Pour citer cet article : Petit A, et al. Les troubles du sommeil dans l'addiction à Internet. Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2016.04.025 Presse Med. 2016; //: ///
Dossier thématique
Les troubles du sommeil dans l'addiction à Internet
Revue de la littérature
ADDICTIONS
en ligne sur / on line on www.em-consulte.com/revue/lpm www.sciencedirect.com
Aymeric Petit 1,2, Laurent Karila 3, Candice Estellat 4, Delphine Moisan 2, Michel Reynaud 3, Marie-Pia D'Ortho 5, Michel Lejoyeux 2, Fanny Levy 6
Disponible sur internet le :
1. Cabinet Carnot, 26, avenue Carnot, 75017 Paris, France 2. AP–HP, France université Paris VII, hôpital Bichat, faculté de médecine, service de psychiatrie, addictologie, et tabacologie, 75018 Paris, France 3. AP–HP, hôpital Paul-Brousse, centre d'enseignement, de recherche, et de traitement des addictions, 94800 Villejuif, France 4. AP–HP, France université Paris VII, hôpital Bichat, faculté de médecine, pôle santé publique, recherche clinique et information médicale, 75018 Paris, France 5. Université Denis-Diderot Paris 7, hôpital Bichat, centre du sommeil, service de physiologie explorations fonctionnelles multidisciplinaires, 75018 Paris, France 6. AP–HP, France université Paris VI, hôpital Pitié-Salpêtrière, faculté de médecine, service de psychiatrie, 75013 Paris, France
Correspondance : Aymeric Petit, AP–HP, France université Paris VII, hôpital Bichat, faculté de médecine, service de psychiatrie, addictologie, et tabacologie, 75018 Paris, France.
[email protected]
Résumé Introduction > La relation entre les troubles du sommeil et l'addiction à Internet a fait l'objet de peu
de travaux. Devant l'importance de ces troubles, il nous a semblé donc opportun de réaliser une synthèse des données disponibles et d'établir les liens de causalité ou d'imputabilité entre la dépendance à Internet et l'apparition de troubles du sommeil. Matériels et méthodes > Une revue de littérature a alors été effectuée. Nous avons sélectionné les articles scientifiques de langue anglaise publiés entre 1987 et 2016 en consultant les bases de données Medline, Embase, Psycinfo, et Google Scholar. Les mots utilisés seuls ou en association sont les suivants : addiction, dependence, Internet, behavioral addiction, sleep. Résultats > La lumière d'écran d'ordinateur inhibe la sécrétion de mélatonine, et agit donc comme un véritable désynchronisateur externe du rythme circadien se traduisant par un syndrome de privation du sommeil ou un syndrome de retard de phase lorsque la contrainte sociale du réveil est supprimée. Conclusion > Nous supposons ici que la prise en charge spécifique des troubles addictifs aurait une influence sur les troubles du sommeil.
1
tome xx > n8x > xx 2016 http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2016.04.025 © 2016 Publié par Elsevier Masson SAS.
LPM-3109
Pour citer cet article : Petit A, et al. Les troubles du sommeil dans l'addiction à Internet. Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2016.04.025
Revue de la littérature
A. Petit, L. Karila, C. Estellat, D. Moisan, M. Reynaud, M-P D'Ortho, et al.
Summary Sleep disorders in Internet addiction Background > The relationship between sleep disorders and Internet addiction has been little work. Given the importance of these disorders, we felt it appropriate to make a synthesis of available data and to establish causality or accountability between Internet addiction and the onset of sleep disorders. Methods > A literature review was then performed. We selected scientific articles in English and French, published between 1987 and 2016 by consulting the databases Medline, Embase, PsycINFO and Google Scholar. The words used alone or in combination are as follows: addiction, dependence, Internet, behavioral addiction, sleep. Results > A computer screen light inhibits melatonin secretion and acts as a real external desynchronizer circadian rhythm resulting in a withdrawal syndrome or syndrome sleep phase delay when the stress of social awakening is suppressed. Conclusion > We assume here that the specific treatment of addictive disorders have an influence on sleep disorders.
Introduction Internet constitue le principal centre d'intérêt chez un nombre croissant personnes au point de développer avec l'univers du web une relation de nature addictive. La littérature nord américaine affirme que le modèle de la dépendance apparaît pertinent pour caractériser le type de relation entretenue avec une activité devenue envahissante et incontrôlable [1]. Depuis 1996, les critères diagnostiques de la dépendance à Internet ont été proposés par le Dr K. Young, qui a observé que cet usage du web altérait sensiblement la vie professionnelle et familiale [2]. Young indique que ces personnes partagent avec les toxicomanes une tendance à la perte de contrôle, un temps important passé avec l'objet de leur dépendance, un sentiment de manque ou un syndrome de sevrage lorsqu'ils sont déconnectés [1,3]. Cette relation à Internet peut donc faire l'objet d'une dérive addictive à l'origine de troubles du sommeil. Tout comme la télévision ou les jeux vidéo, Internet constitue l'une des principales raisons de retarder l'heure du coucher dans les sociétés modernes. Des troubles du sommeil ont été rapportés chez des personnes présentant une dépendance à Internet, alors qu'elles expriment, paradoxalement, rarement une plainte d'insomnie. Devant la forte prévalence de ces troubles, telle que nous l'avons observé dans notre pratique, nous avons souhaité effectuer une revue de la littérature. Nous avons sélectionné les articles scientifiques de langue anglaise publiés entre 1987 et 2013 en consultant les bases de données Medline, Embase, Psycinfo, et Google Scholar. Les mots utilisés seuls ou en association sont les suivants : « addiction », « dependence », « Internet », « behavioral addiction », « sleep ».
