408
Abstracts / Néphrologie & Thérapeutique 14 (2018) 403–412
corps anti-PLA2R1 dans la glomérulonéphrite extramembraneuse in vitro, phénomène jusqu’à présent jamais démontrée. La prochaine étape de notre étude sera de tester l’ensemble de notre cohorte puis d’identifier le rôle du complément grâce à ce même modèle en présence ou en absence de complément puis après ajout d’inhibiteurs des différentes voies du complément. Cette étude pourrait ainsi mener à l’essai de nouvelles thérapeutiques comme les inhibiteurs du complément. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. Pour en savoir plus Beck LH, et al. M-type phospholipase A2 receptor as target antigen in idiopathic membranous nephropathy. NEJM 2009.
n = 4, p < 0,05). Cette augmentation était significativement réduite par l’administration de rimonabant, un antagoniste de CB1 (n = 4, p < 0,05). Conclusion CB1 augmente précocement après la greffe, principalement au sein des cellules tubulaires, et est corrélé avec la fibrose rénale à M3. Le tacrolimus participe à l’expression de CB1 et à la fibrogenèse durant la DCA. Nos travaux suggèrent un possible rôle du système cannabinoïde, plus particulièrement de CB1, au cours de la DCA. Le blocage de CB1 apparaît ainsi comme une voie thérapeutique prometteuse dans la prévention de la dysfonction chronique de l’allogreffe. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.
https://doi.org/10.1016/j.nephro.2018.07.356
https://doi.org/10.1016/j.nephro.2018.07.357
PR12
PR13
Le rôle des récepteurs cannabinoïdes dans la dysfonction chronique de l’allogreffe
Effets protecteurs du nébivolol sur la cellule endothéliale intoxiquée aux acides aristolochiques (AA)
M. Dao 1,∗ , L. Lecru 2 , S. Ferlicot 3 , S. Vandermeersch 4 , A. Durrbach 5 , C. Chatziantoniou 4 , H. Franc¸ois 6 1 Inserm UMR S 1155, hôpital Tenon, AP–HP, service d’anatomie pathologique, hôpital de Bicêtre, Paris, France 2 Galapagos SASU, Romainville, France 3 AP–HP, service d’anatomie pathologique, hôpital Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre, France 4 Inserm UMR S 1155, hôpital Tenon, Paris, France 5 AP–HP, service de néphrologie, hôpital Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre, France 6 Inserm UMR S 1155, hôpital Tenon, AP–HP, service de médecine interne et immunologie clinique, hôpital Bicêtre, Paris, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M. Dao) Introduction La dysfonction chronique de l’allogreffe (DCA), qui correspond au remplacement inéluctable du tissu fonctionnel rénal par des protéines de la matrice extracellulaire, constitue actuellement la première cause de perte du greffon, rendant indispensable une meilleure compréhension des processus de fibrogenèse. Le rôle pro-fibrosant de CB1 dans un modèle murin de fibrose rénale et l’effet anti-fibrosant du blocage de CB1 par action directe sur les myofibroblastes rénaux, acteurs majeurs de la fibrogenèse au cours de la DCA, ont récemment été démontré. Notre objectif est d’évaluer le rôle du système cannabinoïde dans la DCA. Patients/matériels et méthodes Dans un premier temps, nous avons quantifié rétrospectivement, par immunohistochimie et analyse morphométrique, l’expression de CB1 sur les biopsies systématiques du greffon rénal de 26 patients, réalisées à j0, M3 et M12. Nous avons corrélé l’expression de CB1 avec la fibrose rénale (évaluation morphométrique après coloration par le rouge Sirius), le score de Banff et les données cliniques. Dans un second temps, nous avons étudié in vitro le rôle du tacrolimus sur l’expression de CB1. Résultats Les greffons normaux exprimaient faiblement CB1. En revanche, au cours de la DCA, l’ensemble des structures rénales (cellules épithéliales tubulaires, cellules endothéliales, infiltrat inflammatoire interstitiel, podocytes) exprimaient CB1. Cette expression augmentait précocement après la greffe, de j0 à M3 (22,5 ± 15,4 % versus 33,4 ± 13,8 %, p = 0,01), puis restait stable (33,3 ± 19 % à M12, p = 0,7 versus M3). À M3, la fibrose interstitielle corticale était corrélée avec l’expression de CB1 (p = 0,035). In vitro, le tacrolimus (10 ng/mL/jour pendant 48 h) augmentait l’expression de CB1 par des cellules tubulaires rénales humaines issues d’une lignée immortalisée (HK2, Western blot, n = 4, p = 0,03). Dans un modèle de fibrogenèse médiée par le tacrolimus sur des cellules épithéliales tubulaires proximales primaires murines (mPETC), l’expression de cnr1 (codant pour CB1), col1, col3 et col4 augmentait après administration de tacrolimus (RT-qPCR,
M.-H. Antoine ∗ , S. Marhia , C. Husson , J. Nortier Lab. néphrol. exple, fac. médecine, université libre de Bruxelles, Bruxelles, Belgique ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M.