Antibiotiques (2008) 10, 219—225
MICROBIOLOGIE
La phagothérapie au XXIe siècle. Deuxième partie : expérience actuelle Bacteriophage therapy in the 21st century. Current experience. Part 2 A. Dublanchet * ` ne, centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges, France Laboratoire de microbiologie et hygie
MOTS CLÉS Bactériophage ; Phagothérapie ; Applications agroalimentaires ; Thérapeutiques expérimentales ; Cas cliniques humains
KEYWORDS Bacteriophages; Phagotherapy; Industrial applications; Experimental treatments;
Résumé Objectifs. — Faisant suite aux définitions et rappels historiques, ainsi qu’aux premiers essais thérapeutiques de la première partie de ce dossier, les résultats récents obtenus expérimentalement et occasionnellement chez l’homme sont rapportés dans cette deuxième partie. Re ´sultats. — Des données objectives rapportées dans ce travail, témoignent d’un intérêt croissant dans le monde et particulièrement Outre-Atlantique, au Canada et aux États-Unis dans d’intéressantes indications industrielles, dans la prévention des contaminations de produits alimentaires. Des applications humaines, entrevues dans la première partie, sont décrites et certains cas cliniques dans lesquels les phages ont été utilisés apparaissent très prometteurs, moyennant un certain nombre de critères à respecter. Les études expérimentales, dont certaines déjà citées, sont développées dans ce travail et fournissent des bases solides pour une application humaine ciblée. Conclusions. — La phagothérapie constitue plus qu’un espoir thérapeutique : sans se substituer pour le moment à l’antibiothérapie, elle est susceptible d’être intégrée dans des applications de prévention, de prophylaxie, d’associations aux thérapeutiques conventionnelles, et ce, grâce aux bases scientifiques établies par l’expérimentation associée aux progrès de la biologie moléculaire. # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Summary Objectives. — After historical and initial experiences, this second part of the review devoted to bacteriophages reports the most recent data obtained as being observed in experimental phagotherapeutic applications, and in clinical cases as well. Most international publications constitute scientific bases for the future of phagotherapies. Results. — An increasing interest in the world for bacteriophages has led countries like Canada and the US to develop interesting applications in the agroalimentary industries. In experimental
* 46-54, rue Céline-Robert, 94300 Vincennes, France. Adresse e-mail :
[email protected]. 1294-5501/$ — see front matter # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.antib.2008.09.001
220 Treated clinical cases; Phagic enzymes
A. Dublanchet infections in animals, success has been obtained in precise conditions and they support promise for human applications. Clinical cases are described with interesting antiinfective effects in given conditions such as in Staphylococcus aureus or Pseudomonas aeruginosa infections. Conclusion. — Phagotherapy is more than a promising therapeutic method. Even unable for the moment to replace conventional therapeutic means, it may be included in infection prevention, prophylaxis, combinations with antibiotics, thanks to current scientific bases of value and to molecular biology contribution. # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Introduction L’augmentation des infections nosocomiales, conjuguée à l’extension de plus en plus rapide de la résistance aux antibiotiques a renouvelé l’intérêt de certains chercheurs pour cette ancienne approche thérapeutique. La situation actuelle de la phagothérapie est bien différente de celle qui prévalait à ses débuts. En effet, les connaissances acquises, tant au laboratoire que dans la nature, sur les phages eux-mêmes et la relation avec leurs hôtes sont aujourd’hui très nombreuses. Toutes les données accumulées depuis des décennies assurent une meilleure approche et donnent l’opportunité de revoir la phagothérapie dans des conditions satisfaisantes. Les progrès de la biologie moléculaire permettent de vérifier, de contrôler, voire de maîtriser le rôle des phages dans la transmission des gènes non désirés. Faut-il aller jusqu’à modifier les phages pour leur transmettre des propriétés positives ? Là, s’opposent deux concepts, selon que la phagothérapie utilise des phages « naturels » ou des phages génétiquement modifiés (PGM). Ce débat mérite réflexion car il ne faut pas perdre de vue que ces virus participent depuis des millénaires à un vaste écosystème. Tout comme pour les OGM, des études préalables devront être entreprises pour évaluer l’impact dans l’environnement d’une telle utilisation. Faut-il s’inquiéter de l’introduction récente des phages dans le secteur de l’agroalimentaire ? Elle est certes encore modeste et s’appuie sur des arguments louables, mais en a-t-on bien mesuré toutes les conséquences à long terme ? Aucun débat adapté à cet enjeu ne semble avoir été engagé. La leçon de l’antibiothérapie a-t-elle été bien assimilée ?
