Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature

Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature

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Pour citer cet article : Maumy L, et al. Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature. Bull Cancer (2019), https://doi.org/10.1016/j.bulcan.2019.08.009 Bull Cancer 2019; //: ///

Synthèse

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Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature Louise Maumy 1, Guillaume Harrissart 1, Pauline Dewaele 1, Ahmed Aljaber 1, Claire Bonneau 1,2, Roman Rouzier 1,2, Antoine Eliès 1

Reçu le 8 mars 2019 Accepté le 9 août 2019 Disponible sur internet le :

1. Institut Curie, PSL Research University, département d'oncologie chirurgicale, 35, rue Dailly, 92210 Saint-Cloud, France 2. Université Versailles St-Quentin, Université Paris-Saclay, 78180 Montigny-leBretonneux, France

Correspondance : Antoine Eliès, Institut Curie, PSL Research University, département d'oncologie chirurgicale, 35, rue Dailly, 92210 Saint-Cloud, France. [email protected]

Mots clés Cancer du sein Régime Prévention secondaire Pronostic Survie

Résumé Introduction > On observe un engouement croissant pour les régimes alimentaires et leurs effets sur le pronostic du cancer. En 2014, un rapport du « World Cancer Research Fund » concernant l'alimentation et les femmes avec un antécédent de cancer du sein a été publié sans impact évident retrouvé. L'objectif de cette revue de la littérature était d'actualiser les connaissances. Méthodes > Les essais randomisés, cohortes prospectives et méta-analyses publiées entre 2012 et 2018 étudiant l'impact d'un régime alimentaire sur le risque de récidive et/ou la mortalité après cancer du sein étaient inclus afin de répondre à l'objectif. La qualité des études a été évaluée (selon les critères de la Haute Autorité de Santé), les régimes étudiés ont été catégorisés : macronutriments, micronutriments et aliments sélectifs. Résultats > Dix-huit articles ont été sélectionnés. Concernant les macronutriments, un régime pauvre en matières grasses était associé à une meilleure survie. Concernant les micronutriments, une alimentation riche en phyto-œstrogène diminuait le risque de récidive du cancer. Enfin, l'adoption d'une alimentation saine n'était pas associée à une amélioration du pronostic du cancer du sein mais à une amélioration de la survie globale et du risque de décès par maladie cardiovasculaire. Discussion > Cette revue de la littérature suggérait une influence de la nutrition sur le pronostic du cancer du sein. Néanmoins, le niveau de preuve des résultats était insuffisant pour émettre des recommandations. Un régime alimentaire sain et équilibré devrait être encouragé afin de diminuer la mortalité toutes causes confondues.

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tome xx > n8x > xx 2019 https://doi.org/10.1016/j.bulcan.2019.08.009 © 2019 Société Française du Cancer. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

BULCAN-792

Pour citer cet article : Maumy L, et al. Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature. Bull Cancer (2019), https://doi.org/10.1016/j.bulcan.2019.08.009

Synthèse

L. Maumy, G. Harrissart, P. Dewaele, A. Aljaber, C. Bonneau, R. Rouzier, et al.

Keywords Breast cancer Diet Secondary prevention Prognostic Survival

Summary Impact of nutrition on breast cancer mortality and risk of recurrence, a review of the evidence Introduction > There is a growing interest in diets and their effects on cancer prognosis. In 2014, a report from the World Cancer Research Fund on diet and women with a history of breast cancer did not demonstrate a major effect on breast cancer prognosis. The aim of this literature review was to provide an update of knowledge in this area. Methods > Randomized trials, prospective cohorts and meta-analyses published between 2012 and 2018 examining the impact of diet on recurrence risk and/or mortality after breast cancer were included, to achieve the objective. We evaluated study quality (according to Haute Autorité de Santé criteria) and the studied diets were categorized: macronutrients, micronutrients and selective foods. Results > We selected eighteen articles that met levels of evidence 1 to 3. For macronutrients, a low-fat diet was associated with better survival. With regard to micronutrients, a diet rich in phytœstrogen reduced the risk of cancer recurrence. Finally, the adoption of a healthy diet was not associated with an improved prognosis for breast cancer but with an improvement in overall survival and risk of death from cardiovascular disease. Discussion > This review suggests that nutrition influences the prognosis of breast cancer. Nevertheless, the level of evidence of the results was insufficient to make recommendations. Ultimately, a healthy and balanced diet could be encouraged in order to reduce global mortality.

Introduction

2

Le cancer du sein est le premier cancer chez la femme à travers le monde. L'incidence annuelle, standardisée est plus élevée en Amérique du Nord et en Europe occidentale (91 cas pour 100 000 habitants) qu'en Asie du Sud Est (27 cas pour 100 000 femmes) [1]. C'est notamment l'incidence du cancer du sein découvert après la ménopause qui est plus faible en Asie qu'en Occident. Des auteurs ont observé une augmentation de l'incidence du cancer du sein chez les Japonaises ayant émigré aux États-Unis dans les années 1990, indiquant le rôle probable du mode de vie occidental [2]. Ces dernières décennies, certains pays d'Asie ont adopté un mode de vie plus occidental ; cela coïncide avec une augmentation récente de l'incidence du cancer du sein [1]. Ainsi le lien entre cancer du sein, mode vie et habitude alimentaire est établi depuis longtemps : la revue du « Continuous Update Project of the World Cancer Research Fund International » a retenu deux facteurs de risque de cancer du sein : l'obésité, la consommation d'alcool ; et un facteur protecteur : l'activité physique [3]. Grâce à un diagnostic précoce et une amélioration de la prise en charge, de plus en plus de femmes vivent avec un antécédent de cancer du sein. Le taux de survie à cinq ans pour les stades I et II est de 87 % [4]. La littérature anglophone utilise le terme de « Breast cancer survivors » (BCS), à savoir les personnes ayant terminé leur traitement et aspirant au retour à une vie normale avec un risque faible de récidive ou vivant de manière chronique avec leur maladie [5]. Au cours de la prise en charge du cancer, les femmes sollicitent le corps médical concernant l'influence de