d'Internet sur la vie familiale et professionnelle qui était négligée au profit de la relation à l'ordinateur [1]. À partir de cette observation, ils ont été les premiers à décrire puis définir l'addiction à Internet en 1996. Le diagnostic d'addiction à Internet est alors posé à l'aide de l'« Internet addiction Questionnaire (DQ) » s'inspirant de la définition du « Pathological Gambling » de l'« American Psychiatric Association » [2]. Cette échelle diagnostique, comprenant huit questions, reprend les principaux symptômes de l'addiction : tendance à la perte de contrôle, temps important passé devant l'ordinateur, ou syndrome de sevrage en cas de déconnexion [1,3]. Le diagnostic d'addiction à Internet est établi à partir de cinq réponses positives sur les huit questions posées du questionnaire [2]. Dans les suites de ces premières observations, Ivan Goldberg a proposé des critères diagnostiques directement adaptés de ceux que le Diagnostic and Statistical Manual (DSM) retient pour la dépendance [1]. L'addiction à Internet traduit un usage mal adapté d'Internet entraînant une détresse ou un handicap significatif, se manifestant par au moins 3 des critères suivants (tolérance, sevrage, usage plus long que prévu, efforts infructueux pour contrôler, temps important passé à des activités liées à l'usage d'Internet, réduction ou arrêt d'activités sociales, professionnelles ou de loisirs lié à l'usage d'Internet, poursuite de l'usage malgré la connaissance de problèmes physiques, sociaux, professionnels, psychologiques provoqués ou aggravés par l'usage d'Internet) survenant à tout moment pendant une période d'un an au moins. Il existe d'autres outils d'évaluation de la dépendance à Internet comme l'Internet Abuse Test, le Virtual Addiction Test, et le compulsive Internet Use Scale (CIUS) [6]. À ce jour, 21 échelles diagnostiques ont été identifiées [7].
Clinique de l'addiction à Internet Définition de l'addiction à Internet
2
Michael O'Reilly [4] au Canada et Kimberley Young aux ÉtatsUnis [5] ont remarqué les conséquences négatives de l'usage
Deux situations peuvent êtres distinguées parmi les dépendants à Internet [1]. Le premier type de dépendant nourrit une véritable passion pour l'univers du web et du multimédia. À la
tome xx > n8x > xx 2016
Pour citer cet article : Petit A, et al. Les troubles du sommeil dans l'addiction à Internet. Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2016.04.025
Épidémiologie de l'addiction à Internet La prévalence de l'addiction à Internet varie en fonction des pays. Aux États-Unis, 8 % des utilisateurs d'Internet seraient des « drogués » du web [8]. La prévalence est également estimée autour de 8 % en Grèce [9]. En revanche, le plus fort taux est retrouvé en Asie, tout particulièrement en Chine (11 % à 26,7 % des adolescents) [7,10], à Taiwan (13,7 % des adolescents) [11] et en Corée du Sud (18,4 % des adolescents) [10]. Bien que les critères diagnostiques et l'évaluation varient entre les pays, les études internationales ont estimé la prévalence de la dépendance à Internet entre 1,5 % et 8,2 % en 2010 [12]. Des travaux récents évoquent une prévalence autour de 10,6 % [13]. Cette prévalence peut même atteindre 18 % en Asie du sud est [14] tandis que cette maladie est retrouvée chez 17 à 26,8 % chez les lycéens à Hong Kong [15]. Il existe peu d'études de prévalence en France. Nous pouvons en revanche nous référer aux travaux réalisés dans les pays frontaliers dans lesquels il a été estimé que 3 % de la population allemande (toutes tranches d'âge confondues, en 2009) [14], et que 5,4 % des adolescents italiens (âgés de 13 à 18 ans) en 2006, présentaient une
tome xx > n8x > xx 2016
dépendance à Internet [16]. À partir d'un questionnaire auquel 17 000 sujets ont répondu sur Internet, Greenfield et al. ont estimé que 6 % des internautes souffriraient de dépendance à Internet. La littérature montre que cette prévalence varie beaucoup en fonction des études. L'étude de Young dénombre 58 % de dépendants chez les Internautes, Niemz et al., 18,3 % [17], Scherer 13 % [18], Morahan-Martin et Schumacher 8 %, Greenfield 6 % [19], Nichols et Nicki 2 % [20]. Cette grande variabilité s'explique en partie par le manque de validation psychométrique de certains tests employés, et par la piètre qualité méthodologie des enquêtes effectuées, notamment dans la sélection des patients. Les prévalence de cyberdépendance ne portent que sur la cyberdépendance en ligne, et varient à cause du manque de rigueur méthodologique de la plupart des enquêtes.
