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Introduction L’érythème pigmenté fixe (EPF) est une toxidermie rare. L’EPF induite par les antiépileptiques est une complication rare et particulière. Nous rapportons deux cas d’EPF secondaire à deux traitements antiépileptiques. Observation Cas No 1 : patiente âgée de 24 ans, suivie depuis l’âge de 20 ans pour maladie de Lafora confirmée par une biopsie cutanée au niveau axillaire. La patiente a été traitée pour son épilepsie par valproate de sodium, lévomépromazine, lorazépam et carbamazépine. Depuis deux semaines, il y a eu l’apparition de lésions d’hyperpigmentation au niveau des deux mains et des deux pieds. Le diagnostic d’EPF a été évoqué et confirmé par une biopsie cutanée. La carbamazépine a été incriminée et retirée par la suite. Les lésions se sont améliorées au bout de deux semaines. Cas No 2 : une patiente âgée de 30 ans suivie depuis l’adolescence pour épilepsie symptomatique. La patiente a été équilibrée par valproate de sodium et carbamazépine. Devant l’exacerbation de nombre de crises, la patiente a été mise sous phénobarbital. Après 2 semaines de traitement, il y a eu l’apparition des lésions d’hyperpigmentation au niveau des deux mains et des deux pieds. Le diagnostic d’EPF a été évoqué et confirmé par une biopsie cutanée. Le phénobarbital a été incriminé et retiré par la suite. Discussion Les principaux médicaments identifiés comme pourvoyeurs d’EPF sont le paracétamol, les AINS et les antibiotiques. Pour nos deux observations, il a été établi qu’il existait une association entre l’administration du médicament antiépileptique. Pour les autres médicaments, leur responsabilité est écartée devant la nette régression des lésions cutanées malgré leur persistance. Conclusion La pathogenèse de l’EPF induite les antiépileptiques est mal comprise. Une meilleure compréhension de la pathogenèse et de la génétique de l’EPF, nous permettra une meilleure prise en charge. Mots clés Phénobarbital ; Valproate de sodium ; Érythème pigmenté fixe Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.neurol.2019.01.065 B13
Qualité de vie des épileptiques suivis au CHU d’Oran
Amina Chentouf 1,∗ , Mohand Laid Oubaiche 2 Neurologie, faculté de médecine d’Oran, CHU d’Oran, Oran, Algérie 2 Service de neurologie, C.H. et universitaire d’Oran, Oran, Algérie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (A. Chentouf)
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Introduction L’épilepsie est une affection neurologique fréquente pouvant avoir un impact sur la qualité de vie. Objectifs Cette étude a pour objectif de comparer la qualité de vie des patients épileptiques à celle d’individus en bonne santé. Patients et Méthodes Il s’agit d’une étude transversale menée au service de neurologie du CHU d’Oran entre janvier et octobre 2018. Nous avons utilisé l’échelle SF-36 pour l’évaluation de la qualité de vie. Chaque patient a été comparé à deux témoins sains appariés au sexe, à l’âge, au lieu de résidence et au niveau socio-économique. L’analyse statistique a été réalisée par le test T et par le test de corrélation de Pearson en utilisant le logiciel SPSS version 21,0. Résultats Nous avons inclus 152 patients dont 80 hommes (52,6 %). L’âge moyen de nos patients était de 37,43 ± 21,35 ans. Le score SF-36 moyen dans le groupe des épileptiques était de 51,34 vs 67,62 dans le groupe contrôle avec une différence statistiquement significative (p < 0,01). Cette différence a été
également relevée lors de la comparaison de tous les domaines (sous-échelles) de la SF-36. Le score moyen était plus élevé chez les hommes par rapport aux femmes. Discussion Nos résultats rejoignent ceux de plusieurs études menées en Tunisie, au Maroc et en Irak. Cependant, certaines études retrouvent des scores moyens plus élevées chez les femmes. Ces discordances pourraient être attribuées à des différences socioculturelles entre les pays. Conclusion Notre étude a montré que l’épilepsie avait un impact considérable sur la qualité de vie des patients épileptiques d’où la nécessité de la mise en place de programmes visant à améliorer leurs conditions au quotidien. Mots clés Échelle SF-36 ; Qualité de vie ; Épilepsie Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.neurol.2019.01.066 B14
