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ScienceDirect L’évolution psychiatrique xxx (2016) xxx–xxx
Article original
Le rapport de la schizophrénie au désir dans l’enseignement de Lacan夽 The relationship of schizophrenia with desire in Lacan’s teaching Audrey Sauvêtre (Psychologue clinicienne, Doctorante) a,∗,b b
a Centre hospitalier Édouard-Toulouse, 118, chemin de Mimet, 13015 Marseille, France Laboratoire de psychopathologie clinique : langage et subjectivité, EA 3278, École doctorale ED-356, 29, avenue Robert-Schuman, 13100 Aix-en-Provence, France
Rec¸u le 12 octobre 2015
Résumé Objectifs. – Au sein des recherches psychanalytiques concernant les psychoses, la tendance de Lacan ainsi que de ses lecteurs et commentateurs à centrer leurs travaux sur l’abord de la paranoïa se veut ici contrebalancée par une approche spécifique de la schizophrénie. Et c’est aussi à contre-courant du penchant qui place le désir dans les psychoses du côté d’une carence que nous interrogeons ce qu’il pourrait en être de l’économie désirante du schizophrène. Méthode. – Le parcours de l’enseignement de Lacan apporte des éléments essentiels bien que peu nombreux. La matière qu’il extrait concernant le désir (dans les psychoses et les autres structures) sert de terreau à son élaboration dans le cadre de la schizophrénie, conduisant à orienter notre propos essentiellement vers les notions de corps et de langage, dépliées dans leurs acceptions réelle, symbolique et imaginaire. Résultats. – Dans l’articulation entre le réel et l’imaginaire du corps, l’être (empreint d’un vécu chaotique et morcelé) ne s’aliène pas à l’image du corps unifiée renvoyée par la surface du miroir empêchant vraisemblablement, pour le schizophrène, toute tentative d’institution du désir dans le champ de l’imaginaire défini comme lieu d’intuition du désir. Discussion. – C’est l’identification du sujet schizophrène à la discordance symbolique relative à la machine de la langue (là où le signifiant s’inscrit dans le circuit de la pulsion) qui s’offre alors comme tentative de solution pour faire avec ce désir à instituer.
夽 Toute référence à cet article doit porter mention : Sauvêtre A. Le rapport de la schizophrénie au désir dans l’enseignement de Lacan. Evol Psychiatr XXXX; vol (n◦ ): pages (pour la version papier) ou URL [date de consultation] (pour la version électronique). ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected]
http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2016.07.001 0014-3855/© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´eserv´es. EVOPSY-1006; No. of Pages 10
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Conclusions. – Cette tentative serait ainsi à soutenir dans la cure afin de permettre l’émergence du désir et d’accompagner un ajustement du rapport qu’y entretient le sujet. © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´eserv´es.
Mots clés : Schizophrénie ; Désir ; Corps ; Langue ; Imaginaire ; Médiation ; Symbolique ; Identification ; Discordance
Abstract Objectives. – In psychoanalytic research on psychosis, the tendency in Lacan’s thinking, as well as among his readers and commentators, is to focus work on paranoia. However, it is here counterbalanced by a specific approach to schizophrenia. It is also against the current trend of positioning Desire in psychosis as a deficiency that we explore what might be the “desiring” economy of the schizophrenic. Method. – Lacan’s teaching provides essential (although few) elements, and the material he extracts concerning Desire (in psychosis but also in other structures) is used as a substrate for his elaboration on schizophrenia, leading us to focus mainly on the body and language, deploying them in their Symbolic, Imaginary and Real-based acceptations. Results. – In the articulation between the Real and the Imaginary of the body, the being (characterised by a chaotic and fragmented experience) is not alienated by the image of a unified body reflected in the mirror. This is likely to prevent any attempt by the schizophrenic to establish Desire in the area of the Imaginary as the place of intuition of Desire. Discussion. – The schizophrenic subject’s identification with the symbolic conflict related to the “language machine” (where the signifier belongs to the drive system) appears as an attempt to deal with the need to instate Desire. Conclusions. – This attempt should therefore be supported in the cure, in order to allow the emergence of Desire and also to accompany an adjustment of the relationship entertained by the subject in the cure. © 2016 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Keywords: Schizophrenia; Desire; Body; Language; Imaginary; Mediation; Symbolic; Identification; Conflict
Parcourir l’enseignement de Lacan suppose d’emprunter un chemin sinueux. Dans le tableau de la psychose, le paysage (d’abord esquissé par Lacan, puis par la majorité de ses lecteurs) se dessine préférentiellement à partir de l’étude de la paranoïa. Et parce que notre désir de recherche s’ancre aussi dans la clinique, qu’il est teinté par des rencontres, nos travaux se penchent quant à eux sur la schizophrénie. Il s’agit dans cet article, d’interroger l’économie désirante du « dit-schizophrène », ce alors même que la question du désir dans les psychoses ne reste que subsidiairement déployée par les élèves et commentateurs de Lacan1 . La rencontre de ces deux thèmes en marge invite alors à tracer de nouvelles lignes d’horizon. Avant toute chose, il convient de dégager ce que recouvrait pour Lacan ce diagnostic afin d’en cerner la définition à partir de laquelle nous allons travailler. Que la schizophrénie corresponde à un moment précis dans la traversée d’un délire qui se construit ou bien à une entité clinique immuable n’implique pas le même raisonnement, ni le même positionnement clinique dont découleront nos hypothèses de travail.
