Rec¸u le : 19 avril 2011 Accepte´ le : 5 octobre 2011
Disponible en ligne sur
www.sciencedirect.com
Article original Risk analysis applied to home medication usage in a French general hospital J. Jezequel*, J.-F. Huon, A. Pont, M. Bascoulergue, V. Duperrin, A. Fabreguettes Pharmacie, centre hospitalier de Robert-Ballanger, boulevard Robert-Ballanger, 93600
E´tude des risques lie´s a` l’utilisation des traitements personnels dans un hoˆpital ge´ne´ral
Aulnay-sous-Bois, France
Summary
Re´sume´
Background. In France, inpatients receive prescribed drugs necessarily from hospital pharmacy. Since all medications are not available at the hospital pharmacy, drugs are substituted. Therefore, some patients bring their own outpatient medications despite the regulation. Objective. The objective is to study the frequency and circumstances of use of outpatient medications in seven medicine wards and four surgery wards. Patients and methods. A questionnaire with five items was developed by pharmacy. During one week, pharmacy team interviewed each inpatient present the day of study. Results. During study, 122 patients were interviewed. Before their hospitalizations, 98 (80%) had medications prescribed by their general practitioners. Fifty (41%) brought their medications with them, 11 (9%) used them without informing medical staff. One hundred and sixty-two medications were found and 28% were not prescribed. Ninety-three percent were found in patient’s room (55% were not used, 36% were used by patients without intervention of medical staff, 9% with intervention of medical staff). Seven percent were found out of room. Conclusion. This study shows that outpatient medications are used during hospitalization. Pharmacy has developed protocols and local pocket guidelines in order to better care for outpatient medication and inform ward to explain new rules. ß 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Introduction. En France, les me´dicaments prescrits pendant une hospitalisation sont dispense´s par la pharmacie a` usage inte´rieur. Or la pharmacie n’a pas en stock tous les me´dicaments disponibles sur le marche´ et doit donc proposer des e´quivalences the´rapeutiques. De ce fait, des patients hospitalise´s apportent souvent leurs traitements et les utilisent parfois en dehors du cadre le´gal. Objectif. L’objectif de ce travail est d’e´tudier la fre´quence et les circonstances d’utilisation de ces me´dicaments dans sept services de me´decine et quatre de chirurgie. Patients et me´thodes. Un questionnaire de cinq items a e´te´ e´labore´ par la pharmacie. Pendant une semaine, l’e´quipe pharmaceutique a interroge´ chaque patient admis dans ces services. Re´sultats. Cent vingt-deux patients ont ainsi e´te´ questionne´s. Avant l’hospitalisation, 98 (80 %) avaient un traitement a` domicile, 50 (41 %) l’avaient apporte´, 11 (9 %) n’avaient pas mis au courant le personnel me´dical. Cent soixante-deux spe´cialite´s ont e´te´ retrouve´es, dont 28 % n’e´taient pas prescrites. Quatre-vingt treize pour cent sont retrouve´es dans la chambre (55 % ne sont pas utilise´es, 36 % sont ge´re´es par le patient, 9 % par le personnel me´dical). Le reste des me´dicaments est garde´ hors de la chambre. Conclusion. Cette e´tude montre que des me´dicaments sont effectivement pre´sents dans les chambres des patients. La pharmacie a e´labore´ une proce´dure et un guide local de prescription pour mieux encadrer ces pratiques, puis les a diffuse´s aupre`s des services. ß 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.
