Néphrologie & Thérapeutique 8 (2012) 278–295
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Communications orales : session 2夽
Dialyse 2 CD 08
Étude prospective des facteurs de risque de mort subite chez le dialysé I. Ségalen a , U. Vinsonneau b , T. Tanquerel a , G. Quiniou c , M.-P. Guillodo d , Y. Le Meur a a Néphrologie, dialyse, transplantation rénale, CHU La Cavale-Blanche, Brest, France b Cardiologie, HIA Clermont-Tonnerre, Brest, France c Cardiologie, clinique du Grand-Large, Brest, France d Néphrologie et d’hémodialyse, Aub Sante, Brest, France Introduction.– La mort subite est une des principales causes de décès chez les insuffisants rénaux chroniques dialysés (IRC). Le but de notre étude multicentrique prospective est de dépister les troubles du rythme (TDR), d’analyser des paramètres de rythmologie chez les IRC et de déterminer l’imputabilité de la séance de dialyse (HD) dans la genèse de ces TDR. Patients et méthodes.– Des enregistrements rythmiques de 24 heures (H) sur 12 dérivations ont été effectués grâce à des holters SpiderView chez 37 IRC de trois centres d’HD et chez un groupe contrôle (C) de 32 patients non-insuffisants rénaux ayant des facteurs de risque cardio-vasculaires (FDRCV). Nous nous sommes intéressés à l’hyperexcitabilité supra-ventriculaire (SV) et ventriculaire (V) et en particulier aux extrasystoles ventriculaires (ESV) polymorphes et à la torsade de pointe, TDR à haut risque de mort subite. Ces TDR ont été analysés sur différentes périodes : la séance de dialyse (HD), les quatre heures suivant l’HD (post-HD précoce) et les 16 dernières heures du holter (post-HD tardif). De plus, deux paramètres à l’étude en cardiologie, la variabilité sinusale (VS) qui est un reflet du système nerveux autonome et un marqueur de mort subite, et la dispersion du QT qui révèle l’inhomogénéité de repolarisation du myocarde ont été également calculés afin d’évaluer le risque de TDR ventriculaire graves. Résultats.– Les deux groupes de patients sont comparables en terme de FDRCV (hypertension artérielle chez 91,9 (IRC) vs 100 % (C), p = 0,15 ; hypertrophie ventriculaire gauche chez 73 vs 68,8 %, p = 0,4 ; diabète chez 37,8 vs 18,8 %, p = 0,07, hypercholestérolémie chez 67,6 vs 75 %, p = 0,3). Chez les IRC, les ESSV sont distribuées de
夽 Communications présentées lors de la 14e Réunion commune de la Société de néphrologie (SN) et de la Société francophone de dialyse (SFD), Genève, du 2 au 5 octobre 2012.
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manière équivalente sur les différentes périodes du holter (corrélation de Spearman à 0,01). Les IRC semblent être plus atteints de fibrillation auriculaire (FA) (13,5 % des IRC dont 40 % uniquement pendant HD vs 3,12 % de C, p = 0,2). Les ESV monomorphes sont aussi fréquentes dans les 2 groupes (81 % chez IRC vs 77 % chez C, p = 0,48). Par contre, les ESV polymorphes sont plus souvent observées chez les IRC (32 vs 3 % chez C, p = 0,002) et réparties de manière uniforme sur chaque période du holter (corrélation de Spearman à 0,01). De plus, seuls les IRC présentent de la torsade de pointe (3 % des IRC en post-HD tardif). Grâce au holter, nous avons pu facilement analyser la VS. Elle est effondrée (inférieure à 80 msec) chez 54 % des IRC vs 26 % de C, p = 0,036. Par contre, l’analyse de la dispersion du QT n’a pas été informative. Discussion et conclusion.