Les caractéristiques du travail et la santé des agents en services de détention

Les caractéristiques du travail et la santé des agents en services de détention

© Masson, Paris, 2005. Rev Epidemiol Sante Publique, 2005, 53 : 127-142 Les caractéristiques du travail et la santé des agents en services de détent...

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© Masson, Paris, 2005.

Rev Epidemiol Sante Publique, 2005, 53 : 127-142

Les caractéristiques du travail et la santé des agents en services de détention Work characteristics and health of correctional officers R. BOURBONNAIS(1, 2), R. MALENFANT(2), M. VÉZINA(2), N. JAUVIN(2), I. BRISSON(2) (1) Département de Réadaptation, Faculté de Médecine, Université Laval, Sainte-Foy, Québec G1K 7P4, Canada. Email : [email protected] (Tirés à part : R. Bourbonnais). (2) RIPOST (Recherche sur les Impacts Psychologiques, Organisationnels et Sociaux du Travail), CLSC-CHSLD Haute-VilleDes-Rivières, 55, Chemin Sainte-Foy, Québec, Québec G1R 1S9, Canada.

Background: The association between the psychosocial work environment and mental health problems has been well documented over the past years. Karasek and Theorell’s job strain model and Siegrist’s effort/reward imbalance model have been associated to several physical and mental health problems. Moreover, in the last decade, the Quebec correctional services sector has known an important increase in sickness benefit claims for mental health problems. This study aimed to describe the psychosocial work characteristics and health of Quebec correctional officers and to determine the occupational risk factors associated to psychological distress among them. Methods: This cross-sectional study was realized among 1034 correctional officers from 18 prisons in the province of Quebec, 668 men and 366 women. The response rate was 76%. Psychological demands, decision latitude, social support at work, reward, and psychological distress have been documented by telephone interviews during spring 2000. Results: Correctional officers were more exposed to adverse psychosocial factors at work than a comparable sample of Quebec workers and they reported more health problems. Results showed that the same sources of psychological distress affected men and women, but sometimes at different degrees. High psychological demands combined with low or high decision latitude, and effort/reward imbalance were associated to psychological distress independently of potential confounding factors. Among other work factors associated to the report of high psychological distress among correctional officers were low social support at work, and conflicts with colleagues and superiors. Conclusion: Many adverse psychosocial factors at work were in excess among correctional officers compared to workers from the general population. These factors, also related to high levels of psychological distress, could be addressed with the goal of primary prevention of mental health problems at work. Psychosocial work environment. Strain. Effort/reward imbalance. Psychological distress. Correctional officers.

Position du problème : Au cours des dernières années, l’association entre l’environnement psychosocial au travail et la prévalence des problèmes de santé mentale a été largement documentée. Le modèle de la tension au travail développé par Karasek et Theorell et celui du déséquilibre efforts/ reconnaissance au travail de Siegrist ont, entre autres, été associés à une série d’effets sur la santé physique et mentale. Au Québec au cours des dix dernières années, le secteur des services de détention a connu une importante augmentation des réclamations concernant les indemnités de maladie pour des problèmes de santé mentale. L’étude présentée visait d’une part à décrire les caractéristiques Texte reçu le 21 juin 2004. Acceptation définitive le 17 décembre 2004.

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psychosociales du travail et la santé des agents des services de détention québécois, et d’autre part à déterminer les facteurs professionnels associés à la détresse psychologique chez ces agents. Méthodes : Une recherche de type transversal a été réalisée auprès de 1 034 agents des services de détention dans 18 établissements de détention à travers le Québec, 668 hommes et 366 femmes. Le taux de participation a été de 76 %. La demande psychologique, la latitude décisionnelle, le soutien social au travail, la reconnaissance au travail ainsi que la détresse psychologique ont été mesurés par le biais d’entretiens téléphoniques au cours du printemps 2000. Résultats : Les agents des services de détention étaient beaucoup plus exposés aux contraintes psychosociales au travail qu’une population de référence comparable et ils déclaraient également plus de problèmes de santé. Les résultats ont montré que les même sources de détresse psychologique affectaient les hommes et les femmes, mais parfois à des degrés différents. Une demande psychologique élevée combinée à une latitude décisionnelle faible ou élevée, et le déséquilibre entre les efforts fournis au travail et la reconnaissance obtenue étaient associés à la détresse psychologique indépendamment des facteurs potentiellement confondants. Le faible soutien social des collègues et des supérieurs et les conflits avec les collègues et les supérieurs étaient aussi associés à la détresse psychologique. Conclusion : Cette étude a permis d’identifier plusieurs facteurs de l’environnement psychosocial au travail associés à la détresse psychologique des agents en services de détention, sur lesquels il est possible d’intervenir dans une perspective de prévention primaire des problèmes de santé mentale au travail. Environnement psychosocial de travail. Tension au travail. Déséquilibre efforts/reconnaissance. Détresse psychologique. Agents en services de détention.

INTRODUCTION

Dans la plupart des pays industrialisés les problèmes de santé mentale sont en forte croissance depuis les dernières décennies [1-4]. Une enquête québécoise effectuée auprès d’un échantillon représentatif de la population a révélé une prévalence de symptômes de détresse psychologique dans la population au travail de 19,0 % en 1998 [5, 6]. Au Québec, dans le milieu des services de détention, une augmentation importante des réclamations en assurance salaire (indemnités journalières d’assurance maladie) pour des problèmes de santé mentale chez les agents a alerté les représentants syndicaux et les représentants du ministère de la Sécurité publique, qui ont fait appel à notre équipe de recherche pour tenter de faire la lumière sur cette augmentation et ses déterminants. Bien que les vertus du travail sur la santé soient reconnues, différentes études ont montré que certaines conditions de travail sont jugées dangereuses par le personnel. L’influence sur la santé des facteurs psychosociaux au travail est, entre autres, bien documentée [7]. À partir d’un recensement de 43 études effectuées dans neuf pays d’Europe et d’Amérique, Schaufeli et Peeters font état de l’importance des contraintes dans le travail et de

l’épuisement professionnel chez les agents des services de détention (ASD) [8]. Dans ces études, les contraintes professionnelles comprennent l’ambiguïté de rôle [9, 10], les conflits de rôle [913], une faible participation aux prises de décisions [12], le manque de latitude, le faible soutien social au travail, les préoccupations au travail, les mauvaises relations avec les collègues et avec les détenus, les problèmes de gestion, la pression au travail [9], la surcharge quantitative et qualitative de travail, les faibles opportunités de promotion, le surplus d’heures de travail demandé aux employés [10], les préoccupations concernant la sécurité [10, 11, 14, 15] et le travail constant avec les mêmes détenus [10, 14]. Les horaires de travail, le poste occupé, le nombre d’années de service constituent d’autres sources de tension au travail [9]. Les études répertoriées n’ont pas mis en évidence d’importantes différences entre les niveaux de tension et de détresse psychologique rapportés par les hommes et les femmes ASD [14, 16, 17]. Depuis 1980, le modèle de la tension au travail développé par Karasek et Theorell [18] a dominé la recherche empirique sur les facteurs psychosociaux au travail. Il suppose que les personnes exposées à une forte tension au travail, c’est-àdire à une combinaison de demande psycholo-

