Le virus de la dengue concerne dorénavant la France métropolitaine

Le virus de la dengue concerne dorénavant la France métropolitaine

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Actualités pharmaceutiques Ř n° 500 Ř Novembre 2010

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Le virus de la dengue concerne dorénavant la France métropolitaine

Durant l’été 2010, plus de 30 000 cas et 13 décès ont été recensés dans les Antilles françaises à la suite d’une épidémie de dengue sans précédent survenue dans cette région du globe. Les deux premiers cas de dengue ont aussi été déclarés en France métropolitaine. Les autorités sanitaires sont en alerte.

rement en Asie et en Amérique du Sud. Elle ne cesse de s’étendre, notamment à l’Océan Indien, au Pacifique Sud et, depuis 2003, aux Antilles françaises qui ont connu un pic épidémiologique durant l’été 2010. Mi-septembre 2010, deux cas autochtones ont été décrits dans les Alpes-Maritimes (06). La dengue est une arbovirose (la plus répandue au monde), c’est-à-dire une maladie transmise par des arthropodes hématophages comme peut l’être la fièvre jaune ou le chikungunya.

L’agent responsable, un arbovirus Le virus de la dengue est un arbovirus de la famille des Flaviviridae qui compte quatre sérotypes (DEN-1, DEN-2, DEN-3, Ř Aedes albopictus.

Le moustique tigré incriminé Le virus de la dengue se transmet par piqûre d’un moustique vecteur du genre Aedes, actif essentiellement le jour, en zone urbaine notamment. Dans le sud de la France, c’est Aedes albopictus (moustique tigré) qui est présent. Il n’existe pas de transmission directe du virus d’homme à homme. En revanche, un moustique qui pique une personne porteuse du virus peut transmettre ce dernier à un autre sujet en le piquant. Les individus atteints ne sont donc contagieux ni par contact ni par le biais des postillons.

Une maladie grave, de type grippal

© BSIP/Nature’s images

L

a dengue, à l’origine d’importantes épidémies depuis le siècle dernier, sévit aujourd’hui dans l’ensemble de la zone intertropicale, plus particuliè-

DEN-4). Une personne infectée par l’un des sérotypes développera des anticorps qui la protégeront contre ce sérotype particulier, mais pas contre les trois autres. Il est ainsi possible de présenter, au cours de sa vie, quatre accès de dengue avec quatre sérotypes différents.

La période d’incubation de la dengue est habituellement de 4 à 7 jours. La maladie présente un tableau clinique qui varie selon l’âge du patient. Chez les nourrissons et les enfants en bas âge, elle peut prendre la forme d’un syndrome fébrile indifférencié avec éruption. Chez les

Lutte contre le moustique vecteur de l’épidémie Une lutte larvicide et adulticide contre le moustique Aedes vecteur reste la seule méthode pour enrayer la propagation du virus de la dengue. Des insecticides organophosphorés (téméphos, fénitrothion) ou des pyréthrynoïdes (deltaméthrine) sont pulvérisés directement sur les gîtes larvaires (eaux stagnantes, vases, seaux, fûts métalliques, citernes utilisées pour la conservation de l’eau domestique…) et dans tous les endroits où les moustiques sont susceptibles d’être présents.

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enfants plus âgés et les adultes peuvent être observés : – soit un syndrome fébrile bénin ; – soit une maladie invalidante classique d’installation brusque avec forte fièvre pouvant atteindre 40-41 °C, éruption maculopapulaire sur le tronc, s’étendant vers le visage et les extrémités, céphalées intenses, douleurs rétro-orbitaires, musculaires et articulaires et signes digestifs (vomissements). La dengue évolue spontanément vers la guérison sans séquelle dans la majorité des cas même si la convalescence peut être longue, notamment chez l’adulte, susceptible de souffrir d’une asthénie prolongée. Cependant, dans certains cas, le plus souvent chez les enfants de moins de 15 ans, l’infection peut évoluer vers des formes très sévères comme la forme hémorragique (dengue hémorragique) ou la forme avec syndrome de choc. Celles-ci débutent classiquement mais la fièvre s’installe, des saignements importants touchant les organes internes (saignements digestifs abondants, ecchymoses en nappe…) apparaissent et des troubles de la coagulation surviennent. Enfin, un état de choc est susceptible de se produire (diminution du pouls, refroidissement des extrémités, douleurs abdominales, agitation, déshydratation). Concernant les cas de dengue hémorragique, la létalité est de l’ordre de 1 à 5 %, mais peut atteindre 20 % en l’absence de traitement adapté.

Quelle est la situation en France ? Au total, 87 cas suspects ont été identifiés en 2010 en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, ainsi que la présence d’œufs d’Aedes albopictus. Le moustique transmetteur de la dengue est donc bien présent dans l’Hexagone. Son entrée a été favorisée par l’arrivée des voyageurs infectés dans les zones endémiques. Mi-septembre 2010, les deux premiers cas de dengue autochtones ont été confirmés par le ministère de la Santé. Afin de prévenir toute dissémination du virus, les mesures de surveillance épidémiologique et entomologique – c’est-à-dire sur les populations de moustiques – ont été renforcées, ainsi que des actions de démoustication. En France, la dengue est une maladie à déclaration obligatoire depuis 2006.

Une prise en charge uniquement symptomatique Il n’existe pas de traitement spécifique de la dengue et la prise en charge repose donc sur des traitements symptomatiques afin de soulager la fièvre et la douleur. Toutefois, les salicylés sont totalement contre-indiqués car leur action antiagrégante plaquettaire peut aggraver un tableau de dengue hémorragique ou avec syndrome de choc. À l’heure actuelle, des essais cliniques évaluent un vaccin préventif.

les vêtements d’insecticides à base de pyréthrinoïdes et d’appliquer des répulsifs sur la peau. Dans l’habitat, des insecticides pyréthrinoïdes peuvent être employés sur les rideaux des portes, les voilages et les fenêtres. L’utilisation de moustiquaire est également conseillée. 

Stéphane Berthélémy Pharmacien, Royan (17) [email protected]

Des mesures de prévention surtout individuelles La prévention est avant tout individuelle mais complémentaire de la désinsectisation. En zone infestée, il est recommandé de porter des vêtements longs et de protéger ses pieds et ses chevilles pour réduire le risque d’exposition aux piqûres. Il est également possible d’imprégner

Pour en savoir plus Institut de veille sanitaire : www.invs.sante.fr “Dengue : point sur les connaissances” Ministère de la Santé : www.sante.gouv.fr “Généralités sur la dengue septembre 2007” Organisation mondiale de la santé : www.who.int “Dengue” et “Dengue hémorragique” www.santelog.com

Retrouvez Actualités pharmaceutiques sur internet : ¤ www.em-consulte.com/produit/actpha Vous n’êtes pas abonné(e) ?

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