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XVes CONGRÈS NATIONAL DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE TRAUMATOLOGIE DU SPORT
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b FIG. 8. — Test isométrique. (a) en flexion. (b) en extension.
Si le joueur a présenté des signes cliniques neurologiques, il sera autorisé à rejouer en cas de neurapraxie ou de burning hands. Tout signe déficitaire séquéllaire contre indiquera la reprise du rugby. Chez les opérés, en l’absence de signes neurologiques et si l’arthrodèse a été faite à un seul niveau (entorse grave, hernie discale) l’autorisation de reprise sera donnée ; si la chirurgie a été réalisée à plusieurs niveaux, il y aura contre-indication. Globalement et pour simplifier, un joueur qui ne présente plus de signe neurologique, qui n’a pas d’instabilité sur les clichés dynamiques ou qui a été opéré à un seul niveau, peut reprendre le rugby. Il en est de même pour un patient asymptomatique sur le plan clinique et électrique et qui présente un canal cervical étroit ou une anomalie médullaire bénigne de type hydromyélie par exemple (figure 7). Dans les cas difficiles, une évaluation musculaire peut être réalisée. La force des fléchisseurs et des extenseurs peut être étudiée en isométrie selon la technique décrite par Castaing [4] ; la force maximale et l’endurance avec maintien de 75 % de la force maximale pendant 45 secondes peuvent être calculées. Malavoy [5] a comparé en isométrie 20 joueurs de rugby avec 39 sujets sains explorés par Castaing : poids, taille et tour du cou sont significativement supérieurs dans le groupe des rugbymen ; il existe une différence significative en terme de force mais pas en terme d’endurance. Les joueurs de rugby opérés dans la région cervicale, ont une force maximale plus faible que les rugbymen non opérés alors qu’il y a peu de différence pour l’endurance. Finalement cet appareil d’isométrie permet de mieux évaluer l’aptitude des joueurs à la pratique du rugby [6]. Il peut s’agir d’un outil supplémentaire à prendre en compte pour établir le « passeport médical » récemment mis au point par la Commission Médicale de la F.F.R (figure 8).
RÉFÉRENCES [1] MOMBET J. Traumatologie de la tête et du cou. Médecine du Rugby ; Masson, Paris, 1980. [2] M’BAREK M. Les traumatismes graves du rachis cervical chez les joueurs de rugby : à propos de 70 cas. Mémoire pour le D.U de Chirurgie du Sport 1993, Bordeaux. [3] BERGE J, MARQUE B, VITAL JM, SEGAS J, CAILLE JM. Étude IRM du rachis cervical chez les rugbymen de première ligne. Rachis et sport, Masson, Paris, 1995 ; 53-63 pp. [4] CASTAING JC, AMBROISE-CASTEROT C. Évaluation de la force isométrique des muscles du rachis cervical. Ann Kiné 1997 ; 24 : 335-41. [5] MALAVOY V. Évaluation de la force isométrique des muscles du rachis cervical chez les rugbymen. Thèse de médecine 2002 Bordeaux. [6] VITAL JM, AMBROISE-CASTEROT C, POISSON P. Intérêt du test isométrique des muscles du cou chez les joueurs de rugby. Communication à la 79e réunion de la SOFCOT, Paris, novembre 2004.
LE SUIVI PSYCHOLOGIQUE DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU, MISE AU POINT S. SIMON CAPS, 91 Cours Albret Hôtel St Marc 33000 Bordeaux. L’Activité Physique et Sportive (APS) est une activité naturelle et indispensable pour l’équilibre de l’individu. Les bénéfices sanitaires de l’APS sont multiples et indéniables
XVes CONGRÈS NATIONAL DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE TRAUMATOLOGIE DU SPORT tant sur le plan somatique (diminution des risques cardiovasculaire, ostéoporotiques, lutte contre le diabète, lutte contre l’obésité…) que sur le plan psychologique (lutte contre l’anxiété, la dépression…). Cependant il est indispensable que l’APS ait un caractère adaptée, à la personne, à son âge, à son état sanitaire, à ses motivations… La très grande majorité des pratiquants d’APS, sont dans ce cadre, qu’il s’agisse de sports loisirs ou toute autre forme d’APS modérée. A contrario, le sport intensif (le critère d’intensité est aujourd’hui arbitrairement fixé à 8 h/sem) est une activité aux effets sanitaires délétères tout aussi indéniables que ce soit sur le plan somatique ou psychologique. Si l’on considère l’ensemble des pratiquants comme une pyramide, sur les 36 Millions de pratiquants, les sportifs de haut niveau représentent une minorité de quelques centaines de milliers en constituant la pointe. Paradoxalement, étant constituée d’une partie des sportifs les plus emblématiques de l’institution, cette « pointe » doit portée à elle seule les valeurs et les vertus sportives de « la base ». Or ces sportifs intensifs, sont les plus éloignés des vertus du sport modérée (épanouissement physique et psychique, désintéressement…). C’est le paradoxe de la pyramide éclatant à la surface médiatique sous la forme d’affaires sordides comme celle paradigmatique du cycliste Pantani. L’existence de troubles psychopathologiques est démontré dans la littérature médicale. Les différents catégories de troubles sont : les troubles dépressifs, les troubles anxieux, les troubles du comportement alimentaire, les dépendances (à des substances mais aussi à l’APS elle même). Il existe dans l’APS des facteurs de vulnérabilité clairement identifiés : la centration sportive, les interruptions de pratique longues ou définitives, la précocité et l’intensité d’une pratique. Devant cette réalité scientifique confirmée par la file active de notre consultation ambulatoire créée en 2001 au CHU de Bordeaux au sein du CAPS (Centre d’Accompagnement et de Prévention pour les Sportifs), le législateur a imposé clairement au travers d’un arrêté paru le 11 février 2004, l’obligation pour les fédérations de mettre en place un bilan psychologique intégré au examens médicaux nécessaires chez les sportifs de haut niveau et ceux présents dans les filières d’accès au haut niveau. Les objectifs et le cadre de ce bilan psychologique ont été définis par un groupe de travail mis en place par le Ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Vie Associative (MJSVA) en septembre 2004 : — Détection de troubles psychopathologiques patents — Détection de facteurs de vulnérabilité et de protection — Action de prévention sur les difficultés liés à l’activité intensive — Orientation vers une prise en charge adaptée si besoin. Le bilan doit se dérouler sous la forme d’un entretien spécifique, à part de la consultation de médecine somatique. Il est réalisé sous la responsabilité médicale du médecin coordinateur du bilan médical complet. Il peut être opéré par un médecin ou un psychologue. Il obéit strictement au règles du secret médical. L’utilisation d’un outil est laissé au libre choix de l’opérateur ou du médecin prescripteur. Devant l’inexistence d’outils préexistants, le CAPS a mis au point dès 2002 un outil répondant a priori aux objectifs et au cadre de ce bilan psychologique : le GEEMS (Grille d’Entretien et d’Évaluation Multidimensionnelle pour les Sportifs).
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Sur le fond, il s’est agit, de créer un outil capable d’aborder l’individu d’une manière globale (relations familiales et sociales, champ scolaire, professionnel, loisirs, santé physique, le corps et les comportements alimentaires, l’état psychologique, les consommations de substances) tout en y incluant la spécificité sportive. Pour cela nous sommes partis d’un outil existant et validé : l’ASI (Addiction Severity Index) utilisé dans le champ des consommations problématiques. Nous en avons gardé le corpus central, le cadre formel, les méthodes d’évaluations. Nous avons ôté des items inadaptés et ajouté d’autres indispensables à la réalisation de notre objectif tout en visant le maintien d’un équilibre ayant fait l’objet d’une validation. Formellement, le GEEMS est une grille d’entretien semidirigé. La passation dure environ 45 minutes, les réponses sont codées permettant une saisie informatique. L’outil est suffisamment souple pour que l’opérateur garde sa sensibilité et pour que l’entretien se déroule dans une interaction indispensable à l’évaluation. Parallèlement, sa forme permet une standardisation des champ explorés et une codification des réponses, utile à l’uniformité de la démarche ainsi qu’au lancement d’étude faisant cruellement défaut dans le champ de la psychopathologie sportive. Une formation d’une demi-journée est nécessaire pour son utilisation. Les opérateurs doivent être médecins ou psychologues. L’équipe du CAPS l’utilise depuis plusieurs années au sein de sa file active ou dans le cadre de bilans psychologiques systématiques. Une formation agréée a été mise au place dans le cadre hospitalo-universitaire, permettant à des opérateurs d’autres régions d’utiliser l’outil. En conclusion, le bilan psychologique est maintenant une obligation légale répondant ainsi de façon pertinente à une réalité jusqu’ici ignorée. À notre connaissance très peu d’outil pouvant répondre à cette demande ont été créés. Le GEEMS créé et utilisé par le CAPS depuis 2001 en est un.
SOINS À DISTANCE EN MILIEU HOSTILE J.Y. CHAUVE Institut Mer et Vie, 4 avenue du Littoral 44380 Pornichet. La sonnerie du téléphone est brutale. Décrocher, vite. La distorsion qui accompagne les premiers mots est sans équivoque. C’est un bateau qui appelle. Instant de stress. Ici, dans cet échange à distance, pas question de douter, de tergiverser, il faut sentir et comprendre, vite, pour bien cerner le problème et poser les bonnes questions. Chaque mot est important pour s’imprégner du problème. « La plaie est au niveau du doigt, ça saigne pas mal… — Dis-moi à quel niveau ça se situe, exactement ? C’est profond ? Écarte les bords pour mieux voir… ». La réponse est rassurante. Un bilan s’impose tout de même. « Peux-tu répondre aux questions 564 page 255 du Guide de la Médecine à Distance ? ». Méfiance. On ne sait jamais, la plaie a pu toucher un nerf ou un tendon. Il faut qu’il vérifie. Le Guide va l’aider à recenser les symptômes. « Rappelle ou envoie un mail quand tu auras tout contrôlé. OK, et puis, dès que je pourrai, je t’enverrai une photo » Par mail, il n’aura à écrire que le code associé à chaque symptôme. On peut coder les symptômes dans une langue et décoder dans une autre. C’est simple, rapide et sûr. Le