TRAVAIL EN DÉTENTION AU QUÉBEC ET SANTÉ

gique élevée (quantité de travail, exigences intellectuelles requises et contraintes de temps) et de faible latitude décisionnelle (utilisation et développement des compétences et contrôle sur le travail qui implique l’autonomie et la participation aux décisions), sont plus à risque de développer des problèmes de santé. Ces contraintes au travail ont de fait été associées à une série d’effets sur la santé physique et mentale [19-21]. Johnson et Hall [22] ont ajouté une troisième dimension au modèle : le soutien social des collègues et des superviseurs, qui viendrait diminuer l’effet sur la santé de la tension au travail [18, 23-25]. Un deuxième modèle, celui du déséquilibre efforts/ reconnaissance de Siegrist est, pour sa part, centré sur le déséquilibre entre les efforts fournis au travail et la reconnaissance obtenue (l’estime, le respect et le contrôle sur son statut professionnel, la rétribution monétaire, la perspective de promotion et la sécurité d’emploi) [25-27]. Des effets néfastes du déséquilibre efforts/reconnaissance ont également été observés au plan émotionnel et physiologique [28-32]. Selon Siegrist, les efforts intrinsèques viendraient modifier l’association entre le déséquilibre efforts/reconnaissance et les problèmes de santé [33]. Ainsi, l’association entre le déséquilibre efforts/reconnaissance et les problèmes de santé augmenterait pour les personnes dont le besoin d’approbation, la compétitivité et l’hostilité latente, l’impatience et l’irritabilité disproportionnées et l’incapacité de prendre une distance d’avec son travail sont élevés. De Jonge et al. ont observé ces effets négatifs sur l’insatisfaction au travail [32]. Dans les études chez les ASD, la détresse psychologique a été retrouvée associée à une demande élevée, à une faible latitude, à une combinaison de demande élevée et de faible latitude, à une faible participation aux prises de décisions, à un faible soutien social au travail et enfin à l’ancienneté, les agents les plus expérimentés rapportant des niveaux plus élevés de détresse psychologique [9, 16, 34-36]. Aucune des études répertoriées portant sur le travail des ASD n’a examiné le déséquilibre entre les efforts fournis au travail et la reconnaissance obtenue. Aucune n’a fait non plus la comparaison de la prévalence des contraintes au travail et de leur association avec les problèmes de santé entre ASD et population générale, et peu d’études ont présenté des résultats de façon séparée pour les hommes et pour les femmes [14, 16-17].

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Ce recensement des écrits ainsi que l’augmentation des réclamations en assurance-salaire chez les ASD du Québec laissent présumer l’existence de plusieurs types de contraintes au travail. Une étude a ainsi été entreprise afin de décrire les conditions de travail et l’état de santé des ASD au Québec selon le genre, de comparer certaines de ces conditions de travail et la santé des ASD à celles d’un groupe comparable de travailleurs et de travailleuses du Québec, ainsi que de déterminer les facteurs de travail associés à la détresse psychologique chez ces ASD. MÉTHODOLOGIE

SCHÉMA D’ÉTUDE ET POPULATION L’article présente le volet transversal d’une étude effectuée au Québec chez les agents de 18 établissements de détention. Un volet longitudinal portant sur les données d’absence pour maladie certifiée sur une période de 24 mois, en fonction des facteurs de risque mesurés dans le volet transversal, fera l’objet d’une autre publication. Tous les agents et agentes en contact direct avec les détenus dans les 19 établissements de détention au Québec étaient éligibles. Les informations ont été recueillies par questionnaire au cours d’entretiens téléphoniques d’une durée moyenne de 35 minutes, effectués par une firme spécialisée en mai et juin 2000. Les ASD contactaient les interviewers par téléphone durant leurs heures de travail, à partir d’une liste de rendez-vous préalablement fixés pour chaque agent qui avait accepté de participer. Les agents ont été comparés à un groupe de référence constitué de travailleurs (N = 5 102) et travailleuses (N = 4 373) du Québec, occupant différents types d’emploi impliquant un contact avec le public et ayant participé à l’Enquête Sociale et de Santé 1998 (ESS 1998) [6]. L’ESS 1998 a été conduite auprès d’un échantillon randomisé stratifié de tous les Québécois inscrits à la Régie de l’Assurance-Maladie du Québec, ce qui représente plus de 95 % de la population. L’échantillon est représentatif de la population non-institutionalisée du Québec au moment où l’étude a été réalisée [6]. Dans l’ESS 1998, les données utilisées pour la comparaison ont été recueillies à l’aide des mêmes instruments que dans la présente recherche.

L’ÉTAT DE SANTÉ La détresse psychologique a été mesurée à l’aide de la version validée de 14 items du Psychiatric Symptom Index (PSI) [37]. Cette mesure évalue la présence et l’intensité des symptômes d’anxiété, d’agressivité, de dépression et de troubles cognitifs au cours de la dernière semaine. La version française du PSI a été validée dans l’enquête Santé Québec de 1992-93 1 1 Noter que l’Enquête sociale et de santé 1998 (ESS 98) est la suite de l’Enquête Santé-Québec 1992-93.

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[5]. Le PSI possède une bonne validité concomitante en regard de quatre autres mesures de santé mentale : l’hospitalisation pour un problème de santé mentale, la présence d’idées suicidaires, les tentatives de suicide, et la consommation de médicaments psychotropes [38]. La perception de l’état de santé a été mesurée par une question validée de l’Enquête Santé-Québec [5] et du Short-Form Health Survey-36 (SF-36) [39]. Elle évalue la perception qu’a un individu de sa santé en général en comparaison avec une personne du même âge. Quatre questions sur l’utilisation des services sociaux et de santé au cours des deux semaines précédant le questionnaire ont également été tirées de l’Enquête Santé-Québec [5]. Ces questions permettaient de savoir si le sujet s’était adressé à l’une ou l’autre des personnes suivantes au sujet de sa santé : 1) à un médecin ou à une infirmière ; 2) à un praticien de médecine non traditionnelle, à un ergothérapeute ou un physiothérapeute ; 3) à un psychologue ou à un travailleur social ; 4) à toute autre personne qui applique des traitements ou donne des conseils, dentiste, pharmacien, optométriste, diététicien ou autre.