Keywords: Outpatient medication, Patient, Hospitalization, Pharmacy, Protocols
Mots cle´s : Traitement personnel, Patient, Hospitalisation, Pharmacie, Proce´dure
* Auteur correspondant. e-mail :
[email protected] 2211-1042/$ - see front matter ß 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. 10.1016/j.phclin.2011.10.012 Le Pharmacien Hospitalier et Clinicien 2012;47:158-165
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E´tude des risques lie´s a` l’utilisation des traitements personnels
Introduction Les pharmacies a` usage inte´rieur doivent assurer l’approvisionnement, la gestion et la dispensation des me´dicaments [1–4]. Tous les me´dicaments administre´s aux patients durant leur hospitalisation doivent donc re´glementairement provenir de la pharmacie de l’e´tablissement. Mais, a` la diffe´rence des officines de ville, ces pharmacies ne disposent que des me´dicaments inscrits sur le livret the´rapeutique de l’hoˆpital, valide´ en Commission du me´dicament et des dispositifs me´dicaux ste´riles. En effet, cette commission e´labore « la liste des me´dicaments et dispositifs me´dicaux ste´riles dont l’utilisation est pre´conise´e dans l’e´tablissement » [5,6]. Sont donc ge´ne´ralement exclus les me´dicaments dits de confort ou non agre´e´s aux collectivite´s. De ce fait, tous les traitements prescrits ante´rieurement a` l’hospitalisation des patients (appele´s commune´ment « traitements personnels ») ne sont pas syste´matiquement disponibles a` l’hoˆpital. La pharmacie est alors amene´e a` proposer des substitutions ou des arreˆts the´rapeutiques ponctuels lorsque cela est envisageable. Un circuit « non re´glementaire » peut donc se cre´er : les patients rapportent et utilisent leurs traitements personnels, avec l’accord ou a` l’insu du personnel me´dical, qui peut meˆme demander a` la famille de chercher les traitements manquants en officine de ville. Ces pratiques non autorise´es sont potentiellement dangereuses pour le patient, l’exposant a` un risque iatroge`ne e´vident (doublon de mole´cules, prise d’un me´dicament volontairement arreˆte´ par le prescripteur, interactions me´dicamenteuses. . .). La re´glementation [1–4] ainsi que de nombreux travaux [7– 11] abordent la mise en place et l’organisation du circuit du me´dicament. Cependant, la gestion des traitements personnels est ge´ne´ralement faite de manie`re succincte. Ainsi, l’arreˆte´ du 31 mars 1999 [1] pre´cise que « sauf accord e´crit des prescripteurs [. . .], il ne devra eˆtre mis ou laisse´ a` la disposition des malades aucun me´dicament en dehors de ceux qui leur auront e´te´ prescrits et dispense´s dans l’e´tablissement. Les me´dicaments dont ils disposent a` leurs entre´es leur seront retire´s, sauf accord des prescripteurs pre´cite´s ». L’arreˆte´ du 6 avril 2011 [2] indique que « les modalite´s de gestion du traitement personnel des patients sont de´finies, afin d’assurer la continuite´ des soins et de garantir la se´curite´ du patient ». Par ailleurs, le document de travail de la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (DHOS) [7] pre´cise qu’ « une attention particulie`re est porte´e aux me´dicaments dont les patients disposent a` leur entre´e. L’adaptation de ces traitements est re´alise´e en fonction du contexte me´dical de l’hospitalisation [. . .] ». Le guide de l’Observatoire des me´dicaments, des dispositifs me´dicaux et des innovations the´rapeutiques (OMEDIT) de la re´gion Centre [10] indique que « le prescripteur re´e´value syste´matiquement le traitement du
patient de`s son entre´e et apre`s examen clinique [. . .]. Les me´dicaments apporte´s par le patient ne pourront eˆtre utilise´s que si le prescripteur les a note´s sur le dossier de soins, dans le cadre d’une urgence ponctuelle, afin de respecter la continuite´ du traitement me´dicamenteux ». Enfin, le rapport de l’inspection ge´ne´rale des affaires sociales sur le circuit de l’Assistance Publique des Hoˆpitaux de Paris (AP–HP) [11] pre´cise « qu’il est indispensable de [. . .] prendre en compte les traitements personnels a` l’admission car les conse´quences d’un arreˆt brutal ou d’une double prise peuvent eˆtre dramatiques [. . .]. En outre, les me´dicaments disponibles a` l’AP–HP ne sont pas force´ment ceux apporte´s par le patient ». Par ailleurs, depuis 2004, la re´fe´rence 36 de la version 2 du manuel d’accre´ditation mentionne que des re`gles pour l’utilisation des me´dicaments personnels doivent eˆtre e´tablies [12]. Dans le manuel de certification version 2010 propose´ par l’HAS [13], le crite`re 20a concerne la de´marche qualite´ de la prise en charge me´dicamenteuse du patient et insiste sur l’importance de la continuite´ de traitement. Face a` ce constat, les pharmaciens de notre centre hospitalier ont souhaite´ re´aliser un e´tat des lieux dans l’hoˆpital, afin d’e´tudier la fre´quence et les circonstances d’utilisation des traitements personnels des patients pendant l’hospitalisation, puis de de´finir des nouvelles re`gles, pour le personnel comme pour le patient, qui permettront de re´duire les risques d’incidents iatroge`nes.
