L’échographie : ses indications et applications en kinésithérapie

L’échographie : ses indications et applications en kinésithérapie

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Dossier / Échographie

L'échographie : ses indications et applications en kinésithérapie Ultrasonography: Its indications and applications in physiotherapy Michel Gedda (Directeur général des instituts de formation en masso-kinésithérapie et ergothérapie de Bercksur-Mer, Rédacteur en chef de « Kinésithérapie, la Revue ») a,b

Mots clés n France, la physio-kinésithérapie s'est formée par regroupement de disciplines différentes et parfois concurrentes, mais interactives et affines dans leurs objectifs et principes : améliorer l'état de santé par les « remèdes physiques », comme les nomme Alfred Levertin en 1893 [1] : air, eau, électricité, magnétisme, mouvement, etc., qui requièrent la présence d'un professionnel formé à un savoir-faire spécifique [2]. L'une des principales spécificités de cette « troisième voie », se proposant comme alternative à la pharmacologie et à la chirurgie, tient en son mode d'action par l'« extérieur » sur les structures internes [2]. C'est donc bien « naturellement » que les ultrasons ont très vite intégré l'arsenal thérapeutique du kinésithérapeute dans ses décrets de compétence, puis d'actes et d'exercice [3]. Récemment, le Conseil National de l'Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes (CNOMK) a rappelé que le kinésithérapeute est habilité à pratiquer l'échographie – ou échoscopie – dans le cadre du diagnostic et des traitements kinésithérapiques, sous réserve d'être formé et sans préjudice de l'établissement d'un diagnostic médical [4].

E

Note de la rédaction Cet article fait partie d'un ensemble indissociable, coordonné par Michel GEDDA, publié dans ce numéro sous forme d'un dossier nommé « L'échographie : ses indications et applications en kinésithérapie » et composé des articles suivants :  Gedda M. L'échographie : ses indications et applications en kinésithérapie. Kinesither Rev 2017;17(182).  Hartmann S. L'échographie en médecine, de la théorie à la pratique. Kinesither Rev 2017;17(182).  Le Neindre A, Demont A. L'échographie en réhabilitation, une émergence anglosaxonne. Kinesither Rev 2017;17(182).  Demont A, Lemarinel M. Échographie en rééducation musculo-squelettique et neuromusculaire. Kinesither Rev 2017;17(182).  Demont A, Lemarinel M. Échographie musculaire de l'abdomen : principes de base et applications cliniques pour la lombalgie commune chronique. Kinesither Rev 2017;17 (182).  Le Neindre A, Wormser J, Lebret M. Place de l'échographie pulmonaire dans le processus de décision clinique du kinésithérapeute. Kinesither Rev 2017;17(182).  Wormser J, Lebret M, Le Neindre A. L'échographie du diaphragme : principes et intérêts pour le kinésithérapeute. Kinesither Rev 2017;17(182).  Riquier S. Comment insérer l'échographie dans un processus de diagnostic différentiel physiothérapique : apports de la Physio-Échographie-Fonctionnelle® à travers deux cas cliniques de gonalgie. Kinesither Rev 2017;17(182).

Échogénicité Échoscopie Effet piézo-électrique Sonde temps réel Ultrason

Keywords Echogenicity Echoscopy Piezoelectric effect Real-time probe Ultrasound a Instituts de formation en massokinésithérapie et ergothérapie, avenue du Phare, BP 62, 62602 Berck-sur-Mer cedex, France b Unité de recherche pluridisciplinaire sport, santé, société, laboratoire ER3S (atelier SHERPAS), université d'Artois, France

Correspondance : M. Gedda, instituts de formation en massokinésithérapie et ergothérapie, avenue du Phare, BP 62, 62602 Berck-sur-Mer cedex, France. Adresse e-mail : [email protected] DOIs des articles originaux : http://dx.doi.org/10.1016/j. kine.2016.11.006 http://dx.doi.org/10.1016/j. kine.2016.11.005 http://dx.doi.org/10.1016/j. kine.2016.11.010 http://dx.doi.org/10.1016/j. kine.2016.11.008 http://dx.doi.org/10.1016/j. kine.2016.11.004 http://dx.doi.org/10.1016/j. kine.2016.11.007 http://dx.doi.org/10.1016/j. kine.2016.11.009

http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2016.11.013 © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. 1

Pour citer cet article : Gedda M. L'échographie : ses indications et applications en kinésithérapie. Kinesither Rev (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2016.11.013

KINE 716 No. of Pages 3 M. Gedda

Dossier / Échographie Tableau I. Aspect échographique des principales structures anatomiques [15,18]. Tissus

Image échographique

Artère

Anéchogène : cercles noirs, tubes (pulsatile)

