La virologie revisitée du fond des océans

La virologie revisitée du fond des océans

Burn-out : attention à la dépression Une étude prospective, réalisée à partir des données d’une cohorte de fonctionnaires britanniques, s’est intéress...

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Burn-out : attention à la dépression Une étude prospective, réalisée à partir des données d’une cohorte de fonctionnaires britanniques, s’est intéressée aux liens potentiels pouvant associer activité professionnelle et émergence d’une dépression sévère. Les 2 123 sujets inclus dans l’étude (1 626 hommes et 497 femmes), indemnes de tout trouble psychiatrique lors d’une évaluation initiale réalisée entre 1991 et 1993, ont été suivis sur une durée moyenne de 5,8 ans. Sur cette période, 66 cas de dépression sévère ont été diagnostiqués, soit un taux de 3,1 %. Les analyses multivariées retrouvent certains facteurs déjà connus comme étant associés à la survenue d’une dépression, tels l’âge jeune, le sexe féminin, une rémunération faible, la consommation d’alcool ou la présence d’une pathologie chronique. Le résultat le plus frappant de cette étude est pourtant l’association la plus significative qui a été observée, qui relie de façon très claire la durée de travail et la survenue d’un épisode dépressif par épuisement professionnel (burn-out). Ainsi, le fait de travailler au moins 11 heures par jour est associé à un risque 2,4 fois plus élevé, comparé à celui

correspondant à une journée de travail normale (entre 7 et 8 heures d’activité) chez des sujets comparables par ailleurs. Il faut noter que ce facteur de risque est bien indépendant des autres facteurs connus, et qu’il concerne dans cette étude une population plutôt préservée par rapport à la population générale,

Seuil d’alerte : plus de 11 h de travail par jour ! chez qui la prévalence de la dépression est plus élevée, aux alentours de 5 %. Il paraît donc crucial d’étendre ce type d’analyse à d’autres catégories professionnelles, et notamment les sujets travaillant dans le secteur privé ou les ouvriers, afin d’en tirer les conclusions nécessaires, quant à l’aménagement des temps de travail dans les pays industrialisés.

Virtanen M, Stansfeld SA, Fuhrer R, et al. PLoS One 2012;7(1):e30719. Epub 2012 Jan 25.

La virologie revisitée du fond des océans Les virologues marseillais continuent de battre des records, en termes de virus géants. Rappelons qu’ils étaient à l’origine de la découverte du Mimivirus, virus à ADN infectant une amibe, l’Acanthamoeba polyphaga, qui était jusqu’à présent le plus grand virus connu, en termes de taille et de longueur de génome. Ils décrivent aujourd’hui le Megavirus chiliensis, un virus géant isolé au large des côtes chiliennes. Il mesure près d’un demi-micron et son génome, un ADN de 1 259 197 paires de bases, code 1 120 protéines. Comme son cousin le Mimivirus, Megavirus chiliensis se réplique chez les trois espèces d’Acanthamoeba (polyphaga, griffini, castellanii), définissant ainsi une nouvelle famille virale, les Megaviridae, qui regroupe les virus dont le génome dépasse le million de paires de bases. Plus que leur taille, c’est le matériel génétique exprimé par ces virus qui bouleverse certains concepts-clés de la virologie. En effet, parmi les 594 gènes qu’ils ont en commun, certains n’avaient jamais été identifiés auparavant dans des virus,

notamment ceux codants des enzymes impliquées dans la synthèse de différents acides aminés. Le dogme du parasitisme intracellulaire absolu des virus, lié à l’absence de cette machinerie enzymatique, pourrait ainsi être remis en question. L’acquisition de ces gènes d’origine cellulaire suggère soit leur transfert horizontal à partir d’une cellule hôte, soit une évolution commune à partir d’une cellule ancestrale possédant un appareil de traduction protéique. Selon les auteurs, la présence de trois autres gènes additionnels de ce type dans Megavirus chiliensis est un argument en faveur de cette deuxième hypothèse, un processus commun, et relativement rapide, de réduction génomique depuis des ancêtres plus complexes. La poursuite de l’analyse génétique de ces virus géants issus de l’océan permettra sans doute d’avancer dans l’investigation de ces questions passionnantes.

Arslan D, Legendre M, Seltzer V, et al. PNAS 2011;108(42):17486-98.

Les macrophages piégés par l’athérome Le macrophage est un des constituants majeur de la plaque d’athérome. Alors que cette cellule était censée nettoyer la paroi vasculaire de son surplus lipidique, elle reste, après s’être emplie de cholestérol, fixée à la plaque athéromateuse et initie une inflammation chronique de la paroi, contribuant à la fragilité de la plaque. Les mécanismes, peu connus, expliquant ce blocage cellulaire ont été investigués par l’équipe de Janine M. van Gils, à New York. Ce travail, publié dans Nature Immunology, incrimine un facteur de guidage des axones, initialement décrit dans le neurone et nommé Nétrine-1. Ce facteur soluble apparaît ainsi abondamment sécrété par les macrophages humains ou murins présents dans la plaque d’athérome (les cellules spumeuses), chez qui il inhibe en retour la migration en réponse à d’autres chimio-attractants les fixant ainsi à la plaque. Le phénomène est particulièrement efficace car les cellules spumeuses expriment également de façon abondante la molécule UNC5b, qui est le récepteur à la Nétrine-1. Le système est d’autant plus délétère que l’interaction Nétrine-1/UNC5b inhibe à la fois la migration du macrophage vers la lumière vasculaire (induite par la chimiokine CCL19) et celle qui pourrait le diriger vers le système lymphoïde (induite par la chimiokine CCL2). Une confirmation élégante du système est apportée dans un modèle de souris athéromateuse mais invalidée pour le gène de la Nétrine-1, chez qui les lésions d’athérosclérose apparaissent très réduites, avec une migration cette fois efficace des macrophages hors de la plaque. De nombreuses questions restent à résoudre, et notamment les raisons de cette expression aberrante de Nétrine-1 par les cellules spumeuses. Ce travail ouvre dès à présent de nouvelles voies d’investigation passionnantes, associant athérosclérose, inflammation locale et régulation négative de la migration leucocytaire.

van Gils JM, Derby MC, Fernandes LR, et al. Nat Immunol 2012;13(2):136-43. doi:10.1038/ni.2205.

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MAI 2012 - N° 442 //

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