Patients et me´thodes L’hoˆpital est un e´tablissement ge´ne´ral de 400 lits MCO (me´decine, chirurgie, obste´trique). Tous les services de me´decine et de chirurgie sont e´quipe´s d’armoires robotise´es PyxisW (CardinalHealth). La prescription est informatise´e dans sept services (diabe´tologie, pneumologie, urgences psychiatriques, lits-porte, trois services de psychiatrie) graˆce au logiciel PharmaW (Computer engineering). L’enqueˆte a eu lieu dans 11 services (sept de me´decine : me´decine interne, gastroente´rologie, diabe´tologie, pneumologie, cardiologie, maternite´, neurologie ; quatre de chirurgie : chirurgie visce´rale, orthope´die, ORL, urologie) en mai 2010. Le recueil des donne´es a e´te´ re´alise´ par un binoˆme pharmacien e´tudiant en pharmacie. Tous les patients pre´sents le jour de l’e´tude et capables de re´pondre aux questions ont e´te´ inclus. Le questionnaire contient cinq items (Annexe 1) et s’appuie sur ceux des e´tudes retrouve´es dans la litte´rature [14–16]. Il a e´te´ valide´ en comite´ du me´dicament. Pour chaque patient, la prescription du service est photocopie´e, afin de voir si les me´dicaments retrouve´s sont prescrits. Les quatre premiers items e´taient des questions pose´es directement aux patients : Preniez-vous un traitement habituellement a` domicile avant votre hospitalisation ?
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Avez-vous apporte´ une partie ou la totalite´ de vos me´dicaments personnels ? L’e´quipe soignante est-elle au courant que vous avez apporte´ vos me´dicaments personnels ? Pourquoi les avez-vous apporte´s ? Si le patient n’avait pas de traitement a` domicile ou s’il ne les avait pas apporte´s, l’entretien s’arreˆtait apre`s la premie`re ou la deuxie`me question. Le dernier item consistait a` lister les me´dicaments retrouve´s et a` spe´cifier leur utilisation (non pris depuis l’hospitalisation, pris par le patient, donne´ par l’infirmier, mais garde´ dans la chambre, donne´ et garde´ par l’infirmier, garde´ par l’infirmier et non donne´).
Figure 1. Re´sultats des trois premie`res questions. Frequency of home medications usage (number of patient).
Figure 2. Re´sultats de la question 4 (nombre de patient ; pourcentage). Causes of home medications usage (frequency ; %).
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Re´sultats Cent vingt-deux patients ont e´te´ interroge´s (80 en me´decine, 42 en chirurgie). L’aˆge moyen e´tait de 60 ans et le sex-ratio est de 0,73. Sur les 122 patients, 98 (80 %) avaient un traitement a` domicile avant l’hospitalisation, 50 (41 %) l’avaient apporte´, 11 (9 %) n’avaient pas mis au courant le personnel. Le de´tail pour les services de me´decine et de chirurgie est indique´ sur la fig. 1. Parmi les 50 patients ayant apporte´ leur traitement, 29 (58 %) l’ont amene´ car ils ne s’en se´parent jamais, dix (20 %) car cela leur a e´te´ demande´ (fig. 2).