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Voir à ce propos les travaux de S. Lippi [1], de J. de Batista [2], ainsi que ceux de J. Oury [3,4].
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1. Un diagnostic entre attrait et rejet Dans le domaine de la Psychiatrie, le diagnostic de schizophrénie tend (à la suite de l’hystérie et de la paranoïa) actuellement à une refonte par les classifications internationales2 dans lesquelles il tient une place conséquente depuis plusieurs décennies. Si son extension a gagné le discours social au point de réduire une entité nosographique chargée d’histoire à l’étiquette stigmatisante3 dont se sont emparés les médias pour décrier la dangerosité du dit-fou contemporain, l’utilisation du terme même de « schizophrénie » et des phénomènes psychiques qu’il recouvre reste pour nous le support d’un travail de penser visant à (re)placer au centre des préoccupations de véritables interrogations éthiques, nous y viendrons. Dès son apparition, la construction de ce diagnostic fit débat, tant dans l’univers psychiatrique au sein duquel il fut créé, qu’à l’intérieur du mouvement psychanalytique alors émergeant. La proposition faite par Bleuler dans le choix de cette appellation substitutive à l’édifice kraepelinien de « démence précoce » fut notamment contestée par Freud [6] qui lui préféra l’appellation de « paraphrénie » [7]. Ces discordes n’empêchèrent pas son évolution qui fit l’objet de ce que Ey qualifia d’« extension abusive » [8] et Lacan en rend rapidement compte au cours de son enseignement. « Dans ce qui a été fait, dans ce qui se fait, dans ce qui est en train de se faire quant au traitement des psychoses, on aborde beaucoup plus volontiers les schizophrénies que les paranoïas, on s’y intéresse de fac¸on beaucoup plus vive, on en attend beaucoup plus de résultats » [9]. Se positionnant à contre-courant de la tendance qu’il décrit, Lacan appréhende la schizophrénie avec une certaine retenue, n’usant que très peu cette notion, et ce, tant du côté de la clinique que de ses constructions théoriques. Alors que Miller [10] affirme qu’il ne l’emploie jamais dans sa présentation de malades4 , Porge [11] en rappelle une seule occurrence. À de rares exceptions près, Lacan ne semble pas non plus faire référence, dans ses séminaires, à des patients rencontrés qui soient schizophrènes selon lui. Force est donc de constater que sa pensée à propos des psychoses ne se construit ni à partir, ni autour de la schizophrénie, ce que l’on se trouve tenté de mettre en partie sur le compte de la considération même du diagnostic, vague et fourre-tout. « Nous pouvons, selon notre penchant et l’idée que chacun de nous se fait de la schizophrénie, de son mécanisme et de son ressort essentiel, situer ou non ce cas dans le cadre d’une affection schizophrénique » [12], une remarque5 qui renvoie au débat repéré à l’origine même de la création du terme de schizophrénie : la dissociation comme élément pathognomonique contre la démence de Kraepelin. Interpelé par Lacan, c’est la prétendue inconsistance de ce diagnostic que Lang souligne en le qualifiant de « magma plus ou moins informe » précisant que « le plus souvent, on parle de schizophrénie infantile quand on ne comprend pas très bien ce qu’il se passe » [12]. Et l’on retrouve là un écho aux propos de Ey : « Notre crainte est que les esprits trop prudents ou trop adroits, en présence d’un cas douteux 2 Se reporter à L’information psychiatrique, volume 87, no 3, mars 2011, « Classifier sans stigmatiser » [5], revue dans laquelle est retranscrite la journée du 12 octobre 2010 ayant eu lieu à l’EPSM d’Armentières dans le contexte de la 11e révision de la CIM. Cette journée concerna exclusivement l’un des trois thèmes sur lequel porte la révision : la schizophrénie. 3 Le qualificatif stigmatisant de ce diagnostic constituant un des principaux arguments en faveur de son abandon et ce, au profit d’autres termes comme la dénomination de « psychose dissociative » alors même que la dissociation se trouve dénoncée par certains comme ne pouvant supporter le trait essentiel de cette affection. 4 « On m’a posé la question (. . .) de savoir si Lacan dans sa présentation de malades employait le terme de schizophrénie, je peux dire jamais ». 5 À propos du diagnostic de l’enfant-loup dont Rosine Lefort fait l’exposé au cours du 1er Séminaire. Lacan J. Lec ¸ on du 11 avril 1962. In: Séminaire livre IX. L’identification. Inédit
