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aspirés par voie buccale. Aujourd’hui, l’anesthésie est donnée par le sévoflurane selon des modalités diverses [1]. Le geste chirurgical est réalisé, en France, le plus souvent sans protection des voies aériennes lors d’une « induction avortée » ou dès les premiers signes de réveil [2]. Dans ces conditions l’opérateur doit faire preuve de dextérité et de rapidité et il est quelquefois difficile d’affirmer l’absence de tissu adénoïdien encore en place ou de fragments tissulaires présents dans le cavum. La photographie ci-contre montre le produit d’aspiration nasale réalisée par l’anesthésiste après une adénoïdectomie effectuée par un praticien senior chez un enfant de deux ans, sous anesthésie générale profonde, dont les voies aériennes étaient contrôlées par un masque laryngé armé. Le plus grand des fragments mesure 15 mm de grand axe. On peut redouter que, si une toilette nasale n’avait été réalisée, ces débris tissulaires aient provoqué des complications respiratoires potentielles en phase de réveil… L’utilisation d’un masque laryngé pour l’adénoïdectomie offre des avantages certains. Pour l’anesthésiste : une ventilation manuelle facilitée, une certaine protection des voies aériennes, une aspiration soigneuse du pharynx et des fosses nasales. Pour le chirurgien : la possibilité de réaliser un toucher pharyngé afin de s’assurer que le curetage est complet ou pour écraser les reliquats, le contrôle ou le complément du geste réalisé par un médecin en formation. Malgré l’encombrement et la nécessaire adaptation de l’opérateur à la présence de ce dispositif, aucun des praticiens ORL avec qui nous collaborons depuis plusieurs années ne souhaite voir modifiée cette pratique [3]. Une intubation trachéale offre les mêmes avantages et sans doute une sécurité supérieure pour la protection des voies aériennes mais au prix d’une augmentation des complications pendant et après l’anesthésie du fait de l’hyperréactivité bronchique habituelle dans ce contexte [4].
Références [1] Bordes M, Cros AM. Induction au masque facial avec le sévoflurane chez l’enfant : le point sur les nouvelles modalités. Ann Fr Anesth Reanim 2006;25:413–6.
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[2] Laxenaire MC, Auroy Y, Clergue F, Jougla E, Lienhart A. Anesthésie des patients ambulatoires. Ann Fr Anesth Reanim 1998;18:1363–73. [3] Leclerc C, Bossard AE, Perhirin M, Paquot-Le Brun C. Masque laryngé et adénoïdectomie. Évaluation chez cent enfants. Cah Anesthesiol 2003;51: 181–4. [4] Dubreuil M, Cros AM, Boudey C, Esteben D, Milacic M. Is adenoidectomy in children safer with laryngeal mask airway or with tracheal intubation? Paediatr Anaesth 1993;3:375–8.
C. Leclerc Service de chirurgie ambulatoire, fondation de chirurgie ambulatoire, clinique de la Miséricorde, 15 Fosses Saint-Julien, 14000 Caen, France Adresse e-mail :
[email protected] (C. Leclerc). Disponible sur internet le 07 mars 2007 0750-7658/$ - see front matter © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.annfar.2007.02.007
La pollution atmosphérique entraîne-t-elle un accroissement des interventions pour affections respiratoires pour le Smur ? Does air pollution influence EMS interventions for respiratory causes? Des études épidémiologiques mettent en évidence le lien à court terme entre le taux de polluants atmosphériques mesurés et la morbidité et la mortalité respiratoires. Ce lien est surtout documenté pour l’ozone. Le dépassement des seuils de pollution atmosphérique entraîne une majoration du nombre journalier d’admissions à l’hôpital pour maladies de l’appareil respiratoire chez les plus de 15 ans [1]. Le but de l’étude a été d’évaluer le lien entre le dépassement des seuils de pollution atmosphérique et l’activité du Smur. En Île-de-France, le réseau Airparif assure la surveillance continue de la qualité de l’air et alerte le public en cas d’épisode de pollution atmosphérique. Les modalités en sont précisées par arrêté, définissant deux niveaux : information et alerte [2]. Trois polluants atmosphériques font l’objet de mesures continues sur toute la zone : le dioxyde d’azote (NO2), l’ozone (O3) et le dioxyde de soufre (SO2). Conformément à l’arrêté interpréfectoral du 12 juillet 2005, les valeurs seuils sont de : 200 μ/m3 (information) et 400 μ/m3 (alerte) pour le NO2, 180 μ/m3 (information) et 240 μ/m3 (alerte) pour l’O3, 300 μ/m3 (information) et 500 μ/m3 (alerte) pour le SO2. Il s’agit d’une étude rétrospective sur un an (décembre 2005 à novembre 2006), incluant tout patient pris en charge au cours d’une intervention primaire. Le diagnostic principal a été relevé. Le critère principal était la proportion d’affections respiratoires observées les jours où Airparif a émis une information ou une alerte, comparée aux autres jours de l’année. Les résultats ont été exprimés en pourcentages et comparés par un test du χ2. Une valeur de p < 0,05 était jugée significative.