Phagothérapie expérimentale De nombreux modèles animaux sont aujourd’hui disponibles. Il est par conséquent facile de simuler toutes sortes d’infections bactériennes et de les traiter de manière à évaluer les résultats, par comparaison avec des groupes témoin. Le regain d’intérêt pour la phagothérapie est apparu aux alentours de 2000. Comme il est impossible de prendre en compte toutes les publications concernant la phagothérapie parues depuis une dizaine d’années, seuls quelques articles récents donneront un aperçu sur les possibilités, les avancées actuelles et les nouvelles perspectives dans ce domaine. Les traitements expérimentaux par les bactériophages sont orientés par les besoins les plus urgents face aux bactéries pathogènes les plus préoccupantes ou les plus fréquemment rencontrées en milieu hospitalier : entérobactéries (Escherichia coli), mais aussi Staphylococcus aureus et
Pseudomonas aeruginosa. Les travaux ne se limitent pas à ces trois agents infectieux dominants. D’autres seront rapidement abordés, mais pour une revue plus complète, le lecteur se reportera, s’il le souhaite, à quelques références sélectionnées [1—8].
Infections à E. coli On ne sera pas surpris que les souches d’E. coli pathogènes soient celles les plus couramment concernées par des essais expérimentaux. D’une part, l’acquis des connaissances sur ces bactéries et sur leurs phages est important, et d’autre part, il s’agit de pathogènes très répandus aussi bien chez l’homme que dans le monde animal. Parmi les souches d’E. coli, le sérovar O157 : H7, a fait l’objet de deux études récentes, l’une sur le tractus intestinal de la souris [9] et deux autres sur celui des ruminants [10]. Chez la souris, l’efficacité d’un mélange de trois phages a été évaluée. Deux jours après l’introduction d’une quantité identique de bactéries dans l’estomac, certaines souris furent traitées par une dose unique de phages tandis que d’autres l’étaient par une dose quotidienne pendant neuf jours. Les phages administrés de manière répétée sont beaucoup plus efficaces qu’en une seule fois. Cependant, s’il n’y a plus de bactéries dans le colon et la partie basse de l’intestin grêle, elles persistent dans la partie haute du grêle et dans le cæcum. Dans la même étude, 24 heures après l’ingestion d’E. coli O157 : H7, deux autres phages toujours administrés per os, mais une fois par jour pendant trois jours chez la souris, éliminent complètement celle-ci à tous les niveaux y compris dans les fèces six jours après le début du traitement. En revanche, chez le veau, dans un modèle de portage rectal, les mêmes bactériophages n’ont pas été aussi efficaces. S’ils ont provoqué une diminution du nombre de bactéries introduites, leur élimination n’a pas été totale. Il apparaît donc que l’effet de la phagothérapie n’est pas le même selon les modèles utilisés. Dans le premier, chez la souris infectée, les phages paraissent plus efficaces probablement parce que, après avoir éliminé une quantité des bactéries infectieuses, le système immunitaire prend le relais. Dans un modèle de portage, les phages seraient seuls à combattre les bactéries adaptées à leur hôte, le système immunitaire restant tolérant. Cette hypothèse a été confirmée par d’autres travaux chez le poulet [11]. Dans le tiers-monde, 27 % des diarrhées infantiles sont dues à E. coli et ne relèvent pas de l’immunisation active contrairement aux diarrhées d’origine virale. Au cours de la réunion qui s’est tenue à l’Institut Pasteur de Paris le
La phagotherapie, experience actuelle 20 novembre 2007, Brüssow et al. [12] ont expliqué, quant à eux, leur objectif d’utiliser des bactériophages du type T4 pour lutter contre ces diarrhées infantiles. À partir de selles récoltées à Dhaka, Bangladesh, endroit où l’on trouve le plus de diarrhées infantiles, il a isolé des phages T4 lytiques pour E. coli responsable de ces diarrhées. Une combinaison réduite de quelques-uns de ces phages a permis de lyser in vitro plus de 80 % des souches entéropathogènes d’E. coli, mais ils ne sont pas spécifiques de pathogènes et sont capables de lyser les souches commensales. In vivo, les bactériophages sont retrouvés dans les selles quelques heures plus tard : ces résultats chez l’homme ont été observés avec un de ces bactériophages T4 administré dans de l’eau de boisson. Ces phages passent dans l’estomac et l’intestin mais in vivo, les bactéries commensales n’ont pas été affectées par le traitement. Aucun symptôme ne fut noté pendant la durée du traitement. Aucune trace de phage ne fut retrouvée dans le sang et aucune réponse immunitaire ne fut détectée. Ces observations encouragent à poursuivre l’objectif initial.