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(. . .) se réfugient dans la schizophrénie » [13], plac¸ant ce diagnostic en sorte de reste. Aussi, dans la conclusion de sa thèse de médecine, Leclaire [14] met en évidence l’aspect insuffisamment structuré du délire ainsi que de la logique des constructions du schizophrène, à la différence de l’édifice rigoureux offert par les délires systématisés, assez stables pour en extraire une lecture claire et précise de la structure psychotique en général. La vraisemblable réticence de Lacan à appréhender cette « entité diagnostique » et la reprise du continuum freudien entre schizophrénie et paranoïa « dégagé au cours de son étude des mémoires de Schreber » ne sauraient évincer les rares et bien que souvent énigmatiques éléments ayant spécifiquement trait à la schizophrénie. Ces derniers se trouvant concentrés dans les dix premières années de son enseignement, nos propos s’appuieront essentiellement sur cette période. Nous repérons deux temps dans la formulation de ces éléments de penser : le champ de l’imaginaire duquel ils émergent d’abord, laissant rapidement place à une approche centrée sur le symbolique. L’ébauche fournie par l’extraction de cette matière ouvre à une conception d’un travail analytique se voulant irréductible à une orthopédie du moi et trac¸ant un au-delà du bordage de la jouissance, conditions essentielles à l’orientation de la cure par la boussole du désir. Proposer de définir la spécificité des modalités de désir dans cette psychose relève ainsi avant tout d’une position éthique, mouvement émergeant d’une intuition clinique qu’il s’agit là de fonder en raison. 2. Des psychoses à la schizophrénie : donner du corps au désir Certes, Lacan développe peu la notion de désir dans le cadre des psychoses et, hormis quelques travaux cités plus avant, ce champ de recherche ne véhicule que peu d’intérêt chez ses commentateurs ayant tendance à qualifier le désir psychotique de carencé. La majorité d’entre eux tendent à évincer cette question au profit de la jouissance qui apparaît dans les années 1960, mais dans quelle mesure l’empan extensif de cette notion dans l’enseignement lacanien suffit-il à la substituer à la raréfaction tendancielle de la notion de désir ? Dans un élan qui nous apparaît similaire à celui avec lequel il traite de la schizophrénie, Lacan apporte parcimonieusement des éléments intéressants qu’il convient de déployer. C’est lors de son enseignement sur L’identification (1961–1962) qu’il laisse entrouverte la possibilité de questionner le désir du schizophrène. Introduisant la figure du Tore, il précise qu’il aura « dans chaque cas, qu’il s’agisse de l’obsessionnel, de l’hystérique, du pervers, voire même du schizophrène, à articuler le rapport du désir et de la demande » la prudence avec laquelle il envisage cette articulation n’en évince pas pour autant le schizophrène. Il n’ira cependant pas plus loin dans sa pensée alors qu’il avait déjà légèrement esquissé la forme que pourrait prendre le désir dans la mélancolie6 (le sujet réalisant le désir en s’identifiant symboliquement à l’imaginaire [15]) et qu’il le fera plus tard pour ce qui concerne la paranoïa7 (avec l’idée de congélation du désir)8 . C’est lors des premières années de son enseignement que Lacan fait référence, dans le cadre général des psychoses, à un « désir qui est à reconnaître dans le délire » comme se situant sur
6 « Dans la mesure où ici le sujet s’identifie symboliquement avec l’imaginaire, il réalise en quelque sorte le désir », à propos de vieilles dames atteintes du syndrome de Cotard. 7 « La paranoïa, c’est un engluement imaginaire. C’est la voix qui se sonorise, le regard qui devient prévalent, c’est une affaire de congélation du désir ». 8 Lacan J. Lec ¸ on du 8 avril 1975. Séminaire livre XXII RSI. Inédit. Il conviendrait d’interroger ce que pourrait là signifier l’adjectif fantasmatique. Aulagnier, fait-elle référence au fantasme en tant que structure supportant le désir ou bien en tant qu’imaginarisation de la relation du sujet à son corps ? Lacan J. Lec¸on du 2 mai 1962. In: Séminaire livre IX L’identification. Séminaire inédit.
