Estimation de certaines sommes courtes

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Journal of Number Theory 206 (2020) 231–249

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General Section

Estimation de certaines sommes courtes O. Labihi, A. Raouj ∗ Département de Mathématiques, Faculté des Sciences, Semlalia, Université Cadi Ayyad, B.P. 2390, Marrakech, Maroc

i n f o

a r t i c l e

Historique de l’article : Reçu le 12 février 2019 Reçu en forme révisée le 14 mai 2019 Accepté le 11 juin 2019 Disponible sur Internet le 18 juillet 2019 Communiqué par F. Pellarin MSC : 11N37

r é s u m é On s’intéresse à étendre la méthode de Selberg-Delange pour l’évaluation asymptotique des sommes courtes de type : 

f (n),

x≤g(n)
avec f fonction arithmétique, g fonction arithmétique positive et 1 < xα ≤ y ≤ x. © 2019 Elsevier Inc. Tous droits réservés.

Mots-clés : Fonctions arithmétiques Évaluation asymptotique Sommes courtes Méthode de Selberg Delange La fonction zêta de Riemann

1. Introduction La méthode de Selberg-Delange permet d’obtenir un développement asymptotique de  la fonction sommatoire n≤x f (n) pour une certaine classe de fonctions arithmétiques f : N ∗ → R (ou C). Il s’agit grosso modo de la classe de fonctions arithmétiques f dont  la série de Dirichlet associée F (s) = n f (n)n−s se comporte comme une puissance de la fonction zêta de Riemann ζ(s). Une telle hypothèse sera utile pour pouvoir appliquer * Auteur correspondant. Adresses e-mail : [email protected] (O. Labihi), [email protected] (A. Raouj). https://doi.org/10.1016/j.jnt.2019.06.012 0022-314X/© 2019 Elsevier Inc. Tous droits réservés.

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les diverses propriétés et estimations de ζ(s) dans la bande {s : 1/2 < Re(s) < 1 + ε}. Pour plus de détails sur cette méthode classique, le lecteur peut se référer au livre de G. Tenenbaum [7]. En 2015, M. Tip Easter Phaovibul [8] a établi une extension de la méthode de Selberg Delange aux sommes de la forme g(n)≤x f (n). La méthode de Selberg-Delange s’applique aussi pour évaluer des sommes courtes de  la forme x
nous avons utilisé des notations du livre de G. Tenenbaum [7]. Soit f : N ∗ → C une fonction arithmétique. Soit g : N ∗ → ]0, +∞[ une fonction arithmétique telle que lim g(n) = +∞

n−→∞

et

lim sup

log n = κ ∈ R. log g(n)

(1)

On suppose aussi que l’abscisse de convergence σc de la série de Dirichlet F (s) = ∞  f (n) est fini. Dans ce cas, il est simple de vérifier que son abscisse de convergence g(n)s n=0 absolue σa vérifie σa ≤ σc + κ (voir par exemple [8]). Dans toute la suite, la variable s est complexe et de forme algébrique : s = σ + i t où σ, t ∈ R. Définition 1.1. Soient A, M, M1 , M2 des réels ≥ 0, 0 ≤ δ < 1 et 1 et 2 deux fonctions à +∞  f (n) valeurs complexes. On dit que la série de Dirichlet F (s) := possède la propriété g(n)s n=1 P(A, M, M1 , M2 , δ; 1 , 2 ) si les conditions (a) et (b) suivantes sont à la fois vérifiées : (a) la fonction G(s) := F (s)ζ(2s)−2 (s) ζ(s)−1 (s)

(2)

est prolongeable en une fonction analytique sur un ouvert contenant le demi-plan Re(s) ≥ 1/2 et sur lequel elle vérifie la majoration : |G(s)| ≤ M (|t| + 3)max(δ(1−σ),0) (log(|t| + 3))A .

(3)

(b) Les deux fonctions 1 et 2 sont analytiques sur ouvert contenant le demi-plan Re(s) ≥ 1/2 et telles que pour tout s de partie réelle Re(s) ∈ [1/2, 2 + κ]

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|1 (s)| ≤ M1 ,

(4)

|2 (s)| ≤ M2 .

