Fumigènes de théâtre: le bronchospasme du samedi soir

Fumigènes de théâtre: le bronchospasme du samedi soir

Reanim Urgences 0 Elsevier, Paris 1999 ; 8 : 343-5 Lettres Fumigenes de th6btre : le bronchospasme du samedi soir E. Garetl, N. Guenl, F. Rasolo...

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Reanim

Urgences

0 Elsevier,

Paris

1999 ; 8 : 343-5

Lettres

Fumigenes de th6btre : le bronchospasme du samedi soir E. Garetl, N. Guenl, F. Rasolojaona2, P. Ducastell, T.A. Bensousanl* 1 Service des urgences medico-chirurgicales et Smur, 2 service de pneumologie, centre hospitalier, 8, avenue Henri-Adnot, 60321 Compiegne cedex, France. * Correspondance Rey

et tires a part.

le 24 mars 1998, accept6

le 20 octobre

1998.

‘exposition aux fumigbnes de theatre est un facteur peu connu de bronchospasme chez l’asthmatique [ 11. Nous rapportons ici le cas d’un patient de 25 ans qui a presente une dyspnee paroxystique au d&ours immediat d’une exposition dans une discotheque. Le medecin de l’unite mobile hospital&e a constate sur place une gene laryngte, un bronchospasme, des troubles de l’elocution et une toux rauque. Le pouls Ctait regulier a 88/min, la pression arterielle a 120/70 mmHg, la frequence respiratoire a 26/min et l’oxymetrie de pouls a 92 %. Un aerosol de PZmimCtiques a CtCimmediatement administre, associe a une oxygenotherapie, ainsi qu’une corticotherapie intraveineuse (methylprednisolone : 1 mg/kg). A l’admission aux urgences, l’etat clinique est arneliore. Le peak jIow est mesure a 210 Wmin. Le patient est apyretique et, apres une observation de 12 heures pendant laquelle il a recu deux autres aerosols, le retour au domicile est possible. Les explorations paracliniques ont montre une hyperleucocytose a 13 900/n-& sans hypereosinophilie, des gaz du sang et une radiographie de thorax normaux. Un traitement ambulatoire de cinq jours a CtCprescrit (P2-mimetiques en spray et cortico’ides per OSa dose degressive). Aucun antecedent personnel n’a Cte releve en dehors d’un tabagisme estime a 1.5paquets/annCe, ni aucune notion de toxicomanie recente pouvant expliquer le bronchospasme [2]. Ce malade ne presente aucune exposition professionnelle a des irritants. Les explorations fonctionnelles respiratoires realisees a distance (21 jours apres l’exposition) ont montre des debits et volumes normaux avec un test d’hyperreactivite positif a 800 pg de metacholine sous la forme dune toux rendant impossible la poursuite du test. Le dosage des IgE Ctait a 47 Ku/L (N < 110) et les Rast negatifs (animaux, pollens de grarninCes et d’arbres, poussieres de maison, moisissures). Les conditions d’emploi des brouillards artificiels sont reglementees [3]. Les rbgles concernent la presence obliga-

& la redaction

toire d’un dispositif automatique couple a une commande manuelle permettant d’interrompre le fonctionnement des generateurs de fumee, la presence obligatoire d’un systeme de refroidissement et de limitation de pression, et un controle de l’emission de produits satisfaisant aux exigences de purete definies par la pharmacopee intemationale. Le local dans lequel le generateur est utilise doit comporter des extractions mecaniques d’air vicie assurant un renouvellement d’air minimal de 8 L/s/personne. Tout generateur fait l’objet de la part de I’exploitant d’une declaration aupres de l’autorite administrative avec controle annuel. Les fumigenes relevent de l’industrie chimique et, en raison du secret industriel, il est difficile de connaitre leur composition : hydrocarbures, melanges d’eau, de glycerine, de glycol, ou encore de dioxyde de carbone, de se1d’ammoniac ou de zinc, enfin de gomme ou de resine type encens, produits reputes peu irritants [4]. Le fumigene incrimine dans notre observation est un melange d’eau, de tribthylene glycol, de propylene glycol et de parfum a l’etat de trace (melange d’eau et de paraffine en proportion inconnue). 11a CtCutilise dans un espace clos dans les conditions prevues par la reglementation francaise, a la reserve p&s que les conditions de renouvellement d’air par personne sont inverifiables a posteriori. Le patient Ctait situ6 a environ 8 m de la source et aucune autre personne ne semble avoir CtCincommodee. Dans la physiopathologie du bronchospasme declenche par l’exposition aux fumigiines, I’hypothese dune modification de l’osmolalite du mucus bronchique a CtCCvoquCe et serait due a la solubilisation de l’alcool contenu dans les glycols reagissant avec les particules d’eau du brouillard, entrainant ainsi un relargage de petites quantites d’acide chlorhydrique au niveau de l’epithelium bronchique [ 11. Dans le contexte actuel de l’utilisation croissante des brouillards artificiels, cette observation originale d’un bronchospasme declenche par un fumigene d’arnbiance chez un patient fumeur non asthmatique et sans exposition connue a d’autres irritants professionnels ou domestiques incite a recenser tous les cas de bronchospasmes secondaires similaires, bien qu’aucun cas d’asthme aigu grave n’ait jusqu’ici Ct6 d&it. q

RBftirences 1 Nolan P, Masel P. Acute and recurrent airflow obstruction after exposure to artificial fog. Lancet 1995 ; 345 : 67-8. 2 Dowling GP, McDonough ET. Eve and ecstasys: a report of five deaths associated with the use of MDEA and MDMA. JAMA 1987 ; 257 : 1615-7. 3 Ministere de I’lnterieur, direction de la securite civile, note d’information technique no 251 du 27 fevrier 1987. 4 Ross01 M. Health and safety in the theater. New York: Center for occupational hazards Inc; 1986.