Veine

Anéchogène : cercles noirs, tubes (compressible)

Muscle

Aspect hétérogène : mélange de lignes hyperéchogènes (fascia) traversant du tissu hypoéchogène (myofibrilles)

Tendon

Structure fibrillaire principalement hyperéchogène avec des artéfacts hypoéchogènes Artéfacts techniques hypoéchogènes

Os

Ligne hyperéchogène (périoste) avec un cône d'ombre (os sous-jacent)

Plèvre

Ligne hyperéchogène sans cône d'ombre

Nerf

Structure fasciculaire hyperéchogène (gaines conjonctives)/hypoéchogène (fibres nerveuses) Artéfacts techniques hypoéchogènes

Moelle épinière

Anéchogène

Tissu graisseux

Hypoéchogène avec des lignes irrégulières plus hyperéchogènes

Les images produites par l'écho retour de ces vibrations sonores à haute fréquence présentent en effet de nombreux intérêts pour la prise en charge des problématiques kinésithérapiques. Elles aident à mieux discerner comment les anomalies structurelles perturbent la gestuelle, y compris au cours du mouvement. Cette visibilité animée et instantanée constitue une assistance précieuse pour découvrir l'état des tissus et des flux sanguins, pour repérer les zones et circonstances de conflit ou de blocage, pour évaluer l'évolution du problème et l'efficacité du traitement – et même les effets en cours d'exécution des techniques, offrant ainsi un opportun feed-back qui permet de réajuster l'intervention en temps réel [5]. Comment envisager se priver de ce précieux soutien qui améliore l'acuité thérapeutique sur les cibles d'action – et pourvoit donc davantage d'efficacité et de sécurité pour le patient ? Raisons pour lesquelles cette pratique est recommandée aux kinésithérapeutes dans la plupart des autres pays [6–13]. Les quelques réserves et réticences chuchotées en vieux français ça et là ne visent qu'à protéger les intérêts du patient, notamment vis-à-vis des risques de mésinterprétation ou d'identification prématurée d'autres pathologies plus graves. . . Elles incitent donc les masseurs-kinésithérapeutes à se former rigoureusement à l'échographie et à régulièrement la pratiquer afin d'acquérir une réelle expertise évitant ces écueils et optimisant son appropriation [14]. C'est effectivement un exercice qui ne s'improvise pas. Il contraint à une connaissance pointue – dynamique et en trois dimensions – de l'anatomie topographique et de la physiologie ; domaines dont est friande la profession. Car, malgré une apparente facilité liée à la simplicité pour produire des images, et outre l'attrait passionnant et quasiludique – renforcé par une innocuité totale (aucun effet secondaire) [5] – de découvrir enfin de l'intérieur nos « matériaux de travail », et comment ils répondent en direct, cette technologie exige d'en maîtriser les potentiels, limites et subtilités acoustiques. Il s'agit d'acquérir de nouvelles compétences et habiletés : régler les paramètres pour optimiser les potentiels techniques de l'appareil (profondeur, focale, mode d'affichage, gain, etc.), choisir (fréquence, forme, etc.) et positionner (localisation, inclinaison, translation, etc.) adéquatement la sonde, reconnaître les structures anatomiques échogènes visées et

observées (configuration, orientation spatiale, sens du flux, etc.) (Tableau I), éviter/utiliser les pièges et artéfacts (cônes d'ombre, queue de comète, anisotropie, etc.), interpréter l'image et la sémiologie échographique (échogénicité, homogénicité, etc.), etc. [5,15–19]. Aussi marquée par son caractère opérateur-dépendant typique de toute intervention humaine, l'échographie est indéniablement un outil de formation, de recherche et de pratique pour la profession. Ce dossier [5,6,20–23] propose un aperçu de l'usage clinique de l'échographie en kinésithérapie. Déclaration de liens d'intérêts L'auteur déclare ne pas avoir de liens d'intérêts.

