Editorial Neeru Gupta, MD, PhD, MBA, FRCSC, DABO,* Ivo Kocur, MD, MA, MSc, MBA† *Professor
and Dorothy Pitts Chair of Ophthalmology & Vision Science, St Michael’s Hospital, University of Toronto, Toronto, Canada † Medical Officer, Prevention of Blindness and Deafness, World Health Organization, Geneva, Switzerland Correspondence to: Neeru Gupta, MD:
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Les maladies chroniques de l’œil et le Plan d’action mondial sur la santé oculaire 2014-2019 de l’OMS L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé une nouvelle stratégie mondiale en vue d’améliorer considérablement la santé oculaire à l’échelle de la planète. L’OMS a présenté la stratégie sous le nom Santé oculaire universelle: Plan d’action mondial 2014-2019 à la 66e Assemblée mondiale de la Santé, et le Canada figure parmi les 194 États Membres de l’OMS qui l’ont adoptée à l’unanimité. Il s’agit d’un plan exhaustif interpellant les gouvernements, les partenaires internationaux et l’OMS à unir instamment leurs efforts pour atteindre leur cible, soit prévenir la cécité et les déficiences visuelles évitables et aider les personnes atteintes de maladies de l’œil inévitables à réaliser néanmoins leur plein potentiel grâce à des soins oculaires complets. Les États Membres ont donc fixé la cible mesurable suivante : réduire l’incidence des déficiences visuelles évitables de 25 % sur les six prochaines années par rapport au niveau de 2010.1 L’OMS estime à 285 millions le nombre de personnes au monde présentant une baisse de vision, dont quelques 39 millions d’aveugles. À l’échelle mondiale, la cataracte et les vices de réfraction comptent parmi les causes principales des déficiences visuelles. À la lumière de ces données et vu les traitements bien établis, ces deux affections sont en plein dans la mire du Plan d’action, le tout pour rétablir la vision du plus grand nombre de gens possible.1 Le Canada, grâce à son économie moderne et à son régime de santé public universel, peut offrir des opérations de la cataracte et la correction des vices de réfraction à presque toute sa population, quoique certaines inégalités géographiques et démographiques soient possibles. La longévité étant à la hausse au Canada, d’autres troubles oculaires non transmissibles représenteront une beaucoup plus forte proportion des causes de déficience visuelle. En effet, il faudra se concentrer beaucoup plus sur le glaucome, la dégénérescence maculaire liée à l’âge et la rétinopathie diabétique. Contrairement à la cataracte, ces maladies chroniques présentent de nombreux défis
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REFERENCE 1. World Health Organization. Universal Eye Health: A Global Action Plan 2014-2019. Geneva, Switzerland: WHO; 2013. Available at: www.who.int/blindness/actionplan/en/. Can J Ophthalmol 2014;49:403–404 0008-4182/14/$-see front matter & 2014 Canadian Ophthalmological Society. Published by Elsevier Inc. This is an open access article under the CC BY license (http://creativecommons.org/licenses/by/3.0/). http://dx.doi.org/10.1016/j.jcjo.2014.08.014
uniques. Par exemple, les dommages de chacune sont irréversibles, d’où l’importance critique de diagnostics et traitements précoces. De plus, une fois la maladie détectée, il ne suffit pas d’une seule intervention pour y mettre fin. De fait, chacune de ces affections exige non seulement un cours de traitement complexe, mais aussi une surveillance continue la vie durant. De toute évidence, la prévention des pertes visuelles liées aux maladies oculaires chroniques exigera des soins actifs tout au long de la vie. De plus, malgré les soins de santé abordables au Canada, il nous faudra en surveiller étroitement les pierres angulaires comme le personnel, les compétences, l’équipement spécialisé et l’accessibilité. Tout cela pour dire qu’en raison de l’incidence croissante des maladies oculaires chroniques, la stratégie Santé oculaire universelle de l’OMS arrive à point comme cadre directeur des soins au Canada. Pour mieux orchestrer les soins oculaires à long terme, que devons-nous mesurer afin d’évaluer la qualité des interventions visant le glaucome, la dégénérescence maculaire liée à l’âge et la rétinopathie diabétique? Un des objectifs du Plan d’action de l’OMS préconise la sensibilisation fondée sur les preuves. La compilation