(5)

+∞  f (n) une série de Dirichlet vérifiant la propriété précés g(n) n=1 dente P(A, M, M1 , M2 , δ; 1 , 2 ). On dit qu’une telle série est de type T (A, M, M1 , M2 , δ; 1 , 2 , 1 , 2 ) s’il existe une suite de nombres réels positifs (f+ (n))n≥1 telle que pour tout entier n ≥ 1

Définition 1.2. Soit F (s) =

|f (n)| ≤ f+ (n) et telle que la série de Dirichlet F+ (s) :=

 f+ (n) g(n)s

n1

possède la propriété P(A, M, M1 , M2 , δ; 1 , 2 ). Sous les notations de la définition 1.2, on pose : B(s) := G(s) ((s − 1)ζ(s)) ak,n :=

1 (s)



n 

(k ) 1 i (1)

k1 +···+kn =k ki ≥1

i=1

ki !

, ,

(6) a0,n := 1,

(7)

m (−1)n  B (m−k) (1) em,n := ak,n , n! (m − k)! k=n   dk 1 1  := k ,  Γk (z0 ) dz Γ(z) z=z0 n−j m  m   nn − j  (−1)i+j Xj, em,n Pm (X) := i j Γ ( (1) − m) i 1 j=0 n=j i=0

(8)

(9)

(10)

 N +1 N y  |Pm |(log log x) c1 N + 1 (c2 + log log x) + + (11) RN (x, y) = x m=0 (log x)m+1 log x 1

M e−c3 (log x) 3 (log log x) où l’on a utilisé la notation : |P |(X) :=

K 

−1 3

|bk |X k si P (X) =

k=0

nôme. Le résultat principal de ce travail est le théorème suivant :

K  k=0

bk X k étant un poly-

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+∞  f (n) une série de type T (A, M, M1 , M2 , δ; 1 , 2 , 1 , 2 ). s g(n) n=1 1 . On a pour x > y ≥ xθ+ε et N entier ≥ 0, Soit ε > 0. On pose : θ := 1 − (24/5) + 2δ

Théorème 1.1. Soit F (s) =





1 (1)−1

f (n) = y(log x)

n≥1 x≤g(n)
N

 Pm (log log x) + O R (x, y) N (log x)m m=0

(12)

où les constantes c1 , c2 et c3 qui apparaissent dans l’expression de RN (x, y) sont positives et dépendent uniquement de A, M1 , M2 , δ et ε. A titre d’illustration, nous présentons quelques exemples d’application du théorème 1.1. Dans toute la suite, la lettre p désigne un nombre premier. Exemple 1. Pour tout entier n ≥ 1, ω(n) désigne le nombre de facteurs premiers distincts de n. Soit z ∈ C. On pose f (n) = z ω(n) et g(n) = ϕ(n) où ϕ est la fonction indicatrice  z ω(n) log n = 1. La série de Dirichlet F (s) := d’Euler. On sait que lim sup peut log ϕ(n) ϕ(n)s n≥1

s’écrire : F (s) = G(s) ζ(s)z ζ(2s)(z−z

2

)/2

(13)

où l’on a posé

G(s) :=

 p

1 1− s p

z 

1 1 − 2s p

(z−z2 )/2





⎝1 +

ps 1 −

z

1 ps

(1 − p1 )s

⎠.

La fonction G est analytique sur {s : Re(s) > 1/3} et satisfait pour tout ε > 0, G(s) ε 1 sur {s : Re(s) > 1/3 + ε}. Ainsi pour tout |z| ≤ M1 , on obtient l’évaluation (12) avec 1 (1) = z et δ = 0. Exemple 2. Pour tout entier n ≥ 1, Ω(n) désigne le nombre de facteurs premiers de n, comptés avec leur multiplicité. Soit z ∈ C. On pose f (n) = z ω(n) et g(n) = ϕ(n). La  z Ω(n) série de Dirichlet F (s) := s’écrit : ϕ(n)s n≥1

F (s) = G(s) ζ(s)z ζ(2s)(z où l’on a posé

2

−z)/2

(14)

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G(s) :=

 p

1 1− s p

z 

1 1 − 2s p

(z2 −z)/2



235



⎝1 + ps



1−

z

z ps

(1 −

1 s p)

⎠.