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Figure 3. Nombre de me´dicaments par service. Number of home medications found by type of hospitalization.
En ce qui concerne les me´dicaments liste´s, 162 (71 en me´decine, 91 en chirurgie) ont e´te´ retrouve´s dans les chambres de 50 patients, soit environ trois me´dicaments par patient. Quarante-cinq me´dicaments (28 %) n’ont pas e´te´ prescrits ou remplace´s par un e´quivalent the´rapeutique par le prescripteur (23 % en me´decine, 32 % en chirurgie), ce qui repre´sente dix patients en me´decine et 12 patients en chirurgie. La re´partition par service est indique´e sur la fig. 3. Cent cinquante et un me´dicaments (93 %) sont retrouve´s dans la chambre des patients, dont : 83 (55 %) ne sont pas utilise´s ; 54 (36 %) sont ge´re´s seulement par le patient ; 14 (9 %) sont ge´re´s par le personnel me´dical. Onze me´dicaments (7 %) sont retrouve´s hors de la chambre (dans le tiroir des patients ou dans la salle de soins du service), dont : huit (73 %) sont donne´s a` chaque prise aux patients par le personnel me´dical ; trois (27 %) n’ont jamais e´te´ utilise´s.
Discussion Ces re´sultats confirment la pre´sence fre´quente de traitements personnels aupre`s des patients, parfois a` l’insu du personnel me´dical. Pre`s d’un tiers des me´dicaments retrouve´s ne sont pas prescrits ou remplace´s par un e´quivalent the´rapeutique par le prescripteur. Le phe´nome`ne est plus marque´ en chirurgie qu’en me´decine, meˆme si des diffe´rences importantes existent entre les services.
A` la suite de cette e´tude, plusieurs axes d’ame´lioration ont e´te´ propose´s. Il fallait en effet corriger ces pratiques en e´laborant et en diffusant aupre`s de tout le personnel concerne´ des recommandations. Elles ont e´te´ e´labore´es en s’appuyant sur celles de´ja` retrouve´es dans d’autres hoˆpitaux [14–25]. Une proce´dure, valide´e en comite´ du me´dicament, reprend les re`gles ge´ne´rales de gestion des traitements personnels et les diffe´rentes substitutions possibles de ces traitements (Annexe 2). Ainsi, en cas de prescription de me´dicaments non disponibles a` la pharmacie, celle-ci pourra en fonction du cas de figure : proposer un arreˆt the´rapeutique le temps du se´jour a` l’hoˆpital ; de´livrer le me´dicament ayant la meˆme de´nomination commune (selon que le ge´ne´rique ou le princeps est re´fe´rence´) ; proposer un me´dicament similaire sur le plan the´rapeutique en efficacite´, tole´rance et confort d’utilisation, apre`s accord direct du prescripteur ou par l’interme´diaire d’un feuillet d’information pharmaceutique ; commander le me´dicament s’il est conside´re´ comme non substituable par le pharmacien et/ou par le me´decin. Dans ce seul cas, le traitement personnel pourra eˆtre utilise´ le temps que la pharmacie se procure les me´dicaments en question. Pour les services non informatise´s, une validation pharmaceutique sera effectue´e lorsque le personnel ame`ne l’ordonnance a` la pharmacie, lors de la demande du me´dicament et lors de la dispensation. Une note d’information, envoye´e a` tous les cadres de sante´ et pre´sente´e en re´union de cadre par un pharmacien, reprend les points importants de la proce´dure. Un encart sur les traitements personnels est ajoute´ au guide de prescription donne´ a` tous les nouveaux internes en de´but de semestre. Il indique que « si le patient est venu avec son traitement personnel, il lui sera retire´ sauf accord du prescripteur. Certains me´dicaments non re´fe´rence´s au livret peuvent eˆtre utilise´s le temps que la pharmacie propose une substitution ou se les procure. Les me´dicaments personnels