Ann Pathol 2004 ; 24 : 1S136-1S164
type Splendore-Hoeppli. Seule la culture de ces filaments permet l’identification mycologique définitive. Le traitement par amphotéricine B dans sa forme liposomale (ambisome) ne permet pas toujours de guérir cette infection et ne fait pas régresser les lésions établies souvent très disgracieuses, ce qui peut imposer secondairement un traitement d’exérèse chirurgicale. Nous rapportons l’observation d’un patient de 40 ans, né au Cameroun, ayant présenté depuis plusieurs années une rhinite et des signes d’obstruction nasale, et chez qui un diagnostic d’infection à Conidiobolus avait été porté sur une biopsie nasale. L’évolution sous traitement anti-mycotique fit régresser modérément la tuméfaction nasale et labiale supérieure. Un geste chirurgicale à visée esthétique est pratiqué. Les fragments tissulaires sont macroscopiquement scléreux, dures, chondroïdes. L’étude histologique montre une fibrose dense, peu vascularisée, peu cellulaire avec quelques foyers de lymphocytes, de plasmocytes et d’histiocytes. Aucun filament n’est observé. L’analyse immunohistochimique montre un excès de fibres de collagène de type I, II, et IV et une population lymphocytaire T prédominante. L’étude ultrastructurale montre des fibres de collagènes de morphologie souvent anormale et hypertrophiques. L’infection à Conidiobolus peut histologiquement poser un problème de diagnostic différentiel avec une mucormycose à Rhizopus, mais le tableau anatomo-clinique et la culture mycologique doivent permettre d’écarter ce diagnostic.
Un cas de myiase furonculoïde à Dermatobia hominis CARDOT-LECCIA N (1), VANDENBOS F (1), BAYLET-VINCENT C (2), SAINT-PAUL MC (1), PERRIN C (1), MICHIELS JF (1) (1) Service d’Anatomie Pathologique Hôpital Pasteur, 30 Avenue de la voie romaine, BP 69. 06002 Nice Cédex 1, (2) laboratoire d’Anatomie Pathologique 89 avenue Aristide Briand, 82000 Montauban. Les myiases cutanées humaines représentent une pathologie fréquente en région d’endémie tropicale. Les voyages organisés de plus en plus nombreux sous les tropiques augmentent le nombre de cas importés. Nous rapportons un cas de myiase furonculoïde à Dermatobia hominis (D.H) contracté au cours d’un séjour en Guyane française. Il importe, dans un premier temps, d’identifier les caractéristiques morphologiques communes des arthropodes qui sont la présence d’une cavité caelomique, d’un appareil respiratoire et circulatoire et d’une musculature striée. La démarche diagnostique doit être ensuite éclairée de renseignements cliniques et épidémiologiques (notion d’un séjour en zone tropicale, de contage, localisation de la lésion au niveau des téguments). Le dernier problème consiste à identifier les caractéristiques propres à D.H qui sont l’absence totale d’appendices locomoteurs, l’aspect bien arrondi des deux extrémités, et, avec sur le segment antérieur, des crochets. Le diagnostique différentiel se pose avec les vers ou helminthes qui possèdent une musculature lisse et n’ont aucun appareil respiratoire ou circulatoire ni cavité caelomique et avec un autre parasite, arthropode des téguments, qui est la puce-chique encore dénommée Tunga penetrans. L’extraction et l’analyse d’une larve complète, comme dans notre observation, facilitent le diagnostic histologique. Cette pathologie est importante à connaître car l’exérèse de la larve permet la guérison.
