© Masson, Paris, 2004.
Rev Epidemiol Sante Publique, 2004, 52 : 1S139-1S141
COMMUNICATIONS AFFICHÉES SANTÉ ET SOCIÉTÉ
P14-1 Facteurs de participation à un examen de santé préventif proposé aux sujets de la cohorte Gazel CŒRET-PELLICER M. (1), BONENFANT S. (1), OZGULER A. (2), GUEGUEN A. (2), ZINS M. (1), GOLDBERG M. (1, 2) (1) Centre Technique d’Appui et de Formation (CeTAF) des Centres d’Examens de Santé, Saint-Maurice ; (2) INSERM Unité 88, Hôpital National de Saint-Maurice, 94415 Saint-Maurice Cedex, France. Objectifs : Identifier les facteurs de participation à une campagne d’examens de santé proposée aux volontaires de la cohorte Gazel. Méthodes : Depuis 1989, la cohorte Gazel permet le suivi épidémiologique de 20 000 agents volontaires d’EDFGDF. Entre 1999 et 2001, dans le cadre d’un partenariat avec les Centres d’Examen de Santé (CES) de la Sécurité Sociale, un examen périodique de santé a été proposé à 11 229 volontaires. L’objectif de cet examen était à la fois de recueillir des données cliniques standardisées et de constituer une banque de matériel biologique. La régression logistique a été utilisée pour étudier la probabilité de participation à cet examen en fonction de facteurs recueillis systématiquement dans le cadre du suivi de la cohorte : caractéristiques socio-démographiques, comportements, indicateurs de santé et absentéisme. Les résultats ont été ajustés sur la participation à l’auto-questionnaire envoyé chaque année aux sujets de la cohorte. Résultats : Le taux de participation global à l’examen de santé était de 44,7 %. Les volontaires ayant répondu à tous les questionnaires depuis le début de la cohorte étaient plus nombreux à se rendre à l’examen. La présence d’un CES à proximité du lieu de résidence favorisait la participation. Celle-ci était significativement meilleure chez les hommes, les retraités, les personnes de catégories socioprofessionnelles élevées. Une mauvaise santé perçue était liée à une mauvaise participation, avec un odds ratio (OR) de 0,45 (intervalle de confiance à 95 % (IC) = 0,29-0,68). Les fumeurs et abstinents vis-à-vis de l’alcool étaient également moins nombreux à participer (respectivement OR = 0,78 ; IC = 0,69-0,88 et OR = 0,80 ; IC = 0,69-0,93). Conclusion : La participation des volontaires aux examens de santé dépend de facteurs socio-démographiques, comportementaux et de santé, indépendamment de la participation à l’auto-questionnaire annuel. Il faudra tenir compte de cet effet de sélection supplémentaire lors des analyses sur les données des examens de santé.
P14-2 Situation sociale et risque d’hospitalisation ou décès au cours de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine parmi les patients de la cohorte PRIMO DRAY-SPIRA R. (1), PERSOZ A. (2), DEVEAU C. (2), GUEGUEN A. (1), LERT F. (1), DELFRAISSY J.F. (3), MEYER L.ET LE GROUPE PRIMO (2) (1) INSERM U88 — IFR69, Hôpital National de Saint-Maurice, Saint-Maurice ; (2) INSERM U569 — Service d’Epidémiologie, Hôpital de Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre ; (3) Service de Médecine Interne, Hôpital de Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre, France. Objectifs : Les bénéfices des récentes avancées thérapeutiques dans la prise en charge de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) sont différents selon les groupes de patients, indépendamment des caractéristiques de leur maladie. En particulier, les caractéristiques de la situation sociale pourraient jouer un rôle important dans ces inégalités. L’objectif de ce travail était d’estimer le rôle propre des caractéristiques d’ordre social sur le risque d’hospitalisation ou décès tout au long de la maladie VIH. Méthodes : L’étude portait sur les 320 patients infectés par le VIH inclus au stade précoce de primo-infection dans la cohorte ouverte PRIMO en France entre novembre 1996 et décembre 2002, et suivis prospectivement tous les six mois au cours de consultations hospitalières. Analyse uni et multivariée basée sur des modèles marginaux de régression logistique. Résultats : Au cours d’une durée médiane de suivi de 2,5 ans (quatre mois à 6,6 ans), 109 hospitalisations sont survenues parmi 84 patients et trois patients sont décédés. Même après ajustement sur les déterminants connus de l’état de santé des personnes infectées par le VIH (sévérité et prise en charge de l’infection VIH, observance thérapeutique, co-morbidité, comportements à risque), les caractéristiques de la situation sociale étaient associées de façon indépendante au risque d’hospitalisation ou décès au cours du suivi : le risque d’hospitalisation ou décès était plus élevé parmi les patients ayant un emploi précaire (2,3 [1,0-5,3]) que parmi ceux qui avaient un emploi stable,
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et parmi ceux qui n’avaient pas de relation affective stable que parmi ceux qui en avaient une (1,6 [1,0-2,6]). Les motifs et durées d’hospitalisation ne différaient pas selon les caractéristiques de la situation sociale. Conclusion : Dans un contexte de large accès aux soins et aux traitements, le risque d’hospitalisation est élevé dès les premiers mois de la maladie VIH. Des conditions sociales défavorables constituent des facteurs de risque indépendants d’hospitalisation ou décès.