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un autre plan que celui de la névrose [16]. Il semble aussi exclure d’emblée le symbolique des lieux duquel il pourrait se dessiner en énonc¸ant que « le désir de l’Autre, nommément de la mère, n’y est pas symbolisé » [17]. Le psychotique aurait alors à « instituer dans l’Autre », à « attribuer à l’Autre un désir – une sorte de désir esquissé, ébauché dans l’imaginaire – qui est celui du sujet » [17]. Et l’esquisse se précise à l’occasion d’un exposé d’Aulagnier produit au cours du 9e Séminaire. Elle propose la formulation suivante : « Dans la psychose, l’Autre et son désir, c’est au niveau de la relation fantasmatique du sujet à son propre corps qu’il faudrait le définir »8 à laquelle Lacan donne un écho significatif en indiquant plus loin que « le psychotique dans le désir a affaire au corps »9 en tant que ce corps10 lui apparaît dévoilé. La levée de méconnaissance sur le corps signant l’ancrage désirant du psychotique se teinterait en fonction de là où il se trouve dans la construction de sa psychose. Ainsi, la singularité du rapport au corps du schizophrène, cristallisé dans un en-dec¸à de l’expérience du miroir, ouvre la réflexion sur le corps du réel constitué par ces a, morceaux du corps originel non encore pris par/dans l’image réelle i(a) et ne se trouvant pas perdus par identification primaire. Un corps qui constitue l’assise de ce qui plus tard s’exprimera à travers le « fantasme du corps morcelé » [18], phénomène renvoyant intuitivement à la schizophrénie dans ce qui s’y trouve mis en exergue d’un vécu d’éclatement. Ce corps-là, Lacan le rapporte aux désirs qui ne seraient pas encore organisés : « l’homme dans ses premières phases n’arrive pas d’emblée, d’aucune fac¸on, à un désir surmonté. Il est d’abord un désir morcelé. Ce qu’il reconnaît et fixe dans cette image de l’autre, c’est un désir morcelé »11 , « un désir en morceaux »12 dont il faudra faire la collection afin de les organiser dans un narcissisme permettant la constitution d’« un désir mûr »13 . Le phénomène de rétroaction qui permet l’appréhension du morcellement dans l’après-coup du rassemblement du corps à partir de l’image ne semble pas opérant dans la schizophrénie. Et les notions de reconnaissance et de fixation du désir en morceaux dans l’image de l’autre ne permettent pas de qualifier le désir du schizophrène qui ne se reconnaît ni ne s’aliène dans cette image. Malgré l’aspect discutable du diagnostic de schizophrénie que Lacan ne pose pas pour Joyce, nous pouvons nous appuyer sur la lecture qu’il y fait du corps en tant que consistance imaginaire qui « fout le camp », le corps – topologiquement, ce qui fait lien – lâche, désignant le registre de l’imaginaire comme lieu du laisser-en-plan du schizophrène. Débordé par la jouissance, le corps (dans son acception imaginaire) laisse le sujet en plan à travers la prégnance de sentiment de dépersonnalisation ou encore de sensations hypocondriaques. Mais il convient d’abord d’en revenir aux fondements de la notion d’imaginaire en précisant le rapport que le schizophrène y entretiendrait, ce en tant que ce registre constitue aussi le lieu d’intuition du désir, permettant son institution.
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Lacan J. Lec¸on du 20 juin 1962. In: Séminaire livre IX. L’identification. Séminaire inédit. Le corps constituant le terme sur lequel s’opère une levée de méconnaissance dans la psychose en tant que cela y concerne le désir : « La fac¸on dont le sujet méconnaît les termes, les éléments et les fonctions entre lesquels se joue le sort du désir, pour autant précisément que quelque part lui en apparaît sous une forme dévoilée un de ses termes, c’est cela par quoi chacun de ceux que nous avons nommés névrosé, pervers et psychotique, est normal. Le psychotique est normal dans sa psychose et pas ailleurs, parce que le psychotique dans le désir a affaire au corps ». 11 Lacan J. Lec ¸ on du 7 avril 1955. In: Séminaire livre II. Le moi dans la théorie freudienne. Lec¸on inédite. 12 Ibid. 13 Ibid. 10