Administration sous-cutanée du lacosamide : protocolisation de l’usage et retour d’expérience
Nadia Frezel 1 , Fanny Moreau 2 , Stéphanie Genay 2 , Guillaume Baille 3,∗ , Maxime Chochoi 4 , Luc Defebvre 3 , Pascal Odou 5 1 Neurologie, centre hospitalier de Boulogne-sur-Mer, Boulogne-sur-Mer 2 Institut de pharmacie, CHU de Lille, Lille 3 Service de neurologie et pathologie du mouvement, C.H. régional universitaire de Lille (CHRU de Lille), Lille 4 Service de neurophysiologie clinique, C.H. Régional Universitaire de Lille (CHRU de Lille), Lille 5 Institut de pharmacie, centre hospitalo-universitaire de Lille (CHU de Lille), Lille ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (G. Baille) Résumé Introduction Chez certains patients épileptiques fragiles, la prise orale des traitements peut s’avérer difficile et leur administration intraveineuse apparaître trop invasive. Dans ce cas, l’administration sous-cutanée (SC) peut être envisagée. Objectifs Nous proposons une protocolisation de l’utilisation SC du lacosamide et un retour d’expérience sur le cas de 4 patients hospitalisés aux soins palliatifs du CHU de Lille. Patients et Méthodes Une protocolisation d’administration du lacosamide SC a été rédigée. L’osmolalité de solution de lacosamide aux différentes concentrations usuelles (selon le RCP du produit) a été mesurée via un osmomètre Radiometer : pur à 100 mg/mL, 4 mg/mL (200 mg/50 mL) et 6 mg/mL (300 mg/50 mL) dans du NaCl 0,9 %. Le pH a été mesuré via un pH-mètre sur ces différentes solutions. Une consultation de la littérature (MeSH Term) de l’utilisation du lacosamide SC a été effectuée. Résultats À toutes les concentrations testées, pH et osmolalité étaient compatibles avec une administration SC. Les quatre patients présentaient des troubles de vigilance rendant l’administration orale impossible et une utilisation par voie IV trop contraignante. Pour 3/4, le lacosamide a été relayé de per os à SC. La tolérance locale fut bonne (4/4) à 4 mg/mL même lors d’une administration pendant 7 jours. Après amélioration clinique, un patient a repris le lacosamide per os. Discussion La littérature ne rapporte l’utilisation du lacosamide SC qu’au travers d’un case report dans lequel l’administration rapide non diluée a été rapportée et bien tolérée. Une administration plus lente est préconisée dans le protocole pour améliorer la tolérance (1 mL/min). Nous n’avons pas évalué l’efficacité du traitement.
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Conclusion L’administration SC de lacosamide a amélioré le confort des 4 patients. Les bolus n’ont jamais été essayés mais semblent réalisables (lacosamide non dilué). Des dosages sanguins permettraient de juger l’efficacité. Mots clés Soins palliatifs ; Sous-cutané ; Lacosamide Financement Étude n’ayant pas bénéficié de financement. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.neurol.2019.01.067 B15
La thrombose veineuse est une manifestation rare du DRESS syndrome
Nouha Hamza ∗ , Rafik Machraoui , Naima Sghaier , Amjed Ben Haouala , Mohamed Guedria , Samia Younes Neurologie, EPS Tahar-Sfar, Mahdia, Tunisie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (N. Hamza) Introduction DRESS (« Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms ») peut être déclenché par une réaction immunologique à la Carbamazépine. La thrombophlébite a été exceptionnellement observée lors de ce syndrome. Observation Un homme âgé de 61 ans aux antécédents de HTA, goutte sous Allopurinol et épilepsie vasculaire pour laquelle il a été mis sous carbamazépine progressivement. 