Infections à S. aureus S. aureus est un pathogène majeur responsable d’un grand nombre d’infections nosocomiales. Sa capacité à résister à de nombreux antibiotiques en fait un candidat privilégié pour la phagothérapie. Deux articles récents ont démontré que les phages protègent des souris contre une infection létale à S. aureus, aussi bien par voie intraveineuse que par voie intraperitonéale [13,14]. Plus la phagothérapie est précoce après l’infection, meilleur est le résultat. Toutefois, Capparelli et al. [14] ont montré qu’une infection chronique établie par voie intraveineuse peut être guérie après une injection unique de phages même après dix jours d’infection. Enfin, signalons un autre article dans lequel un bactériophage fût ajouté à une solution de Ringer utilisée pour le nettoyage des mains [15] : il a rapporté que le nombre de staphylocoques diminue d’un facteur 100. Le bactériophage ajouté à une crème garde son efficacité. Ces essais, certes à très faible échelle, visent clairement à initier une phagoprophylaxie en milieu hospitalier afin de diminuer l’incidence des infections nosocomiales manuportées. Il existe également des projets d’étude pour éliminer le portage nasal de S. aureus. Gageons que l’application, avant une intervention chirurgicale, de quelques gouttes dans chaque narine sera mieux acceptée que celle de mupirocine. Avec le même objectif d’éliminer les germes nosocomiaux des établissements de soin, depuis quelques mois, l’hôpital Sacré-Cœur de Montréal participe avec la firme canadienne Biophage Pharma Inc. à une étude utilisant des bactériophages dirigés contre S. aureus. Les expérimentions humaines récentes ou en cours en Europe sont très réduites. Des travaux en cours ont été présentés lors de la réunion qui s’est tenue à l’Institut Pasteur de Paris le 20 novembre 2007. Un essai témoin (semble-t-il le premier en pays de l’Ouest !) est conduit en Belgique par l’équipe de Zizi [16]. En cours depuis septembre 2007, il envisage de traiter 20 brûlés dont les plaies sont infectées par S. aureus et P. aeruginosa. La composition des suspensions de phages (deux clones antipyocyaniques et un clone antistaphylocoque) a été adaptée pour être active sur les souches locales. Les résultats préliminaires sont
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Figure 1 Photo d’une boite de bactériophages russes. Photo of a russian box of phages.
encourageants. Une autre étude en Allemagne, exposée par Rakin [17] concerne les résultats positifs du traitement de neuf infections ostéoarticulaires chroniques à S. aureus multirésistants aux antibiotiques par un produit appelé DePhag. Les résultats positifs, de cette dernière étude, sont à rapprocher de ceux de la dernière publication française sur ce sujet [18]. Au cours de la même réunion, nous avons rapporté le cas d’un traitement d’une otite externe chronique (voir encadré hors texte : traitement d’une otite externe). C’est dans une des pharmacies de Moscou qui les vendent librement, que nous nous sommes procuré des phages (Figure 1) contre S. aureus pour traiter une otite rebelle.