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3. D’une discordance imaginaire comme point de fixation L’essentiel des propos de Lacan concernant la schizophrénie se dégage lors des dix premières années de son enseignement et se concentre plus particulièrement dans deux lec¸ons du premier Séminaire14 au cours desquelles il interroge, à partir des travaux de Freud concernant le narcissisme, le recours à l’imaginaire. « Il [le « paraphrénique »] paraît réellement avoir retiré sa libido des personnes et des choses du monde extérieur, sans les remplacer par d’autres fantasmes » [12]. Sans trouver donc de substitutions imaginaires à la réalité désinvestie, le « paraphrène freudien » aurait affaire à la fois à un désinvestissement de l’objet réel et de sa représentation psychique. C’est de nouveau lors de son enseignement sur L’identification que Lacan attire notre attention sur un point fondamental en reprenant cette nuance dégagée huit ans plus tôt15 : le manque de la médiation de l’imaginaire16 . Ce ne serait donc pas l’imaginaire qui manquerait mais une de ses fonctions. Le 10 mars 1954, Lacan énonce à propos de Robert, l’enfant-loup des Lefort pour lequel il pose prudemment l’hypothèse d’une schizophrénie, qu’il « ne vit que le réel » [12] et la semaine suivante il affirme que « (. . .) dans la schizophrénie, il se passe quelque chose qui perturbe complètement les relations du sujet au réel et noie le fond avec la forme » [12], une perturbation impliquant une confusion, une perte de différence ainsi que de l’écart qui la structure. Ce « quelque chose » aurait ainsi à voir selon nous avec la singularité d’un imaginaire qui ne remplirait pas sa fonction de filtre au point de diluer « le fond avec la forme », phénomène à l’œuvre dans les moments schizophréniques de dépersonnalisation. Un peu plus tard, reprenant la pensée freudienne introductive du narcissisme, Lacan précise une perte de « la réalisation du réel » [12] que nous supposons consécutive de l’absence de médiation d’un imaginaire ne pouvant plus endosser sa fonction de traduction, d’interprétation du réel. Au cours de cette lec¸on du 10 mars, Lacan propose également de questionner le rapport entre fonctions de maîtrise imaginaire et maturation sensorimotrice, y interrogeant « dans quelle mesure, c’est cette articulation-là qui est intéressée dans la schizophrénie » [12]. Cette (dis)jonction de l’imaginaire au réel que l’échafaudage du miroir permet de concevoir, se traduit par l’écart entre la construction du moi et l’incoordination motrice compensée par la maturation précoce de la perception visuelle anticipatrice. La constitution d’une unité moïque, produite par la perception de l’image unifiée de l’autre, attrapée dans le reflet de l’individu, prend le pas sur la sensation interne de morcellement opérant ainsi les prémisses d’un décalage d’avec le réel du corps, discordance imaginaire17 singulièrement inscrite dans la schizophrénie. La fonction de méconnaissance du moi, soutenant l’appréhension de l’image du miroir dans laquelle se laisse leurrer le sujet, se trouve à notre sens étroitement liée à celle de médiation de l’imaginaire et son opération mise en question dans la schizophrénie. La tension originelle dont naît le moi, émergeant par identification entre cette image qui est autre et l’individu [20], 14
Il s’agit des lec¸ons des 10 et 17 mars 1954, intitulées respectivement « Le loup ! Le loup ! » et « Sur le narcissisme ». Lacan J. Lec¸on du 2 mai 1962. In: Séminaire livre IX. L’identification. Séminaire inédit. 16 À la suite du travail d’Aulagnier, il énonce à propos de i(a), « Il s’agit de ce qui va faire la liaison, dans l’économie signifiante, de la constitution du sujet à la place de son désir » et encore un peu plus loin « l’image fondamentale, l’image qui permet la médiation entre le sujet et son désir », introduisant ainsi une autre variante de cette fonction que nous reprendrons dans la dernière partie. 17 Formule déployée notamment dans les publications figurant dans les Ecrits [19] : « Propos sur la causalité psychique », (1946), ([20], p. 187); « L’Agressivité en psychanalyse », (1948) ([21], p. 110, 111, 113) ; « Le stade du miroir comme fondateur de la fonction du Je », (1949), ([19], p. 94, 96) ; « Variantes de la cure-type », (1955) ([19], p. 345 ; « De nos antécédents », (1966), ([19], p. 69). 15
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n’aboutit pas à une aliénation au champ de l’imaginaire. L’identification à cet endroit ne prend pas, empêchant ainsi d’accorder à l’être du sujet le « privilège » de se méconnaître dans le moi. L’absence de ces fonctions, ou plus précisément leur levée, rendrait ainsi impossible pour le schizophrène l’adéquation de son être à cette image tant illusoire qu’illusionnante et insuffisante à rendre compte du vécu chaotique qui l’anime, révélant ainsi une impossibilité à résoudre la « discordance primordiale entre le Moi et l’être » [22]. La levée de la méconnaissance sur le corps à laquelle aurait à faire le psychotique dans le désir se préciserait ainsi dans la schizophrénie à travers la singularité de cette fixation à la discordance primordiale. La perception de cette image, impropre à rendre compte de l’être, se trouve prise dans le bain du symbolique qui offre la possibilité de construire cette « autre réalité que ce qui se présente comme la réalité brute » [22]. Nous ne pouvons postuler le manque d’une fonction relative à l’ordre imaginaire sans que celui-ci soit structuralement ancré dans le symbolique, un symbolique qui serait18 tout réel [23] pour le schizophrène19 . 