leurs habitudes de vie sur le risque de récidive de cancer et de mortalité [6]. Il existe depuis quelques années un engouement pour les régimes alimentaires restrictifs et le jeûne. De plus en plus d'auteurs s'intéressent à ce sujet. Les experts du réseau National Alimentation Cancer Recherche (NACRe) ont publié un rapport en 2017 [7] établissant qu'en prévention primaire et secondaire, il n'est pas possible de conclure à un effet bénéfique ou délétère des régimes sur l'évolution du cancer du sein. Cependant, les résultats portaient sur l'impact de régimes spécifiques sur l'ensemble des cancers. En 2014, le programme de recherche « Continuous Update Project of the World Cancer Research Fund International » s'est intéressé à l'association entre la nutrition, l'activité physique et le pronostic des patientes en rémission d'un cancer du sein. Ce groupe de recherche a établi un rapport à partir des revues de la littérature et des méta-analyses publiées sur le sujet jusqu'en juin 2012 [8]. D'après les auteurs, le niveau de preuve des études était insuffisant pour rédiger des recommandations. Néanmoins, il existerait une association entre poids, activité physique, alimentation riche en fibres et soja, pauvre en graisses et la survie après cancer du sein. Cette revue a pour objectif d'étudier l'association entre les régimes alimentaires après le diagnostic de cancer du sein (macronutriments, micronutriments, régimes sélectifs) et le risque de récidive, la mortalité toutes causes et la mortalité en lien avec le cancer du sein dans la littérature de 2012 à 2018.

Méthodes Les critères d'inclusions étaient les suivants : essai randomisé, cohorte prospective ou méta-analyse, publiées entre

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Pour citer cet article : Maumy L, et al. Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature. Bull Cancer (2019), https://doi.org/10.1016/j.bulcan.2019.08.009

juin 2012 et décembre 2018, étudiant le lien entre un régime alimentaire et la mortalité toutes causes, la mortalité liée au cancer du sein ou le risque de récidive après cancer du sein. La date de juin 2012 a été choisie car l'article permet une actualisation du rapport américain WCRF « Diet, nutrition, physical activity and breast cancer survivors » [8]. Tous les types de régime alimentaire ont été recherchés pour cette revue de la littérature. Le moteur de recherche de données bibliographiques Pubmed a été utilisé dans le but de recenser l'ensemble des travaux sur le sujet. Les mots clés MeSH (Medical Subject Headings) « breast neoplasma » ET (« diet » OU « nutrition ») ET (« mortality » OU « mortality all-cause » OU « specific breastcancer mortality ») OU (« recurrence ») ont été utilisés pour la recherche. Quatre relecteurs ont indépendamment examiné les

articles. Sur la base du titre et du résumé, 736 articles ont été exclus (figure 1). Il était mentionné si un article sélectionné de manière individuelle, était par ailleurs inclus dans une métaanalyse. Au total, 18 articles ont été retenus et classés selon les niveaux de preuves HAS (figure 2). Les articles ont été regroupés en trois catégories selon le type d'ingestats étudiés : les macronutriments regroupaient les glucides, protéines et lipides ; les micronutriments incluaient les phyto-œstrogènes, la vitamine D, la vitamine C et les folates ; enfin, les régimes sélectifs comportaient les régimes riches en fruits et légumes, les régimes sains (healthy food), les régimes basés sur l'Indice Inflammatoire Alimentaire, les apports en viandes grillées et en produits laitiers. Le mécanisme d'action des différents types d'ingestats était rappelé.

Synthèse

Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature

Figure 1 Diagramme des études sélectionnées

Figure 2

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Grade des recommandations selon la Haute Autorité de Santé

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2 Mortalité : HR = 0,95 [IC 95 % : 0,77–1,17] ; p = 0,17 HR = 0,85 [IC 95 % : 0,68–1,05] ; p = 0,044 HR = 1,09 [IC 95 % : 0,87–1,37] ; p = 0,44 Récidive : HR = 0,84 [IC 95 % : 0,69–1,03] HR = 0,78 [IC95 % : 0,63-0,95] ; p = 0,003 HR = 1,20 [IC 95 % : 0,97–1,49] ; p = 0,08 Régime hyper protéiné Totales Protéines animales Protéines végétales Récidive Mortalité par cancer du sein Holmes et al., 2017 [13] Riche en protéines

HR : hazard ratio ; IC : intervalle de confiance.