LES FACTEURS DE RISQUE AU TRAVAIL La demande psychologique et la latitude décisionnelle ont été évaluées à l’aide du Job Content Questionnaire (JCQ) validé de Karasek comprenant 18 items [18, 40, 41]. Les qualités psychométriques de la version française de cet instrument ont été démontrées [41-43]. Le soutien social au travail des supérieurs et des collègues a également été mesuré à l’aide du JCQ de Karasek (8 items) [40]. Le déséquilibre efforts/reconnaissance a été évalué à l’aide des 9 items de la demande psychologique du JCQ (en remplacement de la dimension efforts de l’échelle de Siegrist) et de 11 items de reconnaissance du questionnaire de Siegrist [44], dont la validité factorielle et la consistance interne de la version originale ont été démontrées [29, 44, 45]. Les dix questions qui mesurent les conflits avec les collègues et les supérieurs ont été tirées du « Work Interpersonal Relationships Inventory » (WIRI), un instrument développé et validé par Faucett [46]. Dans notre étude, les coefficients de Cronbach pour les conflits avec les collègues et avec les supérieurs étaient respectivement de 0,74 et de 0,81. La dimension sens du travail se composait du sens accordé aux tâches accomplies, de l’importance du travail ainsi que de la motivation et de l’implication dans le travail. Cette dimension est tirée du questionnaire de Kristensen et son coefficient de Cronbach était de 0,83 dans notre étude [47]. Certaines questions ont été ajoutées pour mesurer des facteurs de risque identifiés dans la littérature comme étant spécifiques aux ASD mais pour lesquels aucun instrument validé n’existait. Une première question concernait l’existence de conflits entre les exigences du travail et les valeurs personnelles, une deuxième traitait de l’influence du supérieur immédiat sur les décisions de la direction, une troisième mesurait la préoccupation des autorités ministérielles à l’égard des questions de santé et de sécurité des ASD. Enfin, un dernier indice regroupait les risques liés au travail en centre de détention, défini à partir de huit situations auxquelles la personne a pu être confrontée dans le cadre de son travail au cours des 12 derniers

mois : tentatives de suicide/mutilations/suicides, feux provoqués par des détenus, désordres/émeutes, voies de fait entre détenus, voies de fait ou agressions contre un collègue, voies de fait, projection d’objets divers, d’excréments ou de liquides biologiques, attaques au couteau, à l’arme artisanale ou avec un objet contondant. Le coefficient de Cronbach pour cet indice des risques liés au travail était de 0,66 dans notre étude.

VARIABLES POTENTIELLEMENT CONFONDANTES, PERSONNELLES ET SOCIALES

Les efforts intrinsèques au travail ont été mesurés par 12 items tirés de l’outil validé de Siegrist [26]. Les événements stressants ont été mesurés à l’aide d’une question sur les difficultés importantes vécues en dehors du travail au cours des 12 derniers mois tels un décès, un divorce ou des difficultés financières importantes. Cette mesure a été inspirée de celle utilisée dans l’Enquête Santé-Québec [5]. Le soutien social hors travail est une mesure de la participation et de l’intégration sociale, de la nature du réseau social et de la satisfaction qu’il génère. Cet indice a été élaboré par SantéQuébec pour l’enquête 1992-1993 [5]. Enfin, l’âge, le genre, le niveau de scolarité, le statut d’emploi, les horaires de travail et l’ancienneté dans l’affectation et dans le secteur des services de détention ont aussi été documentés.

ANALYSES STATISTIQUES La prévalence des contraintes psychosociales de l’environnement de travail et des problèmes de santé a été mesurée [48]. Les items ont été regroupés en indices pour chaque facteur et un score total a été calculé pour chacun des indices. La détresse psychologique est élevée si le score est situé dans le quintile supérieur de la distribution des scores observée chez les travailleurs de la population québécoise (≥ 28,57 chez les femmes et ≥ 23,81 chez les hommes) [5]. La demande psychologique est élevée si le score est égal ou supérieur à la médiane observée chez les travailleurs de la population québécoise (≥ 9) et la latitude décisionnelle est faible si le score est égal ou inférieur à la médiane de cette même population (≤ 72) [43]. Cette méthode est celle proposée par Karasek pour une analyse dichotomique [40]. Le déséquilibre efforts/reconnaissance est déterminé par le rapport de la demande psychologique sur la reconnaissance, et cette mesure est ajustée à l’aide d’un facteur de correction (servant à éliminer l’écart lié au nombre de questions qui est différent au numérateur et au dénominateur), tel que recommandé par Siegrist [44]. Pour les autres facteurs, la distribution des scores pour tous les ASD a été divisée à la médiane afin de déterminer un groupe exposé et un groupe non exposé, à l’exception de trois variables : les efforts intrinsèques au travail pour lesquels les exposés ont des scores égaux ou supérieurs au tertile supérieur de la distribution, les risques liés au travail en détention pour lesquels les exposés ont des scores égaux ou supérieurs au quintile supérieur, et le soutien social hors travail, considéré comme faible quand situé dans le quintile inférieur. Les autres questions portant sur les risques spécifiques aux ASD ont été traitées chacune comme une variable dichotomique selon la présence ou l’absence du facteur ou le fait que le sujet ait répondu en accord ou en désaccord avec l’énoncé. Les données de l’ESS 1998 ont été pondérées selon la méthode recommandée par Santé-Québec [6] afin d’obtenir un échantillon représentatif de la population québécoise non institutionnalisée au moment où l’enquête a été conduite.

TRAVAIL EN DÉTENTION AU QUÉBEC ET SANTÉ

Pour déterminer les facteurs associés à la détresse psychologique, les analyses ont comparé un groupe exposé à un groupe non exposé à chacun des facteurs de risque. Les rapports de prévalence (RP) et les intervalles de confiance à 95 % (IC 95 %) ont été calculés afin de mesurer la force et la précision de l’association [48]. L’effet potentiellement modifiant du soutien social sur le modèle demande-latitude de Karasek et des efforts intrinsèques sur le modèle efforts/ reconnaissance de Siegrist a été évalué par analyse stratifiée. Une analyse multivariée a été réalisée au moyen de la régression binomiale [49] afin d’ajuster les rapports de prévalence de la tension au travail d’une part, et du déséquilibre efforts/ reconnaissance d’autre part, et pour présenter l’effet indépendant de chacune des variables dans un même modèle [48]. Les variables qui changeaient le RP de plus de 10 % dans une analyse bivariée étaient maintenues dans le modèle multivarié. Toutes les analyses ont été effectuées avec le logiciel SAS [50].

RÉSULTATS

Un seul centre de détention n’a pas participé à la recherche suite à un constat paritaire (patronal et syndical) de la non faisabilité de la recherche dans cet établissement et aussi à cause de sa non comparabilité avec les autres centres. Dans les 18 établissements participants, toute la population des agents et agentes (n = 1 359) était éligible. Parmi eux, les moins anciens travaillaient depuis deux mois (1 %) et seulement 8 % travaillaient depuis moins de 6 mois. Parmi les sujets éligibles, 194 (14,3 %) ont signalé leur refus de participer et 132 (9,7 %) n’ont pas été rejoints. Le taux de participation a donc été de 76 %. Les agents plus jeunes, âgés de 18 à 24 ans, ont répondu plus souvent au questionnaire que les plus âgés de 45 ans et plus (p < 0,001), les agentes ont aussi répondu plus souvent que leurs collègues (p = 0,007), et les agents qui travaillaient à temps partiel plus que ceux à temps complet (p < 0,001). Le tableau I présente les caractéristiques sociodémographiques et de travail des agents et des agentes et de l’échantillon de référence. Près des deux tiers des agents étaient de sexe masculin (65 %), alors que cette proportion était de 54 % dans le groupe de référence composé d’un échantillon représentatif des travailleurs du Québec en contact avec le public. Les agents étaient plus âgés (p < 0,001), avaient plus d’ancienneté dans les services de détention (p < 0,001) et étaient moins scolarisés que les agentes (p < 0,001). Les agentes étaient deux fois plus nombreuses que les agents à avoir complété une formation de niveau