Références [1] Levertin A. La gymnastique médico-mécanique Zander : méthode, importance, application. PA Norstedt & Söner, Stockholm: Imprimerie royale; 1893 [118 p.]. [2] Monet J. Émergence de la Kinésithérapie en France à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Une spécialité médicale impossible, Genèse, acteurs et intérêts de 1880 à 1914.[Thèse pour le doctorat en sociologie, sous la direction de Offerle M.] Université Paris I – Panthéon-Sorbonne, Institut des sciences sociales du travail; 2003 [707 p.]. [3] République française, ministère du Travail et des Affaires sociales. Décret no 96-879 du 8 octobre 1996 relatif aux actes professionnels et à l'exercice de la profession de masseurkinésithérapeute. Journal Officiel 1996;236:14802–3, http://www. legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=15891ABCC93026E F090F901886DDCA8E.tpdjo16v_1?cidTexte=JORFTEXT0000 00195448&categorieLien=id. [4] Conseil National de l'Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes (CNOMK). Avis du conseil national de l'ordre du 27 mars 2015 modifié le 24 septembre 2015 et relatif à l'échographie. CNO no 2015-01. http://www.ordremk.fr/wp-content/uploads/ 2013/09/AVIS-CNO-n%C2%B02015-01-CNO-27-MARS-2015RELATIF-A-LECHOGRAPHIE.pdf. [5] Hartmann S. L'échographie en médecine, de la théorie à la pratique. Kinesither Rev 2017;17(182). [6] Le Neindre A, Demont A. L'échographie en réhabilitation, une émergence anglo-saxonne. Kinesither Rev 2017;17(182).

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Pour citer cet article : Gedda M. L'échographie : ses indications et applications en kinésithérapie. Kinesither Rev (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2016.11.013

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[7] Le Neindre A, Mongodi S, Philippart F, Bouhemad B. Thoracic ultrasound: potential new tool for physiotherapists in respiratory management. A narrative review. J Crit Care 2016;31(1):101–9. [8] Callaghan MJ. A physiotherapy perspective of musculoskeletal imaging in sport. Br J Radiol 2012;85:1194–7. [9] Potter CL, Cairns MC, Stokes M. Use of ultrasound imaging by physiotherapists: a pilot study to survey use, skills and training. Man Ther 2012;17:39–46. [10] McKiernan S, Chiarelli P, Warren-Forward H. A survey of diagnostic ultrasound within the physiotherapy profession for the design of future training tools. Radiography 2011;17: 121–5. [11] McKiernan S, Chiarelli P, Warren-Forward H. Diagnostic ultrasound use in physiotherapy, emergency medicine, and anaesthesiology. Radiography 2010;16:154–9. [12] Frost N, Clarke J. Ultrasound for biofeedback in physiotherapy. Soundeffects 2004;4:10–3. [13] Whittaker JL. Recommendations for the implementation of real time ultrasound imaging in physical therapy practice: the final report of a College of Physical Therapists of British Columbia, Canada Real Time Ultrasound Imaging Ad Hoc Committee. Vancouver, BC: CPTBC; 2004. [14] Demont A, Lemarinel M. Échographie en rééducation musculosquelettique et neuromusculaire. Kinesither Rev 2017;17 (182). [15] Chan VW. A practical guide to ultrasound imaging for regional anesthesia: part 1 – basic principles. Ed pour Ipad (version 1.1). Toronto Centre for Ultrasound Education; 2013 [110 p.].

Dossier / Échographie [16] Chan VW, Perla A. Basics of ultrasound imaging (13-9). In: Narouze SN, editor. Atlas of ultrasound-guided procedures in interventional pain management. Springer Science + Business Media, LLC; 2011 [372 p. doi:10.1007/978-1-4419-1681-5_2]. [17] Ihnatsenka B, Boezaart AP. Ultrasound: basic understanding and learning the language. Int J Shoulder Surg 2010;4:55–62. http:// dx.doi.org/10.4103/0973-6042.76960. [18] Carty S, Nicholls B. Ultrasound-guided regional anaesthesia. Continuing education in anaesthesia. Crit Care Pain J 2007;1 (7):20–4. http://dx.doi.org/10.1093/bjaceaccp/mkl059. [19] Sites BD, Brull R, Chan VW, Spence BC, Gallagher J, Beach ML, et al. Artifacts and pitfall errors associated with ultrasoundguided regional anesthesia. Part I: understanding the basic principles of ultrasound physics and machine operations. Reg Anesth Pain Med 2007;32:412–8. [20] Demont A, Lemarinel M. Échographie musculaire de l'abdomen : principes de base et applications cliniques pour la lombalgie commune chronique. Kinesither Rev 2017;17(182). [21] Le Neindre A, Wormser J, Lebret M. Place de l'échographie pulmonaire dans le processus de décision clinique du kinésithérapeute. Kinesither Rev 2017;17(182). [22] Wormser J, Lebret M, Le Neindre A. L'échographie du diaphragme : principes et intérêts pour le kinésithérapeute. Kinesither Rev 2017;17(182). [23] Riquier S. Comment insérer l'échographie dans un processus de diagnostic différentiel physiothérapique : apports de la PhysioÉchographie-Fonctionnelle® à travers deux cas cliniques de gonalgie. Kinesither Rev 2017;17(182).

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Pour citer cet article : Gedda M. L'échographie : ses indications et applications en kinésithérapie. Kinesither Rev (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2016.11.013