Influence de la fixation par 2 vis ou 3 vis sur la consolidation des arthrodèses tibio-taliennes sous arthroscopie : étude radiographique comparative à propos de 111 cas

Influence de la fixation par 2 vis ou 3 vis sur la consolidation des arthrodèses tibio-taliennes sous arthroscopie : étude radiographique comparative à propos de 111 cas

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Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 102 (2016) 480–486

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Mémoire original

Influence de la fixation par 2 vis ou 3 vis sur la consolidation des arthrodèses tibio-taliennes sous arthroscopie : étude radiographique comparative à propos de 111 cas夽 Influence of fixation with two vs. three screws on union of arthroscopic tibio-talar arthrodesis: Comparative radiographic study of 111 cases T. Goetzmann ∗ , D. Molé , S. Jullion , O. Roche , F. Sirveaux , A. Jacquot Centre chirurgical Emile-Gallé, 49, rue Hermite, 54000 Nancy, France

i n f o

a r t i c l e

Historique de l’article : ´ 2015 Rec¸u le 17 fevrier Accepté le 8 avril 2016 Mots clés : Arthroscopie Cheville Arthrodèse

r é s u m é Introduction. – L’arthrodèse de cheville constitue un traitement de choix des arthropathies tibio-taliennes évoluées, résistantes au traitement médical. L’arthroscopie permet de minimiser l’effraction des tissus mous, avec une efficacité similaire aux techniques à ciel ouvert. Les taux de consolidation rapportés dans la littérature varient de 85 % à 100 %. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’incidence sur la consolidation du nombre de vis utilisées pour la fixation de ces arthrodèses. L’hypothèse de ce travail était que la fixation par 3 vis améliorait le taux de consolidation des arthrodèses tibio-taliennes sous arthroscopie par rapport à la fixation par 2 vis. Matériel et méthode. – Dans cette étude rétrospective comparative monocentrique, les dossiers de 111 chevilles arthrodèsées sous arthroscopie entre février 1994 et octobre 2012 ont été analysés. Soixante-quinze arthrodèses étaient fixées par 2 vis (groupe A) contre 36 par 3 vis (groupe B). La consolidation était évaluée sur les radiographies à 2 mois, 6 mois et 1 an postopératoires. Résultats. – L’âge moyen au moment de l’intervention était de 55,8 ans. À 1 an postopératoire, 87,4 % des arthrodèses étaient consolidées. On retrouvait 16 % de pseudarthrodèse dans le groupe A contre 5,6 % dans le groupe B. La consolidation de la gouttière malléolaire médiale était significativement supérieure dans le groupe B, à 6 mois pour la malléole médiale et à 1 an pour la malléole latérale. Discussion. – Les résultats de notre étude sont en faveur d’une fixation des arthrodèses tibio-taliennes sous arthroscopie par 3 vis. L’adjonction d’une troisième vis semble diminuer le taux de pseudarthrodèse, et améliore la vitesse de consolidation, en augmentant la stabilité du montage. Niveau de preuve. – Niveau IV, étude rétrospective. ´ ´ es. © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserv

1. Introduction L’atteinte articulaire tibio-talienne se distingue des autres articulations par son origine post-traumatique prédominante (70 à 78 %) [1–3]. L’arthrodèse tibio-talienne a prouvé son efficacité et sa fiabilité dans le traitement des formes évoluées résistantes au traitement médical [4,5]. Les techniques traditionnelles

DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/j.otsr.2016.03.015. 夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc¸aise de cet article, mais celle de l’article original paru dans Orthopaedics & Traumatology: Surgery & Research, en utilisant le DOI ci-dessus. ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (T. Goetzmann). http://dx.doi.org/10.1016/j.rcot.2016.04.010 ´ ´ 1877-0517/© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserv es.