Traitement d’une otite externe Une jeune patiente a été examinée pour la première fois pour des séquelles d’otite chronique faisant suite à des épisodes d’otites à répétition traitées par des antibiotiques variés. Le spécialiste constatait une otorrhée et décidait de la traiter médicalement (cefpodoxime et ofloxacine) avant une intervention chirurgicale. La réparation de la membrane tympanique a été réalisée. Les suites immédiates ont été simples. Trois mois plus tard, l’otorrhée est réapparue. L’examen a été très difficile en raison de douleurs locales très vives. Le tympan était devenu inflammatoire et humide. La reprise d’une antibiothérapie locale (bacitracine) permettait une atténuation des douleurs. Pendant une année, la patiente a présenté plusieurs otorrhées traitées (ofloxacine). Lors d’une nouvelle consultation pour écoulement accompagné d’une douleur aiguë, sous anesthésie générale, un prélèvement a été fait mettant en évidence la présence en culture pure de S. aureus (pénicilline R, méthicilline-R, erythromycineR et ofloxacine-R). Malgré une antibiothérapie prescrite immédiatement, l’écoulement et la douleur persistaient, le staphylocoque était encore isolé. C’est alors qu’il a été décidé de pratiquer un examen plus précis et de faire de multiples prélèvements (membrane tympanique, revêtement cutané du conduit externe) avant l’application locale d’une suspension de
222 bactériophages active in vitro, sur le germe, en association avec la pristinamycine. Dans les 48 heures, la patiente a constaté une nette amélioration : arrêt de l’écoulement, des douleurs. Les consultations ultérieures confirmaient l’évolution favorable : absence d’otorrhée et de douleur, disparition du staphylocoque. Le traitement a été arrêté, au bout de trois mois, l’examen de l’oreille était toujours très satisfaisant.
Infections à P. aeruginosa P. aeruginosa est un autre pathogène opportuniste résistant aux antibiotiques qui provoque fréquemment des infections de la peau lésée. De tels sites infectieux sont directement accessibles à une application de bactériophages. Mais les bactériophages injectés par voies sous-cutanée, intraveineuse ou intrapéritonéale, sont aussi présents dans le sang, le foie et la rate. Chez la souris, un modèle d’infection cutanée sur blessure thermique, les bactériophages inoculés par voie intrapéritonéale protégeaient (80 % de survivants) des animaux infectés avec une dose létale de P. aeruginosa [19]. Deux cas cliniques [20] d’infection à P. aeruginosa ont confirmé l’intérêt de la phagothérapie. Il s’agissait d’une otite chronique chez un chien et les multiples traitements antibiotiques n’en venaient pas à bout. Un autre cas est celui d’une surinfection chez une personne brûlée à 50 % chez laquelle il a fallu interrompre les greffes de peau. Dans les deux cas, l’infection a été guérie, permettant de stopper tout traitement antibiotique et de reprendre les greffes de peau. Bien que relativement ancien, un article [21] relate une étude menée en Égypte sur 30 patients brûlés à divers degrés, surinfectés par P. aeruginosa et ayant été traités sans succès par tous les antibiotiques disponibles. Un traitement par les bactériophages a permis d’obtenir une rémission totale dans 20 % des cas et une nette amélioration dans un peu plus de 40 % des cas. Les 40 % restants n’ont montré que peu ou pas d’amélioration. Les auteurs ont conclu que les bactériophages ne doivent pas être utilisés en routine pour tous les grands brûlés, mais réservés aux cas présentant une résistance aux antibiotiques. On ne peut souscrire à une telle recommandation qu’avec réserve.
Infections à Mycobacterium tuberculosis Les espèces appartenant au genre Mycobacterium ont leurs propres phages (mycobactériophages). Mais comme les mycobactéries ont une multiplication intracellulaire, un phage thérapeutique doit franchir la membrane cellulaire puis survivre dans les macrophages. Une stratégie a été empruntée à celle du cheval de Troie. Certaines espèces de mycobactéries (Mycobacterium smegmatis ou Mycobacterim kansasii) ne sont pas (ou peu) pathogènes pour l’homme. C’est en utilisant de telles mycobactéries que Broxmeyer et al. [22] ont eu l’idée d’utiliser un phage non lytique, qui produit des particules virales sans que son hôte soit lysé. Ces particules sont cependant lytiques pour M. tuberculosis. In vitro, une souche de M. smegmatis
A. Dublanchet lysogénisée par un tel phage a été inoculée à une culture cellulaire contaminée par le bacille de la tuberculose. Après avoir été phagocyté, M. smegmatis libère des phages capables de lyser M. tuberculosis. À l’issue de ces expériences, les auteurs ont réussi à éliminer toutes les souches de mycobactéries pathogènes intracellulaires. Si une telle stratégie s’avérait efficace in vivo, elle pourrait avoir un intérêt certain pour traiter les cas d’infection à germes à multiplication intracellulaire [23]. On voit aussi tout le bénéfice qu’elle présenterait sur ces bactéries, qu’elles soient résistantes ou non [24,25]. Toujours au cours de la réunion qui s’est tenue à l’Institut Pasteur de Paris le 20 novembre 2007, Bifani [26] a présenté un travail qui utilise les bactériophages, non