Ainsi pour tout |z| < 2, on obtient l’évaluation (12) avec 1 (1) = z et δ = 0. On voit que dans les deux exemples précédents, les deux fonctions 1 (s) = z et 2 (s) = ±(z − z 2 )/2 ne dépendent pas de s. Exemple 3. Soit z ∈ C, λ et α deux réels > 0 et β un réel tel que 0 ≤ β < 1/3. On considère : f (n) = z ω(n) et g(n) = nh(n) avec h une fonction multiplicative telle que pour tout entier n ≥ 1, h(n)  1/nβ

h(n) > 0, et pour tout nombre premier p

h(p2 ) = α.

h(p) = 1/λ,

Cette fonction a été introduite dans[1]. Par exemple, on peut prendre : h(n) = 1/τ (n) où τ (n) est le nombre de diviseurs de n. log n 1 On a d’abord : lim g(n) = +∞ et 1 ≤ lim sup log g(n) ) ≤ 1−β . n  z ω(n) En outre, la série de Dirichlet F (s) := s’écrit : g(n)s n≥1

F (s) = G(s) ζ(s)1 (s) ζ(2s)2 (s)

(15)

avec  λ2s 2 1 λs z− z , − s α 2 2  (s)  2 (s)    1 1 1 zλs z z 1− s 1 − 2s 1 + s + s 2s + + . . . . G(s) := s p p p α p (h(p3 )p3 ) p 

1 (s) = zλs , 2 (s) =

On vérifie que la fonction G s’écrit G(s) =





1 + O p−3(1−β)σ ; elle est donc ana-

p 1 lytique sur {s : Re(s) = σ > 3(1−β) } ⊃ {s : Re(s) > 1/2} et vérifie pour chaque ε > 0, 1 G(s) ε 1 sur {s : Re(s) > 3(1−β) + ε}. Ainsi pour tout |z| ≤ M1 , on obtient l’évaluation (12) avec 1 (1) = zλ, et δ = 0.

Remarque. Les trois résultats précédents permettent aussi d’évaluer les sommes  x≤ϕ(n)
1,

 x≤ϕ(n)
1 et

 x≤g(n)
1.

(16)

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Pour cela, on applique le résultat suivant dont la démonstration est analogue à celle du Theorem II.6.3 du [7], basée sur la formule intégrale de Cauchy. Lemme 1.1. Soit (h(z, n))n≥1 une suite de fonctions analytiques sur un voisinage d’un disque fermé D(0, A) avec A > 0. Soit h(z, n) =



ck (n)z k

(n = 1, 2, ...)

k≥0

le développement de h(z, n) en série entière dans D(0, A). Soient N ∈ N, θ et λ deux réels > 0, et g une fonction arithmétique telles que l’on ait pour x > y ≥ xθ et |z| ≤ A 

h(z, n) = y(log x)λz−1

n≥1 x≤g(n)
N  

zuj (z) + O (x, y) , R A,θ N (log x)j j=0

(17)

où les uj (0 ≤ j ≤ N ), sont des fonctions analytiques sur D(0, A) et où le reste RN (x, y) est une quantité indépendante de z. Alors on a uniformément pour x > y ≥ xθ ≥ 3 et 1 ≤ k ≤ Aλ log log x, 



(λ log log x)k y   Qj,k (λ log log x) R + O (x, y) , (18) A,θ N log x j=0 (log x)j k! N

ck (n) =

n≥1 x≤g(n)
où Qj,k est le polynôme Qj,k (X) :=

 m+l=k−1

1 (m) u (0)X l m!l! j

(0 ≤ j ≤ N, k ≥ 1).

Si de plus, B étant un réel tel que sup|z|≤A |u0 (z)| ≤ B, alors on a uniformément pour x > y ≥ xθ et 1 ≤ k ≤ Aλ log log x,  n≥1 x≤g(n)
ck (n) =

y (λ log log x)k−1  u0 log x (k − 1)!