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universitaire. Dans la population de référence (ESS 1998), les hommes étaient plus jeunes et moins scolarisés que les agents (p < 0,001), alors que les femmes étaient beaucoup plus âgées et moins scolarisées que les agentes (p < 0,001). On note aussi un écart important entre les agents et les agentes quant au statut d’emploi (p < 0,001). Ainsi, les agents occupaient en majorité des postes à temps complet permanent, alors qu’un peu plus du tiers de leurs collègues féminines occupaient ce type de poste. Enfin, les ASD travaillaient le plus souvent selon un horaire variable (47 % pour les agents et plus des deux tiers pour les agentes, p < 0,001). Les rapports de prévalence du tableau II comparent selon le genre les contraintes psychosociales au travail et les problèmes de santé déclarés par les ASD à ceux déclarés par le groupe de référence. Pour tenir compte de la différence dans les caractéristiques sociodémographiques des ASD et de la population de référence, les prévalences ont été ajustées sur l’âge et la scolarité. Les prévalences des contraintes étaient plus élevées chez les agents et les agentes que dans la population de référence en ce qui concerne la demande psychologique élevée, la faible latitude décisionnelle et la combinaison de demande élevée et de faible latitude (tension au travail), alors que les emplois comportant une demande et une latitude élevées étaient plus souvent déclarés par la population de référence. Du côté des indicateurs de santé, le taux de détresse psychologique était similaire pour les agents et les agentes. Cependant, le tableau II nous permet de constater que les ASD déclaraient plus souvent un niveau élevé de détresse psychologique que la population de référence, autant chez les hommes que chez les femmes (RP = 1,7). On peut également constater que plus d’ASD considéraient leur santé moyenne ou mauvaise en comparaison avec la population de référence (RP = 2,4 chez les agents et 1,8 chez les agentes). Enfin, les agentes avaient davantage consulté les services de santé et les services sociaux au cours des deux dernières semaines que leurs collègues masculins (p = 0,009). Le tableau III présente les facteurs associés à la détresse psychologique chez les ASD selon le genre. Tous les rapports de prévalence ont été ajustés sur la scolarité et l’ancienneté dans les services

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R. BOURBONNAIS ET COLLABORATEURS

TABLEAU I. — Caractéristiques sociodémographiques des agents et agentes en services de détention (ASD) et d’un échantillon de travailleurs du Québec en 1998 (ESS)a. Caractéristiquesb

Agents (%)

Agentes (%)

ESS n = 5 102

ASD n = 668

ESS n = 4 373

ASD n = 366

Genre

53,9

64,6

46,2

35,4

Âge 18-34 ans 35-44 ans ≥ 45 ans

34,7 30,2 35,1

24,6 33,1 42,3

38,2 32,4 29,4

54,0 28,4 17,6

52,2 25,8 22,1

34,4 44,4 21,2

46,5 30,2 23,3

13,8 43,4 42,8

– – – –

5,7 16,5 25,3 52,5

– – – –

15,8 29,9 33,2 21,1

– –

69,0 31,0

– –

38,8 61,2

– – – –

37,4 7,8 8,3 46,6

– – – –

19,9 9,0 2,8 68,3

Scolarité Primaire-secondaire Collège Université

Ancienneté dans les services de détention < 1 an 1-6 ans 6-12 ans > 12 ans Statut d’emploi Temps complet Temps partiel Horaires Jour Soir Nuit Variable

(a) Travailleurs/euses en contact avec le public de l’Enquête sociale et de santé 1998 (Québec). (b) Différence statistiquement significative (p < 0,0001) pour toutes les variables entre les agents et les agentes et entre l’ESS 1998 et les ASD (test du Chi-carré). Données non disponibles dans l’Enquête sociale et de santé 1998.

de détention. Un ajustement sur l’âge aboutissait aux mêmes résultats. Les ASD ont déclaré plus souvent un niveau élevé de détresse psychologique lorsque leur travail comportait une demande psychologique élevée, une faible latitude décisionnelle, une tension au travail, un faible soutien social au travail de la part des supérieurs et des collègues. De plus, lorsque le niveau de reconnaissance au travail était faible et lorsqu’il y avait un déséquilibre entre les efforts fournis et la reconnaissance obtenue, les ASD étaient plus à risque de détresse psychologique. Un faible soutien social au travail de la part des supérieurs était plus fortement associé à la détresse psychologique chez les agents que chez les agentes (p = 0,030). Parmi les autres facteurs associés à la déclaration de détresse psychologique, on note les conflits avec les collègues, avec les supérieurs,

la faible influence du supérieur sur la direction de l’entreprise, un faible sens du travail, l’absence de préoccupations ministérielles concernant la santé et la sécurité du travail et les risques associés au travail en centre de détention. Les conflits avec les collègues étaient plus fortement associés à la détresse psychologique chez les agents que chez les agentes (p = 0,005). Plusieurs caractéristiques personnelles étaient aussi associées à la détresse psychologique. Les agents déclaraient plus de détresse psychologique lorsqu’ils avaient plus d’ancienneté dans leur affectation (agents seulement) et lorsque leur travail était en conflit avec leurs valeurs personnelles (agents et agentes). Les variables liées à la personnalité et associées à la détresse étaient le besoin d’approbation, la compétitivité et l’hosti-

TRAVAIL EN DÉTENTION AU QUÉBEC ET SANTÉ

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TABLEAU II. — Comparaison des contraintes psychosociales au travail et des problèmes de santé entre les agents et les agentes et un échantillon de travailleurs du Québec en 1998. Agents a

Agentes

ESS n = 5 102 %

ASD n = 668 %

RPb(IC 95%)

ESS n= 4 373 %

ASD n = 366 %

RP (IC 95%)

45,5 47,8

55,7 75,6

1,2 (1,1-1,3) 1,6 (1,5-1,7)

42,4 61,5

56,3 83,3c

1,3 (1,2-1,5) 1,4 (1,3-1,4)

23,5 29,3 26,6 17,3

6,0 36,2 10,8 46,1

0,3 1,2 0,4 2,7

(0,2-0,4) (1,1-1,4) (0,3-0,5) (2,3-3,0)

18,9 36,5 17,7 23,0

4,2 36,7 8,1 51,8

0,2 1,0 0,5 2,3

23,6 5,4 –

39,4 13,3 39,1

1,7 (1,5-1,9) 2,4 (1,9-3,2) –

23,2 5,1 –

40,3 9,3 45,6

1,7 (1,5-2,1) 1,8 (1,2-2,8) –

Facteurs psychosociaux au travail Demande psychologique élevée Faible latitude décisionnelle Tension au travaild DP- LD+ DP- LDDP+ LD+ DP+ LD-

(0,1-0,4) (0,8-1,2) (0,3-0,7) (2,0-2,6)

Problèmes de santé Détresse psychologique Santé moyenne ou mauvaise Utilisation des services de santé ou sociaux