20 jours après, il était admis pour éruption maculo-papuleuse diffusé à tout le corps avec fébricule. Des adénopathies cervicales étaient présentes. La CRP était à 58. Les globules blancs étaient à 20 000/mm3 avec une hyperéosinophilie à 6000/mm3 . Il avait initialement une insuffisance rénale aiguë. L’amylasémie et le bilan cardiaque étaient corrects. Au cours de son hospitalisation, le malade a présenté un œdème, rougeur et chaleur du membre inférieur gauche (MI). Une écho-doppler faite a confirmé le diagnostic d’une thrombophlébite. Les sérologies EBV, CMV et Hépatite B et C étaient négatives. Un scanner thoraco-abdomino-pelvien fait était normal. La Carbamazépine était arrêtée et le patient était mis sous antihistaminique, Levetiracetam et HBPM à dose curative. L’évolution était marquée par la correction rapide de la fonction rénale et la disparition plus tardive de l’éruption cutanée et des signes inflammatoires au MI gauche. Le bilan de pharmacovigilance a confirmé l’imputabilité de la Carbamazépine. Discussion Le DRESS est un syndrome rare dont la physiopathologie est imparfaitement comprise. La fièvre et l’atteinte cutanée sont les symptômes les plus constants. Les atteintes viscérales font la gravité du tableau. Les complications thromboemboliques sont rares au cours du DRESS. Néanmoins, des thromboses peuvent être associées à une hyperéosinophilie majeure. Conclusion Une hyperéosinophilie majeure pourrait justifier la prescription préventive d’une anti-coagulation chez les malades présentant un DRESS syndrome. Mots clés Hyperéosinophilie ; Thrombophlébite ; DRESS Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.neurol.2019.01.068
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Chirurgie de l’épilepsie : recensement franc¸ais de la pratique de l’évaluation neuropsychologique
Magali Boutin 1 , Marisa Denos 2 , Mélanie Planton 3 , Matthias Bilger 4 , Christine Bulteau 5 , Helene Brissart 7,∗ , Groupe Epi-Neuropsy6 1 Neurochirurgie, centre hospitalier Sainte-Anne, Paris 2 Pôle des maladies du système nerveux, AP–HP, Paris 3 Neurologie, hôpital Pierre Paul Riquet Toulouse, Toulouse 4 Neuropsychologie, hôpital civil - hôpitaux universitaires de Strasbourg, Strasbourg 5 Pédiatrie neurochirurgie, fondation ophtalmologique Adolphe de Rothschild, Paris 6 Neuropsy, ligue franc¸aise contre l’épilepsie, Montpellier 7 Neurologie, hôpital Central, Nancy ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (H. Brissart) Résumé Introduction Les troubles cognitifs sont fréquents dans les épilepsies pharmacorésistantes. Leur évaluation dans le contexte chirurgical apparaît indispensable. Dans l’objectif d’une harmonisation des pratiques, un recensement franc¸ais a été effectué. Objectifs À l’initiative de la ligue franc¸aise contre l’épilepsie, un recensement des pratiques et outils spécifiques au bilan neuropsychologique a été réalisé auprès des centres experts pratiquant la chirurgie de l’épilepsie. Patients et Méthodes Un questionnaire détaillé a été envoyé à seize centres. Il interrogeait la durée du bilan neuropsychologique dans le contexte chirurgical, les différents acteurs impliqués dans la prise en charge et l’ensemble des épreuves utilisées au sein de chaque dimension cognitive. Quinze centres ont participé au recensement. Résultats La durée moyenne du bilan neuropsychologique est de 3h30. Un consensus fort a été mis en évidence pour l’efficience intellectuelle (WAIS) ; un consensus élevé pour les fonctions exécutives (TMT, Stroop, Empans de chiffres, WCST, fluences verbales) et pour le langage. Toutefois, l’évaluation mnésique recense vingt épreuves différentes. L’évaluation des capacités visuo-spatiales n’est pas consensuelle et peu de centres évaluent les fonctions praxiques et motrices. Enfin, l’évaluation thymique retrouve un consensus avec l’inventaire de Beck. Discussion Le recensement franc¸ais présente des similarités avec les observations d’autres pays pratiquant la chirurgie de l’épilepsie. Il n’existe pas de bilan type avec des outils spécifiques, utilisés par tous, mais des consensus sont soulignés. Actuellement avec le développement des projets de recherche cliniques nationaux et européens, les cliniciens et chercheurs se concertent autour des possibilités de recommandations d’épreuves neuropsychologiques. Conclusion Cette première étape, indispensable à l’élaboration des premières recommandations franc¸aises, a permis la constitution d’un groupe de travail visant l’amélioration des pratiques neuropsychologiques autour de la chirurgie de l’épilepsie. Mots clés Chirurgie ; Épilepsie ; Neuropsychologie Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Remerciement Remerciements à la Ligue Franc¸aise contre l’Épilepsie (LFCE). https://doi.org/10.1016/j.neurol.2019.01.069