d’arthrodèses réalisées par abord direct apportent un bénéfice en termes d’antalgie et de fonction [6–8]. Elles constituent néanmoins une nouvelle effraction des parties molles, chez des patients souvent multiopérés, au prix d’un taux de complications parfois important : pseudarthrodèses, infections et troubles cicatriciels [9–11]. C’est dans l’optique de diminuer ces complications qu’en 1983, David A. Schneider a réalisé la première arthrodèse tibiotalienne arthroscopique. Des études récentes ont rapporté une diminution de la morbidité avec la technique arthroscopique, une amélioration des suites postopératoires ainsi qu’un temps opératoire et une durée d’hospitalisation inférieure à la technique à ciel ouvert [9–11]. Les études comparatives de Meng [11], Nielsen [12] et Myerson [13] rapportent des taux de consolidation similaires à 1 an

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postopératoire entre la technique arthroscopique et à ciel ouvert, et une consolidation plus rapide en cas d’abord arthroscopique. Cette technique arthroscopique, désormais de pratique courante, ne s’affranchit pas du risque de pseudarthrodèse. Depuis 1992 [14], date de la première arthrodèse sous arthroscopie dans notre service, le mode de fixation à évolué. Cette évolution s’est faite d’un double vissage (tibio-talien, puis tibio et fibulo-talien) à une fixation par 3 vis, dans le but d’améliorer le taux de consolidation de ces arthrodèses. Notre hypothèse principale était que cette fixation par triple vissage était supérieure à la fixation par double vissage pour la consolidation des arthrodèses tibio-taliennes. Nous avons également étudié l’influence du type de fixation sur la consolidation des gouttières. Nous avons enfin évalué l’impact des antécédents chirurgicaux et du positionnement de l’arthrodèse sur le taux de consolidation.

2. Patients et méthode 2.1. Critères d’inclusions Il s’agissait d’une étude radiographique rétrospective comparative monocentrique. Le critère d’inclusion de cette étude était l’ensemble des patients opérés dans notre service d’une arthrodèse de cheville sous arthroscopie entre février 1994 et octobre 2012 (225 mois). Cette technique arthroscopique était utilisée pour toutes les arthrodèses tibio-taliennes de première intention, à l’exception des patients pour lesquels une autogreffe osseuse était nécessaire. Le critère d’exclusion était un suivi radiographique postopératoire insuffisant pour déterminer le statut de la fusion du dôme talien, au recul d’un an. Le groupe A correspondait aux arthrodèses fixées par 2 vis et réalisées entre février 1994 et janvier 2009. Le groupe B correspondait aux arthrodèses fixées par 3 vis et réalisées entre février 2009 et octobre 2012. L’ensemble de ces arthrodèses étaient réalisées par les 3 auteurs seniors (OR, FS, DM).

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Tableau 1 Caractéristiques des deux populations.

Âge moyen IMC Sexe H/F Tabagisme (%) Trouble vasculaire (%) Diabète (%) Corticothérapie (%)

2 vis

3 vis

Total

p

55,0 ± 14,1 ans 27,7 ± 4,6 50/25 28,4 % 17,6 % 6,7 % 14,9 %

57,4 ± 14,0 ans 27,0 ± 3,9 27/9 38,2 % 11,4 % 16,7 % 11,4 %

55,8 ± 14,0 ans 27,5 ± 4,4 75/33 30,6 % 15,3 % 9,9 % 13,5 %

0,38 0,41 0,37 0,31 0,41 0,10 0,63

IMC : indice de masse corporelle ; M : masculin ; F : féminin.

