Evolution des pratiques orthoptiques en pré-consultation d’ophtalmologie

Evolution des pratiques orthoptiques en pré-consultation d’ophtalmologie

Revue francophone d'orthoptie 2016;9:255–257 Histoire Evolution des pratiques orthoptiques en pré-consultation d'ophtalmologie Evolution of orthopti...

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Revue francophone d'orthoptie 2016;9:255–257

Histoire

Evolution des pratiques orthoptiques en pré-consultation d'ophtalmologie Evolution of orthoptic practices in pre-consultation of Ophthalmology Belkacem Amari (Orthoptiste)a,b

a

Service d'ophtalmologie du Professeur Antoine Brézin, Hôpital Hôtel-Dieu, 1 place du Parvis Notre Dame, 75004, Paris, France b VYSIA Clinique de la Vision, 131 Rue de l'Université, 75007 Paris, France

MOTS CLÉS

RÉSUMÉ Le métier d'orthoptiste a beaucoup évolué depuis ces 15 dernières années. L'élargissement du décret de compétence lui confère toute sa légitimité au sein de la consultation médicale d'ophtalmologie. De par sa double étiquette de rééducateur et de spécialiste en examens complémentaires non invasifs, l'orthoptiste est devenu un acteur majeur voir indispensable dans le circuit de soin en collaboration avec son meilleur prescripteur : l'Ophtalmologiste. © 2016 Publié par Elsevier Masson SAS.

Orthoptiste aide de consultation Transfert de compétences Investigations non-invasives Examens complémentaires Pré-consultation Besoins de santé publique

KEYWORDS SUMMARY The profession of orthoptist has changed significantly during the last 15 years. The expansion of the decree of competence gives it its legitimacy in the medical ophthalmology consultation. By its dual label therapist and specialist in non-invasive investigations, the orthoptist has become a major player even essential in the care circuit in collaboration with his best prescribing: the Ophthalmologist.

Doctor's assistant Skills transfer Non-invasive investigations Additionnal tests Pre-consultation Public health needs

© 2016 Published by Elsevier Masson SAS.

INTRODUCTION Le dépistage et la rééducation de la vision fonctionnelle constituent les piliers du métier d'orthoptiste mais deux ordonnances du 17 décembre 2009, ont révisé les conditions de reconnaissance des qualifications requises pour l'exercice de l'orthoptie en France et l'enregistrement des diplômes.

ELARGISSEMENT DU DÉCRET DE COMPÉTENCES. . . Dans le prolongement du rapport remis par le professeur Y.Berlan « coopération des professions de santé : le transfert de compétences »

en 2003, les orthoptistes ont vu leur décret de compétences de 2001 s'élargir en novembre 2007. On a alors dégagé deux idées principales : normaliser certaines pratiques et encourager sans ambigüité la délégation d'actes vers les orthoptistes. Les actes d'investigations non-invasives, de réfraction et de contactologie ont été clairement précisés (sous la responsabilité du médecin qui pourra intervenir à tout moment au cours de l'examen) : « rétinographie mydriatique (Art.43426), et non mydriatique (Art.4342-5), réfraction (Art.4342-7), pachymétrie sans contact, tonométrie sans contact, tomographie par cohérence optique, topographie cornéenne, angiographie rétinienne (à l'exception de l'injection), biométrie oculaire préopératoire, pose de lentilles de contact (art.4342-8) ».

Correspondance : B. Amari, Service d'ophtalmologie du Professeur Antoine Brézin, Hôpital Hôtel-Dieu, 1 place du Parvis Notre Dame, 75004, Paris, France. Adresse e-mail : [email protected]

http://dx.doi.org/10.1016/j.rfo.2016.10.001 © 2016 Publié par Elsevier Masson SAS. 255

Histoire Les actes rajoutés dans le dernier décret de compétences ne sont autorisés que pour l'orthoptiste salarié d'une structure ou d'un ophtalmologiste, et souligne le caractère médical du transfert de compétences. En effet, aucune nomenclature « orthoptique » ne correspond à ces actes délégués et c'est uniquement la structure ou le médecin qui peut coter l'acte. Le processus engagé de délégation de tâches est une réponse à l'augmentation croissante de la demande de soins et au dépassement du seuil de saturation des consultations publiques ou privées. La croissance de l'activité ophtalmologique n'a jamais été aussi importante depuis ces 10 dernières années.

L'ORTHOPTISTE UN ACTEUR MAJEUR DANS LE PARCOURS DE SOINS DU PATIENT L'orthoptiste est et demeurera l'auxiliaire médical naturel de l'ophtalmologiste. Son rôle est clair et il ne se substitut nullement à celui de l'ophtalmologiste. Sa compétence et son travail de préparation et d'aide à la consultation vont permettre au médecin de délivrer une qualité de soins en accordant davantage de temps médical à l'information et à l'interprétation, augmenter le flux de patients vus et réduire ainsi significativement les délais de rendez-vous.

