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Lab-Urba, universite´ Paris-Est Cre´teil, institut d’urbanisme de Paris, Cre´teil, France d Inserm U988, CNRS UMR 8211, centre de recherche, me´decine, sciences, sante´, sante´ mentale, socie´te´ (Cermes3), Villejuif, France Introduction.– Des études ont montré l’influence significative de l’environnement socioéconomique dans lesquels sont insérées les femmes enceintes sur le risque de naissance prématurée. Pourtant les déterminants de ces effets de contexte sont mal connus. Notre objectif est d’étudier l’effet d’indicateurs de désavantage socioéconomiques mesurés à l’échelon de la commune de résidence des femmes enceintes sur la prématurité et les facteurs de risque de prématurité. Me´thodologie.– Les données individuelles sont issues des enquêtes nationales périnatales de 2003 et 2010 (n = 23 621 naissances vivantes uniques). Les caractéristiques sociales des mères ont été obtenues par entretien. Les caractéristiques socioéconomiques des communes ont été définies à partir des données des recensements (chômage, bas niveau d’études, bas revenu, famille monoparentale, ouvrier, locataire, sans voiture). Des modèles de régression logistique hiérarchiques, ajustés sur les caractéristiques individuelles, ont été utilisés pour estimer l’impact des variables au niveau communal. Les variables dépendantes étaient la prématurité et ses facteurs de risque (tabagisme, insuffisance de surveillance prénatale, IMC faible ou élevé). Principaux re´sultats.– La prématurité et les facteurs de risque de prématurité étaient plus fréquents dans les communes les moins favorisées pour l’ensemble des indicateurs. Après ajustement sur les caractéristiques individuelles, le chômage, le revenu et le pourcentage élevé de locataires et de ménages monoparentaux étaient associés à la prématurité. En revanche, les femmes vivant dans les communes avec plus d’ouvriers ou de diplômés du secondaire n’étaient pas plus à risque. Une surveillance prénatale insuffisante était influencée par les mêmes caractéristiques communales que la prématurité, contrairement au tabagisme et à l’obésité. Discussion.– Certaines caractéristiques socioéconomiques des communes, mais pas toutes, ont un impact sur la prématurité. Les résultats similaires pour la prématurité et la surveillance suggèrent que les politiques de soins dans certains quartiers défavorisés pourraient avoir un impact sur les variations sociospatiales de prématurité. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.03.015
13 Sexualite´ pre´coce et contextes de vie des adolescents en France S. Jovic a, C. Arnaud a,b, C. Delpierre a, M. Kelly Irving a, E. Godeau a,c a UMR1027, Inserm, universite´ de Toulouse 3, Toulouse, France b CHU de Toulouse, Toulouse, France c Rectorat Acade´mie de Toulouse, Toulouse, France Introduction.– L’adoption, précocement dans l’adolescence, de comportements à risque est un sujet de préoccupation tant les retentissements potentiels sur la santé actuelle et future des adolescents sont importants. En matière de santé sexuelle, les enjeux sont majeurs (grossesses précoces, maladies sexuellement transmissibles). Cependant, les déterminants de la sexualité précoce (définie par un premier rapport sexuel à 15 ans ou avant) restent insuffisamment explorés. Me´thodologie.– Les données franc¸aises de l’enquête internationale health behaviour in school-aged children 2010 (HBSC) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont été utilisées. Nos analyses portent sur 1034 filles âgées de 15 ans et plus, scolarisées dans 79 établissements. Aux paramètres individuels (âge au premier rapport, vie familiale et sociale, scolarité) collectés par questionnaire anonyme, viennent s’ajouter des données caractérisant les zones dans lesquelles les établissements scolaires sont situés (IRIS). Les analyses multivariées conduites ont fait appel aux modèles multiniveaux. Principaux re´sultats.– Les filles scolarisées dans un établissement présentant la proportion d’élèves issus de catégories socioprofessionnelles favorisées la plus faible (< 11,7 % correspondant au quintile le plus défavorisé) présentaient un risque plus élevé d’être sexuellement précoces. Aucun des paramètres caractérisant le milieu de vie au niveau de la zone géographique de l’établissement (taux de chômage, de non diplômés, d’immigration, de familles monoparentales, indice de défavorisation) n’apparaît lié à cette précocité, les