 + OA,θ B



k−1 λ log log x

 (19)

 k−1 λ log log x R + (x, y) . 0 (λ log log x)2 k

Par application du lemme 1.1, les résultats donnés dans les trois exemples précédents entraînent successivement les évaluations suivantes. • En fixant un réel A > 0, on a uniformément pour chaque entier k vérifiant 1 ≤ k ≤ A log log x,

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 x≤ϕ(n)


y (log log x)k−1  v0 1= log x (k − 1)!

k−1 log log x



 +O

k (log log x)2

237

 ,

(20)

avec (z−z2 )/2   z   1 1 pz 1 1− 1− 2 1+ . v0 (z) := Γ(z + 1) p p p (p − 1)2

(21)

• Pour chaque réel ε ∈ ]0, 1[, on a uniformément pour chaque entier k vérifiant 1 ≤ k ≤ (2 − ε) log log x, 

1=

x≤ϕ(n)


y (log log x)k−1  v1 log x (k − 1)!

k−1 log log x



 + Oε

k (log log x)2

 (22)

avec dans ce cas z  (z2 −z)/2    1 1 pz 1 1− 1− 2 1+ . v1 (z) := Γ(z + 1) p p p (p − 1)(p − z)

(23)

• En fixant un réel A > 0, on a uniformément pour chaque entier k vérifiant 1 ≤ k ≤ Aλ log log x, 

1=

x≤nh(n)
y (λ log log x)k−1 log x (k − 1)!



 u0

k−1 λ log log x



 +O

k (λ log log x)2



(24) avec

u0 (z) :=

1 Γ(z + 1)

 p

1−

1 p

λz  1−

1 p2

2 (1)

⎛ ⎝1 + λz + z + z p αp2

 j≥3

⎞ 1 ⎠ , h(pj )pj (25)

où  2 (1) :=

λ 1 − α 2

 z−

λ2 2 z . 2

2. Démonstration du Théorème 1.1 On pose A(t) :=

 n≥1 g(n)
f (n)

(t ≥ 1).

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Dans sa thèse, M. Tip Easter Phaovibul (voir [8], Theorem 3.1.5, pp. 36-37) a montré la formule suivante qui représente un analogue de la formule de Perron pour une classe +∞  f (n) de séries de Dirichlet de la forme F (s) = (voir par exemple le chapitre II.2 du s g(n) n=1 livre de G. Tenenbaum [7] pour le cas des séries de Dirichlet classiques). +∞  f (n) d’abscisse de convers g(n) n=1 gence σc fini et d’abscisse de convergence absolue σa vérifiant σa ≤ σc + κ pour une certaine constante positive κ. Soit b un réel > max(0, σc ), fixé. On suppose que lorsque b ∈ ]σc , σa ], alors il existe un réel α ∈ [0, 1[ tel que pour tout s de partie réelle σ ∈ [b, b +κ] on a

Lemme 2.1. On se donne une série de Dirichlet F (s) =

|F (s)| b tα . Alors on a la formule suivante : x

1 A(t)dt = 2πi

1

b+i∞ 

F (s)

xs+1 ds s(s + 1)

(x ≥ 1).

(26)

b−i∞

Le résultat suivant est le Lemma 3.1.11 de [8], mutatis mutandis. +∞  f (n) une série de Dirichlet vérifiant la propriété g(n)s n=1 P(A, M, M1 , M2 , δ; 1 , 2 ). Soit r une constante > 0 et suffisamment petite. Pour tout s ∈ D(1, r)]1 − r, 1 + r[, on a

Lemme 2.2. Soit F (s) =

F (s) = (s − 1)

−1 (1)

N 

Qm



  ∗ m log(s − 1) (s − 1) + O RN

(27)

m=0

où l’on a posé Qm (X) :=

m 

em,n X n

(voir (8) pour l’expression de em,n ),

n=0 ∗ RN := (2M )N +1 |

s − 1 N +1 | | log(s − 1)|N +1 . r

Le résultat suivant est classique (voir par exemple [3,6]). Lemme 2.3. Uniformément pour tous les réels σ et t tels que |t| ≥ 3 et σ ≥ 1 − c0 (log |t|)−2/3 (log log |t|)−1/3 , (c0 étant une certaine constante absolue > 0, convenablement choisie), on a

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(log |t|)−2/3 (log log |t|)−1/3  |ζ(σ + it)|  (log |t|)2/3 (log log |t|)1/3 .

