Europ. ft. Garner Vol. 3, pp. 17-19. Pergamon Press 1967. Printed in Great Britain
Etude des Leucemies Humaines en Relation avec les Leucoses Bovines R. FLAMANT*, M. HAYAT t et D. SCHWARTZ t Groupe d'Etude Gompade des Leucgmies Humaine et Bovine (G.E.C.L.E.) ~ Paris (France)
En France, les seules informations dont on dispose sur la r6partition des leuc6mies sont des donn6es de mortalit6. La comparaison des mortalit6s par leuc6mie selon le d6partement, en 1963 et 1964 [2, 3], permet une premi6re constatation (Fig. 1). I1 n'existe aucune similitude de r~partition d'une ann6e ~ l'autre. A l'inverse de ce que nous avons observd pour les leucoses bovines§, la distribution des leuc6mies humaines ne se prdsente pas en foyers. Nous avons ensuite rapproch6 les cartes de rdpartition des leuc6mies humaines et des leucoses bovines pour la m~me annde 1964 (carte 2). O n ne peut relever aucune concordance entre les deux distributions. Ces constatations n~gatives appellent cependant des r6serves. Les donn6es de mortalit6 utilis6es sont tr6s grossi6res, m61angeant routes les varidt6s cytologiques et probablement beaucoup d'autres hdmopathies malignes. Or, nous avons vu pr6c6demment que, s'il existait une relation, elle concernerait peut-~tre exclusivement les leuc6mies lymphocytaires chroniques. Par ailleurs, il est peu probable qu'une 6ventuelle relation entre la pathologic humaine et animale s'extdriorise par une confrontation gdographique au cours d'une m~me ann6e d'observation. Tout d6pend des temps de
L'~.PIDI~.MIOLOOIE des leuc6mies humaines suscite actuellement de nombreux travaux [1]. Parmi eux, une observation retient particuli~rement l'attention. Les taux annuels de mortalitd par leuc6mies sont en augmentation darts presque tousles pays. Mais cet accroissemerit concerne surtout les hommes de plus de 55 ans. I1 ne parait pas pouvoir ~tre expliqu6 uniquement par un biais d5 ~t une amdlioration des conditions diagnostiques chez les gens gLg6s mais semble correspondre ~t une augmentation vfiritable de l'incidence. Or, au delft de 55 ans, la forme la plus frdquente est la leucdmie lymphocytaire chronique. O n est done conduit ~t chercher un facteur 6tiologique susceptible d'expliquer l'accroissement de cette vari~t6 de leuc~mie. Une explication possible est une relation avec les leucoses animales, en particulier bovines, au sujet desquelles les travaux r~cents montrent l'extension g~ographique, et dont la vari~t6 h u m a i n e qui s'en rapproche le plus est pr6cis6ment la leucdmie lymphocytaire chronique. C'est dans le domaine de la pathologic g6ographique qu'on peut chercher des arguments susceptibles d'6tayer cette hypoth~se d ' u n rapport entre leuc6mies humaine et animale. *Section Cancer de l'Institut National de la Sant6 et de la Recherche M6dicale. t U n i t 6 de Recherche Statistique de l'Institut National de la Sant6 et de la Recherche M~dicale. ~Sa composition est indiqude dam l'article "La Leucose Bovine en France".
§Voir article La Leucose Bovine en France, chapitre I I "La Rdpartition G~n6rale des Leucoses Bovines en France en 1964 et 1965".
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R. Flamant, M . Hayat et D. Schwartz
FR
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E E I ,SECTION CANCER DE UI.N.S.E.R.M.
Fig. 1. MortatiUpar leuciraie selon le dgpartement en 1963 et en 1964.
latence respectifs des affections animale et humaine. A l'¢tranger, en particulier aux Etats-Unis et dans les pays nordiques, on dispose, en ce qui concerne la pathologie humaine, de donn~es de morbiditd qui sont plus pr~cises. Aux Etats-Unis, on a constat~ que c'~tait au Minnesota q u ' o n relevait le taux le plus ~lev~, la fois pour les leucoses animales et pour les leucoses humaines [4]. Cependant, dans l'ensemble, il ne semble pas que des arguments ddcisifs en faveur d'une relation entre leuc~mies humaine et animale aient ~tfi publi~s dans le domaine de la pathologie gdographique. Mais 1~ encore, il faut souligner que la s~paration entre les diff~rentes vari~t~s de leuc~mies n'est pratiquement jamais faite.