(a) Travailleurs/euses en contact avec le public de l’Enquête sociale et de santé 1998 (Québec). (b) Tous les rapports de prévalence (RP) sont ajustés sur l’âge et la scolarité (hommes et femmes). (c) Chez les femmes, les données de latitude décisionnelle sont ajustées sur l’âge seulement puisque l’effectif d’agente dans la catégorie latitude élevée est insuffisant pour ajuster ce facteur sur la scolarité. (d) DP = demande psychologique; LD = latitude décisionnelle; – = faible; + = élevée. IC 95% : intervalle de confiance à 95%.

lité latente et la combinaison de ces deux caractéristiques qui qualifient les efforts intrinsèques au travail. Le fait d’avoir vécu un événement stressant au cours de la dernière année et un faible soutien social hors travail étaient aussi associés à la détresse psychologique. Le tableau IV présente les rapports de prévalence pour chacun des modèles de tension au travail et de déséquilibre efforts/reconnaissance ajustés sur les variables confondantes. Pour des raisons de puissance statistique, les résultats sont d’abord présentés globalement, ensuite les faits saillants sont résumés séparément pour les agents et les agentes. Ces données sont présentées en annexe dans les tableaux V et VI. Les résultats globaux montrent qu’une demande psychologique élevée combinée à une latitude décisionnelle faible ou élevée, ainsi que le déséquilibre efforts/reconnaissance, étaient associés à la détresse psychologique indépendamment des autres variables. Les autres facteurs de risque au travail associés à la détresse psychologique étaient le soutien social des supérieurs, les conflits avec les collègues, les conflits avec les supé-

rieurs (modèle demande/latitude seulement) et le soutien social hors travail. Aucun effet modifiant du soutien social au travail sur l’association entre la tension au travail et la détresse psychologique n’a été mis en évidence. Toutefois, les efforts intrinsèques modifiaient l’association entre le déséquilibre efforts/reconnaissance et la détresse psychologique (p = 0,051). En effet, l’association entre le déséquilibre efforts/reconnaissance et la détresse psychologique était plus importante chez les ASD qui avaient un faible niveau d’efforts intrinsèques. Lorsque les analyses multivariées sont effectuées séparément pour les hommes et les femmes (tableaux V et VI), la plupart des facteurs associés à la détresse psychologique sont les mêmes, sauf pour le soutien social des supérieurs et les conflits avec les collègues, qui affectent plus fortement les hommes que les femmes dans le premier modèle (demande/latitude). Par contre, dans le deuxième modèle (efforts/reconnaissance), chez les femmes qui déclarent des efforts intrinsèques faibles, le soutien social des supérieurs est associé à la détresse psychologique (RP = 1,79), alors

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TABLEAU III. — Variables associées à la détresse psychologique (PSI) chez les agents et les agentes. Agents

Modèle de la tension au travail Demande psychologique Faible Élevée

Agentes

PSI +a %

RPb

IC 95%c

27,0 46,6

1,00 1,73

(1,38-2,16)

PSI + %

RP

IC 95%

20,9 49,5

1,00 2,35

(1,67-3,31)

1,00 1,62

(1,01-2,60)

Latitude décisionnelle Élevée Faible

25,5 39,9

28,6 40,5

1,00 1,46

(1,08-1,97)

Tension au travail Demande faible latitude élevée Demande faible latitude faible Demande élevée latitude élevée Demande élevée latitude faible

12,2 29,7 37,2 49,1

1,00 2,54 3,12 4,19

(1,09-5,92) (1,31-7,45) (1,83-9,62)

11,1 22,3 32,4 53,2

1,00 2,03 2,87 4,81

(0-53-7,80) (0,72-11,45) (1,29-17,86)

Soutien social au travail (supérieurs) Élevé Faible

21,9 53,5

1,00 2,45

(1,94-3,11)

28,8 46,8

1,00 1,65

(1,25-2,17)

Soutien social au travail (collègues) Élevé Faible

21,5 51,5

1,00 2,44

(1,91-3,13)

29,5 45,9

1,00 1,59

(1,21-2,10)

Modèle de l’équilibre efforts/reconnaissance Reconnaissance Élevée 21,2 Faible 53,6

1,00 2,58

(2,03-3,28)

21,7 53,9

1,00 2,54

(1,87-3,45)

Efforts/reconnaissance Équilibre Déséquilibre

14,5 53,5

1,00 3,76

(2,74-5,15)

16,4 52,4

1,00 3,26

(2,22-4,79)

Autres facteurs liés au travail Conflits avec les collègues Faibles Élevés

20,9 51,7

1,00 2,49

(1,93-3,20)

30,1 42,5

1,00 1,45

(1,08-1,95)

Conflits avec les supérieurs Faibles Élevés

25,1 45,7

1,00 1,82

(1,41-2,34)

29,3 42,9

1,00 1,45

(1,08-1,95)

Influence du supérieur sur la direction D’accord En désaccord

30,9 43,4

1,00 1,39

(1,12-1,75)

33,5 40,3

1,00 1,27

(0,96-1,67)

Sens du travail Élevé Faible

25,3 45,9

1,00 1,80

(1,41-2,30)

24,0 46,9

1,00 2,00

(1,45-2,75)

Préoccupations ministérielles en santé et sécurité au travail D’accord En désaccord

27,6 46,4

1,00 1,72

(1,37-2,15)

29,9 46,8

1,00 1,58

(1,20-2,07)

Risques associés au travail en centre de détention Faibles Élevés

25,3 51,8

1,00 2,07

(1,66-2,57)

26,6 51,6

1,00 1,97

(1,49-2,60) (Suite page 135)

TRAVAIL EN DÉTENTION AU QUÉBEC ET SANTÉ

135

TABLEAU III. — Variables associées à la détresse psychologique (PSI) chez les agents et les agentes (suite). Agents

Agentes

PSI +a %

RPb

IC 95%c

Ancienneté dans l’affectation < 12 mois 12 à 24 mois > 24 mois

30,2 37,0 44,9

1,00 1,23 1,49

Conflits travail/valeurs personnelles En désaccord D’accord

27,2 50,5

Besoin d’approbation Faible Élevé

PSI + %

RP

IC 95%

(0,89-1,70) (1,17-1,89)

36,2 36,4 36,7

1,00 1,02 1,02

(0,67-1,54) (0,74-1,39)

1,00 1,84

(1,49-2,27)

29,3 53,6

1,00 1,79

(1,39-2,32)

27,2 47,2

1,00 1,74

(1,40-2,17)

30,0 45,5

1,00 1,53

(1,16-2,00)

Compétitivité et hostilité latente Faible Élevée

34,1 42,0

1,00 1,23

(1,01-1,51)

31,3 44,0

1,00 1,46

(1,11-1,92)

Efforts intrinsèques Faibles Élevés

29,5 48,5

1,00 1,64

(1,34-2,00)

29,8 49,7

1,00 1,68

(1,29-2,18)

Événements stressants Non Oui

31,2 52,1

1,00 1,67

(1,38-2,02)

28,2 52,9

1,00 1,91

(1,47-2,47)

Soutien social hors travail Élevé Faible

30,8 65,0

1,00 2,09

(1,75-2,51)

33,3 60,0

1,00 1,83

(1,41-2,39)