Revue de la littérature
fascination succède rapidement un besoin et une obligation de connexion. Ils y trouvent un plaisir d'aventurier dans la surprise d'une rencontre avec un cyber-correspondant ou l'émotion de la découverte d'un nouveau site [1]. Ces « internautomanes primaires » entretiennent avec leur ordinateur une relation affectueuse et passionnelle rappelant une relation d'objet qui évoque celle des collectionneurs de voiture. La vitesse de rotation de leur processeur les comble autant que le nombre de cylindres ou de chevaux fait plaisir aux collectionneurs de voiture [1]. D'autres internautomanes dits « secondaires » ne trouvent dans la connexion qu'un moyen de réaliser une autre addiction comportementale telle que le jeu pathologique, ou les achats compulsifs [1]. Ils ne sont pas fascinés par l'informatique ou le monde virtuel, Internet est ici considéré comme un magasin ou un casino [1]. Plusieurs grandes problématiques liées à l'usage d'Internet ont été distinguées [1] : les dépendances reliées à la sexualité comme la dépendance à la cyberpornographie (regarder, télécharger ou acheter de la pornographie en ligne, participer à des activités à caractère sexuel en ligne, soit par le moyen de « chat » ou de vidéoconférence « web cam »). Ils sont dépendants de l'Internet pour des raisons sexuelles, et ne se connectent que sur des sites pornographiques ; les dépendances reliées à l'aspect interactif d'Internet tels les chats, les courriels et le surf ; les dépendances à caractère monétaire comme les achats en ligne et les jeux d'argent en ligne (gambling) ; les dépendances aux jeux vidéo en ligne (gaming) comprenant les jeux en ligne sur ordinateur autour du MMORPG (jeu de rôle massivement multi-joueurs en ligne).
ADDICTIONS
Épidémiologie des troubles du sommeil dans l'addiction à Internet Des troubles du sommeil sont retrouvés parmi plus d'un tiers des dépendants à internet. En effet, selon les enquêtes, la prévalence est estimée entre 37,7 % [21] et 38,6 % [21]. Bien que la plainte d'insomnie soit rapportée par près du tiers de la population générale, elle se traduit par un diagnostic d'insomnie pour seulement 6 à 15 % [22] ou 9,2 % [23] de la population générale selon la définition de l'insomnie en population générale utilisée dans l'étude. Plus de 50 études épidémiologiques sur l'insomnie ont été menées, les chiffres retrouvés en population générales étaient inférieurs à ceux retrouvés parmi les dépendants à Internet [24]. Parmi les patients dépendants à Internet présentant des troubles du sommeil, un sex-ratio en faveur des hommes est retrouvé (deux hommes pour une femme) [25]. La principale tranche d'âge est celle des 16–29 ans (adolescents et adultes jeunes) [25]. Ces sujets sont le plus souvent célibataires, citadins et sans profession [25]. Une étude sud-coréenne a comparé le type d'activités retrouvées parmi les dépendants à Internet souffrant de troubles du sommeil à celles des dépendants à Internet ne présentant pas de troubles du sommeil [25]. Parmi les dépendants à Internet présentant des troubles du sommeil, il est retrouvé de manière significative plus d'addiction cyberrelationnelle représentée par les forums de discussion ou « chat » (MSN) (16 % vs 1,8 %) [25] et les réseaux sociaux (Facebook) (79,6 % vs 55,3 %) [25]. Par ailleurs, la pratique des jeux vidéos en réseau (World of Warcraft) est principalement retrouvée de manière significative chez les dépendants à Internet présentant des troubles du sommeil (30,6 % vs 8,4 %) [25]. Les dépendants se plaignant de troubles du sommeil utilisent moins Internet pour la recherche d'information sur le web (63,3 % vs 86,3 %) ou les achats en ligne (54,7 % vs 70,5 %) que les dépendants sans troubles du sommeil [25].
3
Les troubles du sommeil dans l'addiction à Internet
Pour citer cet article : Petit A, et al. Les troubles du sommeil dans l'addiction à Internet. Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2016.04.025
Revue de la littérature
A. Petit, L. Karila, C. Estellat, D. Moisan, M. Reynaud, M-P D'Ortho, et al.
Clinique des troubles du sommeil dans l'addiction à Internet Les troubles du sommeil chez les personnes dépendantes à Internet peuvent se manifester cliniquement de différentes manières.
Dyssomnie Dans l'addiction à Internet, on observe une diminution de la durée moyenne du sommeil [21,26]. Elle varie entre 5,40 heures [21] et 6,22 heures par nuit [26] selon les études. La perturbation du temps de sommeil s'explique par la présence d'insomnie (35,9 % des cas), avec des troubles de l'endormissement (26,4 %), ou des réveils précoces (13,2 %) [21]. Les troubles du sommeil dans l'addiction à Internet comprennent également une altération de la qualité du sommeil. En effet, le syndrome des apnées obstructives du sommeil, souvent associé à une insomnie ou une somnolence diurne, a une prévalence plus élevée dans cette population, 11,3 % des cas, que dans la population générale [21]. La présence de ronflements est retrouvée également parmi un quart de ces dépendants à Internet [21].
Le syndrome de privation du sommeil L'allongement de la durée des soirées de ces sujets dépendants à Internet entraîne un syndrome de privation volontaire de sommeil à l'origine d'une réduction du temps de sommeil [27,28]. Ces patients contractent une véritable dette de sommeil volontaire, mais non intentionnelle [27,28], retentissant sur le niveau d'éveil le jour. Le principal symptôme est donc l'existence d'une somnolence diurne principalement post-prandiale ou en début de soirée [27,28]. Le syndrome de privation de sommeil peut s'accompagner d'une irritabilité, de nervosité, de difficultés de concentration, et d'un manque d'appétit. Cette véritable dette en sommeil est « remboursée » en période de repos, en repoussant l'heure de réveil [28].
Le syndrome de retard de phase Lorsque la contrainte sociale du réveil est supprimée, on observe l'apparition d'un syndrome de retard de phase du rythme veille/ sommeil [28]. Il se manifeste chez certains étudiants ou jeunes chômeurs par des symptômes d'insomnie d'endormissement le soir aux horaires conventionnels [28].