6348

Chlebowski et al., 2017 [21] Pauvre en graisses

Cohorte prospective

2 Survie globale : HR = 0,82 [IC 95 % : 0,70–0,96] ; p = 0,01 Mortalité par cancer du sein : HR = 0,91 [IC 95 % : 0,72–1,15] Réduction de 20 % des apports en graisse Survie globale Mortalité par cancer du sein 3030

2 Récidive : HR = 0,77 [IC95 % : 0,63–0,94] ; p = 0,009 Mortalité toutes causes confondues : HR = 0,83 [IC 95 % : 0,69–1,00] ; p = 0,05 Xing et al., 2014 [20] Pauvre en graisses

Cohorte prospective à partir d'un essai contrôlé randomisé

Nombres de patientes Types d'étude Études

Macronutriments et pronostic du cancer du sein

TABLEAU I

Lipides L'hypothèse a été émise que la consommation de graisses, en particulier saturées, favoriserait la croissance des cellules mammaires malignes en augmentant les œstrogènes circulants [14,15], les taux de lipoprotéines de basse densité et de cholestérol [16], en favorisant une réponse inflammatoire et en réduisant l'apoptose à la suite d'une expression génique modifiée [17,18]. L'effet sur le pronostic des cancers est plus incertain [19]. Xing et al. [20] ont réalisé une méta-analyse de trois études incluant deux essais contrôlés randomisés ainsi qu'une large cohorte prospective multicentrique. Leur publication s'intéressait à l'association entre un régime pauvre en graisses, le risque de récidive et la survie globale. Elle montrait qu'une consommation faible en graisses était associée à une réduction du risque de récidive du cancer du sein de 23 % (HR = 0,77 [IC 95 % : 0,63–0,94] ; p = 0,009) par rapport à une

Critères de jugement

Protéines L'impact de l'apport en protéines sur le cancer est débattu et diverses sources de protéines (viandes rouges, lait, protéines végétales) peuvent avoir des effets opposés sur le risque de cancer du sein [12]. Concernant la prévention secondaire, une seule étude a été retenue dans notre analyse. Holmes et al. [13] se sont intéressés à l'ingestion de protéines via un questionnaire, Food Frequency Questionnaire (FFQ), chez des femmes traitées pour un cancer du sein de stade 1 à 3. Les auteurs n'ont pas observé d'association entre une ingestion importante de protéines et la survie sans récidive (RR = 0,84 [IC 95 % : 0,69– 1,03]). Il n'a pas été mis en évidence d'association entre la prise d'acides aminés et la survie sans récidive, ni sur la survie toutes causes confondues [13].

Régime pauvre en graisse

Intervention

Résultats

Glucides Développé pour les patients épileptiques, le régime cétogène repose sur une nutrition pauvre en glucides [9]. Certains auteurs se sont intéressés à l'effet du régime cétogène sur la croissance tumorale [10]. Le rationnel du régime cétogène reposerait sur la diminution de l'absorption des glucides compensée par des apports élevés en graisses insaturées, ce qui peut entraîner l'inanition et l'apoptose des cellules cancéreuses, tout en augmentant les niveaux de corps cétoniques disponibles pour la production d'énergie dans les cellules normales, mais pas dans les cellules tumorales qui présentent une phosphorylation oxydante prétendument régulée à la baisse [11]. Aucune étude étudiant l'association entre l'ingestion de glucide, l'index glycémique ou le régime cétogène et la récidive du cancer du sein ou la mortalité n'a été retenue. Les auteurs du rapport américain [8], n'avaient pas mis en évidence d'association significative entre les apports de glucides et le pronostic du cancer du sein.

Récidive Mortalité toutes causes confondues

Les résultats sont présentés dans le tableau I.

9966

Macronutriments

Méta-analyse de 2 essais contrôlés randomisés et 1 cohorte prospective multicentrique

Grade

Résultats

Régimes

Synthèse

L. Maumy, G. Harrissart, P. Dewaele, A. Aljaber, C. Bonneau, R. Rouzier, et al.

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Micronutriments Les résultats et les modalités de chaque régime étudié sont présentés dans le tableau II. Phyto-œstrogène, isoflavone On regroupe sous le terme de « phyto-œstrogènes » des molécules végétales dont la structure est comparable à celle de 17beta-œstradiol. Les phyto-œstrogènes se lient aux récepteurs des œstrogènes. L'effet de cette fixation fait l'objet de nombreuses recherches. Les isoflavones de soja sont les phytoœstrogènes les plus répandus; ils sont essentiellement consommés en Asie. Nous avons identifié trois publications étudiant le lien entre la consommation d'isoflavones, la mortalité et le risque de récidive après cancer du sein [23–25]. En 2012, une méta-analyse incluant trois études (deux études américaines et une étude chinoise) a étudié 9 514 patientes après un diagnostic de cancer du sein pendant une durée moyenne de 7,4 ans [24]. Les auteurs ont conclu qu'une consommation d'isoflavones supérieure à 10 mg par jour était associée à une diminution du risque de récidive du cancer du sein (HR = 0,75 [IC 95 % : 0,61–0,92]). Il n'y avait pas de différence entre les deux groupes concernant la mortalité toutes causes confondues (HR = 0,87 [IC 95 % : 0,70–1,10]) et la mortalité liée au cancer du sein (HR = 0,83 [IC 95 % : 0,64–1,07]) [24]. Une méta analyse de cinq études prospectives (deux études américaines et trois études chinoises) a également conclu que la consommation de soja après un cancer du sein était associée à une diminution du risque de récidive du cancer du sein (HR = 0,79 [IC 95 % : 0,72– 0,87]), mais aussi à une baisse de la mortalité (HR = 0,85 [IC 95 % : 0,77–0,93])[25]. Au sein d'une cohorte prospective Nord-Américaine, Zhang et al. [23] ont suivi 6 235 femmes après un cancer du sein pendant une durée

