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Les cas de listériose augmentent chez les personnes fragiles Depuis 2006, le nombre de cas de listériose ne cesse d’augmenter en France. Les personnes âgées de 60 ans et plus et les patients immunodéprimés sont particulièrement concernés. Les formes maternofœtales ont au contraire tendance à diminuer.
L
a listériose est une maladie à déclaration obligatoire. Cette dernière permet d’obtenir des informations sur le nombre de cas avérés, leurs caractéristiques, de suivre les tendances évolutives de la pathologie, de connaître la consommation alimentaire du patient atteint et d’identifier, dans les cas groupés de listériose, la source commune de contamination alimentaire. Le nombre de cas de listériose observés a été divisé par 3 entre 1987 et 1997, en particulier chez les femmes enceintes et les sujets immunocompétents, puis a continué à diminuer jusqu’en 2001 pour se stabiliser entre 2001 et 2005. Mais depuis 2006, on assiste à une inversion de tendance avec une augmentation du nombre de cas, augmentation qui s’est poursuivie au cours de l’année 2007. Une étude vient d’analyser les raisons de cette augmentation en comparant les
caractéristiques des cas de listériose de 2006-2007 à celles des cas diagnostiqués entre 2001 et 2005.
Chez les personnes âgées Jusqu’en 2005, l’analyse des données collectées montre que l’incidence de la listériose est estimée à 3,5 cas/million d’habitants. En 2006, l’incidence a considérablement augmenté, passant de 4,6 cas pour atteindre 5 cas/million d’habitants en 2007. Cette augmentation est maximale chez les personnes âgées de 75 ans et plus, avec une incidence supérieure à 20 cas/millions d’habitants en 2006-2007. Chez les sujets âgés de 60 ans et plus, l’analyse des caractéristiques montre que l’augmentation du nombre de cas est identique entre les sujets immunodéprimés (+65 %) et les sujets immunocompétents (+68 %), et concerne essentiellement les formes
Ni changement alimentaire ni émergence de nouvelles souches t-BOBMZTFEFTEPOOÏFTBMJNFOUBJSFTOFNPOUSFQBTEFDIBOHFNFOU dans la consommation de produits considérés à risque comme les fromages au lait cru, les charcuteries ou le poisson fumé. t-BSFDSVEFTDFODFEFMJODJEFODFEFMBMJTUÏSJPTFOFTUQBTEVFË l’émergence de nouvelles souches particulières puisque la distribution des sérovars n’a pas changé de 2001 à 2007, avec un sérotype 4 b majoritaire dans les formes maternofœtales et neuroméningées.
bactériémiques (+81 %).Chez les personnes âgées de moins de 60 ans, l’augmentation du nombre de cas concerne surtout les personnes immunodéprimées (+56 %) alors que les formes maternofœtales ont au contraire diminué (–12 %).
En association avec d’autres pathologies Quel que soit l’âge, le nombre de cas de listériose associée à certaines pathologies est en augmentation : listériose et cancers du poumon (+117 %), leucémies lymphoïdes chroniques (+113 %), cancers colorectaux (+109 %), cirrhoses (+67 %), leucémies autres que la leucémie lymphoïde chronique (+42 %). Le doublement de cas de listériose avec certains cancers ne semble pas dû à l’augmentation du nombre de ces cancers dont l’incidence et la mortalité ont peu varié entre 2000 et 2005. La proportion d’hommes touchés reste identique et est supérieure à 60 %. La létalité, elle, reste inchangée, estimée à 22 % pour les formes autres que maternofœtales et de 30 % pour les formes maternofœtales.
défenses immunitaires affaiblies par un terrain, un traitement ou un âge avancé. Cette augmentation observée en France s’accompagne d’une augmentation générale de l’incidence de la listériose en Europe. Plusieurs hypothèses sont proposées. Tout d’abord, l’existence de nouveaux types de produits alimentaires avec une consommation accrue de produits crus de type sushi ou poissons marinés. La baisse de la teneur en sel recommandée par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments pourrait favoriser la croissance de Listeria monocytogenes dans les aliments. Il existe, par ailleurs, une modification des habitudes alimentaires et de conservation avec un allongement des dates limites de consommation qui favorise des niveaux élevés de contamination au moment de la consommation. Des nouveaux traitements pourraient aussi contribuer à rendre les patients plus sensibles à L. monocytogenes, en particulier ceux qui augmentent le pH gastrique. | OPHÉLIE MARAIS médecin biologiste, Paris (75)
[email protected]
Plusieurs hypothèses L’augmentation du nombre de cas observés depuis 2006 concerne donc les sujets présentant des
Source Goulet V, Leclercq A, Vaillant V et al. Recrudescence récente des cas de listériose en France. BEH. 2008 ;30-31 : 268-72.
Distinguer les maladies inflammatoires intestinales par les auto-anticorps sériques ?
A
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SCA (anticorps anti-
C’est ce qui ressort d’une
8 % des cas de rectocolite
de Crohn, 60 % des cas de
Saccharomyces cerevisia) et
étude conduite à Brest auprès
hémorragique et de colite autre ;
rectocolite hémorragique,
anticorps anti-LF (anti-lactoferrine)
de 13 patients atteints de
– des ANCA chez 50 % des cas
33,3 % des cas de colite
seraient présents surtout dans
maladie de Crohn, 10 ayant une
de rectocolite hémorragique,
d’origine indéterminée et 14,3 %
la maladie de Crohn tandis
rectocolite hémorragique, 15
30,7 % des cas de maladie de
des témoins.
que les ANCA (anticorps anti-
une colite d’origine indéterminée
Crohn, 13,3 % des cas de colite
cytoplasme des polynucléaires
et 35 témoins. Cette étude a
d’origine indéterminée et 5,5 %
neutrophiles) et les anticorps
détecté :
des témoins ;
anti-LF caractériseraient la
– des ASCA chez 23 % des cas
– et des anticorps anti-LF chez
rectocolite hémorragique.
de maladie de Crohn versus
69,2 % des cas de maladie
OptionBio | Lundi 15 décembre 2008 | n° 410
JULIE PERROT, © www.jim.fr Source Renaudineau Y et al. Serum autoantibodies in inflammatory bowel disease : ANCA, ASCA and anti-lactoferrin. 6th International Congress on Autoimmunity (Porto) : 10-14 septembre 2008.