Physiopathologie L'excitation psychique
4
L'utilisation d'Internet avant le sommeil crée une excitation psychique pouvant inhiber le sommeil [26]. Black et al. ont montré que 52 % des dépendants à Internet étudiés ressentent de l'excitation face à l'ordinateur [29]. De plus, la plupart des activités pratiquées sur Internet comme le jeu ont un fort potentiel excitateur sur le plan psychique (perspective du gain).
L'inhibition de sécrétion de mélatonine Au delà de la privation comportementale, on peut évoquer une origine chronobiologique à ce trouble. En effet, l'exposition à la lumière pendant la nuit retarde l'acrophase du rythme circadien [30] et inhibe la sécrétion de mélatonine [30,31]. Une lumière d'écran d'ordinateur d'intensité supérieure à 100 lux [32], d'une longueur d'onde comprise entre 446 et 477 nm [32] inhibe la sécrétion de mélatonine, et agit donc comme un véritable désynchronisateur externe du rythme circadien [32]. Une étude en aveugle a été conduite sur 13 femmes âgées de 30 ans, non dépendantes à Internet, mais passant plusieurs heures par jour devant l'écran de l'ordinateur [33]. Six d'entre elles travaillaient au moins quatre heures par jour, cinq jours par semaine depuis plus d'un mois devant un écran d'ordinateur. Des précautions particulières ont été prises dans la sélection des sujets (absence de décalage horaire récent, ou de traitement psychotrope, faible exposition à un écran pour le groupe non exposé aux écrans d'ordinateurs). Le dosage radio-immunologique de la 6-sulfatoxymélatonine, catabolite urinaire de la mélatonine, a été pratiqué sur les urines recueillies au cours de la nuit chez les femmes exposées et non exposées. L'analyse des résultats met en évidence une excrétion beaucoup plus faible ( 54 %), de manière significative (p < 0,01) de la 6-sulfatoxymélatonine dans les urines du groupe de femmes exposées aux écrans d'ordinateurs par rapport au groupe de femmes non exposées et ce indépendamment de l'âge des sujets [33]. Ces résultats viennent compléter l'hypothèse selon laquelle les troubles du sommeil chez les patients dépendants à Internet pourraient être causés par une désynchronisation du rythme circadien due à l'exposition à la lumière émanant de l'ordinateur.
Les comorbidités psychiatriques Black et al. ont étudié les troubles psychiatriques associés à l'addiction à internet. Ils ont montré la présence de troubles dépressifs, anxieux, et de la personnalité (borderline, narcissique, antisociale) [29]. Deux autres études réalisées en Chine, ainsi que des travaux réalisés en Turquie retrouvent de manière significative un plus grand nombre de syndrome dépressif et de trouble anxieux parmi les dépendants à Internet [34–36]. Young et al. ont mené une enquête évaluant chez des sujets connectés à la toile à la fois la présence d'une addiction à Internet, et le niveau de dépression [5]. Ils ont montré parmi 259 internautes présentant les critères de l'addiction au net, des scores de dépression supérieurs à ceux de la population générale [5]. Un autre travail mené par Kraut et al. a conclu que les dépendants à Internet présentaient des scores de dépression plus élevés [37]. Or les troubles du sommeil sont fréquents dans le syndrome dépressif. L'étude de Shapira et al. réalisée chez des patients dépendants à la toile a révélé que les troubles de l'humeur, en particulier les troubles bipolaires, étaient majoritairement retrouvés (70 % des cas) [38].
tome xx > n8x > xx 2016
Pour citer cet article : Petit A, et al. Les troubles du sommeil dans l'addiction à Internet. Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2016.04.025 Les troubles du sommeil dans l'addiction à Internet
Les comorbidités addictives La présence de comorbidités addictives (usage nocif d'alcool et de tabac, abus de substances psychoactives) dans lesquelles on retrouve des troubles du sommeil [10,35,43,44] pourrait aussi participer aux troubles du sommeil. Une étude récente menée chez 3067 adolescents conclue que l'addiction à Internet augmente de façon significative de 2,05 le risque de consommer du tabac et de 1,72 le risque de consommer de l'alcool [45]. Nous n'avons pas retrouvé dans la littérature d'études de prévalence des comorbidités addictives chez les dépendants à Internet.
Le tabac La consommation régulière de tabac entraîne des difficultés d'endormissement et une somnolence matinale [46]. Les enregistrements polysomnographiques ont montré que l'administration de patch de nicotine chez les non-fumeurs favorisaient l'éveil, augmentait la latence d'endormissement et diminuait la durée totale de sommeil et la durée de sommeil paradoxale de manière dose-dépendante [47,48].
L'alcool Des plaintes d'insomnie, et des troubles des rythmes circadiens ont été décrits chez les patients alcoolo-dépendants. Ces personnes se plaignent de difficultés d'endormissement et d'éveils fréquents en deuxième partie de nuit. La prise d'alcool augmente la survenue de ronflements et de troubles respiratoires liés au sommeil comme le syndrome d'apnée du sommeil (29 % des patients alcoolo-dépendants) aggravant le tableau d'insomnie et de somnolence diurne. Au long court, la consommation d'alcool entraîne donc des troubles du sommeil, retrouvés sur les enregistrements polysomnographiques chez 36 à 72 % des patients [49–51]. Il est observé une augmentation de la latence d'endormissement par rapport aux sujets témoins, une diminution du temps total de sommeil, une diminution de l'efficacité du sommeil, une augmentation de la durée de stade 1 de sommeil léger, une augmentation de la latence d'apparition du sommeil paradoxal, et une diminution de la durée du sommeil paradoxal [49–51].
