Annales de dermatologie et de vénéréologie (2009) 136, 395
NOTE DE PHARMACOVIGILANCE
Léflunomide et syndrome de Lyell Leflunomide and Lyell syndrome J.-L. Schmutz a,∗, A. Barbaud a, P. Tréchot b a
Service de dermatologie, hôpital Fournier, 36, quai de la Bataille, 54035 Nancy cedex, France b Service de pharmacologie, hôpital Central, 29, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 54035 Nancy cedex, France Disponible sur Internet le 23 f´ evrier 2009
Le léflunomide (Arava® ) est un immunosuppresseur sélectif indiqué chez l’adulte dans la polyarthrite rhumatoïde active en tant que traitement de fond et dans le traitement du rhumatisme psoriasique actif. Son activité s’effectuerait via un métabolite actif, le A 77 17260. Bien que la monographie d’Arava® mentionne de très rares syndromes de Stevens-Johnson, de Lyell et d’érythèmes polymorphes, peu de cas ont fait, à ce jour, l’objet d’une publication [1,2]. El Aïdli et al. [3] rapportent un cas de syndrome de Lyell en relation probable avec un traitement par léflunomide. Une femme âgée de 36 ans, aux antécédents marqués par une anémie ferriprive, était traitée par méthotrexate depuis mai 2005 pour une polyarthrite rhumatoïde séropositive. En décembre 2005, était débuté un traitement par léflunomide à la posologie standard de 100 mg/j. À j21, la patiente présentait des convulsions généralisées de type grand mal. Le léflunomide était arrêté tandis que le scanner cérébral et l’EEG étaient normaux. Neuf jours plus tard (j30), la patiente présentait un érythème maculopapuleux du décolleté et du haut du dos ainsi qu’un érythème du visage associé à un œdème de la face. Ces lésions s’accompagnaient d’une fièvre, d’une chéilite desquamative, d’une perlèche croûteuse bilatérale, d’érosions de la muqueuse buccale et d’une conjonctivite.
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Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (J.-L. Schmutz).
À j35, les lésions cutanées confluaient en larges placards avec extension généralisée et la patiente était hospitalisée dans un service de dermatologie. Les examens biologiques objectivaient alors une pancytopénie, une cytolyse hépatique (ASAT à 8N), des anticorps anti-DNA natifs et antiphospholipides positifs. À la biopsie cutanée, on notait un décollement de l’épiderme avec dépôt d’immunoglobulines (IgM et IgG) et de C1q au niveau de la jonction dermoépidermique. À j41 devant l’altération de l’état général, d’une fièvre et d’un décollement cutané touchant plus de 30 % de la surface corporelle, la patiente était transférée en réanimation. L’évolution était marquée par une régression des lésions cutanées avec desquamation étendue et décollement des ongles tandis qu’une kératite infectieuse se compliquait d’une cécité. Aucune récidive de crises convulsives n’était notée avec un recul d’un an.
Références [1] Teraki Y, Hitomi K, Sato Y, Hamamatsu Y, Izaki S. Leflunomideinduced toxic epidermal necrolysis. Int J Dermatol 2006; 45:1370—1. [2] Fischer TW, Bauer HI, Graefe T, Barta U, Elsner P. Erythema multiforme like drug eruption with oral involvement after intake of leflunomide. Dermatology 2003;207:386—9. [3] El Aïdli S, Salouage I, Kastalli S, Srairi S, Daghfous R, Loueslati MH, et al. Syndrome de Lyell au léflunomide (Arava® ). Therapie 2008;63:157—8.
0151-9638/$ — see front matter © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.annder.2008.12.021