX CONDITIONS DE VIE LOCALES
En I’absence d’mformatlons dttdillees sur les causes de deck, nous avons voulu tenter une comparalson de la mortahti: entre les masslfs de Tab1 et du SarnyerC D’une part, ce sont les masslfs les plus peuplbs pour lesquels les mformdtions sont les moms altatolres, d’autre part 11s se dlffirenclent par un dCbut d’kvolutlon perceptible ddns le premier Le SarnyerC, rest& le plus tradltlonnel, conserve un mode de we tris autarclque, tres rephe sur hn-mCme Celul de Tab] est beaucoup plus ouvert de par son hlstolre passee (les wllages ont kte exlk dux dlentours de Homborl durant 27 ans i la smte d’un contentleux avec les auto&s franqalses) De plus, Tab1 bSn&le depuls 1977 d’un mmlmum de mkdlcahsatlon OCCIdentale, d’abord trZs sporadlque, lors des premieres mlsslons sur le terram qw mcludlent touJours dans leur tqulpe un mitdecm, elle est devenue plus reguhere grLce au siJour de deux d’entre eux qul sont restes Ii-bas durant quatorze mols [5] Cette longue presence leur a permls de former sur place un ‘aidesoignant’, un des rares Dogon du wllage i parler franqais Cet enseignement d port& sur les soms de santC prlmalre, la connalssance et I’utlhsatlon des mkdlcaments de base, les rkgles d’hygkne, mals aussl la connaissance des prmclpales maladies tropicales, la dktermmatlon de leur dlagnostlc et leur traltement Depms ce temps, l’alde-soigndnt dssure tous ies Jours ses consultations et y consacre dksormals son temps Son ‘dlspensalre’ dispose toutefols de moyens trks hmltCs sur le plan mat&e1 et financier La pharmacle wllageolse ne parwent pas i s’autogkrer, les medlcaments restant souvent hors de Id portke des bourses des habltants Aucune vaccmatlon notdmment n’a pu &tre dlspenske, faute de disposer d’un groupe electrogene pour la conservation des vaccms Mals les rirgles d’hygkne Gmentalre sont mamtenant blen adoptkes
De fdlt, les probabllks de survle Jusqu’en fin de perlode (a l’iige de &4 ans r&ok) en 1977-81 et 1982-86 sont slgmficatlvement dlffkentes dans les deux masslfs (tableau 5). ce qul autorlse a tlrer quelques conclusions de la comparalson des tables de mortahti ajustees pour chacun des masslfs et pour les deux p&lodes itudkes figurant dans les tableaux 6 i 9 Au Sarnykre, la mortahte Juvimlle en 1977-81 est plus forte que sur I’ensemble des masslfs ICI encore, les quotients de mortahte sont croissants avec I’ige, dans les premieres annkes de vie La surmortahte entre 3 et 5 ans est nette A Tabl, les quotients de mortahte mfanto-Juvtmle gardent la m&me structure, en restant systkmatiquement moms tlevts qu’au SarnyCrk En 1982-86, la structure des quotients de mortahtk mfanto-Juvkule change parelllement dans les deux masslfs une forte mortahtk mfantlle (199%0 n Tabl, attelgnant 240%, au Sarnyerk), un mveau nettement plus bas des quotients entre I et 3 ans, puls une remontte de la mortahte entre 3 et 5 dns. que marque blen la courbe des quotients (figure 5), quels que soient Ia p&ode et le massif A ce propos, on ne peut gdre mcrlmmer I’hyglene qul Joue parelllement chez les 1 A 3 ans et chez les 3 i 5 ans, en revanche, on peut kvoquer -ce que nous avons d&i fait- le passage brutal i la nourrlture adulte qul dolt entrainer une certame malnutrltlon D’apres I’EDSMall d&i c&e, les Dogon constituent un des groupes ethmques oti se trouvent les plus grands pourcentages d’enfants attemts de malnutrltlon chromque On observe aussl au-dela de 40 ans des quotients de mortahti plus ClevCs, pour chaque massIf, en 1982-86 qu’en 1977-81 Cette augmentation durant les annCes 1982-1986 est probablement h&e aux condltlons chmdtlques dtsastreuses de la dkenme 1980-90 Les annees 1983 et 1984 ont vu culmmer la skheresse, qul se poursult depuls avec une egale Constance Le
60 r
0
Tableau
10
20
30
40
50
60
70
80
ige
4
Espkrances de vie, tous masslfs 1977-81 a 1982-86
Comparalson
0 l-2 3-4 5-Y IO-19 20-29 30-39 40-49 50-59 60-69 70-79 EOet+
6 Table de mortdhte
du Sdmvere.