239

(28)

Les deux résultats qui suivent sont donnés par Y. Motohashi dans [4]. Les détails des démonstrations sont présentés dans [2]. Nous avons gardé les mêmes notations que celles utilisées dans [2]. Soient ε > 0 une constante absolue qui peut être choisie arbitrairement petite. Soit T0 une constante dépendant de ε et suffisamment grande. Pour T ≥ T0 , on pose      1 −1 −2/3 −1/3 − δT log T et KT := T (log T ) δT := c0 (log T ) (log log T ) , JT := 2 (29) où la notation [x] désigne la partie entière du réel x. Pour tous les couples (j, k) d’entiers tel que 0 ≤ j ≤ JT et −kT ≤ k ≤ kT , on pose : σj :=

1 + j (log T )−1 et tk := k log T ; 2

(30)

et on définit les rectangles pleins suivants : Δj,k := {s = σ + it : σj ≤ σ < σj+1 et tk ≤ t < tk+1 } .

(31)

  On note (Δ) := Δj,k : 0 ≤ j ≤ JT , −kT ≤ k ≤ kT . Dans (Δ) on considère la sous-classe (W ) formée des Δj,k tels que : – dans le cas : σj ≤ 1 − ε, Δj,k doit contenir au moins un zéro de la fonction ζ ; – dans le cas : 1 − ε < σj ≤ 1 − δT , Δj,k doit contenir au moins un point s tel que 1 |ζ(s) MNj (s)| < avec 2 MN :=

 μ(n) , ns

n≤N



1 ⎞ 2(1−σ

j)

Nj := ⎝A (log T )5 max |ζ(s)|⎠ σ≥4σj −3 1≤|t|≤4T

, A étant un entier arbitraire fixé.

Le complémentaire de (W ) dans (Δ) est noté (Y ). Soit jk := max{j : Δj,k ∈ (W )} avec ici max ∅ = 0,    := Δj,k , D

(32) (33)

|k|≤KT 0≤j≤jk

0 := D



|k|≤KT jk ≤j≤jT

Δj,k .

(34)

240

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0 , un contour MT , dit de Hooley-Huxley-Motohashi, constitué Enfin, on considère dans D de lignes horizontales H et de lignes verticales V telles que   ) = log log T, dh := d(H, D

(35)

et   ) = ε2 , d(V ∩ {s : σ ≤ 1 − ε), D   ) = (log T )−1 d(V ∩ {s : 1 − ε < σ < 1 − δT }, D (d(A, B) désigne habituellement la distance entre les ensembles A et B). Les deux lemmes suivants sont exactement les Propositions 2.3 et 2.4 de [2]. Lemme 2.4. Pour tout s ∈ MT , on a T −400



ε(1−σ)

(log T )−4 ε |ζ(s)| ε T 400



ε(1−σ)

(log T )4 .

(36)

Lemme 2.5. Pour tout j = 0, 1, · · · , JT , on a  | {k ≤ KT : Δj,k ∈ (W )} |

T (12/5)(1−σj ) (log T )9 3

T

170(1−σj ) 2

si σj ≤ 1 − ε, si 1 − ε ≤ σj ≤ 1 − σT .

13

(log)

(37)

Démonstration du Théorème 1.1. Dans toute la suite : ε est une constante absolue > 0 et arbitrairement petite, T0 est une constante dépendant de ε et suffisamment grande et T ≥ T0 est un paramètre réel. On rappelle : δT := c0 (log T )−2/3 (log log T )−1/3 . Soit b := 1 + log1 x . D’après l’assertion (b) de la définition 1.1, on vérifie, en appliquant (28), que pour tout s de partie réelle σ ∈ [b, b + κ],  B0 |F (s)|  log(1 + |t|) pour une constante convenable B0 . On peut donc appliquer la formule de Perron (26) et on a : x+y 

1 A(t)dt = 2πi

x

b+i∞ 

F (s)

(x + y)s+1 − xs+1 ds. s(s + 1)

b−i∞

Posons D(t) := A(t + y) − A(t) =

 t≤g(n)
f (n).

(38)

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241

Pour tout réel h ∈ [0, y], on a x+h 

x+h 

A(t + y)dt −

D(t)dt = x

x+h 

x

A(t)dt x

x+y+h 

x+h 

A(t)dt −

= x+y

A(t)dt, x

et donc, d’après (38), on a l’écriture x+h 

b+i∞ 

1 D(t)dt = 2πi

x

F (s)

Δ(x, y, h; s) ds s(s + 1)

(39)

b−i∞

où l’on a posé Δ(x, y, h; s) := (x + y + h)s+1 − (x + y)s+1 − (x + h)s+1 + xs+1 . b±i∞ 

Commençons d’abord par estimer les deux intégrales :