-H. Antoine) Introduction La néphropathie aux acides aristolochiques (AA) se caractérise non seulement par une fibrose interstitielle et une atrophie tubulaire proximale mais également par une raréfaction des capillaires péritubulaires [1]. Vu le contact direct des AA avec l’endothélium de ces capillaires avant d’atteindre leur cible préférentielle, la cellule tubulaire proximale [2], le but de notre travail a été d’évaluer, d’une part, les effets des AA sur des cellules endothéliales humaines en culture et, d’autre part, les effets éventuellement protecteurs du nébivolol, un -bloquant possédant des propriétés anti-oxydantes [3]. Patients/matériels et méthodes Des cellules endothéliales immortalisées (Eahy926) ont été incubées avec ou sans AA (50 M ou 100 M). Les effets d’une pré-incubation avec du nébivolol ont été évalués par le test de viabilité à la résazurine. L’observation de marqueurs endothéliaux tels que le CD31 a été réalisée par la technique de polymerase chain reaction (PCR). La cytométrie de flux a permis d’étudier le stress oxydatif (production de H2 O2 ) ainsi que l’évolution du calcium cytosolique marqué au Fluo-3. Résultats Les AA diminuent de manière dose-dépendante la viabilité des cellules endothéliales Eahy926. Un pré-traitement avec le nébivolol permet d’améliorer la viabilité des cellules Eahy926 intoxiquées aux AA pendant 24 h. La diminution de l’expression du CD31 induite par les AA est atténuée par le nébivolol. L’augmentation de la production intracellulaire d’H2 O2 par les cellules intoxiquées aux AA est contrecarrée par le nébivolol. L’augmentation du calcium cytosolique induite par les AA à leur plus haute dose n’est pas inhibée par le -bloquant. Discussion Nos résultats confirment une cytotoxicité dosedépendante des AA sur la cellule endothéliale en culture. Un pré-traitement au nébivolol permet de réduire l’intensité du stress oxydatif généré par les AA, suggérant une approche thérapeutique prometteuse. Conclusion D’un point de vue physiopathologique, nos résultats in vitro suggèrent que l’atteinte de l’endothélium vasculaire de l’interstitium rénal (capillaires péritubulaires) joue un rôle non négligeable dans la progression de la néphropathie aux AA. Ces données sont en cours d’investigation in vivo. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. Références [1] Pozdzik AA, Giordano L, Li G, et al. PLoS One 2016;11(7):e0157288.
Abstracts / Néphrologie & Thérapeutique 14 (2018) 403–412
[2] Baudoux TE, Pozdzik AA, Arlt VM, et al. Kidney Int 2012;82:1105–13. [3] Refaie MM, El-Hussieny M, Zenhom N, et al. Environ Toxicol Pharmacol 2018;58:212–9. https://doi.org/10.1016/j.nephro.2018.07.358 PR14
Cinétique et conséquences immunitaires des concentrations plasmatiques en toxines urémiques au cours de l’insuffisance rénale P. Caillard 1,∗ , E. Ourouda-Mbaya 2 , S. Kamel 2 , G. Choukroun 1 , J. Maizel 3 1 CHU d’Amiens, néphrologie, Amiens, France 2 Unité Inserm 1088, Amiens, France 3 CHU d’Amiens, réanimation médicale, Amiens, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (P. Caillard) Introduction L’insuffisance rénale est associée à une morbimortalité très importante, secondaire essentiellement aux complications infectieuses et cardiovasculaires. Plusieurs études ont évalué l’impact des toxines urémiques sur la dysfonction endothéliale et immunitaire au cours de l’insuffisance rénale chronique. Cependant l’action de ces toxines dès les stades précoces de l’insuffisance rénale reste inconnue. L’objectif de ce travail sera d’évaluer la cinétique d’accumulation de 3 toxines urémiques (IS, PCS et FGF-23), l’apparition des perturbations immunitaires, ainsi que les effets potentiels du sévélamer dès le commencement de l’insuffisance rénale sur un modèle animal et cellulaire. Patients/matériels et méthodes Dans cette étude expérimentale, nous avons analysé, d’une part, la cinétique d’accumulation des 3 toxines urémiques entre le 7e et le 60e jour après création de l’insuffisance rénale sur 3 groupes de souris (urémiques, urémiques traitées par sévélamer et contrôles). D’autre part, nous avons évalué leur impact immunitaire in vitro et in vivo, ainsi que l’effet du sévélamer. Résultats Nous avons montré que ces 3 toxines augmentaient dès j7, jusqu’à 10 fois leur taux basal (p < 0,05) chez les souris urémiques par rapport aux contrôles. Leurs concentrations étaient associées à celles des marqueurs inflammatoires (TNF␣, IL-1 et IL-6). L’expression aortique des molécules ICAM-1, VCAM-1 et CD14 était 2 fois plus importante (p < 0,05) en contexte urémique, secondaire à l’augmentation des cellules immunitaires et à leur infiltration vasculaire. La migration des monocytes et des neutrophiles in vitro était diminuée d’environ 50 % (p < 0,01) en condition urémique, témoin d’une altération fonctionnelle de l’immunité innée. Enfin, l’expression rénale et hépatique du récepteur FXR, impliqué dans la régulation des acides biliaires et de l’inflammasome, atteignait jusqu’à 10 fois la norme (p < 0,05) chez les souris urémiques. Les souris traitées par sévélamer présentaient une diminution significative des concentrations en toxines urémiques, des marqueurs inflammatoires et vasculaires, ainsi qu’une amélioration de la migration monocytaire par rapport aux souris urémiques. L’expression rénale et hépatique du FXR et de l’inflammasome était également diminuée après traitement. Conclusion L’accumulation des toxines urémiques semble ainsi être impliquée précocement dans la dysfonction immunitaire liée à l’insuffisance rénale. Ces perturbations immunitaires aboutissent à la fois à un état pro-inflammatoire participant à la dysfonction endothéliale et à un défaut de réponse immune favorisant les infections. Le sévélamer pourrait jouer un rôle bénéfique dans la restauration immunitaire, notamment par son action sur la voie des acides biliaires. Des explorations complémentaires seront nécessaires pour confirmer ces résultats et approfondir l’effet des toxines urémiques sur l’immunité ainsi que les mécanismes d’action du sévélamer.