tome xx > n8x > xx 2016
Internet Des travaux récents menés chez 1253 sujets présentant des troubles du sommeil (dyssomnie et parasomnies) ont confirmé l'hypothèse selon laquelle la présence de troubles du sommeil pouvait constituer un facteur de risque d'apparition d'addiction à Internet dont le maintien entraînerait une perturbation des rythmes circadiens et une désorganisation en profondeur de l'architecture du sommeil [52]. Ces résultats suggèrent l'idée de troubles du sommeil pouvant être primaire et rappellent la relation dépression/ alcoolo-dépendance dans laquelle l'apparition de la dépression peut être primaire ou secondaire à la conduite de dépendance. Ces résultats ont selon nous une véritable implication sur le plan thérapeutique puisque ces deux troubles pourraient s'auto-entretenir. Cela suggère l'idée d'une prise en charge simultanée systématique (traitement de l'addiction à Internet et traitement des troubles du sommeil). Ces troubles du sommeil ne sont actuellement pas pris en charge spécifiquement et persistent souvent après disparition de la cause (évolution vers une insomnie comorbide). Il est cependant probable que leur autonomisation soit un facteur favorisant d'une persistance ou d'une rechute de l'addiction à internet. Nous formulons l'hypothèse que la prise en charge classique de la dépendance à Internet est insuffisante si elle n'associe pas une prise en charge spécifique des troubles du sommeil chez les patients pour lesquels de tels troubles ont été dépistés. Un dépistage des troubles du sommeil chez ces patients dépendants à Internet, suivi d'une prise en charge spécifique du trouble du sommeil devrait permettre de diminuer la prévalence de l'addiction à Internet, celle des addictions associées (tabac, alcool) et des troubles du sommeil dans cette population. Une étude tentant de vérifier cette hypothèse est actuellement en cours dans le service. Elle permettra d'évaluer l'intérêt, en plus du traitement habituel, d'une thérapie ciblée spécifiquement sur les troubles du sommeil chez les patients souffrant d'addiction à Internet. Si l'intérêt de cette approche multidisciplinaire est démontré, elle pourra être généralisée et ainsi améliorer la prise en charge en réduisant les symptômes et le retentissement de l'addiction à internet. Cette recherche évaluera également l'impact d'une prise en charge des troubles du sommeil sur le tabagisme, la consommation d'alcool ainsi que sur les comorbidités psychiatriques comme les troubles anxieux et le syndrome dépressif.
Revue de la littérature
La présence de ces comorbidités peut apparaître comme un facteur explicatif d'apparition de ces troubles du sommeil mais constitue néanmoins un facteur de confusion.
Examens complémentaires Il n'existe pas de recommandations concernant le bilan paraclinique à réaliser dans ces troubles du sommeil induits par l'addiction à Internet. L'agenda de sommeil et l'actimétrie permettent de caractériser les troubles (décalage de phase, trouble du maintien du sommeil, insuffisance de sommeil, etc.). Un enregistrement polysomnographique sera réservé aux cas dans
5
Sommeil, anxiété et humeur sont étroitement liés, et s'influencent réciproquement. Les perturbations du sommeil sont fréquemment retrouvées dans les troubles de l'humeur et l'anxiété. En effet, 35 à 45 % des patients dépressifs souffrent d'insomnie [39–41], tandis que l'anxiété sous ses diverses formes est impliquée dans 45 % des insomnies d'étiologie psychiatrique [42]. Par ailleurs, de nombreux travaux sur la dépression ont fait état de lien entre les troubles de l'humeur et les rythmes circadiens [26,27]. Cette corrélation va dans le sens d'un retard de phase se traduisant cliniquement par des insomnies [28]. Nous supposons ici que les comorbidités psychiatriques de l'addiction à Internet pourraient favoriser les troubles du sommeil.
ADDICTIONS
Pour citer cet article : Petit A, et al. Les troubles du sommeil dans l'addiction à Internet. Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2016.04.025
Revue de la littérature
A. Petit, L. Karila, C. Estellat, D. Moisan, M. Reynaud, M-P D'Ortho, et al.
lesquels une autre pathologie du sommeil est suspectée (syndrome d'apnées du sommeil). Ce bilan non exhaustif peut éventuellement être complété par un enregistrement de la température centrale, et la détermination de « l'onset » de la sécrétion de la mélatonine par prélèvements salivaires le soir, ces examens relevant davantage d'étude de recherche clinique que de routine.
Conséquences des troubles du sommeil dans l'addiction à Internet Nous n'avons pas retrouvé dans la littérature de données sur les conséquences des troubles du sommeil dans l'addiction à Internet. Notre approche est donc ici spéculative s'inspirant des conséquences somatiques et psychiatriques du syndrome de privation de sommeil. Un probable retentissement sur la vie sociale et professionnelle pourrait aussi être observé. Cette privation de sommeil serait à l'origine d'une diminution des performances physiques et intellectuelles avec troubles de l'attention, de la concentration, et des pertes de mémoire. Une désynchronisation de l'horloge aurait dans cette situation des conséquences sur le sommeil et la vigilance, avec une augmentation du risque de somnolence. Une aggravation de la symptomatologie anxieuse et dépressive pourrait être observée. À moyen terme, les personnes dépendantes à Internet développeraient des maladies cardiovasculaires ou métaboliques comme le diabète du fait d'une sédentarité excessive à l'origine d'une diminution de l'espérance de vie.