pas pour traiter la tuberculose elle-même, mais pour diminuer son incidence en limitant sa transmission. Au cours du premier mois d’un traitement classique, M. tuberculosis persiste en grand nombre dans les poumons infectés. Des bactériophages en aérosols pourraient réduire le nombre global de bactéries et faire chuter le risque de contamination de l’entourage des malades. À partir de différentes sources, l’auteur a isolé un grand nombre de phages pour retenir ceux ayant un large spectre vis-à-vis de quelques souches cliniques de M. tuberculosis. Ayant ajouté à une culture de macrophages infectées par M. tuberculosis, un mélange de peptides (capables de pénétrer les cellules eucaryotes) et de ces phages, Bifani a montré que ceuxci après avoir été phagocytés lysent le bacille tuberculeux. L’auteur envisage de modifier le génome du phage pour qu’il puisse exprimer une protéine de capside qui porterait ce peptide en espérant que celui-ci gardera ses propriétés de pénétration.
Infections à Clostridium difficile et Bacillus anthracis Au Canada, les objectifs de Louis Charles Fortier sont d’isoler et de caractériser les phages de C. difficile afin d’approfondir les connaissances fondamentales sur ce groupe de phages méconnus. Cela permettrait de mieux comprendre leur rôle dans la virulence et l’évolution de C. difficile. Si certains phages s’avéraient lytiques, ils pourraient en outre être utilisés en phagothérapie pour traiter la colite pseudomembraneuse et/ou les portages en collectivité. Plus anecdotique, peut-être, mais riche d’enseignement la recherche sur le traitement de B. anthracis a été très intense ces dernières années. Si la bactérie du charbon qui a sévi, par voie postale, aux États-Unis après les attentats du 11 septembre, peut être détruite par des antibiotiques classiques, certains redoutent que le bioterrorisme ne réussisse à mettre au point des souches résistantes aux antibiotiques. C’est ainsi qu’une recherche a été entreprise pour combattre de telles souches. Schuch et al. [27] ont isolé une protéine, la lysine, qui détruit directement la bactérie mais aussi la spore qui est la forme du germe dans son usage en tant qu’arme bactériologique. Plus largement, le potentiel médical de lysines bactériophagiques (voir encadré) permet d’envisager des applications sous forme de vaporisateur nasal, non seulement contre une arme biologique mais aussi contre l’angine à streptocoque A, le pneumocoque, etc. . . [28]. Notons,
La phagotherapie, experience actuelle toutefois, que ce type d’enzymes n’est efficace que sur les bactéries à Gram positif [29].
Lysines bactériophagiques S. aureus, ainsi que toutes les bactéries à Gram positif, possèdent une couche épaisse de peptidoglycane qu’un phage doit être capable de lyser lorsqu’il termine son cycle infectieux afin de disperser sa descendance. Pour ce faire, le phage possède dans un gène codant pour une enzyme hydrolytique (dénommée lysine) qui présente la particularité d’être spécifique de la bactérie infectée. Chez les bactéries à Gram positif, le peptidoglycane est directement accessible à partir du milieu extérieur et certains auteurs se sont penchés sur l’utilisation de la protéine purifiée comme agent antibactérien. Les résultats sont spectaculaires. L’efficacité de ces enzymes est excellente, et bien qu’elles soient plus ou moins spécifiques, permettrait d’envisager l’utilisation de la même protéine pour lutter contre une majorité des souches d’une même espèce [30—32]. L’avantage majeur de l’utilisation d’une telle protéine est évident : il s’agit d’un produit totalement identifié et bien caractérisé dont la production peut être standardisée. En revanche, comme pour les antibiotiques, il est probable que les bactéries finissent par trouver la parade, après une modification de leur paroi qui pourrait les rendre moins réceptives. Cependant, à ce jour, aucune étude n’a montré à quelle fréquence une telle résistance pourrait émerger. Les différents articles cités ici font appel à différents modèles animaux. Ils ne sont pas encore suffisamment nombreux mais il est toutefois possible de distinguer deux situations. D’une part, les modèles d’infections par injection intraveineuse des bactéries, nécessitant une application rapide des bactériophages, et les modèles d’infections et de colonisation accessibles sans effraction. Si les modèles d’infection par voie intraveineuse ont l’avantage de démontrer que les bactériophages sont efficaces in vivo, ils se révèlent assez limitants pour d’autres études. En revanche, les modèles d’infection/colonisation présentent l’avantage de permettre des études sur des temps plus longs, mais ils ne se soldent pas toujours par l’éradication des bactéries. Il semble donc qu’il soit encore nécessaire de développer des modèles animaux, notamment d’infections chroniques, qui permettront de mieux appréhender l’efficacité des bactériophages dans des situations plus proches de celles pour lesquelles on envisage des traitements chez l’homme. Ces quelques présentations sont loin de faire la synthèse complète des nombreux travaux publiés ces dernières années. On pourra se reporter aux autres références déjà signalées [1—8].