Déclaration de liens d’intérêts éventuels liens d’intérêts.
409
Les auteurs n’ont pas précisé leurs
https://doi.org/10.1016/j.nephro.2018.07.359 PR15
La scintigraphie rénale à l’acide dimercaptosuccinique 99mTc permet d’évaluer le développement de la fibrose interstitielle au cours d’un régime riche en adénine chez le rat M. Bobot 1,∗ , G. Hache 2 , P. Garrigue 2 , P. Brunet 1 , S. Burtey 1 , B. Guillet 2 1 Service de néphrologie, dialyse et transplantation rénale, hôpital de la Conception, Marseille, France 2 Université Aix-Marseille, UMR-S1076, laboratoire de pharmacodynamie, faculté de pharmacie, La Timone, Marseille, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M. Bobot) Introduction La maladie rénale chronique (MRC) augmente le risque d’événements cardiovasculaires et la mortalité. La MRC est marquée par des lésions de fibrose et sa sévérité est généralement en corrélation avec l’ampleur de la fibrose corticale rénale. L’évaluation de la fibrose interstitielle est cruciale dans la recherche préclinique axée sur l’IRC, mais la coloration histologique postmortem reste actuellement le gold standard pour évaluer la fibrose rénale chez les rongeurs. Par conséquent, des approches qui permettent une évaluation longitudinale de la structure rénale sont nécessaires pour affiner les études impliquant des rongeurs. Ainsi, nous avons étudié l’imagerie rénale SPECT/CT dédiée aux petits animaux afin de surveiller les dommages rénaux in vivo au cours de l’induction de la maladie rénale chronique chez le rat. Patients/matériels et méthodes La MRC a été induite chez des rats Sprague–Dawley (n = 7), en les soumettant à un régime alimentaire contenant 0,25 % d’adénine (ARD) pendant 4 semaines. La fonction rénale a été évaluée par la créatinine sérique et l’urée. La scintigraphie à l’acide (99m) Tc-dimercaptosuccinique (99mTc-DMSA) a été réalisée une fois par semaine du jour 0 au jour 35. À la fin du protocole, une évaluation histopathologique des lésions rénales et une coloration au Rouge Sirius ont été réalisées pour l’évaluation de la fibrose. Résultats Nous avons montré une augmentation de la créatinine sérique et de l’urée sérique du jour 14 au jour 35 chez les rats ARD par rapport aux rats témoins, avec un maximum au jour 28 (créatinine : 98,9 ± 17,9 vs 49,1 ± 2,8 mol/L, p < 0,001 – urée : 12,7 ± 3,0 vs 5,3 ± 1,0 mmol/L, p < 0,001). L’ARD a significativement diminué la fixation de 99mTc-DMSA dans les reins du jour 14 au jour 35, avec un minimum au jour 35 (0,195 ± 0,107 vs 0,248 ± 0,030 % de la dose injectée par rein, p = 0,013). L’examen histopathologique post-mortem a montré des lésions des structures tubulaires et une augmentation de l’accumulation interstitielle de collagène I et III dans le cortex rénal. À noter qu’au jour 35, la fixation du 99mTc-DMSA était négativement corrélée à la coloration au Rouge Sirius. Conclusion La scintigraphie au 99mTc-DMSA était représentative de la fibrose corticale chez les rats ARD. Cette stratégie d’imagerie permet un monitoring longitudinal de la fibrose rénale chez les rongeurs et semble être un outil efficace pour évaluer les stratégies thérapeutiques contre le développement de la fibrose rénale. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.nephro.2018.07.360