2.2. Série Sur la période d’inclusion, 116 patients (119 chevilles) ont été opérés dans le service d’une arthrodèse tibio-talienne de cheville sous arthroscopie. Huit patients ont été exclus du fait d’un suivi radiographique insuffisant. L’analyse portait donc sur 108 patients (111 chevilles). Les caractéristiques démographiques de la série sont rapportées dans le Tableau 1. Les groupes A et B étaient statistiquement comparables. L’étiologie principale était l’arthrose post-traumatique (81 % des chevilles) (Tableau 1). Plusieurs étiologies pouvaient être associées. Soixante et une chevilles (55 %) de cette série présentaient au moins un antécédent chirurgical, avec en moyenne 1,6 interventions précédant l’arthrodèse. Soixante-quinze arthrodèses étaient fixées par 2 vis (groupe A) et 36 arthrodèses par 3 vis (groupe B). Les étiologies n’étaient pas significativement différentes entre les groupes A et B (Tableau 2). 2.3. Technique opératoire L’intervention débutait par le temps arthroscopique, permettant l’avivement des surfaces articulaires. Il s’effectuait après distraction de l’interligne tibio-talienne (Fig. 1). L’exérèse du cartilage et l’avivement étaient réalisés à la curette et au couteau (Fig. 2). Le dôme talien, la surface articulaire tibiale et les gouttières malléolaires médiale et latérale étaient avivées.

Fig. 1. A. Système de traction par sangle. B. Installation après champage. C. Vue peropératoire (temps arthroscopique).

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Fig. 2. A et B. Aspects arthroscopiques après avivement.

Tableau 2 Étiologies préopératoires. Étiologie

Nombre

Groupe A

Groupe B

p

Post-traumatique Septique Primitive Neurologique Rhumatismale Ostéonécrose talienne Angiomatose articulaire Hémophilique

90 (81 %) 9 (8 %) 6 (5 %) 6 (5 %) 4 (3 %) 2 (2 %) 1 (1 %) 1 (1 %)

58 9 4 5 4 2 0 1

32 0 2 1 0 0 1 0

0,64 0,06 1 0,66 0,31 1 0,33 1

La consolidation était évaluée sur des clichés de cheville de face et de profil réalisés aux délais de 2 mois, 6 mois et 1 an postopératoire, par un observateur indépendant. On distinguait trois secteurs articulaires (dôme talien/tibia, gouttière médiale et gouttière latérale). La consolidation de l’arthrodèse était définie par la disparition de l’interligne articulaire entre le dôme talien et le tibia. Les taux de consolidation étaient comparés aux reculs de 2, 6 et 12 mois. La consolidation des gouttières malléolaires était également évaluée aux différents reculs. Le positionnement de l’arthrodèse était évalué sur les radiographies postopératoires, de face, par la mesure de l’angle entre l’axe du tibia et la perpendiculaire au dôme talien. Un valgus de 3◦ était considéré comme valeur normale [15]. De profil, le positionnement était évalué par la mesure de l’angle tibio-talien utilisé par Winson dont la valeur normale correspondait à 106◦ [15] (Fig. 6). Ces données étaient recueillies à l’aide du logiciel Excel (Microsoft Corporation, Redmond, États-Unis). L’analyse statistique réalisée à l’aide du logiciel Statview© (Optima, Mérignac, France) a utilisé le test de Student pour la comparaison de variables quantitatives, et le test du Chi2 pour comparaison de variables qualitatives à condition d’effectifs supérieurs à 5. Le test exact de Fisher a été utilisé en cas d’effectifs faibles pour des variables qualitatives. Le niveau de significativité était défini par p < 0,05. 3. Résultats

Fig. 3. Fixation par 2 vis : tibio-talienne médiale et tibio-talienne latérale (groupe A).

Le second temps consistait à fixer l’arthrodèse. Cette fixation se faisait par vissage percutané par vis canulées spongieuses de diamètre 7,0 mm à filetage court. Plusieurs types de vissages étaient retrouvés selon le nombre de vis. Le groupe A fixé par 2 vis associait 1 vis tibio-talienne médiale à une vis fibulo-talienne ou tibiotalienne latérale (Fig. 3 et 4) ; et le groupe B fixé par 3 vis associait 1 vis tibio-talienne médiale, 1 vis tibio-talienne latérale, et 1 vis fibulo-talienne (Fig. 5). Les suites postopératoires comportaient une immobilisation par botte en résine pendant 2 mois, et l’appui était interdit le premier mois. Les patients étaient suivis en consultation à 2 mois, 6 mois et 1 an postopératoire avec réalisation de radiographies. 2.4. Méthodes Pour chaque patient, étaient recueillis les antécédents chirurgicaux locaux, les comorbidités et les complications postopératoires.

