Annales de réadaptation et de médecine physique 46 (2003) 434–435 www.elsevier.com/locate/annrmp
58
Présentation de la pratique de la rééducation fonctionnelle dans deux SSR, établissements de réadaptation spécialisés dans la prise en charge des personnes présentant un handicap visuel.
D. Lesagea, P. Ronzelb a C.R.F.A.M. 27, chemin de l’Auberderie, 78160 Marly ; b C.R.P.M. 3, rue Jacquier, 75014 Paris
Mots clés : handicap visuel, déficience sensorielle, optimisation des possibilités visuelles, compensation sensorielle, représentation mentale Introduction : le CRFAM en hospitalisation complète, et CRPM en hospitalisation de jour, sont situés en Ile de France. Objectifs de la rééducation : ils sont médicaux, psychologiques, sociaux, et de santé publique. Les pathologies à l’origine du déficit visuel sont oculaires (tels que rétinite pigmentaire, myopie, glaucome), générales (tels que diabète, SIDA), neurologiques et neuro-visuelles (tels que SEP, lésions cérébrales). Description de la prise encharge : elle comprend une évaluation initiale fonctionnelle, l’élaboration d’un projet individualisé, un temps de rééducation, et l’élaboration de la mise en application dans la vie du patient. La rééducation repose sur l’optimisation des possibilités visuelles lorsqu’elles existent encore d’une part, et d’autre part sur l’optimisation de la compensation par les autres sens, pour développer une représentation mentale fonctionnelle. Il faut tenir compte de l’impact psychologique de la déficience visuelle et de l’introduction de sa compensation, ainsi que des conséquences des pathologies associées. Les divers domaines de la rééducation abordent l’accès à l’information, le geste et les activités de la vie quotidienne, les déplacements. Sont décrits les moyens mis en place pour amener le patient à atteindre ses objectifs, en vue d’une réinsertion familiale, sociale, et éventuellement professionnelle. Extensions de l’activité des établissements : le CRFAM a acquis la compétence d’accueillir des patients atteints de poly-pathologies, et en particulier cérébro-lésés. Le CRPM a développé une activité d’évaluation dans le contexte professionnel, et commence à avoir la compétence pour l’accueil des personnes souffrant du double handicap sensoriel visuel et auditif. Conclusion : Le déficit visuel présente des spécificités, mais la prise en charge des patients en souffrant suit les règles de la rééducation et de la réadaptation tels qu’ils sont définis dans le système de soins français.
59
Sur les aides électroniques non invasives aux déplacements pour les déficients visuels
E. Pissaloux Laboratoire de Robotique de Paris, CNRS/FRE 2507, BP. 61, 92265 Fontenay-aux-Roses, France Mots clés : perception physio-cognitive de scènes 3D, déplacements dans l’espace 3D, invariants, suppléance sensorielle, aides électroniques aux déplacements Introduction : Selon l’OMS, le nombre de déficients visuels va doubler d’ici 20 ans. Le coût très important de l’accompagnement du handicap visuel, les progrès de la technologie et les progrès de la physiologie de la perception de l’environnement 3D permettent de concevoir de nouvelles aides aux déplacements indépendants et en sécurité des déficients visuels. Objectifs : Analyser les différences de la perception des scènes 3D par un voyant et par un déficient visuel ; analyser les apports aux déplacements indépendants et en sécurité des aides technologiques existantes ; déduire les doi:10.1016/S0168-6054(03)00160-0
principes sous-jacents de la conception des nouvelles aides aux déplacements ; présenter quelques projets innovants. Méthodes : En partant d’un bref état de nos connaissances sur la perception physio-cognitive des scènes 3D (mise en correspondance spatiotemporelle des invariants proprio- et extero-ceptifs) et la définition d’un obstacle chez les déficients visuels, on analyse l’adéquation des principales aides technologiques aux déplacements existantes, tant sous forme commercialisée que sous forme de prototype. Les conclusions de cette analyse permettent de proposer un premier « cahier des principes » qui doivent être intégrés dans toute aide non invasive aux déplacements indépendants et en sécurité. Résultat : Quatre règles fondamentales doivent être matérialisées dans toute aide aux déplacements indépendants et en sécurité : la perception quasi-globale de la scène observée, la suppléance, l’adaptativité et la non invasivité. Ces règles sont rarement mises en œuvre dans les dispositifs technologiques existants, car leur interfaces homme-machine soit s’appuie sur la substitution sensorielle, soit élimine totalement la participation du déficient visuel à la compréhension de son environnement (ce qui rend impossible un apprentissage autonome et progressif de l’environnement pour les déplacements indépendants et en sécurité). Discussion-Conclusion : Les aides technologiques non invasives doivent s’appuyer sur la plasticité cérébrale qui permet d’étendre les fonctionnalités perceptuelles des neurones. Les quatre règles établies peuvent se traduire, en termes technologiques et dans le cadre des déplacements des déficients visuels, par l’association indispensable de la vision artificielle au toucher (les interfaces visuo-tactiles), par la conception des dispositifs reconfigurables (adaptables au type et à la gravité de la déficience, à la tâche à réaliser et à la dynamique des scènes où l’on évolue), et portables (nécessité d’un faible encombrement et d’un faible poids). 1 Berthoz A. Le sens du mouvement, Odile Jacon, 1997. 2 Pissaloux EE. A Vision System Design for Blinds Mobility Assistance, IEEE Conf. on EMBS (Eng. in Medecine and Biology), Houston, Texas, 23–26 octobre 2002, pp. 2349–2350.