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moyenne de 9,4 ans. Publiés en 2017, leurs résultats montraient qu'un apport important en isoflavones (évalué par un questionnaire alimentaire) était associé à une diminution de la mortalité uniquement chez les patientes aux antécédents de cancer du sein non hormonodépendant (HR = 0,49 [IC 95 % 0,29–0,83]). Folates Les folates, apportés essentiellement par les légumes verts, participent à la synthèse des acides nucléiques et modulent la méthylation de l'ADN. Ainsi, des interférences entre les folates et les mécanismes de la carcinogenèse sont suspectées [26]. De nombreuses recherches s'intéressent à la consommation de folates comme facteur de risque de cancer du sein [27]. En prévention secondaire, une seule publication a étudié l'association entre la consommation alimentaire en folates et le pronostic du cancer du sein. Publiée en 2015, la méta-analyse de Li et al. [28] s'intéressait aux données de cinq études prospectives. Les auteurs ont étudié le lien entre la consommation en folates et la mortalité chez 7 299 femmes aux antécédents de cancer du sein. Ils observaient une diminution de la mortalité (HR = 0,74 [IC 95 % : 0,6–0,92]) lors d'une consommation riche en folates. Vitamine D À notre connaissance, aucune étude n'a exploré l'association entre l'apport alimentaire en vitamine D (huile de foie de morue, hareng, sardine, saumon. . .) et le risque de récidive de cancer du sein. Plusieurs publications étudiaient l'association entre le taux sanguin de vitamine D et la mortalité après cancer du sein. Le taux sanguin de vitamine D dépend de nombreux facteurs comme l'exposition au soleil, ou encore la prise d'une supplémentation orale. Vitamine C La vitamine C, par ses propriétés anti-oxydantes, pourrait influencer l'évolution des cancers du sein, notamment par la neutralisation des radicaux libres. Ces dernières années, une seule équipe a travaillé sur le sujet. En 2013, Harris et al. ont étudié une cohorte suédoise de 3 504 femmes aux antécédents de cancer du sein [29]. Celles-ci ont complété un questionnaire concernant leurs habitudes alimentaires avant le diagnostic de cancer, et après le diagnostic. Dans cette étude, une consommation importante de vitamine C avant le diagnostic était associée à une diminution de la mortalité liée au cancer du sein (HR = 0,75 [IC 95 % : 0,57–0,99]). Cette différence n'était pas retrouvée concernant la consommation de vitamine C après le diagnostic de cancer (HR = 0,84 [IC 95 % : 0,71–1,00]). Afin d'étayer leurs résultats, Harris et al. [30] ont publié une métaanalyse de cinq études. Ils observaient qu'une augmentation de 100 mg/jour de vitamine C alimentaire était associée à une diminution de la mortalité toutes causes confondues après cancer du sein (HR = 0,73 [IC95 % : 0,59–0,89]).

Régimes avec aliments sélectifs Les résultats sont présentés dans le tableau III.

5

consommation élevée en graisses. Cependant, la différence n'était pas significative concernant la mortalité toutes causes confondues (HR = 0,83 [IC 95 % : 0,69–1,00] ; p = 0,05). Chlebowski et al. [21] ont analysé la mortalité globale et par cancer du sein à partir d'un essai contrôlé randomisé de la Women's Health Initiative (WHI) ; celui-ci étudiait l'impact d'un régime pauvre en graisses en prévention primaire du cancer du sein [22]. Le bras contrôle a inclus 29 294 femmes ménopausées qui poursuivaient leur régime alimentaire habituel. Le bras test a inclus 19 541 femmes ménopausées qui ont adopté un régime avec une diminution de 20 % des apports en graisses et une augmentation des apports en fruits, légumes et fibres. Leurs apports alimentaires étaient évalués par des questionnaires FFQ. Après une médiane de suivi cumulé (comprenant la période d'intervention et la surveillance post-intervention) de 16,1 ans, la mortalité globale était diminuée dans le groupe ayant le régime alimentaire pauvre en graisses (HR = 0,82 [IC 95 % : 0,70–0,96] ; p = 0,01). Il n'y avait pas de diminution de la mortalité par cancer du sein (HR = 0,91 [IC 95 % : 0,72–1,15])[21].

Synthèse

Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature

6

Synthèse

Régimes

Études

Types d'étude

Nombres de patientes

Critères de jugement

Intervention

Résultats

Grade

Phyto-œstrogène

Nechuta et al., 2012 [24]

Méta-analyse de 3 études de cohorte

9514

Mortalité toutes causes Mortalité par cancer du sein Récidive

Consommation d'Isoflavones > 10 mg/jour

Mortalité toutes causes : HR = 0,87 [IC 95 % : 0,70–1,10] Mortalité par cancer du sein : HR = 0,83 [IC 95 % : 0,64–1,07] Récidive : HR = 0,75 [IC 95 % : 0,61–0,92]

2

Phyto-œstrogène

Chi et al., 2013 [25]

Méta-analyse de 5 études de cohorte

11206

Mortalité toutes causes Récidive

Régimes riches en Soja

Mortalité toutes causes : HR = 0,85 [IC 95 % : 0,77–0,93] Récidive : HR = 0,79 [IC 95 % : 0,72–0,87])

2

Phyto-œstrogène

Zhang et al., 2017 [23]

Cohorte prospective (USA, Canada et Australie)

6235

Mortalité toutes causes

Régime riche en isoflavone (quartile le plus élevé versus le plus faible), 1,5 vs < 0,3 mg/j

