Revue francophone d'orthoptie 2015;8:107
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L'Avastin bientôt autorisé dans le traitement de la DMLA : une recommandation temporaire d'utilisation très en vue§ bévacizumab et le ranibizumab (DCI de Lucentis), indiqué dans le traitement de la DMLA sont issus des mêmes travaux du laboratoire Genetech (filiale américaine des laboratoires Roche, qui exploite l'Avastin). Très vite, après la publication des premières études signalant l'efficacité d'Avastin, ce traitement a commencé à être préféré par beaucoup au Lucentis, en dépit de la nécessité d'un reconditionnement délicat à réaliser souvent en pharmacie hospitalière, en raison de son coût bien moindre, trente fois inférieur en France.
Paris, le jeudi 26 mars 2015 – En accordant un avis favorable à la recommandation temporaire d'utilisation (RTU) d'Avastin (bévacizumab), indiqué dans le cadre de son AMM dans le traitement de différents cancers métastatiques ou à un stade avancé (colorectal, sein, bronchique non à petites cellules, rein et ovaire), dans la prise en charge de la DMLA, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) tente de mettre fin à plusieurs années d'un long feuilleton médical, économique et politique. Une observation pas si surprenante La mise en évidence de l'efficacité de l'Avastin dans la DMLA a été établie il y a plusieurs années, notamment à travers l'expérience d'un ophtalmologiste américain qui souffrant d'un cancer du côlon traité par Avastin avait constaté une amélioration de sa pathologie oculaire. Depuis, il a été établi que le
Garder à vue les médecins : la méthode utilisée prioritairement ! Face à ce phénomène, les autorités de tutelle ont été invitées à réagir. En France, la première méthode fut, comme souvent, la condamnation des médecins choisissant de prescrire Avastin hors AMM. Les semonces furent ainsi répétées par la Direction générale de la Santé et l'ANSM. Puis, des tractations furent réalisées pour obtenir une baisse des prix de Lucentis. . . insuffisantes, cependant, pour concurrencer le très "économique'' Avastin (en raison d'une posologie très inférieure à celle des indications carcinologiques). Finalement, les pouvoirs publics tentèrent de se retourner vers les laboratoires concernés. Cependant, Roche se refusa à demander l'AMM dans la DMLA pour son médicament en faisant état des coûts élevés d'un tel dossier.
temporaire d'utilisation, fut celle qui permit de mettre un terme à ce que certains ont longtemps considéré comme un scandale. En effet, pour qu'une RTU puisse être décidée alors qu'existe un traitement alternatif parfaitement efficace, des motivations devaient être établies. Le gouvernement avait d'abord songé à des "impératifs économiques''. Mais le Conseil d'Etat repoussa cet argument au printemps dernier, estimant que les directives européennes s'opposent à une telle intervention des gouvernements dans la vie économique. Finalement, c'est pour répondre à des impératifs de "santé publique'' qu'une RTU concernera un médicament en dépit de la présence d'un traitement comparable sur le marché. Ici, ce n'était peut-être pas en fait directement la santé publique qui était concernée mais sa pérennité financière. Mais quoi qu'il en soit, en vertu de l'avis favorable qui vient d'être rendu, à partir de l'été prochain les ophtalmologistes pourront prescrire l'Avastin à leurs patients atteints de DMLA en étant assurés que ces derniers seront remboursés par la Sécurité sociale et qu'ils ne subiront pas eux-mêmes les éventuelles conséquences d'une prescription hors AMM. §
Article initialement publié le 26/03/2015 sur www.jim. fr. Copyright © http://www.jim.fr
Aurélie Haroche
Tâtonnements administratifs La dernière arme utilisée par le gouvernement français, la recommandation
http://dx.doi.org/10.1016/j.rfo.2015.04.004 107