MOR
De ces quelques observations, on peut finalement conclure qu'il n'existe pour l'instant aucun fair precis d'ordre ~pid~miologique en faveur d'une relation entre leuc~mies humaines et leucoses bovines. Mais le domaine de recherche est loin d'Etre ~puis~. L'hypoth~se avancde nous parait garder route sa valeur et justifie des travaux plus prdcis. C'est la raison pour laquelle deux enquates sont en tours d'organisation en France, en cooperation entre l'Unit~ de Recherches Statistiques et la Section Cancer de l'Institut National de la Santd et de la Recherche M~dicale, avec le concours des Inspections d~partementales et rdgionales de la Santd. La premiere est une enquire de morbidit~ dont le but est de mesurer la frdquence des
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Fig. 2.
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Leuc~mies humaines et leucoses bovines en 1964.
La Leucose Bovine en France nouveaux cas de leuc~mies et h~matosarcomes apparaissant dans diverses r~gions. Celles-ci ont ~t~ choisies en fonction de l'existence ou non de foyers de leucose bovine. U n soin tout particulier sera apport6 ~ obtenir les diagnostics les plus precis afin de dresser une cartographic aussi exacte que possible des diff6rentes vari6t6s
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de leuc~mies et d'h~matosarcomes. La seconde est une enqu~te r6trospective dont le but est de comparer des malades atteints de leuc~mies et d'h~matosarcomes A des sujets t~moins pour de nombreuses caract6ristiques, en particulier les lieux d'habitadon et de travail, les habitudes alimentaires etc.
RESUME Un certain nombre d'arguments, en particulier /pidgmiologiques, peuvent faire Denser l'hypothkse d'une relation entre les leuc/mies humaines et les leucoses bovines. Pour l'instant, la confrontation g/ographique de la r/partition des leuc/mies humaine et animale n'apporte aucune confirmation de cette relation. Mais les documents dont on dispose sur les leudmies humaines, notamment en France, sont, dam l'ensemble, assez grossiers et ne distinguent pas les diff/rents types de leuc/mies et d'h/matosarcomes. Pour obtenir des donrdes plus pr/cises, une enqu~te de morbiditd et une enquFte r/trospective ont /td entreprises. SUMMARY
There are certain reasons, based on epidemiology, which suggest that a relation may exist between human leukaemia and the bovine leukoses. However, at the present, the comparison of distributions of human leukaemia and bovine leukoses fails to confirm such a relation. On the other hand, the data available on human leukaemia are rather incomplete, espedally in France, and do not allow to distinguish the different types of leukaemias and hematosarcomas. In order to obtain more precise data, an investigation on the morbidity and a retrospective inquiry have been undertaken. ZUSAMMENFASSUNG Durch epidemiologische und auch andere Griinde k6nnte man damn denken, dass es eine Beziehung zwischen den Menschenleukamien und den Rinderleukosen g~be. Diese Beziehung ist jedoch heutzutage durch die geographische Verteilung der Menschenund der Tierleuk~mien nicht bestgtigt. Die gegebenen Tatsache iiber Menschenleuk~mien sind besonders in Frankreich ziemlich unvollstdndig und es ist dadurch unmO'glich die verschiedenen Leuk~mieformen und anderen bO'sartigen Erkrdnkungen des Blutes und des lymphatischen Systems zu unterscheiden. Um genauere Tatsachen zu erlangen wurden ein Studium iiber Morbidit~t und eine zuriickblickende Untersuchung unternommen. BIBLIOGRAPI4mP~ I. M. HAYAT et R. FLAMANT,Aspects actuels de l'tpidtmiologie des leucdmies. Bull. LN.S.E.R.M. 21, 399 (1966). 2. R. FLAMANT,L. MAUJOL et O. LASSERRE,La mortalitd par cancer en France en 1963. Bull. LN.S.E.R.M. 19~ 911 (1964). 3. R. FLAMANT,O. LAgBERREet L. MAUJOL,La mortalit6 par cancer en France en 1964. Bull. LN.S.E.R.M. 20, 735 (1965). 4. D . K . SORENSEN,R. K. ANDERSON,V. PERMANet J. H. SAua'rER, Bovine lymphocytic leukemia: studies of occurrence and distribution including investigations of familial and environmental factors with supporting clinical, hematologic and pathologic studies, Progress report to the Atomic Energy Commission. (1961).