F (s)

Δ(x, y, h; s) ds. s(s + 1)

b±iT

Pour tout point s de la droite verticale [b + iT, b + i∞[, on a en vertu de (3), (4), (5) et (28) |F (s)| = |G(s)ζ(2s)2 (s) ζ(s)1 (s) |  M (log t) (log t) A

πM2





exp M1

1 2 log2 t + log3 t 3 3



= M (log t)B1 , avec B1 = A + M1 . D’où b+i∞ 

F (s)

Δ(x, y, h; s) ds  M x2 s(s + 1)

∞

(log t)B1 dt t2

T

b+iT

 M x2

(log T )B1 . T

De la même manière, on a aussi b−i∞ 

F (s) b−iT

Δ(x, y, h; s) (log T )B1 ds  M x2 . s(s + 1) T

(log t)πM1

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242

Par suite, la formule (39) devient x+h 

1 D(t)dt = 2πi

x

b+iT 

F (s)

x2 Δ(x, y, h; s) ds + O M (log T )B1 . s(s + 1) T

(40)

b−iT

On va maintenant, en utilisant le théorème de Cauchy, remplacer le segment d’intégration [b − iT, b + iT ] par un chemin convenable LT . c c   Dans toute la suite r est un paramètre réel tel que log x ≤ r ≤ log x avec c et c deux constantes > 0 et suffisamment petites. On désigne d’abord par ΓT,r le chemin (de Hankel tronqué) obtenu par la juxtaposition des trois morceaux suivants : – le segment horizontal orienté [1 − δT , 1 − r] sur lequel l’argument vaut −π, – le cercle C + (1, r) privé du point 1 − r, – le segment horizontal orienté [1 − r, 1 − δT ] sur lequel l’argument vaut +π. On considère alors le chemin orienté LT joignant le segment horizontal [b −iT, 1 −δT −iT ], le segment vertical [1 − δT − iT, 1 − δT ], le chemin ΓT,r , le segment vertical [1 − δT , 1 − δT + iT ], et le segment horizontal [1 − δT + iT, b + iT ] (Fig. 1).

Fig. 1. Les deux chemins [b − iT, b + iT ] et LT .

Pour tout point s situé sur l’un des deux segments horizontaux [1 − δT ± iT, b ± iT ], on a en vertu de (3), (4), (5) et (28) A

|G(s)|  M T δ max(1−σ,0) (log T ) , |ζ(s)1 (s) |  (log T )M1 , |ζ(2s)2 (s) |  1.

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243

D’où F (s)  M T δ max(1−σ,0) (log T )B1 . En utilisant en outre la majoration : h y

Δ(x, y, h; s) = s(s + 1)

(x + u + v)s−1 dudv v=0 u=0

 hyxσ−1 ,

(41)

on obtient b±iT 

1−δT ±iT

Δ(x, y, h; s) ds  M (log T )B1 F (s) s(s + 1)

b T δ max(1−σ,0)

hyxσ−1 dσ T2

(42)

1−δT

hy  M 2 (log T )B1 T

1 

Tδ x

1−σ dσ.

(43)

1−δT

Supposant que le paramètre T vérifie de plus la condition : T δ ≤ x,

(44)

il s’ensuit ainsi b±iT 

F (s) 1−δT ±iT

hy Δ(x, y, h; s) ds  M 2 (log T )B1 . s(s + 1) T

(45)

Par le théorème de Cauchy, l’écriture (40) devient en conséquence x+h 

D(t)dt = x

1 2πi

 F (s) L∗ T

x2 Δ(x, y, h; s) ds + O M (log T )B1 , s(s + 1) T

(46)

avec L∗T le chemin LT privé des deux segments horizontaux [1 − δT ± iT, b ± iT ]. Considérons maintenant le contour de Motohashi MT et notons  I2 :=

F (s) MT

Δ(x, y, h; s) 1 ds et I1 := s(s + 1) 2πi

 F (s) Γ∗ r

Δ(x, y, h; s) ds s(s + 1)

avec Γ∗r := [σj0 +1 + dv , 1 − δT ] ∨ ΓT,r ∨ [1 − δT , σj0 +1 + dv ].

(47)

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244

En appliquant encore le théorème de Cauchy, l’évaluation précédente (46) devient x+h 

x2 D(t)dt = I1 + I2 + O M (log T )B1 . T

(48)

x

On est donc amené à évaluer les deux intégrales I1 et I2 (Fig. 2).