Nous disposions de 105 dossiers radiographiques au recul de 2 mois, 104 à 6 mois et 104 à 1 an postopératoire. Le caractère consolidé ou non de l’arthrodèse était connu pour l’ensemble des malades au recul de 1 an. En revanche, le statut de consolidation des gouttières malléolaires ne pouvait être déterminé pour certains patients. Ainsi, l’analyse de la consolidation des gouttières ne portait pas sur la totalité des 111 chevilles. 3.1. Complications On rapportait 5 complications septiques postopératoires (4,5 %) au recul de 1 an. Dans 3 cas l’ablation précoce du matériel et une antibiothérapie ont permis la guérison et la consolidation de l’arthrodèse. Un cas a nécessité une amputation sur un membre neuropathique et un cas a évolué vers une pseudarthrodèse septique nécessitant une reprise par abord direct et une antibiothérapie. Nous n’avons recensé aucune complication vasculonerveuse. Ces chevilles présentaient chacune au moins un antécédent chirurgical antérieur à l’arthrodèse (100 %), contre cinquante-six des 106 chevilles sans complication (51,9 %) (p = 0,06). Cinq malades ont présenté des troubles cicatriciels mineurs régressifs sous soins locaux.

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Fig. 4. Fixation par 2 vis : tibio-talienne médiale et fibulo-talienne (groupe A).

3.2. Analyse radiographique Quatre-vingt-dix-sept chevilles étaient consolidées au recul d’un an (87,4 %). Les résultats de l’analyse sont rapportés dans le Tableau 3. Au recul d’un an, le taux de consolidation dans le groupe A était de 84,0 % contre 94,4 % pour le groupe B (p = 0,14). Le taux final de consolidation radiologique était atteint à 6 mois pour les chevilles stabilisées par 3 vis, tandis qu’il progressait entre le 6e et le 12e mois pour le groupe 2 vis (Tableau 3).

Quatorze cas de pseudarthrodèses étaient observés dans cette série (12,6 %) : douze dans le groupe A (16 %) contre 2 dans le groupe B (5,6 %). Dix pseudarthrodèses ont nécessité une reprise chirurgicale par abord direct, permettant pour chacun d’obtenir la consolidation. Quatre autres pseudarthrodèses, bien tolérées cliniquement, n’ont pas été réopérées. Douze des 14 pseudarthrodèses présentaient un ou plusieurs antécédents chirurgicaux préalables à l’arthrodèse (85,7 %), contre 49 des 97 chevilles consolidées per primam (50,5 %) (p = 0,02). Nous avons observé 20,6 % de

Fig. 5. Fixation par 3 vis (groupe B).

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Fig. 6. Mesure du positionnement de l’arthrodèse. A. De face. B. De profil.

pseudarthrodèse (7 chevilles) dans la population tabagique contre 9,1 % chez les non-fumeurs (p = 0,06). L’existence d’une déformation préopératoire, d’un diabète, d’une prise de corticothérapie, d’une surcharge pondérale, ou d’une artériopathie n’influenc¸ait pas le taux de fusion final. L’analyse de la position de fixation de ces arthrodèses n’a pas retrouvé d’incidence d’une désaxation postopératoire persistante de face et/ou de profil sur la consolidation. On rapportait une désaxation postopératoire supérieure ou égale à 5◦ dans le plan frontal pour 1 pseudarthrodèse (7,1 %) et pour 12 chevilles consolidées (12,3 %) (p = 1). Sur l’analyse radiographique de profil, on constatait une désaxation supérieure ou égale à 5◦ pour 3 pseudarthrodèses (21,4 %) contre 20 chevilles consolidées (20,6 %) (p = 1). Aucune influence de la courbe d’apprentissage n’a été retrouvée. Quatre des 37 premières arthrodèses arthroscopiques réalisées dans le service ont évolué vers la pseudarthrodèse, contre 8 sur les 38 suivantes du groupe A. 4. Discussion Notre étude a permis d’observer un pourcentage de consolidation de 84 % dans le groupe de fixation par 2 vis contre 94,4 % dans le groupe 3 vis. Cette différence observée semble confirmer