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variables individuelles, surtout le redoublement, expliquant les différences inter-établissements. La probabilité d’une sexualité précoce était moindre pour les filles vivant avec leurs deux parents, issues de fratries importantes, avec un bon encadrement parental, aimant l’école, non-redoublantes, ne sortant pas après l’école, et ayant peu d’amis garc¸ons. Discussion.– La sexualité précoce des adolescentes apparaît davantage liée à des effets compositionnels des groupes, c’est-à-dire aux caractéristiques individuelles, qu’aux effets contextuels pris en compte dans nos analyses. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.03.016
14 De´terminants professionnels du vieillissement dans la cohorte Gazel. Principaux re´sultats du projet WORKAGE M. Goldberg a, L. Berkman b, C. Berr c, A. Descatha a a UMRS 1018, Inserm-UVSQ, plateforme de recherche cohortes en population, centre de recherche en e´pide´miologie et sante´ des populations, Villejuif, France b Harvard Center for populations and Development Studies, Cambridge, Royaume-Uni c Unite´ 888, Inserm, Montpellier, France Introduction.– Bien que l’on observe des inégalités sociales de santé au sein des populations vieillissantes, il existe relativement peu de recherche concernant les déterminants, notamment professionnels, de la survenue précoce de problèmes de santé et des incapacités. La cohorte Gazel, composée de sujets employés d’Électricité de France – Gaz de France à l’inclusion, actuellement âgés de 58 à 73 ans et presque tous retraités, fait l’objet d’un suivi depuis plus de 20 ans et a permis de nombreuses analyses longitudinales de problèmes de santé divers en relation avec des facteurs professionnels dans le cadre du projet WORKAGE. La communication proposée présentera une synthèse des principaux résultats publiés. Me´thodologie.– Les principales données recueillies de fac¸on prospective depuis 1989 pour les 15 011 hommes et 5614 femmes de la cohorte, concernent différentes dimensions : morbidité incidente, échelles de santé, modes de vie, événements de vie, caractéristiques sociofamiliales et carrière professionnelle, absences pour raisons de santé, expositions professionnelles, conditions de travail, causes médicales de décès. Ces données proviennent de sources diverses : auto-questionnaire annuel, service du personnel de l’entreprise ; sécurité sociale, médecine du travail, CépiDc Inserm. Plusieurs études reposant sur des méthodes d’analyse longitudinale ont permis d’étudier divers effets de santé à long terme, y compris après la retraite, des expositions professionnelles vie entière de nature chimique, psychosociale et biomécanique. Principaux re´sultats.– On présentera une synthèse des principaux résultats publiés concernant les troubles musculo-squelettiques (lombalgies, douleurs du genou et de l’épaule), les effets des facteurs psychosociaux sur la qualité de vie et la fatigue, et des expositions aux solvants sur les performances cognitives. Discussion.– Le rôle des expositions professionnelles tout au long de la vie sur la santé dans diverses dimensions est sous-évalué, alors qu’il s’agit d’un important déterminant des inégalités de santé dans les populations vieillissantes. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.03.017