Caractéristiques personnelles

(a) PSI + : détresse psychologique élevée. (b) RP : rapport de prévalence ajusté sur la scolarité et l’ancienneté dans les services de détention. (c) IC 95 % : intervalle de confiance à 95 %.

que le phénomène contraire se produit chez les hommes, chez qui ce type de soutien est associé à la détresse chez les sujets qui déclarent des efforts intrinsèques élevés (RP = 1,65). Dans ce même modèle, les femmes exposées à des conflits avec les collègues sont plus à risque de détresse psychologique lorsqu’elles déclarent des efforts intrinsèques élevés (RP = 1,25), alors que chez les hommes il n’y a pas d’interaction entre les efforts intrinsèques et les conflits avec les collègues qui sont associés à la détresse, quel que soit le niveau d’efforts intrinsèques déclaré. DISCUSSION

SYNTHÈSE DES RÉSULTATS ET COMPARAISON AVEC LES AUTRES ÉTUDES

La distribution des ASD selon le genre, l’âge ou l’ancienneté et le niveau de scolarité reflète

bien les critères d’embauche qui ont prévalu au cours des dernières années dans le secteur des services de détention au Québec. De plus, le nombre d’années de travail comme ASD explique l’écart entre les agents et les agentes en ce qui concerne le statut à temps partiel régulier et les horaires variables, qui sont beaucoup plus fréquents chez les femmes. À l’instar de Dollard et Winefield, l’ancienneté dans les services de détention a été incluse dans les analyses de régression [34]. Dans notre étude, des analyses qui ajustaient les RP sur l’âge donnaient des résultats similaires à ceux ajustés sur l’ancienneté. Les prévalences de demande psychologique élevée et de faible latitude décisionnelle ainsi que la combinaison de ces deux contraintes étaient plus élevées chez l’ensemble des ASD que chez les travailleurs et les travailleuses du Québec en

136

R. BOURBONNAIS ET COLLABORATEURS

TABLEAU IV. — Association entre détresse psychologique et facteurs d’environnement psychosocial au travail chez les ASD (hommes et femmes réunis). Analyse multivariée. Modèle demande/latitude

Modèle efforts/reconnaissance Efforts intrinsèques faibles

Efforts intrinsèques élevés

RP (IC 95%)

RP (IC 95%)

– –

1,00 2,97 (1,95-4,54)

1,00 1,91 (1,38-2,62)

Tension au travail Demande faible latitude élevée Demande faible latitude faible Demande élevée latitude élevée Demande élevée latitude faible

1,00 1,74 (0,86-3,53) 2,41 (1,17-4,97) 2,37 (1,18-4,76)

– – – –

– – – –

Soutien social des supérieurs Élevé Faible

1,00 1,47 (1,21-1,78)

1,00 1,44 (1,05-1,98)

1,00 1,28 (1,04-1,57)

Conflits avec les collègues Faibles Élevés

1,00 1,52 (1,25-1,85)

1,00 1,28 (1,00-1,65)

1,00 1,46 (1,13-1,89)

Conflits avec les supérieurs Faibles Élevés

1,00 1,23 (1,02-1,48)

1,00 1,28 (0,93-1,76)

1,00 1,13 (0,92-1,38)

Soutien social hors travail Élevé Faible

1,00 1,39 (1,19-1,63)

1,00 1,69 (1,35-2,12)

1,00 1,28 (1,09-1,51)

Variables

a

RP (IC 95%) Déséquilibre efforts/reconnaissance Faible Élevé

b

(a) Les rapports de prévalence des deux modèles sont ajustés sur toutes les variables présentées dans le tableau, ainsi que sur l’ancienneté dans les services de détention, le sexe, la scolarité, les risques au travail, le soutien social des collègues et les efforts intrinsèques (modèle demande-latitude seulement). Les autres facteurs mesurés dans l’étude dont le tabagisme, la consommation d’alcool et les événements stressants ne confondaient pas les associations présentées de façon significative dans les analyses bivariées (i.e. changement du RP > 10%) et n’ont par conséquent pas été retenus dans le modèle final. (b) IC 95 % : intervalle de confiance à 95 %.

contact avec le public. Cette surexposition des ASD n’est pas due au fait qu’ils étaient plus ou moins âgés et plus scolarisés que la population de référence, puisque nous avons ajusté sur ces facteurs. Nous ne pouvons toutefois comparer ces résultats à ceux d’autres études car aucune de celles que nous avons recensées ne présente une analyse selon le genre ou en comparaison avec une population générale de travailleurs et travailleuses. Toutefois, une étude effectuée chez les infirmières, majoritairement des femmes, montrait que celles-ci déclaraient également plus souvent une demande psychologique élevée (RP = 1,94), une faible latitude décisionnelle (RP = 1,15) et une forte tension au travail (RP = 2,53) qu’un échantillon comparable de travailleuses du Québec de même âge et de même niveau de scolarité (Bourbonnais et al. : Health

care restructuring, work environment and health of nurses. Soumis). Du côté des indicateurs de santé, le taux de détresse psychologique des ASD, similaire pour les agents et les agentes, était plus élevé que dans la population de référence. De plus, les ASD étaient plus nombreux que la population de référence à considérer leur santé moyenne ou mauvaise en comparaison avec les personnes du même âge. Une étude de Goldberg et al. sur les conditions de travail et la santé mentale de l’administration pénitentiaire en France, mentionne également que ce personnel rapportait davantage de symptomatologie dépressive que deux populations de référence composées de travailleurs et de travailleuses de l’industrie électrique et d’une centrale nucléaire [16]. Dollard et

TRAVAIL EN DÉTENTION AU QUÉBEC ET SANTÉ

137

TABLEAU V. — Association entre détresse psychologique et facteurs d’environnement psychosocial au travail chez les agentes en service de détention. Analyse multivariée. Modèle demande/latitude Variables

Modèle efforts/reconnaissance Efforts intrinsèques faibles

Efforts intrinsèques élevés

RP (IC 95%)

RP (IC 95%)

– –

1,00 3,25 (1,61-6,54)

1,00 1,97 (1,14-3,40)

Tension au travail Demande faible latitude élevée Demande faible latitude faible Demande élevée latitude élevée Demande élevée latitude faible

1,00 1,85 (0,48-7,10) 2,52 (0,62-10,19) 3,52 (0,94-13,13)

– – – –

– – – –

Soutien social des supérieurs Élevé Faible

1,00 1,17 (0,87-1,58)

1,00 1,79 (1,08-2,97)

1,00 0,90 (0,66-1,21)

Conflits avec les collègues Faibles Élevés

1,00 1,25 (0,94-1,65)

1,00 0,98 (0,62-1,53)

1,00 1,25 (0,81-1.93)

Conflits avec les supérieurs Faibles Élevés

1,00 1,19 (0,89-1,61)

1,00 1,40 (0,78-2,50)

1,00 1,11 (0,82-1,52)

Soutien social hors travail Élevé Faible

1,00 1,31 (1,03-1,66)

1,00 1,33 (0,77-2,27)

1,00 1,16 (0,84-1,59)

Déséquilibre efforts/reconnaissance Faible Élevé

RPa (IC 95%)b

(a) Les rapports de prévalence des deux modèles sont ajustés sur toutes les variables présentées dans le tableau, ainsi que pour l’ancienneté dans les services de détention, le sexe, la scolarité, les risques au travail, le soutien social des collègues et les efforts intrinsèques (modèle demande-latitude seulement). Les autres facteurs mesurés ne confondaient pas les associations présentées de façon significative, i.e. changement de plus ou moins 10% du rapport de prévalence. (b) IC 95 % : intervalle de confiance à 95 %.