l’hypothèse que l’ajout d’une troisième vis améliorerait le taux de consolidation, bien que cette différence ne soit pas significative en raison d’effectifs trop faibles (p = 0,14). D’après l’étude de puissance, il aurait fallu inclure 264 malades pour que cette différence soit significative avec un risque alpha de 5 % et une puissance de 80 %. La consolidation était plus rapide pour le groupe de fixation par 3 vis, ce qui concordait avec les données rapportées dans la littérature. L’étude biomécanique d’Ogilvie-Harris et al. [16] rapportait une compression et une résistance en torsion supérieure avec un montage à 3 vis comparé à une fixation par 2 vis. Alonso-Vazquez et al. [17], en 2004, ont bien démontré la supériorité du triple vissage sur le vissage double en termes de stabilité. Yoshimura et al. [18] ont comparé les délais de consolidation de 4 montages différents par vissage et retrouvaient un taux de consolidation statistiquement supérieur en cas d’utilisation de 3 vis. Cette étude présentait certaines limites méthodologiques. La courbe d’apprentissage de cette technique arthroscopique, incluse dans le groupe A, était à risque de biais. Néanmoins, le taux de pseudarthrodèse rapporté pour les premiers patients n’était pas plus élevé. Le caractère rétrospectif exposait à la difficulté de recueil des radiographies, certains clichés étant manquants aux différents reculs. Cela n’avait pas de conséquence sur l’analyse du taux de consolidation à 1 an, le statut étant connu pour chaque patient à ce délai. Seules les analyses de la vitesse de fusion et de la

Tableau 3 Taux de consolidation des différents secteurs articulaires aux différents délais. Fusion 2 mois Dôme talien/tibia (C/NC) Gouttière malléolaire interne (C/NC) Gouttière malléolaire externe (C/NC) 6 mois Dôme talien/tibia (C/NC) Gouttière malléolaire interne (C/NC) Gouttière malléolaire externe (C/NC) 1 an Dôme talien/tibia (C/NC) Gouttière malléolaire interne (C/NC) Gouttière malléolaire externe (C/NC)

2 vis (groupe A)

3 vis (groupe B)

p

60 % (42/28) 5,5 % (4/69) 1,3 % (1/74)

71,4 % (25/10) 16,7 % (6/30) 5,6 % (2/34)

0,25 (NS) 0,08 (NS) 0,25 (NS)

76,8 % (53/16) 23,6 % (17/57) 5,3 % (4/71)

94,4 % (34/2) 48,6 % (17/18) 25,7 % (9/26)

0,03 (S) 0,01 (S) 0,01 (S)

84,0 % (63/12) 52,2 % (36/33) 17,4 % (12/57)

94,4 % (34/2) 65,7 % (23/12) 37,1 % (13/22)

0,14 (NS) 0,18 (NS) 0,03 (S)

C : consolidé ; NC : non consolidé ; S : différence significative ; NS : différence non significative.

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Tableau 4 Description des différentes séries de la littérature. Séries de la littérature

Année

Nombre de chevilles

Type de fixation

Recul

Taux de consolidation (%)

Bresler et al. [14] Crosby et al. [19] Symposium de la SFA Zvijac et al. [21] Pierre et al. [22] Ferkel et al. [23] Winson et al. [15] Collman et al. [24] Gougoulias et al. [25] Nielsen et al. [12] Dannawi et al. [26] Notre série