Prise en charge Il n'existe pas dans la littérature de recommandations sur la prise en charge spécifique des troubles du sommeil induits par l'addiction à Internet. Nous supposons ici que la prise en charge du trouble addictif aurait une influence sur les troubles du sommeil. Le traitement de la dépendance à Internet permettrait leur régression.
Prise en charge de la dépendance à Internet
6
Aucun mode de traitement n'a encore fait la preuve de son efficacité dans l'addiction à Internet [3]. Certains ont proposé des aides « en ligne » sur le modèle des Alcooliques Anonymes, en utilisant des approches comportementales provenant de la méthode des « douze étapes » (reconnaître son problème, raconter une histoire, décider de changer, essayer d'aider les autres. . .) [1]. Ces groupes d'entraide reliés par Internet s'appellent eux même les « Netaholic Anonymous ». L'un des premiers était l'Internet Addiction Support group (IASG) se présentant sous forme d'un forum destiné aux victimes de la toile [51]. Cependant, nous pouvons nous interroger sur la pertinence d'un traitement de l'addiction à Internet qui a recours au net. D'après Niemz et al., les traitements proposés consistent à aider les gens à développer des stratégies de coping afin de modifier leurs comportements de dépendance face à Internet [17]. Les points d'intervention pour l'addiction à Internet l'évaluation du
caractère addictif du comportement, l'évaluation de la motivation au changement et travail motivationnel, l'analyse fonctionnel, la gestion du contrôle du stimuli (auto observation et autocontrôle du comportement de jeu, planification des taches pour gérer le temps autrement que par l'utilisation d'Internet, le renforcement de chaque changement, la prescription d'activités plaisantes, le repérage des pensées automatiques négatives et restructuration cognitive, la prévention de la rechute, la réduction de la procrastination, l'augmentation du support social et la prise en charge des comorbidités) [1,53]. Aucun agent pharmacologique n'a été validé dans cette indication [1,27,32,53].
Prise en charge des troubles du sommeil Une prise en charge des troubles du sommeil sans prise en charge addictologique constitue ici un non-sens. Le traitement des troubles du sommeil à l'aide d'une resynchronisation des rythmes circadiens (photothérapie, prescription de mélatonine) représente une incohérence en cas de poursuite de l'activité de connexion. L'approche cognitivo-comportementale de l'insomnie a été bâtie sur le modèle comportemental établi par Sipelman et al. en 1987 [54]. Elle s'attache à modifier ces mécanismes en éduquant le patient au sommeil normal et aux règles d'hygiène du sommeil, en changeant ses comportements inadaptés et en modifiant les croyances et attentes erronées [54]. Le succès de la TCC pour traiter une insomnie repose sur l'observance du patient aux différentes procédures comportementales et cognitives. Cette approche, bien acceptée des patients, exige un niveau de motivation élevé. Les principaux axes sont la restriction du temps au lit, procédure qui consiste à limiter le temps passé au lit le plus près possible du temps réel de sommeil [55–58], la thérapie par contrôle du stimulus [57,58], les méthodes de relaxation, l'amélioration de l'hygiène de sommeil et les thérapies cognitives [57,58]. La prescription d'hypnotiques est inefficace, voire défavorable (risque de dépendance, de somnolence diurne, majoration des apnées du sommeil). Le sommeil compensateur (sieste, réveil en début d'après midi) pourrait être le point de départ d'un cercle vicieux majorant le retard de phase et la perturbation chronobiologique du sommeil.
Conclusion Cet article illustre la complexité du lien entre l'addiction à Internet et les troubles du sommeil. La revue de littérature nous a permis de caractériser le type de troubles du sommeil dans l'addiction à Internet, et d'en évaluer la prévalence qui est élevée. Il n'existe pas de recommandations particulières sur la prise en charge des troubles du sommeil chez les patients dépendants à internet. Il faut avant tout évaluer la doléance du patient, tant pour ce qui concerne l'addiction que pour les troubles du sommeil. Les addictions associées ne doivent pas être négligées, de même que la dimension anxio-depressive. Ces troubles du rythme circadien induits par Internet sont
tome xx > n8x > xx 2016
Pour citer cet article : Petit A, et al. Les troubles du sommeil dans l'addiction à Internet. Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2016.04.025 Les troubles du sommeil dans l'addiction à Internet
souvent pris pour des insomnies de différents types, pour lesquelles les médecins généralistes prescrivent des hypnotiques généralement inefficaces et défavorables. La resynchronisation des rythmes circadiens n'apparaît possible uniquement en cas de prise en charge de la pathologie addictive grâce à des approches psychothérapeutiques (TCC). En effet, nous formulons l'hypothèse que la prise en charge classique de la dépendance à Internet est insuffisante si elle n'associe pas une prise en charge spécifique des troubles du sommeil chez les patients pour lesquels de tels troubles ont été dépistés. Un dépistage des troubles du sommeil chez ces patients dépendants à Internet, suivi d'une prise en charge spécifique du trouble du sommeil, devrait permettre de diminuer la prévalence de l'addiction
à Internet, celle des addictions associées (tabac, alcool) et des troubles du sommeil dans cette population. Une étude est actuellement en cours dans le service afin de vérifier cette hypothèse. Déclaration de liens d'intérêts : Aymeric Petit déclare avoir participé à des interventions ponctuelles pour Otsuka, Lundbeck DA Pharma and Astra Zeneca Pharmaceuticals. Michel Reynaud déclare avoir participé à des interventions ponctuelles pour Merck/Serono, Reckitt, Lundbeck DA Pharma, and Ethypharm. Laurent Karila déclare avoir des liens durables ou permanents avec GM Santé, BMS, Euthérapie, Astra Zeneca, Lundbeck, Gilead, Sanofi Aventis, D&A Pharma, Bouchara-Recordati, et Reckitt Benckiser. Michel Lejoyeux, Candice Estellat, Delphine Moisan, Fanny Levy et Marie-Pia D'Ortho déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.