ne seront prescrits que si aucun me´dicament e´quivalent n’est disponible ou ne peut eˆtre obtenu dans des de´lais acceptables. Ne jamais envoyer la famille se fournir en me´dicaments dans une pharmacie de ville ». Tous ces documents ont e´te´ mis en ligne sur l’Intranet de l’hoˆpital et sont donc disponibles pour tout le personnel. Un paragraphe figure e´galement dans le livret d’accueil du patient : « pour votre se´curite´, ne prenez aucun me´dicament personnel sans en avertir le personnel soignant ». La poursuite de l’informatisation est aussi un moyen essentiel d’ame´lioration [14,26,27]. En effet, graˆce au livret the´rapeutique informatique, les substitutions ne´cessaires sont effectue´es par les prescripteurs en temps re´el, facilitant la re´daction des prescriptions. Certains prescripteurs, en particulier les chirurgiens, ne sont pas suffisamment sensibilise´s a` l’importance de prescrire tous les traitements, y compris ceux
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initie´s en ville dans le cas ou` ils doivent eˆtre poursuivis. Les proble`mes lie´s aux traitements personnels sont ainsi plus souvent ge´re´s par les infirmiers que par les me´decins, qui sont pourtant responsables de leurs prescriptions. La pharmacie s’organise aussi pour proposer le plus rapidement possible les substitutions et re´duire au minimum les de´lais d’approvisionnement quand un me´dicament doit eˆtre commande´. Pour ce faire, le recours a` un grossiste re´partiteur est devenu indispensable. Enfin, le proble`me du stockage des traitements personnels n’a pas encore e´te´ totalement re´solu. Il devra permettre l’identification par patient, une se´paration bien de´finie de la dotation du service, avec des conditions de conservation acceptables. Or ces traitements sont stocke´s de diffe´rentes manie`res selon les services (chambre du patient, casier du patient dans le chariot de distribution, au-dessus de l’armoire robotise´e PyxisW ou ide´alement dans un casier de´die´ de cette armoire). Ce dernier choix paraıˆt le plus approprie´, mais il est contraignant pour le personnel (manque de place, temps). La re´flexion est cependant poursuivie, afin que cette solution soit rapidement propose´e a` tous les services.
des me´dicaments. Toutes les mesures prises depuis ces derniers mois ont donc eu pour but de mieux encadrer ces pratiques en favorisant leurs prescriptions et en suivant leurs utilisations dans les services. Une information continue aupre`s du personnel me´dical reste ne´anmoins indispensable pour faire perdurer ces nouvelles recommandations. Une nouvelle e´valuation sera re´alise´e en 2011, en incluant un questionnaire pour le personnel me´dical. Ce travail peut e´galement eˆtre l’occasion d’une re´flexion plus globale sur les discordances pouvant exister entre les traitements pris a` domicile par le patient avec ceux prescrits aux diffe´rentes e´tapes de soins a` l’hoˆpital. Cette pratique, appele´e re´conciliation me´dicamenteuse et dans laquelle le pharmacien a un roˆle majeur a` jouer, est courante dans les e´tablissements de sante´ au Canada et aux E´tats-Unis, mais reste peu re´pandue en France [18]. Selon une e´tude en France en 2010, seuls 6,2 % des personnels de sante´ interroge´s ont mis en place un processus de re´conciliation me´dicamenteuse [28]. Le Projet des High 5s, ayant lieu en partie en France, permettra de de´velopper cette pratique [29].
Conclusion
De´claration d’inte´reˆts
Cette e´tude confirme qu’une meilleure gestion des traitements personnels est indispensable, afin de se´curiser le circuit
Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article.