1994 1996 1998 2002 2003 2005 2005 2006 2007 2008 2010 2015

7 42 116 21 20 35 105 39 78 58 55 111

2 vis en croix 2 vis en croix 2 vis ou fixateur externe 2 vis en croix 2 vis en croix 2 vis en croix 2 vis parallèles médiales 2 vis en croix 2 ou 3 vis parallèles 2 vis parallèles 2 vis parallèles 2 ou 3 vis en croix

14 semaines 27 mois – 34 mois 3,7 mois 72 mois 65 mois 20,4 mois 21,1 mois 12 mois 56,5 mois 12 mois

100 92,9 87 95,2 85 97 92,4 87,2 97,9 94,8 91 87,4

consolidation des gouttières étaient affectées par ce recueil incomplet. Le délai entre chaque contrôle radiographique successif (2, 6 et 12 mois) ne permettait pas une analyse précise de la vitesse de fusion. L’étiologie post-traumatique prédominante dans notre série (81 % des cas) s’accordait avec les différentes séries retrouvant des taux de 70 % à 78 % d’atteinte articulaire post-traumatique [1–3]. On rapportait un faible taux de complications (4,5 %), exclusivement septiques, concordant avec la série de Crosby [19] en 1996. Ce faible taux de complication est un intérêt majeur de la technique arthroscopique. Le taux de consolidation global de notre série (87,4 %) était aussi en accord avec les données de la littérature. La série de la Société franc¸aise d’arthroscopie (SFA) en 1998 retrouvait 87 % de consolidation sur une série de 116 chevilles. Dans une méta-analyse, Abicht et Roukis [20] rapportaient un taux de consolidation global de 91,4 %. L’analyse des autres séries retrouvait des taux de consolidation allant de 85 % à 100 % (Tableau 4). La consolidation de la gouttière malléolaire médiale était statistiquement supérieure en cas de fixation par 3 vis au délai de 6 mois, mais ne l’était plus à 1 an. Il nous semble que la gouttière malléolaire médiale s’intègre dans un bloc tibio-talien, en s’associant à la consolidation du dôme talien. Cette différence à 6 mois est un argument en faveur d’une meilleure stabilité du montage à 3 vis, et donc d’une progression plus rapide de la consolidation radiologique. En revanche, nous rapportons de faibles taux de consolidation de la gouttière latérale (24 %), coïncidant avec la série de Yoshimura (25 %) [18]. Le taux de consolidation de la gouttière malléolaire latérale était statistiquement supérieur en cas de fixation par 3 vis, mais était obtenue dans moins de la moitié des cas (37,1 %). Pour Winson [15] et Yoshimura [18], la consolidation de la gouttière latérale n’est pas corrélée à un meilleur résultat clinique en l’absence de lésion talo-fibulaire avérée. La présence d’un antécédent chirurgical local, notamment à ciel ouvert, semblait grevé d’un taux de complication septique et de pseudarthrodèse plus important qu’en cas d’arthrodèse sur cheville vierge de chirurgie. Le taux de pseudarthrodèse dans notre série était nettement supérieur en cas de tabagisme actif (20,6 % contre 9,1 %). En 1994, Cobb [27] a observé un risque relatif de pseudarthrodèse de 3,75 chez les fumeurs. D’autres auteurs ont aussi rapporté un risque augmenté de pseudarthrodèse dans cette population [15,28,29]. La prise d’une corticothérapie concomitante ne retentissait pas sur la fusion à 1 an postopératoire. Contrairement à Collman et à Yoshimura [18,24], nous n’avons pas observé d’incidence de l’IMC sur la consolidation. L’existence d’un diabète ou d’une artériopathie n’avait pas d’impact significatif sur la consolidation des arthrodèses dans notre série, ce qui concordait avec la série de Collman [24]. En revanche, Shibuya [30] en 2013, a rapporté un risque accru de pseudarthrodèse en cas de neuropathie diabétique avérée. Enfin, la persistance d’une désaxation postopératoire de plus de 5◦ dans le plan frontal ou sagittal ne semblait