Revue de la littérature
ADDICTIONS
Références Lejoyeux M, Romo L, Adès J. Addiction à l'internet. EMC Psychiatrie, 2003 [37-396A-27, 6p]. [2] Young KS. Internet addiction: the emergence of a new clinical disorder. Cyberpsychol Behav 1998;1(3):237–44. [3] Weinstein A, Lejoyeux M. Internet addiction or excessive internet use. Am J Drug Alcohol Abuse 2010;36(5):277–83. [4] O'Reilly M. Internet addiction: a new disorder enters the medical lexicon. Can Med Assoc J 1996;154:1882–3. [5] Young KS, Rogers RC. The relationship between depression and internet addiction. Cyberpsychol Behav 1998;1:215–28. [6] Guertler D, Broda A, Bischof A, et al. Factor structure of the compulsive Internet Use Scale. Cyberpsychol Behav Soc Netw 2014;17(1):46–51. [7] Kuss DJ, Griffiths MD, Karila L, et al. Internet addiction: a systematic review of epidemiological research for the last decade. Curr Pharm Des 2014;20(25):4026–52. [8] Morahan-Martin JP, Schumacher P. Incidence and correlates of pathological Internet use among college students. Comput Human Beh 2000;16(1):13–29. [9] Siomos KE, Dafouli ED, Braimiotis DA, et al. Internet addiction among Greek adolescent students. Cyberpsychol Behav 2008;11:653–7. [10] Ko CH, Yen JY, Yen CF, et al. The association between Internet addiction and problematic alcohol use in adolescents: the problem behavior model. Cyberpsychol Behav 2008;11 (5):571–6. [11] Chou C, Hsiao MC. Internet addiction, usage, gratification, and pleasure experience: the Taiwan college students' case. Comput Educ 2000;35(1):65–80. [12] Seo M, Kang HS, Yom YH. Internet addiction and interpersonnal problems in Korean adolescents. Comput Inform Nurs 2009;27 (4):226–33.
tome xx > n8x > xx 2016
[13] Wu CY, Lee MB, Liao SC, et al. Risk factors of internet addiction among internet users: an online questionnaire. Plos One 2015;10 (10):11–9. [14] Shek DT, Yu L. Adolescent internet addiction in Hong Kong: prevalence, change and correlates. J Pediatr Adolescent Gynecol 2016;29 (1 Suppl.):S22–30. [15] Woelfling K, Buhler M, Lemenager T, et al. Gambling and Internet addiction: review and research agenda. Nervenartz 2009;80 (9):1030–9. [16] Pallanti S, Bernadi S, Quercioli L. The shorter PROMIS Questionnaire and the Internet Addiction Scale in the assessment of multiple addictions in a high-school population: prevalence and related disability. CNS Spectr 2006;11 (12):966–7. [17] Niemz K, Griffiths M, Banyard P. Prevalence and pathological internet use among university students and correlations with selfesteem, the general health questionnaire (GHQ), and disinhibition. Cyberpsychol Beh 2005;8:562–70. [18] Scherer K. College life on-line: healthy and unhealthy internet use. J College Student Dev 1997;38:655–65. [19] Greenfield D. Psychological characteristics of compulsive Internet use: a preliminary analysis. Cyberpsychol Beh 1999;2:403–12. [20] Wood R, Williams R, Lawton P. Why do internet gamblers prefer online versus landbased venues: some preliminary findings and implications. J Gambl Issues 2007;20:235–52. [21] Choi K, Son H, Park M, et al. Internet overuse and excessive daytime sleepiness in adolescents. Psychiatry Clin Neurosc 2009;63 (4):455–62. [22] Ohayoun M. Prévalence et comorbidité des troubles du sommeil dans la population générale : troubles du sommeil. Rev Prat 2007;57 (14):1521–8.
[23] Kroholm E, Partonen T, Harma M, et al. Prevalence of insomnia-related symptoms continues to increase in the Finnish working-age population. J Sleep Res 2016 [Epub ahead of print]. [24] Ohayon MM. Epidemiology of insomnia: what we know and what we still need to learn. Sleep Med Rev 2002;6:97–111. [25] Bakken IJ, Wenzel HG, Gotestam KG, et al. Internet addiction among Norwegian adults: a stratified probability sample study. Scandinav J Psychol 2009;50:121–7. [26] Suganuma N, Kikuchi T, Yanagi K, et al. Using electronic media before sleep can curtail sleep time and result in self-perceived insufficient sleep. Sleep Biol Rythms 2007;5 (3):204–14. [27] Van den Bulck J. Television viewing, computer game playing, and internet use and selfreported time to bed and time out of bed in secondary-school children. Sleep 2004;27 (1):101–4. [28] Kim JH, Lau CH, Cheuk KK, et al. Brief report: predictors in heavy internet use and associations with health-promoting and health risk behaviors among Hong Kong university students. J Adolecence 2010;33(1):215–20. [29] Black DW, Belsare G, Schlosser S, et al. Clinical features, psychiatric comorbidity, and health-related quality of life in persons reporting compulsive computer use behavior. J Clin Psychiatriy 1999;60(12):839–44. [30] Higuchi S, Motohashi Y, Maeda T, et al. Relationship between individual difference in melatonin suppression by light and habitual bedtime. J Physiol Anthropol Appl Hum Sci 2005;24(4):419–23. [31] Boivin DB, Duffy JF, Kronauer RE, et al. Doseresponse relationships for resetting of human circadian clock by light. Nature 1996;379:540–2. [32] Zeizer JM, Dijk DJ, Kronauer R, et al. Sensitivity of the human circadian pacemaker to
7
[1]
Pour citer cet article : Petit A, et al. Les troubles du sommeil dans l'addiction à Internet. Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2016.04.025