Phagothérapie et/ou antibiothérapie ? Dans les articles récents et dans la première partie de cette revue, les auteurs qui proposent phagothérapie en réponse à l’antibiothérapie déficiente l’envisagent en tant qu’« alternative » [33—39]. . . Devant une situation d’impasse thérapeutique, ce n’est pas récemment que l’on a fait appel
223 aux bactériophages. Nous avons connu cette époque (fin des années 1980) où la phagothérapie était utilisée dans des situations désespérées [40]. Certains essais ont abouti à des échecs dont les opposants ont fait leurs arguments. Or on ne doit pas voir la phagothérapie comme une solution « miraculeuse » capable de résoudre les cas les plus difficiles. Au contraire, ne serait-il pas plus avisé d’associer les deux traitements ? En effet, nous avons toujours appris (cela reste encore valable aujourd’hui) qu’il est judicieux de réduire la masse bactérienne avant d’appliquer l’antibiothérapie. C’est ainsi que l’on incise un abcès, draine une poche collectée, nettoie un foyer. . . N’est-ce pas prendre un risque que d’appliquer un antibiotique sur une masse importante de bactéries dont certaines bactéries-filles peuvent être des mutants spontanés ayant acquis un mécanisme de résistance ? C’est aussi le même risque que l’on court avec l’application d’un bactériophage. On appelle cela la « pression de sélection ». Pour y remédier, il était préconisé dans l’une et l’autre thérapeutique d’associer plusieurs agents (antibiotiques ou phages) pour diminuer ce risque. L’association des deux thérapeutiques n’a pas d’autre objectif. On peut même faire l’hypothèse selon laquelle les phages appliqués localement auront pour rôle, dans un premier temps, de réduire la masse bactérienne. La cinétique d’action lytique des phages est rapide, « explosive » en quelques heures. Elle laisse le temps aux antibiotiques d’atteindre une concentration suffisante au niveau du foyer infectieux.
Perspectives industrielles L’industrie pharmaceutique ne paraît pas très mobilisée pour s’engager dans la phagothérapie. Si l’on s’en tient aux exigences formulées par Skurnik et al. [41] pour qu’un produit réponde aux qualités industrielles conformes aux normes de la pharmacopée, on peut concevoir ces réticences. Cette analyse a le mérite d’exister, mais elle n’est qu’une extrapolation des règles appliquées aux médicaments. Or le bactériophage est un produit tout à fait particulier car il est partout dans la nature, à la frontière des mondes inerte et vivant. L’utilisation des phages présente des particularités très spécifiques, nécessitant une surveillance étroite qui s’accommode mal avec les habitudes prises dans l’application des antibiotiques. Si pour de multiples raisons (éthique, pharmacologique, économique, réglementaire, etc), la commercialisation des bactériophages thérapeutiques à usage médical semble encore loin d’être opérationnelle, l’intérêt d’utiliser des phages dans d’autres domaines n’a pas échappé à l’attention de certaines firmes, notamment Outre-Atlantique. C’est ainsi que le traitement de produits dérivés (viande, lait,. . .) dans le but de diminuer le niveau de contamination de ces produits [42,43] est opérationnel, approuvé par la Food and Drug Administration en 2006. La première application porte sur l’élimination du risque de contamination par les produits frais d’origine animale destinés à la consommation humaine. Il existe un produit conçu par une firme1 hollandaise ayant reçu toutes les approbations nécessaires. Il est utilisé aux 1 EBI Food SafetyNieuwe Kanaal, 7P 6709 PA, Wageningen, Netherlands.