Mortalité toutes causes : HR = 0,79 [IC 95 % : 0,64–0,97] ; p = 0,01 Mortalité chez les femmes ayant une tumeur RH négatif : HR 0,49 [IC 95 % : 0,29–0,83] p = 0,005

3

Folates

Li et al., 2015 [28]

Méta-analyse de 5 cohortes

7299

Mortalité toutes causes

Alimentation riche en folates

Mortalité : HR : 0,74 [IC 95 % : 0,6–0,92])

2

Vitamine C

Harris et al., 2013 [29]

Cohorte prospective suédoise

3504

Mortalité toutes causes Mortalité par cancer du sein

Consommation importante de vitamine C (avant le diagnostic)

Mortalité toutes causes : HR = 0,84 [IC 95 % : 0,71–1,00] ; p = 0,08 Mortalité par cancer du sein : HR = 0,75 [IC 95 % : 0,57–0,99] ; p = 0,03

3

Vitamine C

Harris et al., 2014 [30]

Méta-analyse de cinq études

6521

Mortalité toutes causes Mortalité par cancer du sein

Augmentation de 100 mg/jour de Vitamine C alimentaire

Mortalité toutes causes : HR = 0,73 [IC 95 % : 0,59–0,89] Mortalité par cancer du sein : HR = 0,78 [IC 95 % : 0,64–0,94]

2

HR : hazard ratio ; IC : intervalle de confiance.

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Micronutriments et pronostic du cancer du sein

L. Maumy, G. Harrissart, P. Dewaele, A. Aljaber, C. Bonneau, R. Rouzier, et al.

TABLEAU II

TABLEAU III Études

Types d'étude

Nombres de patientes

Légumes/Fruits seuls, fruits et légumes, légumes crucifères

Peng et al., 2017 [34]

Méta-analyse 12 cohortes prospectives

52962

Régimes sains

Mc Cullough et al., 2016 [36]

Cohorte prospective

Régimes sains

Izano et al., 2013 [37]

Régimes sains

Résultats

Grade

Mortalité : Fruits et légumes Globale Liée au cancer du sein Récidive

Pas de différence sur les différents types de régimes (Légumes seuls, légumes crucifères, fruits seuls) pour les 3 critères de jugement

3

4452

Mortalité : Liée au cancer du sein Liée à une MCV Par autres causes

Qualité de l'alimentation mesurée par un score

Pas de différence sur la mortalité liée au cancer du sein ou à une MCV Décès par autres causes : RR = 0,78 [IC 95 % : 0,56–1,07] ; p = 0,03

2

Cohorte prospective

4103

Mortalité : Liée au cancer du sein Non liée au cancer du sein

Qualité de l'alimentation mesurée via les scores DASH et l'AHEI-2010

Pas de différence sur la mortalité par cancer du sein. Mortalité non liée au cancer du sein ; RR = 0,72 [IC 95 % : 0,53–0,99] ; p = 0,03 pour DASH-RR = 0,57 [IC 95 % : 0,42–0,77] ; p < 0,0001 pour AHEI-2010

2

Georges et al., 2014 [38]

Cohorte prospective

2137

Mortalité : Globale Cancer du sein Non liée au cancer du sein

Qualité de l'alimentation mesurée via le score HEI-2005

Mortalité globale HR= 0,74 [IC 95 % : 0,55–0,99] ; p = 0,043 Mortalité non liée au cancer du sein HR = 0,58 [IC 95 % : 0,38–0,87] p = 0,011

2

Jeûne nocturne

Marinac et al., 2016 [39]

Cohorte prospective

2413

Récidive Durée de jeûne Mortalité : nocturne < 13 h/ Globale nuit ou > 13 h/nuit. Liée au cancer du sein

Récidive : HR = 1,36 [IC 95 % : 1,05–1,76] Pas de différence sur les 2 autres critères de jugement

3

Régimes inflammatoires

Jang et al., 2018 [43]

Cohorte prospective

530

Récidive HR = 2,347 [IC 95 % : 1,17–4,71] ; p = 0,019 Mortalité toutes causes confondues HR = 3,049 [IC 95 % : 1,08–8,83] ; p = 0,041

3

Régimes inflammatoires

Zheng et al., 2018 [44]

Cohorte prospective

2150

Mortalité : Alimentation antiGlobale inflammatoire Liée au cancer du sein Par MCV

Mortalité : Globale : pas de différence Liée au cancer du sein : pas de différence Par MCV : HR = 0,44 [IC95 % : 0,24–0,82] ; p = 0,005

3

Viandes grillées et fumées

Parada et al., 2017 [47]

Cohorte prospective

1508

Mortalité : Apports en viandes Globale grillées Liée au cancer du sein

Mortalité Globale HR = 1,31 [IC 95 % :0,96–1,78] Liée au cancer du sein HR = 1,71 [IC 95 % : 1,00–2,92]

3

Kroenke et al., 2013 [50]

Cohorte prospective

1893

Récidive Apports importants Mortalité : de produits laitiers Globale Liée au cancer du sein Non liée au cancer du sein

Ensemble des apports : pas d'association Riches en matières grasses : Récidive : HR = 1,22 [IC 95 % : 0,91–1,65] ; p = 0,18 Mortalité : Globale HR = 1,64 [IC 95 % : 1,24–2,17] ; p < 0,001 Liée au cancer du sein : HR = 1,49 [IC 95 % : 1–2,24] ; p = 0,05 Non liée au cancer du sein : HR = 1,67 [IC 95 % : 1,13–2,47] ; p = 0,007 Pauvres en matières grasses : pas d'association

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Produits laitiers riches en matières grasses

Critères de jugement

Récidive Mortalité toutes causes confondues

Intervention

IIA élevé (alimentation proinflammatoire)

ACS : American cancer society ; DASH : Dietary approaches to stop hypertension ; AHEI-2010 : Alternative healthy eating index HEI-2005 : Healthy Eating Index 2005 ; IIA : Indice inflammatoire alimentaire ; MCV : Maladie cardiovasculaire ; RR : Risque relatif ; HR : Hazard ratio, IC : Intervalle de confiance.