Revue de la littérature
A. Petit, L. Karila, C. Estellat, D. Moisan, M. Reynaud, M-P D'Ortho, et al.
[33]
[34]
[35]
[36]
[37]
[38]
[39]
[40]
8
[41]
nocturnal light: melatonin phase resetting and suppression. J Physiol 2000;3:695–702. Brainard GC, Hannifin JP, Greeson JM, et al. Action spectrum for melatonin regulation in humans: evidence for a novel circadian photoreceptor. J Neuroscience 2001;21 (16):6405–12. Roth T. Insomnia: definition, prevalence, etiology, and consequences. J Clin Sleep Med 2007;15(3):7–10. Yen CF, Ko CH, Yen JY, et al. Multi-dimensional discriminative factors for Internet addiction among adolescents regarding gender and age. Psychiatry Clin Neurosc 2009;63 (3):357–64. Bozkurt H, Coskun M, Ayaydin H, et al. Prevalence and patterns of psychiatric disorders in referred adolescents with Internet addiction. Psychiatry Clin Neurosc 2013;67 (5):352–9. Kraut R, Patterson M, Lundmark V, et al. Internet paradox. A social technology that reduces social involvement and psychological well-being? Am Psychol 1998;53(9):1017–31. Shapira NA, Goldsmith TD, Keck Jr PE. Psychiatric features of individuals with problematic internet use. J Affect Disord 2000;57(1– 3):267–72. Jang KS, Hwang SY, Choi JY. Internet addiction and psychiatric symptoms among Korean adolescents. J Sch Health 2008;78(3):165–71. Ha JH, Kim SY, Bae SC, et al. Depression and Internet addiction in adolescents. Psychopathology 2007;40(6):424–30. Kim K, Ryu E, Chon MY, et al. Internet addiction in Korean adolescents and its
[42]
[43]
[44]
[45]
[46]
[47]
[48]
[49]
relation to depression and suicidal ideation: a question survey. Int J Nurs Stud 2006;43 (2):185–92. Johnson E, Roth T, Breslau N. The association of insomnia with anxiety disorders and depression: exploration of the direction of risk. J Psychiatric Res 2006;40(8):700–8. Yen JY, Ko CH, Yen CF, et al. The association between harmful alcohol use and Internet addiction among college students: comparison of personality. Psyciatry Clin Neurosci 2009;63(2):218–24. Lam LT, Peng ZW, Mai JC, et al. Factors associated with Internet addiction among adolescents. Cyberpsychol Behav 2009;12 (5):551–5. Rucker J, Akre C, Berchtold A, et al. Problematic internet use is associated with substance use in young adolescents. Acta Paediatr 2015;104(5):504–7. Phillips BA, Danner FJ. Cigarette smoking and sleep disturbance. Arch Intern Med 1995;155 (7):734–7. Gillin JC, Lardon M, Ruiz C, et al. Dosedependent effects of transdermal nicotine on early morning awakening and rapid eye movement sleep time in nonsmoking normal volunteers. J Clin Psychopharmacol 1994;14 (4):264–7. Salin-Pascual RJ, de la Fuente JR, Galicia-Polo L, et al. Effects of transderman nicotine on mood and sleep in nonsmoking major depressed patients. Psychopharmacol (Berl) 1995;121(4):476–9. Brower KJ. Alcohol's effects on sleep in alcoholics. Alcohol Res Health 2001;25(2):110–25.
[50] Brower KL, Hall JM. Effects of age and alcoholism on sleep: a controlled study. J Stud Alcohol 2001;62(3):335–43. [51] Landolt HP, Gillin JC. Sleep abnormalities during abstinence in alcohol-dependent patients. Aetiology and management. CNS Drugs 2001;15(5):413–25. [52] Chen YL, Gau SS. Sleep problems and internet addiction among children and adolescents: a longitudinal study. J Sleep Res 2016 [Epub ahead of print]. [53] Winkler A, Dorsing B, Rief W, et al. Treatment of internet addiction: a meta-analysis. Clin Psychol Rec 2013;33(2):317–29. [54] Sipelman AJ, Sakin P, Thorpy MJ. Treatment of chronic insomia by restriction of time in bed. Sleep 1987;10:45–56. [55] Jacobs GD, Pace-Schott EF, Stickgold R, et al. Cognitive behavioral therapy and pharmacotherapy for insomnia. A randomized controlled trial and direct comparison. Arch Intern Med 2004;164:1888–96. [56] Sharma MP, Andrade C. Behavioral interventions for insomnia: theory and practice. Indian J Psychiatry 2012;54(4):359–66. [57] Ritterband LM, Thorndike FP, Gronder-Frederick LA, et al. Efficacy of an Internet-based behavioral intervention for adults with insomnia. Arch Gen Psychiatry 2009;66(7):692–8. [58] Morin CM, Vallieres A, Guay B, et al. Cognitive-behavior therapy, singly and combined with medication, for persistent insomnia: acute and maintenance therapeutic effects. JAMA 2009;301(19):2005–15.
tome xx > n8x > xx 2016