224 États-Unis depuis que la FDA l’a reconnu comme respectant la procédure GRAS.2 Il s’agit du Listex P1001 qui est un « cocktail » de six phages dirigés contre Listeria [3—44] que l’on disperse sur les aliments avant empaquetage. Des spécialités du même genre sont en préparation en prenant pour cible cette fois Salmonella. Il existe encore et depuis plusieurs années un produit qui permet de combattre le « feu bactérien » de certaines plantes comme les arbres fruitiers mais aussi tomates et poivrons qui sont la proie de certaines bactéries. Plutôt que d’utiliser des pesticides, c’est Agriphage3 qui est préconisé. Il contient plus de 1012 PFU par litre de phages contre Xanthomonas campestris pv. vesicatoria et Pseudomonas syringae pv. tomato. Les recherches sur ce produit ont débuté en 1954, la première commercialisation date de 1990 et l’enregistrement auprès de l’EPA4 a été obtenu fin 2005. Étant donné le nombre de publications concernant d’autres domaines comme l’aquaculture [45—47,7] en pleine expansion dans le monde, peut-être verrons-nous bientôt les bassins inondés de phages.
Conclusion Il est indéniable qu’une menace concernant l’antibiothérapie se profile. Des mesures doivent être envisagées et des solutions trouvées. À l’aube du XXIe siècle, il apparaît donc opportun d’effectuer une évaluation de la phagothérapie utilisée dans certains pays de l’Europe de l’Est depuis des décennies. Certains résultats récents obtenus dans les laboratoires de recherche encouragent à le faire. Il y a aujourd’hui une dynamique aussi bien du côté médical que du côté recherche et il serait regrettable de ne pas saisir cette opportunité pour quitter la situation d’immobilisme qui a prévalu depuis quelques décennies. Les bactériophages lytiques sont les ennemis naturels des bactéries et probablement les plus efficaces. Ils représentent en quelque sorte une forme de lutte biologique. Est-ce que l’homme saura profiter de cette arme biologique ? Peuton affirmer que les bactériophages capables de lyser des bactéries in vitro seront les plus virulents in vivo ? De même faut-il rechercher ceux dont le spectre est le plus large ? Faut-il modifier les phages (PGM) et les disperser dans la nature ? Faut-il craindre que les phages isolés de l’environnement possèdent des caractéristiques « indésirables » pour les personnes traitées ? Il est encore nécessaire de mettre au point des méthodes permettant de discriminer rapidement les phages pour ne retenir que les meilleurs candidats. La biologie moderne doit permettre de progresser et de mettre à profit les extraordinaires progrès accomplis pour utiliser au mieux cette arme biologique. La réintroduction de la phagothérapie en médecine nécessitera plusieurs préalables tant en ce qui concerne sa réévaluation que sa réglementation. Il sera indispensable de convaincre les « décideurs et leaders » que cette « vieille médecine » est inefficace et non dangereuse. Il faut que des décisions réglementaires soient prises afin de cadrer au 2
GRAS : generally recognised as safe. OmniLytics, Inc. : 5450 W. Wiley Post Way, Salt Lake City, UT 84116, USA. 4 EPA : Environmental Protection Agency aux États-Unis ou agence de protection de l’environnement, a été créé le 2 décembre 1970 pour étudier et protéger la nature et la santé des Américains. 3
A. Dublanchet mieux des essais thérapeutiques chez l’homme, dans des conditions rigoureuses et non pas uniquement dans des situations compassionnelles qui sont toujours sujettes à caution. Les infections pour lesquelles le diagnostic n’est pas vital ou celles qui sont en impasse thérapeutique, pourraient être dans un premier temps un terrain pour des essais thérapeutiques témoins. Dans cette attente, rien ne remplace encore les antibiotiques tant que ceux-ci se révéleront efficaces, ce qui est encore le fait dans la grande majorité des cas. En revanche, pour les situations de résistance et à la lumière des résultats expérimentaux, l’utilisation des bactériophages peut raisonnablement être envisagée à moyen terme.
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