1977-1981
Quoknt de mortahte
Surv1vants
Esperance de vie en dnnees
0,1712 0.1766 0,2145 0,072O 0,026 I 0,041o 0,071 I 0,123s 0 2143 0.3719 0,6454 I .oooo
10000 8288 6824 5360 4973 4X43 4644 4313 3780 2970 1865 661
31,79 37,25 43.03 52,5l 51.39 42,64 34,25 26,4X I9 51 13.47 8,48 4.81
DdTkrences Tableau
7 Table de mortala
du Sarnyere,
de mortal&
1982-1986
Quotient de mortalrte
Surv1vants
Esperance de we en annees
0,2404 0,1467 0,1719 0.0980 0,0416 0.0341 0,0695 0,1414 0,2879 0,586l 1.oooo
10000 7596 6481 5366 4840 4638 4479 4167 3577 2547 1054
28,90 36.89 41,06 47,37 47,25 39,os 30,28 22,17 15.00 9,04 4.77
0
l-2 3-4 5-9 IO-19 20-29 30-39 40-49 50-59 60-69 70et+
mveau de la pluvlom6tne de cette dermkre dCcenme est moltit momdre que celm de la d&enme 1950-60, entrainant une dCsertlficatlon progressive de la rtgion La courbe des survlvants (figure 6) met blen en twdence le pr&vement opCrC par la mortalit& mfanto-Juvtmle dans les g&nCratlons et sa forte r& ductlon B Tabl, d’une p&ode d l’autre De msme, l’analyse des esp6rances de we est mstructlve d’un mveau tris proche dans les deux masslfs en 1977-1981, de l’ordre de 32 ans i la nalssance, elle tombe $ 29 ans au SarnyCrC, dans les cmq anntes smvantes et monte i l’mverse i 39 ans pour Tabl, dans la mgme p&ode Au SarnyCri, elle gagne p&s de vmgt ans entre la nalssance et 1’Pge de cmq ans DlSCUSSION
La dlffcirence de mortahti entre les deux masslfs est tout de mCme surprenante quand on salt que les deux populations sont soumises i des causes de mortalit& t&s slmllalres Les deux rlsques les plus frkquents, reprksentant 29% des d&is de cause d&Clarke, sont la rougeole, puls le paludlsme-fievre 11ne nous a pas 6tC possible de dlff&enaer, dans cette deuxltme cat& gone, le diagnostic du paludlsme de celul de la fikvre, souvent confondus La trowime cause, au moms chez les enfants, reprCsente 8% des d&s de cause diclar6e et correspond aux dlarrhCes et parasitoses mtestmales Le cholkra s&t aussl beaucoup par epldCmles (prCs de 12% des d&s de cause dCclar&e) mals attemt davantage les adultes que les enfants Les Cpldemles de rougeole font rCguh&ement des ravages, frappant fort tous les trols & quatre ans, au tours de Tableau Groupe d’lges 0 l-2 3-4 5-9 10-19 20-29 30-39 40-49 50-59 60-69 70-79 80et+
8 Table de mortahte
Quotlenl de mortahte 0,1143 0.1634 0,1954 0,1264 0.0695 0,0456 0,0672 0,099o 0,146O 0,2153 0.3 174
I ,oooo
Survlvants 10000 8857 7410 5962 4796 4189 3898 3720 3470 3126 2669 2094
chez les Dogon de Born Tableau Groupe d’kes
1295
9 Table de mortala
Quotient de mortahte
0
Surwvants
Esperance de we en annees
10000 8013 7201 6389 6099 5976 5638 5163 4516 3673 2652 I554
39,12 47.70 50.96 55.31 52,82 43.80 36.12 28,98 22,41 16.41 IO,79 4,88
0.1987 0,1013 0.1128 0,0453 0,020l 0,0565 0,0841 0,1253 0,1865 0,2778 0,4137
l-2 3-4 5-9 IO-19 20-29 30-39 40-49 50-59 60-69 70-79 80et +
de TabI, 1982-1986
I ,oooo