P14-3 Mesurer la qualité de vie des patients précaires aux urgences : le questionnaire AOL-17 IORDANOVA T., JEAN P., CHEVALIER A., DECLEMY M., DUBUISSON R., PEDRANT G., KRAJEVITCH A., LIAUTHAUD H., MINGUET J.M., OLIVIER P., ROUVIER R., DEBENSASON D., ROBITAIL S., AUQUIER P. Unité de recherche Santé Perçue, Service de Santé Publique, Faculté de Médecine de La Timone, Marseille, France. Objectifs : La précarité est un problème majeur de santé publique. Les différentes modalités de prise en charge des patients de notre système de santé ne permettent pas toujours de repérer et de proposer une prise en charge adaptée aux personnes en situation de précarité, notamment dans les services d’accueil d’urgences. Parmi les différentes possibilité de repérage de ces patients, l’évaluation de leur qualité de vie pourrait être un élément permettant de dépister les personnes en situation de précarité. L’objectif de cette étude était de décrire le développement d’un questionnaire adapté au repérage des personnes en situation de précarité aux urgences. Méthodes : La population incluse était constituée de patients en situation précaire ou non des 10 services d’accueil des urgences de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (n = 634) et de trois centres d’accueil de jour spécialisés dans la prise en charge de personnes en situation de précarité sociale (n = 85). Le statut précaire/non précaire de chacun des patients inclus a été défini à dire d’experts. Le développement du modèle de mesure de l’instrument a reposé sur la théorie classique des tests, les modèles d’équations structurales et les modèles de réponses à l’item. Résultats : L’instrument obtenu est composé de 17 items explorant sept dimensions. Un score global et un score par dimension ont été calculés. Le modèle de mesure de cet instrument possède des propriétés métriques satisfaisantes sur chacun des groupes de personnes précaire/non précaire. Les scores des personnes précaires sont inférieurs à ceux des personnes non-précaires pour les sept dimensions. L’étude des courbes ROC associées aux différents scores montre que le score global est le plus efficace pour repérer les personnes précaires (AUC = 0,68). Conclusion : La mesure de la qualité de vie dans cette situation pourrait permettre d’apporter une contribution originale et pertinente au problème du repérage des personnes en situation de précarité aux urgences.
P14-4 Inégalités sociales et mortalité par cancer en France, 1975-1990 MENVIELLE G. (1), LUCE D. (1), CHASTANG J.F. (1), LECLERC A. (1), ET LE GROUPE EDISC (2) (1) INSERM U88-IFR 69, HNSM, 14, rue du Val-d’Osne, 94415 Saint-Maurice Cedex ; (2) Béatrice GeoffroyPerez (InVS), Ellen Imbernon (InVS), Eric Jougla (CepiDc, INSERM), Isabelle Robert-Bobée (INSEE), MarieJosèphe Saurel-Cubizolles (U149, INSERM). Objectifs : Étudier les inégalités sociales de mortalité par cancer en France chez les hommes et chez les femmes. Méthode : L’analyse porte sur les données de l’Échantillon Démographique Permanent (INSEE), qui regroupe 1 % de la population française suivie depuis 1968 à chaque recensement, couplé aux causes médicales de décès issues du CepiDc (INSERM). La mortalité a été recueillie de 1975 à 1990 et les localisations de cancer les plus fréquentes ont été étudiées. La situation sociale des individus a été mesurée à l’aide de leur niveau d’étude et de leur catégorie socioprofessionnelle en 1975. L’analyse a été menée à l’aide d’un modèle de Cox. Résultats : Pour le niveau d’étude, les inégalités de mortalité les plus importantes chez les hommes ont été observées pour les cancers du pharynx (RRsans diplôme/Bac et + = 9,2), du larynx (RR = 6,2), de la cavité buccale (RR = 2,7) et du poumon (RR = 3,5), ainsi que pour les cancers de l’estomac (RR = 2,5), de l’œsophage (RR = 3,1) et du rectum (RR = 3,4). Aucune association entre le niveau d’étude et le risque de décès n’a été observée pour le cancer du colon (RR = 0,9) et des tissus lymphatiques et hématopoïétiques (RR = 0,9). Chez les femmes, les inégalités de mortalité par cancer étaient moins marquées mais ont été observées pour la mortalité par cancer de l’utérus (RR = 1,9), de l’estomac (RR = 3,9) et du poumon (RR = 1,6). Aucune association n’a été notée entre le niveau d’étude et la mortalité par cancer du sein (RR = 0,8) ou des ovaires (RR = 1,0). Des résultats comparables ont été observés pour la catégorie socioprofessionnelle. Conclusion : Le couplage direct des causes de décès à un échantillon représentatif a permis pour la première fois en France d’étudier la mortalité par cancer en fonction de la situation sociale au recensement. De fortes inégalités sociales sont observées, particulièrement pour les cancers du pharynx et du larynx, ainsi que des différences importantes selon le type de cancer.