Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 33S (2014) A410–A414
Résumés infirmier(e)s anesthésistes : qualité/gestion des risques夽
RIA1
Impact économique et écologique d’une réduction du débit gaz frais sur la consommation d’halogénés
des économies ainsi qu’une réduction de l’impact écologique très importante.
G. Guthinger 1,∗ , L. Guerquin 1 , Y. Zafiriou 1 , C. Briot 1 , C. Chapuis 2 , J.L. Bosson 3 , P. Albaladejo 4 1 École IADE 2 Pôle de Pharmacie 3 Centre d’Investigation Clinique 4 Pôle Anesthésie Réanimation, CHU de Grenoble, Grenoble, France ∗ Auteur correspondant. Introduction Le contexte économique actuel et les enjeux écologiques [1] nous amènent à chercher à optimiser les coûts et réduire la pollution liée à notre activité en anesthésie sans pour autant perdre en efficacité de prise en charge (PEC). Les objectifs de cette étude étaient d’identifier les débits de gaz frais (DGF) moyens au CHU de Grenoble (CHUG), d’estimer les économies réalisables et la possibilité de réduire notre impact écologique lors de l’utilisation des gaz halogénés. Matériel et méthodes Réalisation d’un audit de pratique, en période d’entretien de l’anesthésie, qui s’appuyait sur les données suivantes : DGF, type d’halogéné utilisé, concentration réglée de l’halogéné, durée d’intervention, modèle de respirateur. Les observations ont été effectuées pendant deux mois dans 38 salles de bloc. Le critère de jugement principal reposait sur la différence de DGF relevé par rapport à un DGF standard de 1 L/min (Test de Student). La formule de DION a été utilisée dans le calcul des économies réalisables pour le CHUG [2]. Les DGF ont été comparés selon le modèle de respirateur (Fig. 1). L’épargne écologique s’est appuyée sur la quantité de gaz pouvant être économisée à l’année et a été exprimée en équivalent carbone (CDE20 ) via le « global warming potential » (GWP20 ). Résultats Sur les 157 observations, le DGF moyen était de 1,24 L/min (± 0,74) (médiane à 1,10 L/min) qui différait significativement de 1 (p < 0,001). Les économies réalisables, estimées par la formule de DION, étaient de 39 % pour le desflurane (soit 80 821 D /an ou 995 flacons) et 40 % pour le sévoflurane (soit 30 156 D /an ou 326 flacons). Les différences de DGF, selon le modèle de respirateur, sont illustrées dans le graphique. Le CDE20 estimé pour le sévoflurane était de 237 kg/an (soit 1900 km en voiture) et pour le desflurane de 6208 kg/an (soit 50 000 km en voiture) (Fig. 1). Discussion L’association d’une uniformisation des pratiques sur un DGF standard à 1 L/mn et l’utilisation de respirateurs de dernière génération travaillant en mode asservi permet de réaliser
夽 Communications présentées lors du Congrès de la Société franc¸aise d’anesthésie et de réanimation, Paris, 18 au 20 septembre 2014.
Fig. 1
DGF moyen par modèle de respirateur.
Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. Références [1] Ryan SM, Nielsen CJ. Global warming potential of inhaled anesthetics: application to clinical use. Anesth Analg 2010;111:92–8. [2] Trikha A, Sinha R, Borle A, Singh P. Measurement of consumption of sevoflurane for short pediatric anesthetic procedures: comparison between dion s method and dragger algorithm. J Anaesthesiol Clin Pharmacol 2013;29:516–20. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.701 RIA2
Étude des représentations concernant l’anesthésie chez des étudiants IADE en début de formation
S. Canevet ∗ , S. Lamy , N. Pouilly , M. Portrait , B. Brosseau , M. Guinot , M. Aires , D. Naudin École IADE, Pitié Salpêtriere, Paris, France ∗ Auteur correspondant. Introduction La formation initiale transforme les représentations des étudiants Infirmiers anesthésistes (EIADE). Selon JF Blin [1] Il existe une interaction entre représentations-identité et pratique
Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 33S (2014) A410–A414
A411
professionnelle. Cette interaction est liée aux représentations de soi, de la tâche, des autres et du contexte. L’objectif de cette étude est de documenter et de caractériser les représentations des infirmiers entrant dans le cursus IADE. Matériel et méthodes Cette étude qualitative dans une approche psychosociologique repose sur des notions relatives à la construction identitaire et aux représentations sociales concernant l’anesthésie et les pratiques professionnelles. L’exploration de la représentation des EIADE concernant l’anesthésie a été réalisée par un outil utilisé en psychologie sociale : les tris hiérarchiques successifs. Quatre-vingt-trois étudiants de première année en tout début de formation proposent une liste de 32 termes relatifs à l’anesthésie puis classent en 16 termes les plus caractéristiques et 16 termes les moins caractéristiques. Sur les 16 retenus comme étant caractéristique l’EIADE restreint successivement à 8–4 puis à 2 items ses choix. On obtient ainsi un classement par ordre d’importance, et pour chaque EIADE, de l’ensemble des items proposés. Le traitement de ces données repose sur la fréquence et le rang qui va permettre une hypothèse de centralité c’est-à-dire la structuration du noyau central autour duquel se cristallisent les systèmes de représentation chez l’EIADE [2] Résultats Deux mille six cent cinquante-six items ont été analysés par un logiciel d’analyse lexicale (Tropes® ) et regroupés en catégories. La catégorie principale regroupe les items connaissances, les savoirs, les compétences, la réflexion et la formation. La seconde catégorie regroupe les notions d’autonomie, responsabilité et d’évolution ou de changement. La troisième catégorie regroupe les items technicité, gestes techniques (Intubation, ventilation, perfusion et transfusion). La quatrième catégorie regroupe les items concernant les lieux et la nature de l’activité (notion d’urgence, Smur, bloc opératoire, chirurgie, salle de surveillance post-interventionnelle). D’autres catégories concernent les attitudes et qualités (Rigueur, réactivité, anticipation, calme, confiance, analyse, accueil, polyvalence) ou ont trait à des notions de gestion de risque, de sécurité et de qualité. Discussion Cette analyse lexicale permet de comprendre les représentations des étudiants de première année concernant l’anesthésie. Leur représentation centrale résume l’anesthésie à une activité technique contextualisée et circonscrite à des périmètres spécifiques (bloc, smur, sspi) supportée par des compétences et des connaissances dédiées mais aussi des attitudes ou ressources internes. Cette étude permet d’ajuster les outils pédagogiques et de renforcer des items peu évoqués par les EIADE mais important dans notre activité comme la communication et la recherche, peu citées. Cette étude sera reproduite en deuxième année afin d’identifier l’évolution des représentations et l’impact du nouveau référentiel de formation IADE.