Fig. 2. Les deux chemins MT et Γ∗ T.

Pour évaluer I2 , on reprend mutatis mutandis la même méthode que celle dans [2] où l’utilisation des lemmes 2.4 et 2.5 est essentielle. On obtient alors l’estimation 1

I2  M hye−c2 (log x) 3 (log2 x)

−1 3

(49)

en choisissant : √ ε)/((12/5)+δ+εM )

T = x(1−

avec M une certaine constante > 0 convenable. En reportant donc dans (48), il suit en conséquence : x+h 



1 −1 x2 D(t)dt = I1 + O M (log T )B1 + M hye−c2 (log x) 3 (log2 x) 3 T

x

où I1 est l’intégrale définie dans (47).

 ,

(50)

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245

Posant : Φ(x) :=

1 2πi

 F (s)

Γ∗ r

xs+1 ds, s(s + 1)

l’intégrale I1 s’écrit I1 = Φ(x + y + h) − Φ(x + y) − Φ(x + h) + Φ(x). Par la formule de Taylor, on a pour |u| ≤ 2x, Φ(u + h) = Φ(u) + hΦ (u) +

h3 h2  Φ (u) + O M (log x)M1 −1 , 2 x

en utilisant le fait que sur Γ∗r , on a |F (s)|  M |s − 1|−M1  M (log x)M1 .

(51)

D’où

h2



h3 I1 = h Φ (x + y) − Φ (x) + Φ (x + y) − Φ (x) + O M (log x)M1 −1 . 2 x Or sur Γ∗r , on a aussi (x + y)s−1 − xs−1  |s − 1|yxσ−2 y ,  x log x on obtient par conséquent I1 =

h 2πi

 F (s) Γ∗ r

   h2 hy  (x + y)s − xs ds + hO M +M (log x)M1 −1 . s x x

Et par suite, l’évaluation (50) devient : 1 h

x+h 

D(t)dt =

1 2πi

x

 F (s) Γ∗ r

  (x + y)s − xs ds + O R1 (x, y, h) s

(52)

avec R1 (x, y, h) := M (

1 −1 h2 x2 + )(log x)B2 + M ye−c2 (log x) 3 (log2 x) 3 , Th x

B2 étant une certaine une constante positive.

(53)

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246

On pose maintenant pour tout w ∈ [x/2, 2x] 1 Ψ(w) := 2πi

 F (s)ws−1 ds

(54)

Γ∗ r

et on écrit (52) sous la forme : x+h 

1 h

x+y 

  Ψ(w)dw + O R1 (x, y, h) .

D(t)dt = x

(55)

x

D’après le lemme 2.2, on peut écrire : Ψ(w) =



   +O RN

(56)

N

avec  N

N  m 

1 := em,n 2πi m=0 n=0

 := (2M )N +1 RN

 | Γ∗ r

 (log(s − 1))n (s − 1)m (s − 1)m−1 (1) ws−1 ds, Γ∗ r

s − 1 N +1 | | log(s − 1)|N +1 |ws−1 ||ds|. r

Pour continuer l’estimation de Ψ(w), on pose u = (s − 1) log w, et on suit la même méthode que celle utilisée dans [8], pp. 51-55, mutatis mutandis. On obtient

N  Pm (log log w) N (x)) + O(R m (log w) m=0

1 (1)−1

Ψ(w) = (log w)

(57)

avec Pm le polynôme exprimé dans (10) et N (x) = R



N +1 c4 N + 1 (c5 + log log x) , log x

c4 et c5 étant des constantes > 0. Par le développement x+y 

y α

(log(x + u))α Pm (log log(x + u))du

(log w) Pm (log log w)dw = x

0

= y(log x)α Pm (log log x) +y

2 (log x)

x

α−1

O

N

 m=0

|Pm |(log log x) ,

(58)

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247

on obtient en vertu de (55) et (57) : 1 h



x+h  1 (1)−1

D(t)dt = y(log x) x

N    Pm (log log x) + O R2 (x, y, h) m+1 (log x) m=0

(59)

avec  N +1 N y  |Pm |(log log x) c4 N + 1 (c5 + log log x) R2 (x, y, h) = + + x m=0 (log x)m+1 log x +M (