4. L’identification à une discordance symbolique comme tentative de solution Lors des cinq années suivantes, de 1954 à 1958 (livres II à V du Séminaire), c’est préférentiellement autour du registre du symbolique que s’articuleront les propos de Lacan concernant la schizophrénie. L’ensemble des expressions dégagées ont trait de près au langage et au discours : « Le sujet schizoïde » aurait à faire au « danger de la folie, au symbole déchaîné » [24], au déchaînement du signifiant nettement appréciable du fait de l’aspect logorrhéique que l’on relève plus couramment dans son maniement du langage. Ainsi, la « désintégration schizophrénique » relative au discours [25] constituerait un élément clinique signant le « déconcert profond du sujet lorsqu’il est schizophrène » [26]. Il semble qu’à s’en rapprocher, le voile illusoirement déficitaire que ces emplois jettent sur le schizophrène se laisse soulever pour donner place à un tout autre point de vue. Si la dissociation définie par la clinique psychiatrique comme manifestation centrale dans la schizophrénie a à voir de prime abord avec le fonctionnement du moi en tant qu’instance qualifiée de dissociée ou morcelée, l’intérêt d’un retour aux conceptions lacaniennes repose en ce qu’il nous permet un décalage d’avec une appréhension située du côté du leurre, là où le schizophrène ne s’y laisserait justement pas prendre. Bleuler tenta déjà ce pas de côté vis-à-vis de l’abord déficitaire dans lequel s’ancraient alors les considérations kraepeliniennes en sélectionnant, pour la définition de son diagnostic, le terme de schizophrénie ainsi que son corollaire, le syndrome de dissociation. Le signifiant allemand Spaltung, choisi au détriment de Dissoziation, renvoie à un trait essentiel de la constitution de l’inconscient freudien ainsi qu’aux vocables allemands utilisés pour désigner la folie20 , venant inscrire la schizophrénie comme universel. Le terme de discordance, préféré par Chaslin à celui de dissociation et couramment employé dans le vocabulaire psychiatrique franc¸ais, est utilisé par Lacan lors de son 6e Séminaire, Le désir et son interprétation [27], dans une toute autre optique.
18 L’emploi du conditionnel à cet endroit invitant à une lecture prudente de cette formule qui pourrait être trop hâtivement traduite comme renvoyant à une carence du symbolique dans la schizophrénie là où il nous semble qu’il faille plutôt y entendre une tonalité singulière. 19 À noter qu’il s’agit là d’un ajout à la lec ¸ on du 10 février 1954, amplifiée pour publication dans les Ecrits. 20 Ce que souligne Alain Bottéro en 2010 au cours de son intervention « Classifier sans stigmatiser : le cas de la schizophrénie », publiée dans L’Information psychiatrique, vol. 87, no 3, mars 2011, ([5], p. 203), quand il déroule une série de significations qui découlent de ce même terme et ont trait à la définition du fou : spaltung (cassure), spalt (fissure), knaks (fêlure) et sprung (faille) frappant l’esprit du fou.
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Il y décrit comment le symbolique fait coupure dans le réel ou comment le signifiant s’inscrit dans le circuit de la pulsion pour constituer la machine fondamentale, cette dernière étant « proprement ce que nous retrouvons comme détaché, dégagé, au principe de la schizophrénie. Là, le sujet s’identifie à la discordance comme telle de cette machine par rapport au courant vital » [27]. En s’identifiant à cette discordance qui se pose là entre sujet du signifiant et sujet de la jouissance, le schizophrène révèlerait un point de fonctionnement essentiel de cette machine de la langue offert au regard et à l’écoute de l’autre dans le style de la démarche, mécanique, ainsi que dans la prégnance des barrages qui interrompent son élocution. La qualité toute réelle du registre du symbolique se trouve ainsi articulée à ce phénomène d’identification, au point que le schizophrène en incarne la schize dans un rapport au corps et à la langue marqué par une sorte de discordance. Si le schizophrène ne s’identifie pas à la gestalt en tant que forme aliénante du miroir permettant la résolution de la discordance primordiale, il le fait à la