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Annexe 1. Questionnaire de l’e´tude Home medications usage questionnaire Questionnaire sur les traitements personnels des patients hospitalise´s Madame, Monsieur, Nous souhaitons faire un e´tat des lieux des traitements personnels apporte´s par les patients lors de leur hospitalisation dans le service de me´decine interne. Les donne´es personnelles que vous nous fournirez lors de ce questionnaire seront traite´es de fac¸on anonyme. Il vous est bien entendu possible de refuser de re´pondre a` ce questionnaire sans aucune raison justificative. Nous vous remercions par avance de bien vouloir participer a` cette enqueˆte en re´pondant a` ces quelques questions. 1- Preniez-vous habituellement un traitement a` domicile avant votre hospitalisation ? Oui Oui -> Si non, le questionnaire est termine´ 2- Avez-vous apporte´ une partie ou la totalite´ de vos me´dicaments personnels ? Oui Non -> Si non, le questionnaire est termine´ 3- L’e´quipe soignante est-elle au courant que vous avez apporte´ vos me´dicaments personnels ? Oui : - vous leur avez dit - les infirmiers vous l’ont demande´ Non 4- Pourquoi l’avez-vous apporte´ ? Vous l’avez toujours sur vous, vous ne vous en se´parez jamais Vous aviez peur que votre traitement ne soit pas disponible a` l’hoˆpital Vous ne vouliez pas de changement de me´dicament Quelqu’un vous a demande´ de le ramener : qui ?. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . . Quelqu’un vous a demande´ de l’acheter : qui ? . . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . . Autre : . . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . . 5- Quels sont les me´dicaments que vous avez apporte´s ? Nom des me´dicaments apporte´s et pre´sents dans la chambre
Pas pris depuis l’hospitalisation
Pris depuis l’hospitalisation Pris par le patient
Ge´re´ par l’infirmier, mais garde´ dans la chambre
Garde´ par l’infirmier et donne´ tous les jours
Garde´ par l’infirmier et non donne´
Me´dicament pre´sent sur l’ordonnance du service
Annexe 2. Proce´dure pour utilisation des traitements personnels pendant une hospitalisation Standard Operating Procedure for the safer management of home medications during hospitalization Gestion des traitements personnels
CHIRB-PHAR-PROC 1
I. Domaine d’application Cette proce´dure a pour but de de´finir les modalite´s de gestion du traitement personnel du patient a` son entre´e dans les services d’hospitalisation.
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Annexe 2. (Suite) II. Finalite´s Son objectif est d’assurer la continuite´ des soins en tenant compte de la liste des me´dicaments re´fe´rence´s au centre hospitalier (livret the´rapeutique accessible dans PHARMAW). III. Documents de re´fe´rence Article R.5194 du Code de la sante´ publique Circulaire DHOS/E2 « Prise en charge the´rapeutique du patient hospitalise´ » - 2004 Loi no 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et a` la qualite´ du syste`me de sante´ Arreˆte´ du 31 mars 1999 relatif a` la prescription, a` la dispensation et a` l’administration des me´dicaments Organisation du circuit du me´dicament en e´tablissement de sante´ : ANAES/DRV/COM/JL/06.01.05 IV. Acteurs et responsabilite´s Me´decins, pharmaciens, DSI, cadres de sante´, IDE, pre´parateurs en pharmacie. V. Contenu du document V.I Admission du patient en hospitalisation Lors de l’entre´e, il doit eˆtre syste´matiquement demande´ au patient s’il est venu avec son traitement habituel. Si oui, tous les me´dicaments amene´s lui seront retire´s, sauf cas particuliers (accord du prescripteur). Le sachet contenant ces me´dicaments sera e´tiquete´ (e´tiquette patient) et conserve´ par les IDE. V.II Gestion du traitement pendant l’hospitalisation Selon l’e´tat du patient, sa dure´e et son motif d’hospitalisation, le me´decin de´cidera de poursuivre ou non le traitement