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Synthèse

Pour citer cet article : Maumy L, et al. Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature. Bull Cancer (2019), https://doi.org/10.1016/j.bulcan.2019.08.009

Régimes

Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature

tome xx > n8x > xx 2019

Aliments sélectifs et pronostic du cancer du sein

Pour citer cet article : Maumy L, et al. Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature. Bull Cancer (2019), https://doi.org/10.1016/j.bulcan.2019.08.009

Synthèse

L. Maumy, G. Harrissart, P. Dewaele, A. Aljaber, C. Bonneau, R. Rouzier, et al.

Fruits et légumes Des auteurs [31,32] suggèrent que les légumes interfèrent avec la carcinogénèse mammaire en inhibant la prolifération cellulaire, en induisant l'apoptose des cellules tumorales ou encore en modulant la transduction des signaux. Dans la période d'intérêt, une seule étude épidémiologique [33] et une méta-analyse en 2017 [34] ont été trouvées. En 2017, Peng et al. [34] ont publié une méta-analyse de douze cohortes prospectives (incluant l'étude de Nechuta et al. [33]) concernant 52 962 patientes entre 1999 à 2013. La moitié de cet échantillon était issue de l'étude de Sauvaget et al. [35] et incluait des femmes avec tous types de cancers. Quatre types de régimes étaient évalués : légumes seuls, fruits et légumes, légumes crucifères et fruits seuls. Les médianes de suivi allaient de 3 à 18 ans. Les apports alimentaires étaient majoritairement évalués par un questionnaire FFQ. Aucune association entre apports de légumes, ou fruits et légumes associés, ou légumes crucifères, ou fruits seuls, et mortalité globale ou liée au cancer du sein ou récidive de cancer du sein n'a été observé [34].

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Alimentation saine (« healthy food ») Mc Cullough et al. [36] ont étudié l'impact de l'observance des recommandations nutritionnelles de l'American Cancer Society chez des patientes aux antécédents de cancer du sein. Initialement, ces recommandations ont été éditées en prévention primaire des cancers. Quatre mille quatre cent quarante-deux femmes ont participé à cette cohorte prospective à partir de 1992. Un score en neuf points était calculé en fonction de la concordance de leur régime alimentaire avec les recommandations (un score bas correspondant à un régime peu concordant). Avec une moyenne de suivi de 9,8 ans, un score nutritionnel bas n'était pas associé à un sur-risque de mortalité liée au cancer du sein (RR = 1,44 [IC 95 % : 0,90–2,30]), ni à un sur-risque de maladie cardiovasculaire. Cependant, un score élevé était associé à un risque plus faible de décès par autres causes (RR = 0,78 [IC 95 % : 0,56–1,07] ; p = 0,03). En 2013, l'étude d'Izano et al. [37] évaluait l'association entre les scores « Dietary Approaches to Stop Hypertension ; DASH » et « Alternative Healthy Eating Index 2010 ; AHEI 2010 », la mortalité par cancer du sein et la mortalité globale. Cette cohorte prospective a étudié 4103 patientes avec un cancer du sein stade I à III entre 1980 à 2003. Les résultats ne montraient aucune association entre les scores nutritionnels et la mortalité liée au cancer du sein [37]. L'adhésion aux régimes DASH et AHEI-2010 était associée à une diminution significative de la mortalité non liée au cancer du sein. (RR = 0,72 [IC 95 % : 0,53–0,99] ; p = 0,03 pour le régime DASH, et RR = 0,57 [IC 95 % : 0,42– 0,77] ; p < 0,0001 pour AHEI-2010). L'étude de George et al. [38] en 2014 a inclus 2137 femmes ménopausées ayant eu un cancer du sein, issues de la cohorte WHI. À partir du questionnaire FFQ, un index de qualité nutritionnel était calculé « Healthy Eating Index ; HEI-2005 ». Avec une médiane de suivi de 9,6 ans, les

patientes avec une alimentation de meilleure qualité (HEI2005 élevé) avaient un risque plus faible de décès toutes causes confondues (HR = 0,74 [IC 95 % : 0,55–0,99] ; p = 0,043) et de décès non lié au cancer du sein (HR = 0,58 [IC 95 % : 0,38–0,87] ; p = 0,011). Il n'a pas été observé d'association entre un score HEI-2005 élevé et le risque de décès par cancer du sein (HR = 0,91 [IC 95 % : 0,60–1,40] ; p = 0,627).

Jeûne intermittent Certaines études animales ont observé une réduction de la croissance tumorale et une augmentation de la survie en lien avec le jeûne intermittent [7]. Marinac et al. [39] ont étudié le jeûne nocturne (jeûne entre la prise alimentaire du soir et la première prise du lendemain) chez 2 413 femmes atteintes d'un cancer du sein non métastatique issues de la cohorte Women's Healthy Eating and Living. La durée du jeûne nocturne était estimée par des entretiens téléphoniques (rappel des 24 h) renseignés à l'inclusion, à un an et à quatre ans de suivi. Le risque de récidive était augmenté pour une durée de jeûne nocturne inférieure à 13 h/nuit (HR = 1,36 [IC 95 % : 1,05–1,76]) par rapport au groupe effectuant un jeûne nocturne de plus de 13 h/nuit.