de données épidémiologiques à l’échelle nationale et régionale permet d’estimer les causes et l’incidence des déficiences visuelles, deux indicateurs clés de l’impact des interventions proposées. Pour comprendre les tendances, il faut rassembler périodiquement des données au moyen de méthodes internationales reconnues au sein d’un échantillon démographique représentatif. Il s’agit encore du meilleur outil pour mesurer les progrès et rajuster les soins oculaires en fonction des besoins relevés. De plus, des statistiques sur le nombre d’interventions pratiquées pour traiter une maladie donnée (p. ex. le taux de chirurgies de cataracte) servent de paramètre complémentaire pour évaluer la qualité des soins. Si le nombre de personnes traitées peut nous aider à déterminer les divergences géographiques, les écarts de soin et les populations marginalisées, le repère par excellence pour estimer nos progrès demeure la prévalence des déficiences visuelles. Santé oculaire universelle propose en outre une feuille de route indispensable pour mettre en œuvre une série nationale d’interventions fondées sur les preuves et axées sur le système de santé. Cette approche englobe six volets :
Editorial prestation des services, main-d’œuvre en santé, information sur la santé, produits et technologies de santé, financement des soins, leadership et gouvernance. Malgré son statut de pays riche et développé, le Canada gagnerait à faire évaluer systématiquement chacun de ces volets de sorte à confirmer la force de frappe de tous les secteurs et donc assurer une gamme complète de soins oculaires de qualité. En plus de la prévention et du traitement, il faut renforcer les services de soutien et de réadaptation pour ceux dont la maladie oculaire chronique est trop avancée pour être guérie. Comme troisième objectif, Santé oculaire universelle encourage des interventions exhaustives multi-secteurs. En effet, pour pouvoir élaborer et faire appliquer des politiques et stratégies axées sur la santé oculaire, nous avons absolument besoin de l’engagement des disciplines non médicales ainsi que des partenariats nationaux et internationaux. En intégrant la santé oculaire à de grandes politiques socioéconomiques comme la lutte contre la pauvreté et la gestion du vieillissement, nous sensibilisons les intervenants ne travaillant pas directement en santé oculaire et, de ce fait, améliorons les soins oculaires et l’accès à ceux-ci. La nouvelle stratégie de l’OMS pour la santé oculaire exhorte les pays à faire le point sur leurs soins oculaires pour y repérer les lacunes et les besoins. Malgré sa richesse et son régime de soins de santé universel, le Canada connaît aussi des lacunes en soins oculaires, et les besoins à ce chapitre s’intensifieront à mesure que la population vieillira. Cela dit, sa situation privilégiée lui offre une occasion unique de donner l’exemple en santé oculaire, surtout auprès de populations et de communautés vulnérables ou mal desservies.
Chose certaine, il reste encore beaucoup de pain sur la planche, et Santé oculaire universelle présente les éléments clés de nouvelles pistes de recherche. C’est donc un outil et un symbole de la réflexion internationale collective sur les meilleures façons d’analyser l’impact des soins oculaires. Pour que les décideurs fédéraux et provinciaux tendent l’oreille et agissent correctement, la prévention des déficiences visuelles liées aux maladies oculaires chroniques doit reposer sur un plaidoyer fondé sur des preuves. 1. Santé oculaire universelle : Plan d’action mondial 2014-2019, OMS http://www.who.int/blindness/AP2014_ 19_French.pdf?ua=1
Neeru Gupta, MD, PhD, MBA, FRCSC, DABO,* Ivo Kocur, MD, MA, MSc, MBA† *
Professeure et titulaire de la Dorothy Pitts Chair of Ophthalmology and Vision Sciences, St. Michael’s Hospital, University of Toronto † Pre´vention de la ce´cite´ et de la surdite´, Organisation mondiale de la sante´, Gene`ve, Suisse Correspondence à: Neeru Gupta, MD:
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Can J Ophthalmol 2014;49:404–405 0008-4182/14/$-see front matter & 2014 Canadian Ophthalmological Society. Published by Elsevier Inc. This is an open access article under the CC BY license (http://creativecommons.org/licenses/by/3.0/). http://dx.doi.org/10.1016/j.jcjo.2014.09.001
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