Cancer du sein, docetaxel, neutropénie : L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a annoncé, dans un communiqué1 du 15 février en lien avec l’Institut national du cancer (InCA), qu’elle avait été informée de 6 cas d’entérocolites sur terrain neutropénique, dont 5 ont entraîné le décès de patientes de 46 à 73 ans recevant un générique du docétaxel (princeps : Taxotère®) pour cancer du sein.
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Trois cas sont survenus en août 2016, les deux autres en novembre 2016 et février 2017. Une enquête de pharmacovigilance est en cours, décidée par le Comité technique de pharmacovigilance (CTPV) de l’ANSM le 13 septembre 2016, concernant l’ensemble des spécialités à base de docétaxel. La présentation des résultats de l’enquête est programmée au CTPV du 28 mars 2017.
Les diverses indications du docétaxel : traitement adjuvant du cancer du sein opérable associé à la doxorubicine et au cyclophosphamide, cancer du sein localement avancé ou métastasé, cancer du poumon non à petites cellules, cancer de la prostate, cancer gastrique, cancer des voies aérodigestives supérieures. Le paclitaxel peut être une alternative au docétaxel. Dans une lettre aux professionnels de santé, l’ANSM rappelle que la neutropénie est l’effet indésirable le plus fréquent observé avec le docétaxel. Une prophylaxie primaire par G-CSF doit être envisagée pour atténuer le risque de complications dues à la neutropénie. L’incidence des neutropénies fébriles/neutropénies avec sepsis peut également augmenter chez les patientes traitées par le trastuzumab associé au docétaxel vs le docétaxel seul. De ce fait, la surveillance biologique de la numération formule sanguine est le plus souvent recommandée chez tou(te)s les patient(e)s recevant du docétaxel.
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5 décès, pourquoi ?
En présence d’une neutropénie fébrile et/ou d’une infection neutropénique, il est recommandé une réduction de dose de docétaxel à 60 mg/m 2 (posologie initiale recommandée : 75 mg/m2) pour tous les cycles ultérieurs Le docétaxel est contre-indiqué aux patients dont le nombre initial de neutrophiles est inférieur à 1 500/mm3. J.-M. M.
1. Communiqué du Dr Dominique Martin, directeur général de l’ANSM, et du Pr Norbert Ifrah, président de l’InCA.
Herpès génital : un vaccin aux essais Un vaccin-candidat contre l’agent de l’herpès génital montre des résultats prometteurs au cours des études précliniques sur l’animal, selon ses promoteurs, et serait proche d’entrer en essais cliniques chez l’être humain. Il s’est montré efficace sur le singe et le cobaye contre l’herpès simplex virus 2 (HSV-2). L’infection à HSV-2 est une infection sexuellement transmise (IST). Le vaccin en développement est un vaccin trivalent, qui cible trois épitopes différents du virus, notamment pour s’opposer à sa pénétration intracellulaire et favoriser sa reconnaissance par le système immunitaire. En laboratoire, on a enregistré une efficacité de 98 %, c’est-à-dire la protection des cobayes contre l’herpès génital. Le vaccin a également généré sur
le singe une réponse immune, avec une augmentation significative des anticorps spécifiques anti-HSV-2. Les promoteurs de cette recherche, une équipe de l’École de médecine de l’Université de Pennsylvanie (Dr Harvey Friedman et coll.) explorent actuellement l’annuaire des laboratoires pharmaceutiques pour entamer le développement du vaccin et engager les essais cliniques humains. D’après leurs prévisions, ces essais pourraient débuter dans 18 mois dès que sera conclu un accord de partenariat avec un laboratoire. Un vaccin efficace protégeant de l’herpès génital pourrait avoir un impact majeur sur la pandémie d’infections à VIH, estime H. Friedman, du fait que les patients qui ont des lésions d’herpès génital sont plus susceptibles de contracter une infection à VIH. La recherche d’un vaccin anti-HSV-2 a débuté il y a bien une quarantaine d’années, cela s’explique : ce virus est difficile à vacciner, notamment du fait de sa longue latence intracellulaire, ce qui lui permet d’échapper au système immunitaire entre deux poussées. Certains agents infectieux ont ainsi
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cette capacité de dormance dans l’organisme humain et de se réactiver, avec parfois des conséquences gravissimes, même chez le sujet immunocompétent. Face à ce virus, et compte tenu des tentatives ultérieures avec une faible protection sur les modèles animaux, il était nécessaire de définir plusieurs cibles antivirales, d’où un vaccin dit trivalent, et les très bons résultats actuellement constatés sur les modèles animaux. Quelque 500 millions de personnes dans le monde sont infectées par le HSV-2. Aux USA seulement un sujet sur 6 entre 15 et 49 ans est porteur d’un herpès génital. Le virus chez la femme enceinte peut contaminer l’enfant chez lequel la maladie est sévère, voire létale. J.-M. M.
Source : Pr Harvey Friedman, Penn Institute for Immunology, University of Pennsylvania Perelman School of Medicine, Philadelphia. Détails parus on line le 19/1/2017 dans PLOS Pathogens.