15 Les de´terminants individuels de l’exposition humaine au plomb. Une analyse de la cohorte ToxBol, Oruro, Bolivie E. Cadot a, M. Ruiz-Castel b, F. Barbieri c, P. Paco d, S. Goix e, J. Gardon a a UMR 5569 (IRD), e´quipe « Contaminants et sante´ », Montpellier, France b Universitat Pompeu-Fabre, Barcelone, Espagne c Universite´ La-Charite´, Berlin, Allemagne d IRD La Paz (Bolivie), Montpellier, France e UMR 5563, universite´ de Toulouse, IRD, ge´osciences environnement, Toulouse, France Introduction.– L’effet de la pollution de l’environnement sur la santé constitue une préoccupation de santé publique majeure. Le plomb est l’un des éléments
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les plus toxiques dont les effets néfastes pour la santé humaine sont connus depuis longtemps. L’étude de l’exposition des individus vise à mieux connaitre les déterminants individuels qui pourraient agir au-delà de ou concomitamment à l’exposition environnementale. Me´thode.– En nous appuyant sur les mesures effectuées lors des consultations prénatales de mères suivies dans le cadre de la cohorte ToxBol, nous pouvons étudier l’impact tant des caractéristiques individuelles que des concentrations de polluants dans les poussières du sol, sur leur niveau individuel d’exposition. L’exposition des 467 mères a été mesurée sur du sang veineux prélevé lors d’une consultation prénatale. Nous avons testé la normalité de la concentration de plomb et à cause de sa distribution asymétrique, les analyses ont été conduites sur les valeurs normalisées. Re´sultats.– La plombémie moyenne est de 19,5 mg/L ; elle varie de 4,38 mg/L à 801,6 mg/L. Environ 2,2 % des femmes présentent un niveau supérieur à 100 mg/L (la norme OMS). La concentration en plomb des poussières extérieures s’avère un facteur de risque, ainsi que le niveau d’éducation et la présence d’un mineur dans la famille. Discussion.– Ces travaux, comme d’autres avant, confirment l’importance du sol et des poussières dans l’exposition de la population au plomb. Toutefois, des facteurs socioéconomiques, comme le niveau d’étude ou le type d’activité du chef de famille (mineur ou non), s’avèrent tout aussi importants. L’exposition chronique au plomb se révèle donc autant un problème social lié aux comportements des individus qu’un problème environnemental. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.03.018
Mercredi 16 mai 2012 16 Effets antagonistes de l’e´ducation et du revenu sur le risque d’accident vasculaire ce´re´bral ische´mique au sein d’une cohorte de personnes ^ age´es O. Grimaud a, E. Leray a, A. Alperovitch b, C. Dufouil b, P. Chauvin b a ´ Ecole des hautes e´tudes en sante´ publique (EHESP), Rennes, France b UMRS 707, Inserm-UPMC, e´quipe de recherche sur les de´terminants sociaux de la sante´ et du recours aux soins, Paris, France Introduction.– L’intensité, voire la direction du gradient des inégalités sociales dans les âges avancés, est l’objet d’interrogations. Lors d’une précédente analyse de la cohorte 3C (9294 personnes âgées de 65 ans ou plus suivies de 2000 à 2006), nous avions montré que le revenu était positivement associé au risque d’accident vasculaire ischémique (AVCi). Nous présentons une mise à jour de cette analyse au terme de deux années de suivi supplémentaires. Me´thode.– Analyse de survie et estimation des hazard ratios (HR) par le modèle de Cox. Re´sultats.– Au total, 9011 personnes (97 %) ont été suivies entre 2000 et 2008, période au cours de laquelle 211 nouveaux AVCi sont survenus. Examinés individuellement, ni l’éducation ni le revenu ne sont associés au risque d’AVCi. En revanche, la modélisation simultanée de ces deux variables révèle l’effet protecteur d’un niveau d’éducation élevé (HR = 0,72 ; IC95 % : 0,52–0,99) et celui délétère d’un revenu élevé (HR = 1,45 ; IC95 % : 1,04–2,02). L’antagonisme éducation-revenu est plus marqué chez les hommes (HR éducation élevée = 0,59 ; IC95 % : 0,37–0,94 ; HR revenu élevé = 1,66 ; IC95 % : 1,06–2,62) et chez les personnes vivant seules (HR éducation élevée = 0,48 ; IC95 % : 0,27–0,86 ; HR revenu élevé = 1,88 ; IC95 % : 0,97– 3,64). Discussion.– Cette nouvelle analyse des données de la cohorte 3C révèle la protection de l’éducation vis-à-vis du risque d’AVCi au-delà de 65 ans, mais confirme que ce risque augmente avec le niveau de revenu. La survie sélective est une piste d’interprétation de ce dernier résultat : les personnes à faible revenu recrutées dans la cohorte sont peut-être « résistantes » à l’AVCi. Il est également possible qu’au-delà de 65 ans le revenu augmente le risque ischémique cérébral. La prévalence du tabagisme est par exemple plus élevée