(60)

1 −1 h2 x2 + )(log x)B2 + M e−c3 (log x) 3 (log2 x) 3 . T hy xy

En considérant à la place de D(t), la fonction sommatoire 

D1 (t) :=

f (n),

t≤g(n)
alors sous l’hypothèse h = o(y),

(61)

on a aussi en vertu de (55), (57) et (58) 1 h



x 1 (1)−1

D1 (t)dt = (y + h)(log x) x−h

N    Pm (log log x) + O R2 (x, y, h) . (log x)m+1 m=0

(62)

Considérons finalement   x 1 r(x) :=  h

x−h

   f (n)dt − f (n)  .  t≤g(n)


Nous allons achever la démonstration du théorème 1.1 en montrant que r(x)  hM (log x)M1 . On fera appel à l’hypothèse du Théorème 1.1 affirmant que la série de Dirichlet  f+ (n) F+ (s) := , associée à F (s), possède la propriété P(A, M, M1 , M2 , δ; 1 , 2 ). g(n)s n1

D’abord, l’inclusion J := [x, x + y[⊂ Jt := [t, t + h + y[ implique

r(x) ≤

1 h

x    x−h

 g(n)∈Jt J

  f (n)dt

248

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1 ≤ h 1 = h

x



f+ (n)dt

x−h g(n)∈Jt J

x





f+ (n)dt −

x−h g(n)∈Jt

f+ (n).

g(n)∈J

Or si t ∈ [x, x + h[ alors It := [t, t + y − h[⊂ [x, x + y[ = J. Donc 

x+h 

1 f (n) ≥ h +

g(n)∈Jt

x



f+ (n)dt.

g(n)∈It

Par suite, on peut écrire 0 ≤ r(x) ≤ r1 (x) − r2 (x) avec 1 r1 (x) := h 1 r2 (x) := h

x



f+ (n)dt,

x−h g(n)∈Jt x+h 

x



f+ (n)dt.

g(n)∈It

Définissons Ψ+ (w) d’une manière analogue à Ψ(w) en remplaçant dans (54) la série F (s)  f+ (n) par F+ (s) := . D’après (55), on a g(n)s n1

x+h+y 

r1 (x) − r2 (x) =

x+y−h 

+

 + (w)dw Ψ

Ψ (w)dw − x

x−h

x =

 + (w)dw − Ψ

x−h

x+y+h 

 + (w)dw. Ψ

x+y−h

Comme  + (w)|  M (log x)M1 |Ψ

(x/2 ≤ w ≤ 2x),

il vient alors r(x)  hM (log x)M1 .

(63)

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249

Et il découle donc de (62)  x≤g(n)
1 f (n) = h

x

D1 (t)dt + O hM (log x)M1

x−h

1 (1)−1

= (y + h)(log x)

N    Pm (log log x) + O R2 (x, y, h) , (log x)m+1 m=0

où l’expression de R2 (x, y, h) est celle de (60). Le terme d’erreur énoncé dans le Théorème 1.1 s’obtient finalement par le choix h = x1+ε −ε yx et la condition y ≥ √ . T Références [1] B. Balasubramanian, K. Ramachandra, On the number of integers n such that nd(n) ≤ x, Acta Arith. 49 (1998) 313–322. [2] Z. Cui, G. Lü, J. Wu, The Selberg-Delange method in short intervals with some applications, Sci. China Math. 1 (22) (2018). [3] A. Ivić, The Riemann Zeta-Function, A Wiley Interscience Publication, 1985. [4] Y. Motohashi, On the sum of the Möbius function ina short segment, Proc. Japan Acad. Ser. A Math. Sci. 52 (1976) 477–479. [5] A.A. Sedunova, On the mean values of some multiplicative functions on the short interval, arXiv: 1302.0471v1. [6] E.C. Titchmarsh, The Theory of the Riemann Zeta-Function, Second, Second Edition Revised by D.R. Heath-Brown, Oxford University Press, 1986. [7] G. Tenenbaum, Introduction to Analytic and Probabilistic Number Theory, Cambridge Studies in Advanced Mathematics, vol. 46, Cambridge University Press, 1995. [8] M. Tip, Easter Phaovibul, Extensions of the Selberg-Delange Method, Diss., University of Illinois at Urbana-Champaign, 2015.