Winefield ont aussi rapporté que les ASD avaient le plus haut taux de réclamations pour problèmes reliés à la tension au travail parmi les travailleurs du secteur public en Australie du sud et qu’ils rapportaient plus de détresse psychologique qu’un échantillon national australien [34]. Nos résultats ont montré que les mêmes sources de détresse psychologique affectaient les hommes et les femmes, mais parfois à des degrés différents. Ceux-ci effectuaient généralement les mêmes tâches. Les études répertoriées n’ont pas mis en évidence d’importantes différences entre les niveaux de tension au travail et de détresse psychologique rapportés par les agents et les agentes [14, 16, 17]. Triplett et al. précisent toutefois que les sources de tension diffèrent de façon significative selon le genre. Chez les agentes, la conciliation travail-famille, le nombre de contacts

avec les détenus ainsi que la dangerosité du travail étaient les principales sources de tension rapportées, alors que chez les agents les principales sources étaient la surcharge de travail quantitative et la dangerosité [14]. Ces auteurs mentionnaient également que les différences entre les agents et les agentes ne semblaient pas dues à une assignation différente des tâches. Les résultats de notre étude montrent une association entre la détresse psychologique et une demande psychologique élevée, une faible latitude décisionnelle, une combinaison de ces deux contraintes et un faible soutien social au travail. Ceci correspond aux résultats de l’étude de Dollard et Winefield [35]. Notre étude a de plus montré, pour la première fois chez les ASD, une association entre un niveau faible de reconnaissance au travail et un déséquilibre entre les

138

R. BOURBONNAIS ET COLLABORATEURS

TABLEAU VI. — Association entre détresse psychologique et facteurs d’environnement psychosocial au travail chez les agents en service de détention. Analyse multivariée. Modèle demande/latitude Variables

Modèle efforts/reconnaissance Efforts intrinsèques faibles

Efforts intrinsèques élevés

RP (IC 95%)

RP (IC 95%)

– –

1,00 3,13 (1,84-5,34)

1,00 1,95 (1,31-2,89)

Tension au travail Demande faible latitude élevée Demande faible latitude faible Demande élevée latitude élevée Demande élevée latitude faible

1,00 1,67 (0,74-3,80) 2,18 (0,96-4,95) 1,93 (0,85-4,35)

– – – –

– – – –

Soutien social des supérieurs Élevé Faible

1,00 1,64 (1,26-2,14)

1,00 1,22 (0,81-1,84)

1,00 1,65 (1,21-2,24)

Conflits avec les collègues Faibles Élevés

1,00 1,74 (1,34-2,26)

1,00 1,47 (1,04-2,07)

1,00 1,52 (1,10-2,10)

Conflits avec les supérieurs Faibles Élevés

1,00 1,17 (0,92-1,49)

1,00 1,20 (0,81-1,76)

1,00 0,99 (0,77-1,27)

Soutien social hors travail Élevé Faible

1,00 1,38 (1,15-1,67)

1,00 1,90 (1,40-2,57)

1,00 1,22 (0,97-1,54)

Déséquilibre efforts/reconnaissance Faible Élevé

RPa (IC 95%)

(a) Les rapports de prévalence des deux modèles sont ajustés sur toutes les variables présentées dans le tableau, ainsi que pour l’ancienneté dans les services de détention, le sexe, la scolarité, les risques au travail, le soutien social des collègues et les efforts intrinsèques (modèle demande-latitude seulement). Les autres facteurs mesurés ne confondaient pas les associations présentées de façon significative, i.e. changement de plus ou moins 10 % du rapport de prévalence. IC 95 % : intervalle de confiance à 95 %.

efforts fournis au travail et la reconnaissance obtenue et la détresse psychologique. Parmi les autres facteurs liés au travail qui étaient associés à la déclaration d’un niveau élevé de détresse psychologique, notons les conflits avec les collègues et les conflits avec les supérieurs, ainsi que la perception d’un faible niveau d’influence du supérieur, un faible sens du travail, l’absence de préoccupations ministérielles en santé et sécurité du travail et les risques associés au travail en centre de détention. Triplett et al. ont également observé que les préoccupations liées à la sécurité des agents contribuaient significativement à la tension liée au travail [10]. En outre, les ASD de notre étude déclaraient plus de détresse psychologique lorsqu’ils avaient plus d’ancienneté dans leur affectation et lorsque leur travail entrait en conflit avec leurs valeurs personnelles. Dollard et Winefield ont également mis en évidence que

l’impact sur la détresse psychologique d’une demande élevée combinée à une faible latitude était plus important chez les agents et les agentes ayant le plus d’ancienneté [35]. Les analyses multivariées ont montré que la tension au travail, le déséquilibre efforts/reconnaissance, le faible soutien des supérieurs, les conflits avec les collègues ou les supérieurs et le soutien social hors travail étaient associés à la détresse psychologique indépendamment des autres variables. Comme dans les études recensées chez les ASD, le soutien social dans notre enquête avait un effet direct sur la détresse psychologique plutôt qu’un effet modifiant de l’association entre la tension au travail et la détresse psychologique [10, 34, 35, 51]. Selon un travail de Dollard et Winefield chez 419 ASD, le soutien social aurait des bénéfices directs qui s’exprime-

TRAVAIL EN DÉTENTION AU QUÉBEC ET SANTÉ

raient en termes d’autonomie des travailleurs et de leur implication dans les processus de prise de décision, plutôt que d’agir comme modérateur en diminuant les effets négatifs d’une demande de travail importante [34]. Enfin, les efforts intrinsèques modifiaient l’association entre le déséquilibre efforts/reconnaissance et la détresse psychologique, celle-ci étant plus grande chez les ASD qui déclaraient un niveau faible d’efforts intrinsèques. Ces résultats vont dans le sens inverse de l’hypothèse de Siegrist [33]. On peut par ailleurs penser, comme le mentionne Siegrist, que pour des raisons stratégiques certains travailleurs en font plus qu’on ne leur en demande (efforts intrinsèques élevés) dans l’espoir d’obtenir une amélioration de leur situation, par exemple pour obtenir une promotion, et que cet espoir pourrait, chez eux, réduire la détresse psychologique. Par contre, les ASD ayant un faible niveau d’efforts intrinsèques ont peut-être perdu toute motivation au travail puisque les améliorations attendues de leur situation ne se réalisent pas. Les efforts intrinsèques seraient peut-être alors une variable intermédiaire entre le déséquilibre efforts/reconnaissance et la détresse psychologique, auquel cas il ne serait pas justifié d’ajuster sur ce facteur. De Jonge et al. ont, pour leur part, observé les effets négatifs d’un niveau élevé d’efforts intrinsèques sur l’insatisfaction au travail (p < 0,01) et, de façon non significative, sur l’épuisement émotionnel (p < 0,10) chez des travailleurs de huit secteurs différents dont les soins de santé, le transport et le travail de bureau [32]. Les analyses multivariées différenciées selon le sexe montrent que le faible soutien social des supérieurs est associé à un risque plus grand de détresse psychologique chez les femmes qui déclarent des efforts intrinsèques faibles et chez les hommes qui déclarent des efforts intrinsèques élevés. Les conflits avec les collègues sont aussi associés à la détresse chez les femmes qui déclarent des efforts intrinsèques élevés et chez les hommes, quel que soit le type d’efforts intrinsèques qui les caractérisent. D’autres chercheurs ont déjà rapporté que les femmes, d’une part, ne rapportent pas les mêmes sources de soutien social que les hommes et que, d’autre part, elles ne réagissent pas aux mêmes sources [52]. Une étude plus poussée des relations entre le soutien social, les efforts intrinsèques et la santé est