discordance de la machine. Le dévoilement de la discordance imaginaire se conjuguerait ainsi à l’identification réelle du sujet à une discordance symbolique. Le pas de côté que l’on décèle chez Lacan21 , à travers la définition de ce trait d’identification propre à la division du sujet, nous invite à entrevoir l’étude de la schizophrénie comme voie d’accès privilégiée au fonctionnement et à la constitution du Sujet de l’inconscient. Lacan relève ceci dans le Séminaire concernant L’éthique de la psychanalyse (1959-1960) à travers l’abord de deux articles freudiens [28] qui lui permettent de souligner comment « la position particulière du schizophrène (nous) met, d’une fac¸on plus aiguë que dans toute autre forme névrotique, en présence du problème de la représentation », et ce, en lien avec « la prévalence extraordinairement manifeste des affinités de mots dans ce qu’on pourrait appeler le monde du schizophrène » [29]. Là où Freud l’abordait « dans la mesure où cela (nous) semble indispensable à la prise de connaissance générale de l’Ics », l’étude du rapport singulier que le schizophrène entretient avec les représentations de mot des objets comme « première des tentatives de rétablissement ou de guérison » [30], permet d’entrevoir le fonctionnement plus global des psychoses mais aussi des névroses. Quelques années plus tard, soit en 1962 à la suite de l’exposé d’Aulagnier ponctué par la présentation de « l’homme-robot »22 , Lacan utilise la formule heideggerienne « habiter le langage »23 qu’il reprendra dix ans après dans L’Etourdit pour parler du fameux « dit schizophrène ». Il y pose alors comment ce dernier n’habiterait pas le corps du langage dans lequel il serait tout de même pris mais « sans le secours d’aucun discours établi » [31], autrement dit, sans l’étayage d’aucun des quatre discours définis au début des années 1970. Il précise, au cours de la même année, que « s’il y a quelque chose dans quoi baigne le schizophrène, c’est devant ce maniement enfin affolé du langage, simplement il n’arrive pas à le faire mordre sur un corps » [32]. Ainsi, malgré que l’on puisse le qualifier de « parlêtre », le schizophrène, n’arrivant pas à faire mordre le langage sur un corps, se retrouverait à errer de significations en significations faute d’avoir pu faire de ce bain un habitat auquel arrimer la jouissance qui ne trouve à s’accrocher qu’à des morceaux de corps épars.
21
Freud avait déjà souligné la proximité du langage schizophrénique et du fonctionnement de l’inconscient dans un article de 1915, « Seule l’analyse d’une des affections que nous nommons psychonévroses narcissiques promet de nous fournir des conceptions grâce auxquelles l’énigmatique Ics sera rapproché de nous et rendu, pour ainsi dire, saisissable », Freud, 1915, L’inconscient, ([28], p. 236). 22 Si Aulagnier qualifie ce patient de schizophrène, Lacan ne reprend pas à son compte ce diagnostic, sans pour autant le critiquer. 23 Lacan J. Lec ¸ on du 2 mai 1962. In: Séminaire livre IX. L’identification. Séminaire inédit.
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5. Pour conclure : soutenir la singularité d’une tentative d’institution du désir La répétition de la schize dans et par le corps manifesterait ainsi un bricolage d’avec un symbolique « réelisé » comme tentative de solution face au manque de médiation de l’imaginaire entravant non seulement la tentative de la localisation de la jouissance dans l’Autre mais aussi celle d’institution du désir. L’en-dec¸à du miroir du schizophrène, caractérisé par la non-résolution de la discordance primordiale dans le champ de l’imaginaire se trouvant au contraire dévoilée par la levée de méconnaissance sur le corps, constitue le lieu du « laisser-en-plan » du schizophrène vis-à-vis du processus d’aliénation au désir de l’Autre. Ce désir, inscrit dans l’intervalle, semble pouvoir s’y instituer d’autres discordes, la déchirure entre besoin et demande conduisant l’être du schizophrène à ériger du sujet identifié à un trait caractéristique du symbolique, celui de la coupure. Ainsi, l’identification du schizophrène à la discordance de la machine, identification pure à la coupure comme témoin de l’écart où se niche le désir, conduit à envisager une tentative d’institution du désir singulière, au-delà du champ de l’imaginaire en tant que premier lieu d’intuition. « À l’origine, avant le langage, le désir n’existe que sur le plan de la relation imaginaire du stade spéculaire, projeté, aliéné dans l’autre » [33], c’est ce que Lacan affirme dès les premières années de son enseignement. Pourtant, la manière singulière dont le schizophrène