QUEL EST LE RÔLE DE L'ORTHOPTISTE DANS LE PARCOURS DE SOINS EN OPHTALMOLOGIE ? L'exemple de l'Hôtel-Dieu de Paris L'orthoptiste est le premier contact du patient dans son parcours de soin. Au sein d'une institution hospitalière comme l'Hôtel-Dieu, il y a bien longtemps que les orthoptistes sont présents en consultation et cela grâce à un cadre orthoptiste visionnaire : Mme

Figure 1. Examen de la réfraction en pré-consultation orthoptique.

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B. Amari

Christiane Hervault, qui avait toute la confiance du chef de service de l'époque le professeur Gilles Renard quant à l'organisation et la direction de la consultation. Dès l'an 2000, une voie s'est ouverte afin de pouvoir pallier à la croissance de la demande d'examens complémentaires en même temps que décroissait le nombre de médecins attachés non chirurgicaux. Le prisme de certains orthoptistes « volontaires » commençait alors à dévier de sa fonction de rééducateur vers une décomposition du spectre de ses connaissances et de ses compétences ! C'est ainsi que l'orthoptiste commença ses premiers pas en consultation d'ophtalmologie et demeure aujourd'hui un acteur incontournable au sein de l'équipe médico-chirurgicale. On retrouve deux secteurs d'activité pour l'orthoptiste et cela en fonction de la décomposition de l'œil en segment antérieur et postérieur. Ainsi on rencontre des orthoptistes plutôt axés et spécialisés « cornée » qui sont les collaborateurs des chirurgiens du segment antérieur (cornée, glaucome, chirurgie réfractive et cataracte) et d'autres axés et spécialisés « rétine » qui collaborent dans la réalisation de l'imagerie du segment postérieur (OCT, angiographie, ETDRS . . .). Au delà de l'accueil du patient et de son anamnèse, il y a une véritable « pré-consultation » orthoptique qui est donnée selon 3 grands axes :  Le bilan réfractif.  Le bilan de la fonction visuelle (dépistage orthoptique).  La présentation des observations et examens complémentaires pour la synthèse avec l'ophtalmologiste. Le bilan réfractif correspond à une série d'examens dont :  Mesure de l'acuité visuelle sans et avec correction.  Mesure de l'acuité visuelle objective (réfractométrie) et subjective (méthode du brouillard, règle de Swaine. . .) (Fig. 1).  Réfraction sous cycloplégique (après accord du médecin)  Mesure de la pression intra-oculaire avec tonomètre à air pulsé.  Image du FO (avec rétinographe non mydriatique).

Evolution des pratiques orthoptiques en pré-consultation d'ophtalmologie

 Topographies d'élévation (forme, rayons de courbures de la cornée et pachymétrie).  Abérrometrie et pupillométrie.  Biométrie (non contact). En fonction de la situation visuelle du patient et en accord avec le protocole de soins défini avec l'ophtalmologiste, l'orthoptiste peut anticiper certains des examens complémentaires non contact (OCT, topographie. . .) qui vont venir enrichir le diagnostic et le plan de soins que va élaborer l'ophtalmologiste. L'angiographie numérisée est aujourd'hui pratiquée par les orthoptistes avec l'aide d'un infirmier pour l'injection et reste soumise à la prescription du médecin et demeure sous sa responsabilité directe. Un dépistage orthoptique en fonction de l'anamnèse du patient est aussi effectué dans sa forme la plus simple afin de détecter une anomalie de la vision binoculaire en rapport avec les signes fonctionnels présents et gênants qui pourra déboucher sur un bilan orthoptique plus poussé réalisé cette fois-ci par d'autres collègues. Enfin les résultats sont présentés à l'ophtalmologiste qui pourra recevoir le patient après entretien avec l'orthoptiste qui reste disponible pour toute précision complémentaire.

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CONCLUSION En dehors des actes orthoptiques purs, aujourd'hui avec le dépistage visuel, la topographie cornéenne, l'OCT, la réfraction, la contactologie.. la diversité des actes et des patients rencontrés fait de cette nouvelle orthoptie toute sa richesse. Les compétences développées et les responsabilités engagées font que les atouts de l'orthoptie sont devenus nombreux au fil des années avec des professionnels de santé reconnus pour leur valeur au sein des équipes soignantes. Afin de nous maintenir à la hauteur de la nouvelle mission qui nous est confiée il demeure indispensable d'améliorer et de perfectionner ses connaissances par la formation continue. Mettre en avant notre spécificité, notre capacité d'adaptation tout en gardant des bases solides d'une spécialité de rééducation. Notre compétence clinique est un atout majeur pour l'évolution de notre profession qui doit répondre à des besoins de santé publique aux cotés des équipes médico-chirurgicales en ophtalmologie. Déclaration de liens d'intérêts L'auteur déclare ne pas avoir de liens d'intérêts.

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