la salson chaude (ma1 et Jum) et dCclmant rapldement les enfants Les villages observent alors un strict lsolement pour ne pas aggraver le mal, de sorte que les uns et les autres sont touch& i des annees dlffkrentes i Tab1 deux fortes &pldkmles sont mtervenues en 1977 et en 1981 Au SarnyCr&, la rougeole a S&VIsurtout en 1985 Cette annCe-Ii, du reste, a CtC partout tris meurtrlire CpldCmles de cholCra et rougeole dans tous les masslfs, forte mortahtt par paludlsme L’lmportante malnutrition qu’ont engendrke les terrlbles sicheresses de 1983-1984 a constltut un terrain de fond sur lequel ont pu se greffer facllement toutes sortes d’agents mfectleux Comment d& lors exphquer la dlff&ence de mortahtC observke entre Tab1 et le SarnyCrt? II est probable que l’hyglene n’est pas Ctrangkre i un tel r&.ultat Au SarnyCrt?, le manque d’eau en p&ode de skcheresse est cruaal, et la population n’est pas du tout senslbll&e i la notlon de proprett: L’hygitne y est vtrltablement mexlstante Le masslf de Tab1 mclut, lm, deux villages de culture, Drugomo et Gollel, situ&s en plame, respectlvement i une trentaine et une vmgtame de kllomitres de Id, et nettement favor&s ii la fois par l’approvislonnement en eau et par sa qualit& Tlr&e d’un pmts profond et pCrenne, elle est pure, comparCe aux eaux boueuses des villages de Bon1 On peut bolre, se laver, sans arnere-pens&e A 1’Cpoque du recensement, nous avlons fait un raplde relevi: des nalssances et d&s des Jeunes enfants dans chacun des villages La compararson entre le village de Tup& et les villages de culture de Tab1 Ctalt sawssante i TupCrC, 48,3% des grossesses aboutlssalent 1 un enfant want au-deli de cmq ans, i Goilel, cette proportion montalt i 69,4%1 Cette
de TabI, 1977-1981 Esperance de we en annees 32,16 35.25 39,93 47,39 48,89 42,16 33.94 2i:o2 18,33 10.61 2,15
k
. SarnyCri * Tab]
+ Sarnykrt
1977
1982
1977
_ 0
I
I
I
I
I
I
I
I
10
20
30
40
SO
60
70
80
Lge
Fig 5 Quotients
de mortalh
Comparalson
Tab1 Sarnytrk
1296
E BROWN et M H . sarnyert
1977
10
20
6Or_
+ Sarnyer~ 1982
* Tab1 1917
0
CAZES
0 Tab] 1982
30
40
50
60
70
80
1n
0
dge
Fig
6 Surwvants,
constatatlon
montre d’eau
comparalson
que
Fig
Tab] Sarnyi-re
les fdcteurs
dlspomble
30
40
50
60
70
x0
ige
de la quallte
et
un &e lmportant sur V&tat samtalre d’une population, surtout dans I’enfance Mals les condltlons avantageuses du village de Gollel ne concernent que 11% de la population du masslf 11 faut tvoquer surtout la muse en place d’une structure de soms de sdnte primalre i Tab] La prksence du dlspensalre et le travail permanent de I’alde-solgnant, m&me sl ses moyens restent hmks, a modlfik consldtrablement les mentalit&, ne seralt-ce qu’en ma&e d’hyglkne L’adoptlon de g&es samtaires simples et prkentifs, telles que les campagnes de mvaqumlsatlon des petlts enfants en dCbut d’hlvernage. peuvent avow un impact consldkrable Nos rksultats, qul amorcent, dans la perlode pourtant dkfavorable de 1982-86, une nette ami’horatlon du quotient de mortal&, tendent A montrer que cette de la quantltC
20
Jouent
7 EspCrances
de vie Compardlson
TabI
structure sanitaire n’a pas Cti sans Jouer perceptible sur la mortalit&
Sarnyere
un rCle
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