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Intérêt des anticorps anti-TRIM 21 Les anticorps anti-TRIM 21 sont présents dans de nombreuses maladies auto-immunes, notamment le syndrome de Sjögren, le lupus érythémateux systémique, la sclérodermie systémique, les myosites, ou encore le syndrome de Sharp. Par ailleurs, chez la femme enceinte, ils seraient prédictifs de lupus néonatal, et seraient plus fréquents au cours de la cirrhose biliaire primitive comparativement à d’autres maladies auto-immunes hépatiques.
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écouverts en 1988 par E. Ben Chetrit et al. qui travaillaient sur des sérums de patients atteints de syndrome de Sjögren, les anticorps anti-TRIM 21 ont initialement été nommés Ac anti-SS-A/Ro52. En fait, la protéine de 52 kD reconnue par ces Ac en Western-blot fait partie d’une famille de protéines caractérisées par leur extrémité N-terminale comportant trois domaines structuraux nommés Ring, B-box et Coiled coil, à l’origine du nom donné à cette famille : TRIM pour TRIpartite Motive proteins. Plus de 50 protéines de cette famille sont actuellement connues, celle découverte par Ben Chetrit étant la 21e. Cette protéine diffère des protéines SS-A/Ro60 et SS-B/La et est codée par un gène distinct. De fait, les Ac dirigés contre cette cible doivent désormais être nommés anti-TRIM 21 bien que la dénomination anti-Ro52 figure encore sur la notice de certains réactifs de dosage.
En pratique, les Ac anti-TRIM 21 font donc partie des AAN les plus fréquents (les deuxièmes après les anti-ADN double brin). Dans 88,5 % des cas, ils étaient associés aux anti-SSA/Ro60.
Maladies associées aux anti-TRIM 21 Les patients ayant des Ac anti-TRIM 21 et d’autres auto-Ac avaient le plus souvent un LES ou un syndrome de Sjögren, mais aussi une sclérodermie ou un syndrome de Sharp. Ceux ayant des anti-TRIM 21 isolés avaient un LES, un Sjögren ou une sclérodermie, mais aussi d’autres MAI (thrombopénie ou auto-immune, syndrome des antiphospholipides, thyroïdite auto-immune) ou des maladies non auto-immunes (notamment des accidents vasculaires cérébraux, dans plus de la
Conclusion
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Intérêt clinique des Ac anti-TRIM 21 Ces Ac sont présents dans de nombreuses maladies auto-immunes (MAI) : – syndrome de Sjögren ; – lupus érythémateux systémique (LES) ; – sclérodermie systémique ; – myosites ; – syndrome de Sharp... Deux études ont été menées par le Groupe d’étude en auto-immunité (GEAI). La première, à Dijon (21), a concerné tous les sérums reçus consécutivement pendant 1 mois pour recherche d’Ac antinucléaires (AAN). Si le titre des AAN était supérieur à 1/80e en immunofluorescence indirecte (IFI) sur HEp-2000®, une recherche de dix auto-Ac différents était effectuée par le système FIDIS™ (BMD) et les réactifs Connectiv™ 10 (BMD). Sur les 2 231 sérums positifs en AAN (titre > 1/80e), 209 avaient des Ac anti-TRIM 21 supérieurs à 30 UA/mL (9,4 %) dont 47 présentaient une réactivité anti-TRIM 21 isolée (2,1 %).
moitié des cas). Au cours du suivi des patients lupiques, les taux d’Ac anti-TRIM 21 et d’Ac antiADNdb semblaient évoluer de manière indépendante. Ces Ac ne semblent donc pas avoir d’intérêt diagnostique... ni pronostique. La seconde étude, menée à Angers (49) pendant 7 ans, sur des sérums reçus pour recherche d’AAN, a montré que, chez 67 patients avec Ac anti-TRIM 21, la pathologie associée était, dans 75 % des cas, un LES ou un syndrome de Sjögren. Dans les cas où les Ac anti-TRIM 21 étaient positifs isolément, de très nombreuses pathologies ont pu être identifiées : – syndrome de Raynaud ; – maladie de Basedow ; – angor ; – hypertension artérielle...
| Illustration des caractéristiques de dégradation du collagène qui implique une perte d’élasticité de la peau.
OptionBio | Jeudi 22 janvier 2009 | n° 411
Les Ac anti-TRIM 21 sont des auto-Ac fréquents, rarement isolés. Ils ne sont pas associés à une maladie auto-immune particulière et sont souvent rencontrés dans d’autres maladies. Toutefois, deux équipes ont montré que les Ac anti-TRIM 21 seraient, chez la femme enceinte, un marqueur prédictif de lupus néonatal, avec notamment un risque de bloc auriculo-ventriculaire chez le fœtus et le nouveau-né, mais ces cas sont rares. Certains auteurs ont aussi observé que ces Ac étaient plus fréquents au cours de la cirrhose biliaire primitive (28 %) qu’au cours d’autres MAI hépatiques et associés à des formes plus sévères. Ces données nécessitent d’être confirmées dans des études à plus large échelle. | CAROLE ÉMILE Biologiste, CH de Montfermeil (93)
[email protected] Source Communication de N.-O. Olsson lors du 5e colloque GEAI, Paris, juin 2008.