chez les personnes financièrement aisées dans l’étude 3C. L’analyse d’autres échantillons serait utile pour mieux comprendre l’influence du revenu sur la santé tout au long de la vie. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.03.019
17 De´terminants sociaux de l’e´volution de la de´pression dans la cohorte Gazel A. Yaogo, M. Melchior, J.-F. Chastang Inserm U1018, centre de recherche en e´pide´miologie et sante´ des populations, e´quipe 11, Villejuif, France Introduction.– Objectifs.– Les études sur les liens entre situation socioéconomique et évolution de la dépression ont donné des résultats contradictoires. L’objectif de cette étude a été d’identifier l’association entre situation sociale et persistance des symptômes dépressifs en tenant compte d’autres facteurs associés à l’évolution de la dépression. Mate´riel et me´thodes.– Il s’est agi d’une étude de cohorte prospective avec des mesures répétées de dépression dans la cohorte Gazel en 1996, 1999, 2002, 2005 et 2008 et qui a porté sur 3368 sujets qui avaient un niveau de symptômes dépressifs élevé en 1996. Les symptômes de dépression ont été mesurés par le Center of Epidemiologic Studies Depression Scale (CES-D). La catégorie socioprofessionnelle des participants a été renseignée en 1996 à partir des fichiers médico-administratifs d’EDF-GDF, et classée en suivant la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS). Nous avons utilisé une approche marginale avec la formulation d’équations d’estimation généralisées (GEE) pour l’analyse des données. Re´sultats.– Chez des personnes qui étaient déprimées au moment du début du suivi, l’analyse univariée a montré l’existence d’une association statistiquement significative entre la PCS et la persistance de la dépression au cours du suivi (OR professions intermédiaires versus cadres = 1,21 [IC 95 % 1,07–1,36]), (OR employés ou ouvriers versus cadres = 1,64 [IC 95 %1,39–1,94]). La relation entre PCS et persistance de la dépression a diminué après ajustement sur les facteurs démographiques, l’année de mesure, les caractéristiques à l’inclusion et au cours du suivi ; mais est restée élevée et statistiquement significative (par rapport aux cadres, OR = 1,12 [IC 95 % 0,97–1,29] pour les professions intermédiaires et OR = 1,37 [IC 95 % 1,12–1,67] pour les ouvriers ou employés). Conclusion.– La profession et catégorie sociale pourrait être un marqueur de risque de la persistance de la dépression, indépendamment d’autres facteurs. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.03.020
18 Ine´galite´s sociales de sante´ mentale en population au travail : re´sultats de l’enqu^ete nationale « sante´ et itine´raire professionnel » (SIP) M. Murcia a,b, J.-F. Chastang a, I. Niedhammer a a Association pre´vention et sante´ au travail re´gion centre (APST Centre), Blois, France b Inserm, U1018, e´quipe 11, Villejuif, France Introduction.– Des inégalités sociales pour les troubles de la santé mentale ont été montrées, les catégories sociales les plus défavorisées étant les plus à risque. Toutefois, les résultats peuvent varier selon les mesures du trouble de santé mentale et de la position sociale étudiées. Cette étude vise donc à explorer l’association entre la position sociale et l’anxiété-dépression en population au travail. Me´thodologie.– L’étude porte sur un échantillon de 7709 travailleurs issu de l’enquête SIP (2006). Les troubles de la santé mentale ont été évalués par l’épisode dépressif majeur (EDM) et le trouble d’anxiété généralisée (TAG) du mini international neuropsychiatric interview DSM-IV (MINI). Deux marqueurs de position sociale ont été utilisés : la profession et le niveau