Alimentation pro-inflammatoire et indice inflammatoire alimentaire Il existe de plus en plus d'études s'intéressant à l'effet pro ou anti-inflammatoire de certains aliments sur les cancers. L'augmentation des marqueurs de l'inflammation (CRP, interleukines) est décrite depuis longtemps lors d'un régime riche en hydrate de carbones et graisses saturées (régime alimentaire occidental), sans qu'un mécanisme ne soit décrit [40]. L'indice inflammatoire alimentaire (IIA) est une échelle évaluant le potentiel inflammatoire d'un régime [41,42]. Entre 2000 et 2017, Jang et al. [43] ont inclus 530 patientes coréennes opérées d'un cancer du sein dans une cohorte prospective. Le risque de récidive était plus élevé chez les patientes avec un IIA élevé (correspondant à un régime riche en aliments pro-inflammatoires) (HR ajusté = 2,347 [IC 95 % : 1,17–4,71] ; p = 0,019) ainsi que la mortalité globale (HR ajusté = 3,049 [IC 95 % : 1,08– 8,83] ; p = 0,041). Cependant, Zheng et al. [44] n'observaient pas d'association entre l'index E-IIA (Index inflammatoire alimentaire ajusté sur les apports énergétiques) et la mortalité par cancer du sein (HRQ1VSQ4 = 0,96 [IC 95 % : 0,62–1,49] ; p = 0,96), ni la mortalité toutes causes confondues (HRQ1VSQ4 = 0,82 [IC 95 % 0,63–1,05] ; p = 0,17). Au sein de cette cohorte prospective incluant 2150 patientes, ils observaient cependant une diminution de la mortalité cardiovasculaire en cas d'index E-IIA bas (régime anti-inflammatoire) (HR = 0,44 [IC 95 % 0,24– 0,82] ; p = 0,005).

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Pour citer cet article : Maumy L, et al. Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature. Bull Cancer (2019), https://doi.org/10.1016/j.bulcan.2019.08.009

Produits laitiers riches en matières grasses De nombreuses études concernant l'apport en produits laitiers et le cancer du sein ont été publiées. Les résultats sont, cependant, équivoques [48]. Les hypothèses concernant leurs mécanismes d'action impliquent le calcium, la vitamine D, les facteurs de croissance tels que l'insulin-like growth factors (IGF), l'acide linoléique et les œstrogènes [49]. En 2013, Kroenke et al. [50] ont étudié l'apport en produits laitiers (évalués grâce un questionnaire FFQ) chez 1 893 patientes. Avec une médiane de survie de 11,8 ans, les auteurs n'ont pas mis en évidence d'association entre la consommation de produits laitiers et le risque de récidive de cancer du sein ou la mortalité. Il existait un sur-risque de mortalité toutes causes confondues (HR = 1,39 [IC 95 % : 1,02–1,90]) ; p = 0,05) et de mortalité non liée au cancer du sein (HR = 1,54 [IC 95 % : 0,99–2,39] ; p = 0,07) lors d'une consommation importante en produits laitiers (supérieur ou égal à deux portions par jour). Au sujet de la consommation de produits laitiers riches en matières grasses, les auteurs observaient un sur-risque de mortalité par cancer du sein (HR = 1,49 [IC 95 % 1–2,24] ; p = 0,05), de mortalité toutes causes confondues (HR = 1,64 [IC 95 % : 1,24–2,17] ; p < 0,001) et de mortalité non liée au cancer du sein (HR = 1,67 [IC 95 % : 1,13–2,47] ; p = 0,007) en cas de consommation élevée de produits laitiers riches en matières grasses [50].

Discussion L'impact des facteurs environnementaux et notamment de la nutrition sur le cancer est un sujet de plus en plus étudié. Face aux nombreux ouvrages grand public, peu d'articles scientifiques, et aux niveaux de preuve limités, se sont intéressés à ce