pas associée à un risque accru de pseudarthrodèse dans notre série. 5. Conclusion La fixation des arthrodèses de cheville sous arthroscopie par 3 vis semble apporter un bénéfice par rapport au montage à 2 vis, en améliorant le taux et la vitesse de consolidation. La fréquence des antécédents chirurgicaux incite néanmoins à la prudence, du fait des risques augmentés de pseudarthrodèse et de complications, notamment septiques. La technique arthroscopique n’affranchit donc pas du risque de complications et nécessite une attention particulière aux parties molles, à la qualité de l’avivement et à la fixation. Le patient doit être informé des risques liés au tabagisme. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Buckwalter JA, Saltzman C, Brown T. The impact of osteoarthritis: implications for research. Clin Orthop Relat Res 2004;427:6–15 [Suppl]. [2] Valderrabano V, Horisberger M, Russell I, Dougall H, Hintermann B. Etiology of ankle osteoarthritis. Clin Orthop Relat Res 2009;467:1800–6. [3] Saltzman CL, Salamon ML, Blanchard GM, Huff T, Hayes A, Buckwalter JA, et al. Epidemiology of ankle arthritis: report of a consecutive series of 639 patients from a tertiary orthopaedic center. Iowa Orthop J 2005;25:44–6. [4] Haddad SL, Coetzee JC, Estok R, Fahrbach K, Banel D, Nalysnyk L. Intermediate and long-term outcomes of total ankle arthroplasty and ankle arthrodesis. A systematic review of the literature. J Bone Joint Surg Am 2007;89:1899–905. [5] Daniels TR, Younger ASE, Penner M, Wing K, Dryden PJ, Wong H, et al. Intermediate-term results of total ankle replacement and ankle arthrodesis: a COFAS multicenter study. J Bone Joint Surg Am 2014;96:135–42. [6] Gordon D, Zicker R, Cullen N, Singh D. Open ankle arthrodesis via an anterior approach. Foot Ankle Int 2013;34:386–91. [7] Smith JT, Chiodo CP, Singh SK, Wilson MG. Open ankle arthrodesis with a fibular-sparing technique. Foot Ankle Int 2013;34:557–62. [8] Strasser NL, Turner NS. Functional outcomes after ankle arthrodesis in elderly patients. Foot Ankle Int 2012;33:699–703. [9] O’Brien TS, Hart TS, Shereff MJ, Stone J, Johnson J. Open versus arthroscopic ankle arthrodesis: a comparative study. Foot Ankle Int 1999;20:368–74. [10] Townshend D, Di Silvestro M, Krause F, Penner M, Younger A, Glazebrook M, et al. Arthroscopic versus open ankle arthrodesis: a multicenter comparative case series. J Bone Joint Surg Am 2013;16(95):98–102. [11] Meng Q, Yu T, Yu L, Zhao X, Qi C. Effectiveness comparison between arthroscopic and open ankle arthrodeses. Zhongguo Xiu Fu Chong Jian Wai Ke Za Zhi 2013;27:288–91. [12] Nielsen KK, Linde F, Jensen NC. The outcome of arthroscopic and open surgery ankle arthrodesis. Foot Ankle Surg 2008;14:153–7. [13] Myerson MS, Quill G. Ankle arthrodesis. A comparison of an arthroscopic and an open method of treatment. Clin Orthop Relat Res 1991;268:84–95. [14] Bresler F, Molé D, Schmidt D. Tibiotalar arthrodesis under arthroscopy. Rev Chir Orthop Reparatrice Appar Mot 1994;80:744–8. [15] Winson IG, Robinson DE, Allen PE. Arthroscopic ankle arthrodesis. J Bone Joint Surg Br 2005;87:343–7. [16] Ogilvie-Harris DJ, Lieberman I, Fitsialos D. Arthroscopically assisted arthrodesis for osteoarthrotic ankles. J Bone Joint Surg Am 1993;75:1167–74.

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T. Goetzmann et al. / Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 102 (2016) 480–486

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