des IADE à poser les CVC en France dans le cadre d’une coopération médico-infirmière au sein d’un Département d’Anesthésie posant plus de 2200 CVC longue durée/an. Matériel et méthodes Depuis l’année 2010, une puis trois IDE mi-temps (deux IADE, une IDE) volontaires ont été formées à la ponction des Veines du bras (brachiales et basiliques), des veines jugulaires internes et fémorales sous échographie chez des patients adultes. Une formation aux indications médicales, aux repères anatomiques et radiologiques, au champage chirurgical, à l’habillage, au pansement. Les patients sont informés par le prescripteur oncologue de la possibilité de pose par une IDE ; le site Internet de l’établissement et les documents d’information concernant le cathéter choisi rappellent cette possibilité. Les bilans biologiques préopératoires sont validés. Avant la pose, l’opérateur se présente et recueille le consentement du patient. Entre février 2010 et novembre 2013, les IDE ont assuré la pose de CVC dans une salle dédiée, un médecin anesthésiste à proximité répondant sur appel devant toutes difficultés et après trois tentatives de ponctions. La pose est effectuée sous échoguidage (Bard Site Rite 5, guide aiguille). De manière prospective, le nombre de ponctions, la survenue d’une ponction artérielle, d’un pneumothorax, la bonne place du cathéter, le nombre d’appel aux médecins sont recueillis. Résultats Entre le 01/01/2010 et le 30/11/2013, les trois IDE mitemps ont effectué en moyenne 4 journées de poses par semaine. Trois mille neuf cent quarante-deux VVC ont été posées par ces IDEs soit 70 % environ des CVC posées dans l’établissement. Le détail des CVC est le suivant 2441 PICC (BARD PICC Groshung 4F, PowerPICC5F), 1389 jugulaires internes pour chambres implantables, (BARD Port 8F), 102 cathéters tunellisés (plastimed). Aucun pneumothorax et hémothorax n’a été répertorié. Cinq ponctions carotidiennes ont été rapportées soit 0,36 % des cas. Le dispositif a été placé en position centrale à la jonction atriocave dans 100 %. Les médecins anesthésistes ont été appelés dans 4,49 % des cas pour modifier la nature des dispositifs demandés par les oncologues, dans 3,50 % des cas pour des difficultés de mise en place du guide (Tableau 1) Discussion Les infirmières sous couvert d’une formation rigoureuse, dans une organisation structurée, sont capables de placer les dispositifs veineux centraux avec efficience et sans complication. Depuis novembre 2013, le protocole de coopération médicoinfirmière est validé par l’ARS Rhône-Alpes et peut être diffusé sur l’ensemble du territoire. Le CLB participe à la formation de nombreuses infirmières d’autres établissements.
Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. Références [1] Blin J-F. Représentations pratiques et identités professionnelles. Éditions L’Harmattan; 1997. [2] Abric J-C. Pratiques sociales et représentations. Paris: PUF; 1994.
Type de CVC
Nombre
PICC Jugulaire interne
2441 1501
Tableau 1 % ponction artérielle 0 0,34
% ponction unique 90,5 88,4
http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.702 RIA3
Un modèle de coopération médico-infirmière : la pose des voies veineuses centrales
M. Cellupica ∗ , A.L. Boiza , C. Thoumazet , H. Rosay Anesthésie-Réanimation, Centre Léon-Bérard, Lyon, France ∗ Auteur correspondant. Introduction En France, la pose des cathéters veineux centraux (CVC) est un acte exclusivement médical. Dans d’autres pays, les infirmières (IDE) sont autorisées à placer ces dispositifs [1,2]. L’objectif de notre travail est d’évaluer la capacité des IDE et
Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. Références [1] Yacopetti central venous catheter insertion by a clinical nurse consultant ou anaesthetic medical, staff. Crit Care Ressus 2010;12:90–5. [2] Alexandrou E, et al. Central venous catheter placement by advanced practice nurses demonstrates low procedural complication and infection rates–A report from 13 Years of service. Crit Care Med 2014;42:536–43. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.703