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sujet. Depuis 2012, aucun essai contrôlé randomisé n'a étudié le lien entre le pronostic du cancer du sein et la nutrition. Les études répondant aux critères d'inclusion étaient majoritairement des cohortes prospectives et des méta-analyses. Concernant les macronutriments, Chlebowski et al. [21] observaient qu'un régime pauvre en graisses diminuait le risque de décès après cancer du sein. La méta-analyse de Xing et al. [20] confirmait ces résultats. Elle incluait les 2 seuls essais randomisés réalisés à ce jour à notre connaissance. Les résultats de ces deux essais étaient discordants. En effet, Chlebowski et al. [51] observaient que la survie sans rechute était meilleure dans le groupe intervention (HR = 0,76 [IC 95 % : 0,60–0,98] ; p = 0,034). À l'inverse, l'essai de Pierce [52] et al. ne montrait pas de différence pour la survie globale (HR = 0,91 [IC 95 % : 0,72–1,15]) ni pour la survie sans récidive (HR = 0,96 [IC 95 % : 0,80–1,14] ; p = 0,63) lors de l'adoption d'un régime pauvre en graisses. Concernant les micronutriments, une alimentation riche en soja, donc en phyto-œstrogènes, diminuait le risque de récidive du cancer du sein [24,25]. Enfin, trois cohortes prospectives observaient une meilleure survie globale et une diminution du risque de décès par maladie cardio-vasculaire lors d'un régime alimentaire sain [36–38]. Ces résultats sont en accord avec l'étude antérieure de Kwan et al., [53] qui observait une diminution de 65 % de la mortalité non liée au cancer du sein lors d'un régime alimentaire sain par rapport à un régime occidental (riche en viande rouge et transformées et en céréales raffinées) (HR = 0,35 [IC 95 % 0,17–0,73] ; p = 0,003). De nombreux biais rendaient difficile l'interprétation des résultats. L'évaluation de la nutrition par l'intermédiaire de questionnaires alimentaires standardisés est l'approche la plus rencontrée. Elle a comme inconvénient de se faire ponctuellement au cours du suivi, elle est subjective, et apprécie peu la mise en application du régime. La population est souvent hétérogène et nécessite des analyses ajustées sur les caractéristiques de la maladie (traitement, taille, grade, statut des récepteurs hormonaux). Il est parfois difficile de déterminer si l'effet observé est directement lié au régime adopté, ou s'il s'intègre dans une mode d'alimentation et de vie plus saine comprenant : perte de poids, activité physique, diminution de la consommation d'alcool et de tabac. Ainsi, dans l'étude de Holmes et al. [54], la pratique d'une activité physique régulière chez des patientes aux antécédents de cancer du sein était corrélée à une augmentation de la survie avec une diminution du risque relatif de décès par cancer du sein (RR = 0,60 [IC 95 % : 0,40–0,89] ; p = 0,004). De même, des auteurs ont observé une augmentation du risque de récidive et de mortalité liée au cancer du sein en cas d'obésité [54,55]. L'hétérogénéité de la prise en compte de ces potentiels facteurs confondants (variations pondérales, activité physique notamment) dans les différentes études ne nous a pas permis de réaliser une synthèse de l'effet de ces facteurs confondants. Les auteurs du rapport du

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Alimentation riche en viande grillée, cuite au barbecue ou viande fumée La viande grillée, cuisinée au barbecue ou fumée est une source d'hydrocarbones aromatiques polycycliques et a été associée au cancer du sein [45]. Ainsi, en prévention primaire il est conseillé d'en limiter les apports [46]. L'étude de Parada et al. [47] est issue de la cohorte Long Island Breast Cancer Study Project (LIBCSP) portant sur 1 508 patientes prises en charge pour un cancer du sein invasif ou in situ en 1996 et 1997. La consommation de viande grillée, cuite au barbecue ou fumée (porc, agneau, bœuf, volaille et poisson) était évaluée par un questionnaire. Concernant l'association entre la consommation de viande grillée et la mortalité toutes causes confondues, un apport riche en viande grillée ou fumée n'augmentait pas le risque de mortalité globale (HR = 1,31 [IC 95 % : 0,96–1,78]), ni le risque de mortalité liée au cancer du sein (HR = 1,71 [IC 95 % : 1,00–2,92]). Cependant, on observait une diminution de risque de mortalité liée au cancer du sein (HR = 0,55 [IC 95 % : 0,31– 0,97]) chez les femmes consommant de la volaille fumée et du poisson.

Synthèse

Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature

Pour citer cet article : Maumy L, et al. Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature. Bull Cancer (2019), https://doi.org/10.1016/j.bulcan.2019.08.009

Synthèse

L. Maumy, G. Harrissart, P. Dewaele, A. Aljaber, C. Bonneau, R. Rouzier, et al.

WCRF décrivaient les mêmes limites [8]. Les études de cohorte présentes dans la littérature ne permettent malheureusement pas de s'affranchir de ces biais possibles. Les sociétés savantes telles que American Cancer Society (ACS) et World Cancer Research Fund/American Institute for Cancer Research (WCRF/AICR) ont conclu à un niveau de preuve insuffisant pour établir des recommandations et conseillent de suivre les recommandations en prévention primaire : avoir une alimentation saine (riche en fruits et légumes, pauvre en viandes rouges et transformées), pratiquer une activité physique régulière et avoir un poids correct [3,56]. La période suivant le diagnostic d'un cancer est propice aux changements de style de vie avec notamment 40 % des patientes qui modifient leur comportement alimentaire [57,58]. Ces patientes pourraient donc bénéficier de conseils sur l'alimentation et l'activité physique. Une alimentation saine est indispensable en prévention

des maladies cardio-vasculaires, qui reste la comorbidité la plus fréquente et la principale cause de décès non liée au cancer du sein chez les femmes âgées de plus de 50 ans aux antécédents de cancer du sein [59,60]. En 2016, Bradshaw et al. [61] ont montré que le risque de décès par maladie cardio-vasculaire était plus important chez les patientes aux antécédents de cancer du sein (HR = 1,9 [IC 95 % : 1,4–2,7]). Ainsi, la modification du mode de vie comprenant un régime alimentaire sain et la pratique d'une activité physique régulière offre de multiples bénéfices et devrait être encouragée. D'autres essais contrôlés randomisés sont nécessaires afin d'établir l'impact spécifique de chaque type d'alimentation sur le pronostic du cancer du sein. Déclaration de liens d'intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.

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Pour citer cet article : Maumy L, et al. Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature. Bull Cancer (2019), https://doi.org/10.1016/j.bulcan.2019.08.009

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Synthèse

Impact des régimes alimentaires sur la mortalité et le risque de récidive de cancer du sein : revue de la littérature