Endocardite infectieuse à hémocultures négatives TOQUET C (1), GUEFFET JP (1), BAMMERT A (2), LEPIDI H (1), HEYMANN MF (1) (1) Anatomie Pathologique (2) Cardiologie Hôpital Laënnec 44 093 Nantes cedex (3) Anatomie Pathologique Hôpital de la Timone 13385 Marseille. Les endocardites à hémocultures négatives posent un problème diagnostique, thérapeutique et pronostique. Nous rapportons le cas d’un homme de 57 ans avec pour seul antécédent un rhumatisme articulaire aigu. En août 2000, découverte d’une thrombose veineuse surale du membre inférieur droit sans facteur favorisant retrouvé. Mise en route d’un traitement par AVK. En octobre 2000, mise en évidence d’une occlusion du tronc tibio-péronier droit et d’une
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thrombose suspendue de l’artère poplité gauche dans un contexte de claudication du membre inférieur droit. Une EI est suspectée après 2 autres épisodes emboliques et sur l’antécédent rhumatismal. Ce diagnostic est confirmée par ETO : fuite aortique associée à des végétations de 8 mm. Les hémocultures sont négatives. Un interrogatoire policier à la recherche d’une porte d’entrée fait suspecter une maladie de Whipple devant la notion d’arthralgies associées à une diarrhée intermittente avec perte de poids et ceci malgré des biopsies jéjunales négatives. Le diagnostic sera posé sur la valvule aortique réséquée pour remplacement par homogreffe et sur la relecture des thrombi réséqués antérieurement. Examen anatomopathologique : réaction inflammatoire à prédominance macrophagique avec inclusions PAS positives cytoplasmiques. Confirmation par immunohistochimie avec Ac anti-tropheryma whipplei et par PCR. Conclusion : La maladie de Whipple doit être évoquée devant toute EIHN avec contexte évocateur (diarrhée, perte de poids, arthralgies). L’examen anatomopathologique reste primordial et peut être complété par biologie moléculaire. L’atteinte cardiaque au cours du Whipple n’est pas rare. Le pronostic reste sombre si une antibiothérapie adaptée et au long cours n’est pas mise en place rapidement.
Vulvite granulomateuse tuberculoïde révélant une atteinte métastatique d’une maladie de Crohn AZZOUZI S (1), DRAOU N (2), ELATTAR H (1), IRAQI A (1) (1) Service d’Anatomie Pathologique, (2) Service de Dermatologie,Hôpital Ibn Rochd Quartier des Hôpitaux 20100 Casablanca Maroc. L’atteinte vulvaire au cours de la maladie de crohn est rare. Elle se définit comme une atteinte métastatique par la présence d’une inflammation granulomateuse tuberculoïde siégeant à distance de l’intestin lésé. Elle peut précéder de loin la maladie de crohn ou être concomitante à l’atteinte digestive ou encore marquer l’évolution d’une maladie de crohn connue. Nous rapportons trois nouveaux cas d’atteinte vulvaire au cours de la maladie de crohn afin d’illustrer les difficultés diagnostiques avec une revue de la littérature. Le premier cas concerne une femme de 43 ans traitée pour tuberculose pulmonaire 2 ans auparavant et qui a consulté pour un oedème rouge et douloureux de la vulve depuis 6 mois. L’examen avait relevé des fissures superficielles à la face interne des petites lèvres et de la région périnéale. La biopsie vulvaire avait objectivait un granulome tuberculoïde sans nécrose. Le bilan de tuberculose et le bilan digestif étaient normaux. Compte tenu des antécédents de tuberculose, la patiente a été mise sous traitement anti-bacillaire sans aucune amélioration. Le diagnostic de maladie de crohn n’a été retenu que 7 ans plus tard quand le tableau s’est complété par des diarrhées abondantes, des fissures plus profondes et des ulcérations anogénitales. Les lésions sont toujours évolutives sous traitement avec une transformation maligne des lésions anopérianales 4 ans plus tard. Le deuxième cas concerne une femme de 50 ans qui s’est présentée pour une hypertrophie vulvaire évoluant depuis 4 ans accompagnée d’une symptomatologie digestive (diarrhées glaireuses, des ténesmes et des faux besoins) apparues depuis 1 an. L’examen avait révélé des fissures anales, œdème vulvaire et une atrophie des petites lèvres d’aspect leucomélnodermique. Le lavement baryté et la rectoscopie avaient montré un granulome tuberculoïde sans nécrose caséeuse. La maladie de crohn a été retenue sur un faisceau d’argument clinique, radiologique et histologique. Après 8 mois de traitement les lésions sont toujours évolutives. Le troisième cas concerne une femme de 27 ans qui a consulté pour un œdème vulvaire associé à des lésion anales et à des diarrhées intermittentes évoluant depuis 1 an. L’examen avait montré une suppuration anopérinéale avec une vulvite oedémateuse et fissuraire. Le diagnostic de maladie de crohn a été retenu en présence d’une atteinte rectale caractéristique et la présence d’un granulome tuberculoïde au niveau génital et anorectal. La malade a été perdue de vue. L’atteinte vulvaire métastatique au cours de la maladie de crohn est très rare, une quarantaine de cas ont été rapportés dans la littérature. Les lésions cliniques sont variables. L’œdème vulvaire isolé est exceptionnel. L’étude histologique est évocatrice par la présence de micro granulomes tuberculoïdes avec des dilatations capillaires et un infiltrat riche en plasmocytes. Dans notre contexte ou la tuberculose demeure endémique, la difficulté diagnostique reste posée.
© Masson, Paris, 2004