durant l’hospitalisation. Plusieurs cas de figure existent en cas de prescription de me´dicaments non disponibles au centre hospitalier : Pour les me´dicaments pouvant eˆtre interrompus le temps de l’hospitalisation La pharmacie obtient l’accord du prescripteur pour interrompre le traitement. La pharmacie ne de´livre aucun me´dicament. Pour les me´dicaments ge´ne´riques La pharmacie substitue le me´dicament prescrit en de´livrant au service le ge´ne´rique (si princeps prescrit) ou le princeps (si ge´ne´rique prescrit) et en le mentionnant sur le feuillet d’information pharmaceutique pour le personnel soignant. Pour les me´dicaments conside´re´s comme substituables par le pharmacien Le pharmacien choisit parmi les options suivantes en tenant compte de la spe´cificite´ du me´dicament, du prescripteur et/ou du malade : – De´livrer au service une spe´cialite´ pharmaceutique inscrite au livret the´rapeutique similaire sur le plan the´rapeutique en efficacite´, tole´rance et confort d’utilisation dans le cas ou` le risque lie´ au changement de me´dicament est ne´gligeable (IEC, veinotoniques, laxatifs osmotiques, antidiarrhe´iques, me´dicaments de l’ade´nome de la prostate. . .). Le me´decin devra valider la substitution et modifier la prescription. – Proposer de substituer le me´dicament prescrit, sans de´livrance automatique, par un me´dicament inscrit au livret the´rapeutique similaire sur le plan the´rapeutique en efficacite´, tole´rance et confort d’utilisation soit par accord direct du prescripteur soit par l’interme´diaire d’une note d’information pharmaceutique. Si le me´decin valide la substitution, il devra modifier la prescription. Sinon, il devra en informer la pharmacie. Pour les me´dicaments conside´re´s comme non substituables par le pharmacien ou par le me´decin La pharmacie se procure le me´dicament aussi vite que possible. Les me´dicaments personnels du patient pourront eˆtre utilise´s le temps que la pharmacie se les procure. La prescription devra pre´ciser sur la prescription que le traitement personnel est utilise´. Cas particulier Le prescripteur peut de´cider d’utiliser uniquement le traitement personnel du patient. Dans ce cas, la pharmacie devra eˆtre informe´e et cela devra eˆtre indique´ dans le dossier me´dical et sur la prescription. Le traitement sera quand meˆme ge´re´ exclusivement par les lDE. V.III Sortie du patient L’inte´gralite´ des traitements sera restitue´e au patient ou a` sa famille lors de sa sortie, sauf cas particulier (risque pour le patient en cas d’arreˆt de me´dicaments ne devant pas eˆtre re´introduits. . .). La prescription de sortie doit eˆtre faite en reconside´rant les traitements personnels a` l’entre´e du patient afin de re´introduire e´ventuellement les traitements suspendus ou substitue´s (association utile mais non dispense´e pendant l’hospitalisation. . .). Cette e´tape de re´conciliation est particulie`rement importante chez la personne aˆge´e. V.IV Principes ge´ne´raux : Ne jamais envoyer la famille se fournir en me´dicament dans une pharmacie de ville pour pallier une absence de me´dicament prescrit a` l’hoˆpital.
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Annexe 2. (Suite) Informer le prescripteur le plus to ˆ t possible en cas d’impossibilite´ d’administrer un me´dicament prescrit. N’utiliser les me´dicaments personnels du patient qu’avec l’accord du prescripteur. Aucun me´dicament personnel ne doit eˆtre inse´re´ dans la dotation du service ou utilise´ pour un autre patient. En cas de non-restitution, les traitements doivent eˆtre jete´s dans le service (sac jaune DASSRI) a` l’exception des stupe´fiants qui seront retourne´s a` la pharmacie. Joindre la pharmacie hospitalie`re devant toute difficulte´ lie´e a` l’absence d’un me´dicament prescrit (5496, 7159, Bip 8558).
Re´fe´rences [1]
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