60
Essais d’aides visuelles portables chez des patients atteints de DMLA
V. Pardessusa, J.C. Kastelika, M. Pommeraya, C. Corteelb, A. Thevenonb, V. Dedèsc, M. Boonec, J. Charlierd a
IEMN UMR CNRS 8520, département Opto-Acousto-Electronique de l’université, le mont Houy, 59313 Valenciennes ; b Service de Médecine Physique et de Réadaptation, Hôpital gériatrique les Bateliers, CHRU Lille, 23, rue des Bateliers, 59027 Lille Cedex; c Service d’ophtalmologie, CHRU Lille, 1, place Verdun, 59000 Lille ; d Métrovision SARL, 4, rue des Platanes, 59840 Pérenchies Mots clés : dégénérescence maculaire liée à l’âge, aide visuelle portable, essais cliniques Introduction : La dégénérescence maculaire liée à l’âge est devenue dans les pays industrialisés la cause principale de perte de vision chez les sujets âgés de plus de 60 ans. Les personnes atteintes présentent la perte de la vision centrale retentissant sur la vision des détails, responsable de difficulté dans la vie quotidienne. Objectifs : Conception, réalisation et essais d’un système de suppléance sous la forme d’une aide visuelle optique et électronique portée sur la tête. Il s’agit d’un casque de visualisation à afficheurs à cristaux liquides, permettant une restitution mono ou bioculaire, muni d’un bloc caméra assurant, par exemple, des fonctions de zoom et de mise au point automatique fixé au centre et au dessus du casque, relié à un ordinateur déporté effectuant les réglages de la caméra . Essais : Trois personnes atteintes de DMLA sévère (acuité visuelle inférieure à 1/10e), âgées de 67 ; 73 et 80 ans, ont testé ce premier système. Comme ce qui est retrouvé dans différentes analyses, leurs demandes essentielles portaient sur l’écriture, la lecture, et la reconnaissance des visages.
Handicap visuel / Annales de réadaptation et de médecine physique 46 (2003) 434–435 Nous avons testé : La lecture d’une échelle d’acuité visuelle de près et de loin, la lecture d’un texte, l’écriture, la déambulation. Résultats : Ces trois patientes ont été très intéressées par ce type de système de suppléance. La lecture est améliorée par rapport aux aides optiques classiques grâce à un fort grandissement, la plus grande ouverture angulaire et la stabilisation des images. L’écriture est facilitée mais nécessite une phase d’apprentissage car il existe une gêne dans la maîtrise du geste du à l’agrandissement de l’image par rapport à la scène naturelle. La déambulation est plus aisée si le système est utilisé en vision monoculaire (conservation du champ vertical).
435
Discussion-Conclusion : Les premiers essais sont positifs. Un nouveau système plus compact, léger et autonome a été réalisé. Il va permettre la réalisation d’autres essais dans les semaines prochaines. 1 Rebecca A, Williams et al.The psychological impact of Macular Degenration. Arch Ophtalmo 1998;116:514. 2 Dahlin I et al. Planning a health education programme for the elderly impaired personn, a focus group study. Disability and rehabilitation 1996;18(10):515.