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Au cours de la période d’étude, 2622 patients ont été inclus. Neuf dépassements des seuils d’information ont été observés : huit pour l’O3 et un pour le NO2. La proportion des affections respiratoires était alors de 20 % (n = 11), alors qu’elle est de 12 % (n = 310) les autres jours de l’année (p = 0,06). Si l’on ne retient que les huit jours de pollution à l’O3, la proportion d’affections respiratoires était de 23 % (p = 0,02). Il existe donc un lien significatif entre la proportion de patients pris en charge pour une affection respiratoire et l’existence d’un dépassement des seuils de pollution à l’O3. Parmi ces 11 patients, trois présentaient un asthme (dont un patient en arrêt cardiaque), trois présentaient une décompensation d’insuffisance respiratoire chronique. Comme le reste de l’hôpital, le Smur doit s’attendre à un surcroît d’activité, en particulier liée à des manifestations respiratoires lors des dépassements des seuils de pollution à l’O3. Références [1] Erpurs. Évaluation des risques de la pollution urbaine sur la santé : analyse des liens entre pollution photo-oxydante et hospitalisations pour causes respiratoires (2000–2003). Observatoire régional de santé d’Île-de-France. [2] Arrêté interpréfectoral no 2005–20656 du 12 juillet 2005 relatif à la procédure d’information et d’alerte du public en cas de pointe de pollution atmosphérique en Région d’Île-de-France.
A. Max Service d’anesthésie–réanimation–Smur, hôpital Beaujon, 100, boulevard du General-Leclerc, 92110 Clichy France S. Beaune P. Juvin Service des urgences, hôpital Beaujon, 92110 Clichy, France J. Mantz F.-X. Duchateau* Service d’anesthésie–réanimation–Smur, hôpital Beaujon, 100, boulevard du General-Leclerc, 92110 Clichy France Adresse e-mail :
[email protected] (F.-X. Duchateau). Disponible sur internet le 02 mars 2007 *Auteur
correspondant.
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Can alternative medicine alter the way we do anesthesia? La médecine alternative est-elle susceptible de modifier notre pratique de l’anesthésie ? The use of herbal medicines in the Western World is widespread, and increasing. The results of the recent study by Baillard et al. [1] clearly indicate that the use of herbal remedies is common in France, as it is the United States [2] and the authors
are right that there is a great (although greatly underappreciated) risk of potential interactions between those (mostly) plant-derived products and the drugs of anesthesia. Herbal medicines are defined as plant-derived products that are used for nutritional and/or medicinal purposes [3,4]. Herbal medicines include a wide spectrum of substances ranging from homemade teas to the national regulatory bodies-approved medicinal products. Although the general public considers herbal medicines as natural and safe (health risk-free) products, there seem to be very little (if any) scientific evidence to support this belief. Conventional medications are purified, stable compounds whose dose range is establish during clinical trials and postmarketing surveillance to accomplish a desired therapeutic effect, and to minimize side effects (drug toxicity) [2,4]. In contrast, herbal medicines are crude plant-derived products (extracts) that contain hundreds of undisclosed chemicals [4]. The pharmacologically active ingredients of plant-derived products are chemicals, which are often similar to those in purified medications, and have the same potential for serious adverse effects [2]. Blumenthal [5] reported that approximately 49% of the adult populations in the US have used an herbal remedy during the previous year. It has been estimated that 25% of all patients undergoing a surgical procedure in the Unites States are taking long-term herbal remedies. Unfortunately these plant-derived products are seldom considered by the patients to be medications, and more than 70% of patients do not reveal herbal remedies use to their physicians [2–4]. In most countries herbal and alternative remedies are regulated as foods, provided that no medicinal (therapeutic) claim is made on the label. In the United States, the Food and Drug Administration (FDA) classifies these natural products as dietary supplements [6]. The FDA cannot remove herbal medicines from the US market unless they are proven unsafe. The current US regulatory mechanism provides little assurance that commercially available herbal remedies have predictable pharmacological profile, and that product labels provide accurate information. Subsequently the potency of herbal medicines may vary from manufacturer to manufacturer [2]. Apart from interactions with medications used for general anesthesia, another concern associated with chronic ingestion of several plant-derived products is the risk of bleeding associated with regional anesthesia. Although herbal remedies, by themselves, may pose little risk for the development of spinalepidural hematoma in patients undergoing neuraxial anesthesia [7], the concurrent use of other medications affecting coagulation system, such as heparin, low molecular weight heparin, or oral anticoagulants (e.g. warfarin) may increase the risk of bleeding complications in these patients. Horlocker et al. [7] noted that three herbal medicines with the greatest impact on hemostasis; garlic (inhibition of platelet aggregation, which may be irreversible), gingko (inhibition of platelet-activating factor), and ginseng (increased prothrombin and activated partial thromboplastin times) have the potential to increase perioperative bleeding especially when combined with other med-