– Les IRC développent plus de TDR ventriculaires graves tels que les ESV polymorphes et la torsade de pointe que le groupe C. Ces TDR apparaissent pendant et après l’HD. L’HD pourrait donc déclencher ces TDR à cause de mouvements hydroélectrolytiques rapides sur une cardiopathie urémique sousjacente. Un holter de 24H semble être un examen très intéressant pour le dépistage des TDR mais aussi pour identifier les patients à risque de mort subite. En pratique courante, la VS est un outil facile et reproductible contrairement à la dispersion du QT. http://dx.doi.org/10.1016/j.nephro.2012.07.324 CD 09
Intérêt du rétrocontrôle de la volémie plasmatique dans la prévention des épisodes hypotensifs intradialytiques M. Hanoy , F. Le Roy , M.-C. Loron , M. Godin Néphrologie, dialyse, transplantation Rénale, CHU de Rouen, hôpital de Bois-Guillaume, Rouen, France Introduction.– L’hypotension intradialytique (HID) est un évènement fréquent, compliquant 20 à 30 % des séances d’hémodialyse. Les conséquences en terme de morbi-mortalité sont majeures [1]. Les EBPG proposent de multiples mesures préventives, de niveau de preuve scientifique variable [2] ; parmi elles, l’utilisation d’un outil intégré au générateur de dialyse : le rétrocontrôle de la volémie plasmatique (niveau 2). Patients et méthodes.– Une étude prospective, monocentrique a été menée chez 66 patients dialysés chroniques. L’objectif a été de comparer chez les patients présentant des HID supérieures à 20 % des séances, les résultats du rétrocontrôle de la volémie plasmatique (BVM contrôle) par rapport à l’ultrafiltration constante (UFc) sur : – la réduction des épisodes hypotensifs intradialytiques ;
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– le meilleur maintien per-dialytique des PA systolique et diastolique. Les patients étaient traités par HDF post dilution, quatre heures trois fois par semaine sur générateur 5008 (Frésénius® ), en isothermie et isonatrie. Le dialysat comportait 3 mmol/L d’acétate. Le poids sec était adapté d’après les données impédancemétriques (BCM® ). Résultats.– Parmi les 66 patients dialysés, 39, soit 59 % présentaient des HID. Les HID survenaient fréquemment (> 20 % des séances) chez 20 d’entre eux (51 %). Quatorze patients ont été inclus et ont bénéficié dans un ordre aléatoire : 12 séances en BVM contrôle et 12 séances en UFc. Les résultats sont les suivants (poids BCM = 72,8 ± 19,3 kg).
UFc
BVMc
p
Poids sec (kg)
72,5 ± 19,1
72,4 ± 18,9
NS
Prise de poids interdialytique (kg) UF séances (mL)
2,02 ± 1
1,92 ± 1,03
NS
2566 ± 928
2497 ± 1034
NS
UF réalisée > UF prévue (% séances) VSR final (%)
8,3
41,6
0,0009
86,5
85,9
NS
% HID
22,6
13,2
0,2
L’utilisation du BVMc a permis de réduire de moitié la fréquence des HID. L’outil a été bénéfique chez 11 patients sur 14 (78,5 %). Il n’a pas été observé de meilleur maintien tensionnel perdialytique en BVMc par rapport à l’UFc. Discussion et conclusion.– Les HID ont un impact négatif sur la survie des patients dialysés [1]. La réduction des HID doit donc être un impératif de soin et un critère de qualité de traitement en dialyse. Parmi les multiples options thérapeutiques et outils à notre disposition, le rétrocontrôle de la volémie plasmatique semble être efficace et supérieure à l’UFc. Références [1] Tisler A. Nephrol Dial Transplant 2003;18:2601–5. [2] EBPG 2007. Nephrol Dial Transplant 2007;22(2):ii26–44.