139

nécessaire pour mieux interpréter ces résultats différenciés selon le sexe. FORCES DE L’ÉTUDE Notre étude présente un certain nombre de forces qui permettent de dépasser les limites des études antérieures. Premièrement, elle est basée sur des modèles théoriques reconnus sur les contraintes de l’environnement psychosocial du travail et utilise des instruments validés pour les mesurer. Le nombre de sujets est suffisament élevé pour permettre une présentation des résultats selon le genre et des comparaisons avec une population comparable de travailleurs et de travailleuses. Enfin, cette étude met en évidence l’association entre un déséquilibre entre les efforts et la reconnaissance et la détresse psychologique élevée, un modèle théorique jusqu’à maintenant non documenté dans la littérature chez les agents des services de détention. LIMITES DE L’ÉTUDE Certains facteurs liés à la méthodologie ont pu introduire des biais. Ces facteurs concernent le schéma d’étude, le biais de sélection potentiel, le biais d’information et le biais de confusion. Le schéma de l’étude étant transversal, il mesure en même temps l’exposition à des variables professionnelles et la santé des agents. Bien qu’il permette de mesurer l’association entre ces variables en rapport avec le travail et la santé, il ne permet pas de conclure à des relations causales entre elles car il ne peut éliminer deux sources de biais potentiels. La première est celle de la causalité inversée (reverse causation) liée au fait qu’on ignore si l’exposition a précédé la détresse psychologique ou si celle-ci a amené une sur-déclaration de l’exposition. Toutefois, des études prospectives ont documenté l’association entre les facteurs psychosociaux et la détresse psychologique [20, 30], ce qui réduit la possibilité de la causalité inversée. La deuxième source de biais est celle qui est liée à l’auto-déclaration, en même temps, de l’exposition et de la détresse (common method variance). Il est certain que les études transversales produisent souvent des résultats forts en terme de valeurs de risque qui peuvent être le résultat d’un biais de déclaration, et ce type d’étude ne peut l’éliminer. Une analyse longitudinale des données d’absence pour maladie

140

certifiée sur une des facteurs de transversal, sera mer les résultats

R. BOURBONNAIS ET COLLABORATEURS

période de 24 mois, en fonction risque mesurés dans ce volet réalisée et permettra de confirprésentés ici.

D’autre part, un biais de sélection a pu faire en sorte que les agents qui ont répondu à l’entretien téléphonique ne représentent pas bien l’ensemble des ASD éligibles. Ce biais aurait pu entraîner une surestimation ou une sous-estimation de la prévalence des problèmes de santé et des contraintes de travail mesurés. Toutefois, un excellent taux de participation a été obtenu (76 %), minimisant ainsi la possibilité d’un tel biais. De plus, un seul centre de détention n’a pas participé à la recherche à cause de la difficulté de pénétrer ce milieu et aussi de la non comparabilité de cet établissement avec les autres centres. En effet, cet établissement faisait face, à l’époque, à une situation particulièrement tendue, notamment au plan syndical, mais aussi patronal-syndical qui donnait lieu à une contestation silencieuse et amenait une démobilisation chez les agents. Ceci rendait peu probable l’atteinte d’un taux de réponse satisfaisant pour assurer la validité de la recherche dans ce centre. La réalité de cet établissement était en même temps très éloignée de celle des autres centres du pays. Il avait la réputation d’être la « poubelle » des établissements du Québec, tant pour les caractéristiques des détenus que pour les conditions de travail des agents. Il s’agissait en effet du plus gros centre en nombre de détenus, dont la construction et les équipement étaient très vétustes. Il desservait une clientèle difficile comprenant une proportion plus élevée de prévenus (en attente de procès) que dans la plupart des établissements. Les conditions d’incarcération et de travail étaient aussi rendues plus difficiles par un « style de gestion » beaucoup plus coercitif que dans les autres établissements. Enfin, un historique lourd comprenant le meurtre de deux agents par des bandes criminalisées quelques années plus tôt complétait le portrait cet établissement, qui ressemblait finalement peu aux autres centres de détention inclus dans la recherche. Un biais d’information peut être lié à l’autodéclaration des variables professionnelles basée sur la perception plutôt que l’utilisation de mesures objectives des contraintes. Toutefois, la perception des contraintes du travail est probablement

plus importante dans le développement de problèmes de santé, et particulièrement de problèmes de santé mentale, que les contraintes objectives qui peuvent ne pas être perçues comme telles [53]. Un biais de confusion est également possible. En effet, plusieurs facteurs contribuent au développement de problèmes de santé mentale. Certains de ces facteurs sont d’ordre professionnel et la présente étude a tenté d’examiner la plupart de ceux qui sont connus dans la littérature scientifique et qui sont mentionnés le plus souvent par les ASD. Certains autres facteurs d’ordre personnel ou social ont aussi été pris en compte dans les analyses. D’autres facteurs non mesurés dans l’étude peuvent cependant affecter les résultats. CONCLUSION

Cette étude a permis, d’une part, de décrire les caractéristiques du travail en services de détention et la santé des agents du Québec et, d’autre part, de déterminer les facteurs associés à la détresse psychologique chez ces agents. Or, la plupart de ces facteurs identifiés sont en fait des facteurs organisationnels sur lesquels il est possible d’intervenir. Il est donc prévu de poursuivre cette recherche par une intervention visant la prévention des problèmes de santé mentale chez les agents en services de détention. Des modifications seront donc apportées à l’environnement psychosocial des agents afin de réduire les contraintes associées à la détresse psychologique. REMERCIEMENTS : Cette étude a été réalisée avec le soutien financier du Syndicat des agents et agentes en services correctionnels et le ministère de la Sécurité publique du Québec. Nous tenons à remercier Martin APRIL et Janet SARMIENTO pour la revue de la littérature, et Michel GAUDET pour la programmation des analyses statistiques. RÉFÉRENCES 1. Rapport du Bureau International du Travail. La santé mentale au travail en Allemagne, aux États-Unis, en Finlande, en Pologne et au Royaume-Uni. Paris: Bureau International du Travail, 2000. 2. Bureau International du travail. Résoudre les problèmes psychosociaux liés au travail. Travail 2002 ; 42 : 9.

TRAVAIL EN DÉTENTION AU QUÉBEC ET SANTÉ

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