compose avec le désir nous enseigne que si le lieu privilégié de son intuition (que Lacan, en 1958, décrit aussi dans le cadre des psychoses comme étant celui de l’imaginaire) s’avère « impraticable », le sujet ne se trouve pas en reste de créativité pour inventer d’autres solutions et procéder ainsi à des remaniements psychiques. Dans le dépliement de la rencontre sous transfert d’avec le sujet schizophrène, la tentative de repérage des coordonnées du désir et des modalités de leurs expressions s’inscrit dans un souci éthique concernant la mesure d’une position analytique. Visant plus qu’une limitation de la jouissance et un étayage des suppléances imaginaires, il s’agit pour le clinicien d’inventer des outils, d’en favoriser la création dans le transfert pour permettre le déploiement du désir en ouvrant la possibilité d’un ajustement du rapport du sujet à ce dernier. Déclaration de liens d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Lippi S. De l’hallucination à la fiction : voyage à l’intérieur du désir (et du délire) psychotique. Clin Lacan 2014;25:67–82. [2] Batista J. Le désir dans les psychoses. Problématique et incidences de la cure à partir de l’enseignement de Jacques Lacan. Psychologie. Université Toulouse le Mirail - Toulouse II; 2012. [3] Oury J. Le collectif : le séminaire de Sainte-Anne. Paris: Éditions du Champ Social; 2005. [4] Oury J. Création et schizophrénie. Paris: Éditions Galilée; 1989. [5] Bottéro A. Classifier sans stigmatiser : le cas de la schizophrénie. Information Psychiatr 2011;87(3):199–209. [6] Freud S. Correspondance Freud/Jung, Tome1. Paris: Gallimard; 1975. [7] Freud S. Pour introduire le narcissisme. In: La vie sexuelle. Paris: PUF; 1973. p. 81–105. [8] Ey H. Manuel de Psychiatrie. Paris: Masson; 1989. [9] Lacan J. Introduction à la question des psychoses. In: Séminaire livre III. Les psychoses. Paris: Seuil; 1981. p. 11–24. [10] Miller JA. Schizophrénie et paranoïa. Quarto 1983;10:18–38. [11] Porge E. La présentation de malades. Littoral 1985;17:25–49. [12] Lacan J. Le loup ! Le loup !. In: Séminaire livre I. Les écrits techniques de Freud. Paris: Seuil; 1975. p. 143–71.
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[13] Ey H. Remarques critiques sur la schizophrénie de Bleuler. In: Schizophrénie, études cliniques et psychopathologiques. Le Plessis-Robinson: Synthelado; 1996. p. 29–37. [14] Leclaire S. Principes d’une psychothérapie des psychoses. Paris: Fayard; 1999. [15] Lacan J. Introduction de grand Autre. In: Séminaire livre II. Le moi dans la théorie freudienne. Paris: Seuil; 1978. p. 275–88. [16] Lacan J. La phrase symbolique. In: Séminaire livre III. Les psychoses. Paris: Seuil; 1981. p. 117–31. [17] Lacan J. Une sortie par le symptôme. In: Séminaire livre V. Les formations de l’inconscient. Paris: Seuil; 1998. p. 473–90. [18] Lacan J. Passage à l’acte et acting out. In: Séminaire livre X. L’angoisse. Paris: Seuil; 2004. p. 135–53. [19] Lacan J. Ecrits. Paris: Seuil; 1966. [20] Lacan J. L’Agressivité en psychanalyse. In: Ecrits. Paris: Seuil; 1966. p. 101–24. [21] Lacan J. Propos sur la causalité psychique. In: Ecrits. Paris: Seuil; 1966. p. 151–91. [22] Lacan J. L’analyse objectivée. In: Séminaire livre II. Le moi dans la théorie freudienne. Paris: Seuil; 1978. p. 289–300. [23] Lacan J. Réponse au commentaire de Jean Hyppolite sur la Verneinung de Freud. In: Ecrits. Paris: Seuil; 1966. p. 381–99. [24] Lacan J. Sosie. In: Séminaire livre II. Le moi dans la théorie freudienne. Paris: Seuil; 1978. p. 301–16. [25] Lacan J. L’Autre et la psychose. In: Séminaire livre III. Les psychoses. Paris: Seuil; 1981. p. 39–54. [26] Lacan J. La forclusion du Nom-du-Père. In: Séminaire livre V. Les formations de l’inconscient. Paris: Seuil; 1998. p. 143–59. [27] Lacan J. La fonction du splitting dans la perversion. In: Séminaire livre VI. Le désir et son interprétation. Paris: Éditions de la Martinière et le Champ Freudien Editeur; 2013. p. 535–51. [28] Freud S. L’inconscient. In: Œuvres complètes de Freud, volume XIII. 1914–1915. Paris: PUF; 1988. p. 234–42. [29] Freud S. Le refoulement et L’inconscient. In: Œuvres complètes de Freud, volume XIII. 1914–1915. Paris: PUF; 1988. p. 189–204 [234–242]. [30] Lacan J. Das Ding. In: Séminaire livre VII. L’éthique de la psychanalyse. Paris: Seuil; 1986. p. 55–86. [31] Lacan J. L’Etourdit. In: Autres Ecrits. Paris: Seuil; 2001. p. 449–97. [32] Lacan J. Séance extraordinaire de l’Ecole belge de psychanalyse. Quarto 1981;5:4–22. [33] Lacan J. La bascule du désir. In: Séminaire livre I. Les écrits techniques de Freud. Paris: Seuil; 1975. p. 255–73.