http://dx.doi.org/10.1016/j.nephro.2012.07.325 CD 10
Altération de la fonction ventriculaire droite chez les patients hémodialysés chroniques G. Hbali a , K. Bencheikh b , S. Lahlou a , D. Benzaroual b , W. Fadili a , M. El Hattaoui b , I. Laouad a a Néphrologie hémodialyse et transplantation rénale, centre hospitalier universitaire Med VI Marrakech, Marrakech, Maroc b Cardiologie, centre hospitalier universitaire Med VI Marrakech, Marrakech, Maroc Introduction.– Les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de mortalité chez les patients hémodialysés responsables d’environ 50 % de mortalité. Le but de notre travail est de démontrer l’impact de l’hémodialyse (HD) sur la fonction du ventricule droit (VD) ainsi que l’impact du siège de la FAV sur l’altération de la fonction VD. Patients et méthodes.– Il s’agit d’une étude transversale qui s’est étalée sur quatre mois. Nous avons inclus 110 patients dont 70 hémodialysés chroniques (30 FAV brachiale, 40 FAV radiale) et 40 patients sains (groupe témoin). Tous les patients ont bénéficié d’une échocardiographie transthoracique (ETT) conventionnelle. Nous avons analysé l’âge des patients, le sexe, la tension artérielle, la fréquence cardiaque, l’indice de masse corporelle, la durée en hémodialyse, l’antécédent de diabète, la prise médicamenteuse et le siège de la FAV. Résultats.– En ce qui concerne les données démographiques et cliniques, nous n’avons trouvé aucune différence significative entre
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les deux groupes, en dehors de la fréquence cardiaque qui était plus élevée chez les hémodialysés chroniques. Pour les indices du VD, les pressions pulmonaires étaient plus élevées chez les patients HD par rapport au contrôle (groupe contrôle 22 ± 6,FAV radiale : 39 ± 6 et FAV brachiale 42 ± 6,7 mmHg, p < 0,001). La fonction systolique était altérée dans les deux groupes comparés au contrôle et plus altérée dans le groupe FAV brachiale que dans le groupe FAV radiale. Les diamètres VD étaient dilatés dans les deux groupes de patients HD comparés au contrôle et plus dilatés dans le groupe FAV brachiale que dans le groupe FAV radiale. Nous avons trouvé une anomalie de relaxation groupe chez les HD comparés au contrôle plus marqué dans le groupe FAV brachiale. Les pressions de remplissage étaient plus élevées dans le groupe HD comparées au contrôle sans différence entre groupe FAV radiale et FAV brachiale. Discussion et conclusion.– L’altération de la fonction ventriculaire droite est notée chez les hémodialysés et elle est plus marquée en cas d’HD par FAV brachiale que par FAV radiale. Sa détection par l’ETT en particulier par le Doppler tissulaire avant son expression clinique est très intéressante. http://dx.doi.org/10.1016/j.nephro.2012.07.326 CD 11
Crampe perdialytique « revisitée » : résultats d’une enquête épidémiologique prospective P. Cluzel a , P. Picard b , B. Aublet-Cuvelier c , L. Clud a Hémodialyse, Aura Auvergne, Chamalières, France b Centre d’évaluation et de traitement de la douleur, CHU Clermont-Ferrand, hôpital G. Montpied, Clermont-Ferrand, France c Département d’information médicale, CHU Clermont-Ferrand, hôpital G. Montpied, Clermont-Ferrand, France
a
Introduction.– Les crampes survenant en cours de séance d’hémodialyse sont un évènement douloureux, retentissant sur la qualité, la sécurité, et la durée de la séance. Classiquement considérées comme d’origine musculaire et liées à une soustraction volémique trop brutale, elles restent d’une approche physiopathologique et thérapeutique empirique, au terme de l’analyse d’une littérature éparse et au niveau de preuve limité. Des observations préliminaires dans notre population d’hémodialysés et une réflexion pluridisciplinaire nous ont amenés à décrire l’épidémiologie du phénomène et à tester d’autres hypothèses pathogéniques par une large étude prospective. Patients et méthodes.– Au cours de la première quinzaine de décembre 2010, les crampes survenant en cours de séance ont été répertoriées de fac¸on prospective chez tous les patients de 16 unités de notre institution (un centre, quatre unités médicalisées et 11 antennes d’autodialyse). Pour les « crampeurs », ont été notées à chaque séance le type et l’intensité de la crampe, l’existence de crampes préalables au stade de dialyse chronique, la variation de poids et un score de douleur neuropathique (DN4). Pour l’ensemble des patients, ont été analysés le dossier clinique (diabète, artérite, neuropathie), les traitements médicamenteux (antidiabétiques, hypolipémiants, neuropsychotopes) et le bilan biologique mensuel de routine réalisé au début de la période d’étude. Les comparaisons entre « crampeurs » et « non crampeurs » ou entre séances avec et sans crampes ont fait appel à des tests non paramétriques. Résultats.– L’analyse porte sur 338 patients et 2028 séances. Des crampes ont été notées pour 64 patients 18,8 %) et 112 séances (5,5 %). Vingt-deux des 64 « crampeurs » ont eu au moins 2 séances avec crampes et 14 avaient eu des crampes avant le stade de la dialyse. Parmi les 112 séances avec crampes, le siège est aux membres inférieurs dans 85 cas, l’intensité « pas forte » dans 61 cas, avec contracture objective dans 58 cas, coexistence d’impatiences dans 15 cas et de crampes interdialytiques dans 48 cas. Le score DN4 n’est supérieur à 4 que dans quatre cas. La variation de poids est plus importante pour les séances avec crampes que sans crampes (3,5 % vs 2,5 % ; p < 0,0001). Chez les « crampeurs » par rapport aux « non