L'infiltrat salivaire labial dans le syndrome de Sj6gren n'est pas un critere diagnostique mais le reflet de I'activation immunitaire systemique. M.J. WATTIAUX*, J. CABANE*, Ph. GIRAL*, J.C. IMBERT*
Among 60 patients with Sj6gren's syndrome (SS) according to the European criteria, we report the results and correlates of minor salivary gland biopsies(MSGB). The results show that inflammatory foci in MSGB are present in only 36 % of cases. They are correlated with clinical and biological signs of immune activation.
La biopsie de glandes salivaires labiales permet la mise en evidence de foyers lymphocytaires chez certains patients atteints de syndrome de Sj6gren. La valeur clinique de cette donnee n'a pas ete confrontee & des criteres diagnostiques rigoureux. Nous avons suivi prospectivement 60 patients atteints de SS defini par les criteres europeens ; nous presentons ici I'analyse des resultats de la BGS dans ce groupe. L'analyse prospective d'une serie de 60 patients porteurs d'un SS repondant aux crit6res europeens recemment etablis a permis d'evaluer I'inter6t de la BGS dans un contexte bien determine, & savoir, par d~finition, que le resultat de la BGS ne peut constituer & lui seul I'element salivaire du diagnostic de SS. La repartition de la population est typique du SS : 54 femmes pour 6 hommes, soit 1 homme pour 9 femmes, I'&ge moyen est de 56 ans (26 a 81), I'&ge moyen de debut du SS est de 52 ans (24 & 80). Les antecedents personnels le plus souvent retrouves sont les pathologies thyroidiennes autoimmunes et le diabete dont les frequences sont superieures & celles de la population g6nerale. II s'agit d'un SS primaire dans 88 % des cas et les manifestations systemiques associees sont representees par ordre decroissant par des arthralgies (61%), phenom~ne de Raynaud (30 %), neuropathie p6ripherique (25 %), manifestations pulmonaires-toux seche, dyspn~e, infiltrat radiologique - (22 %), myalgies (15 %), purpura vasculaire (8 %), ad~nopathies periph~riques (6 %), arthrites (5%), et 1 cas d'atteinte du SNC. Un peu plus de la moitie des patients (55 %) n'a pas de syndrome inflammatoire biologique evident. Les anomalies dysimmunitaires le plus frequemment retrouvees sont la presence de FAN de type mouchete (66 %), d'une serologie rhumatoYde (35 %), d'un taux eleve (32 %) ou bas (32 %) du complement total, et d'anticorps anti SSA (16 %). 50 patients ont accepte d'avoir une BGS dont le resultat a ete positif (_>3 d'apres Chisholm) dans 36 % des cas. L'analyse statistique permet d'etablir une relation significative entre la positivite de la BGS et I'existence d'antecedents d'hyperthyrofdie (p = 0,02), I'&ge de debut du SS inferieur & 50 ans (p = 0,04) et la tendance plus jeune des patients (moins de 55 ans), la positivite du test au Rose Bengale (p = 0,04), la presence d'un syndrome inflammatoire avec VS > 20 (p = 0,01), plaquettes > 250.000 (p = 0,02), d'anomalies de repartition du complement total (p = 0,01), la presence de FAN mouchete (p = 0,01), d'anticorps antiSSA (p = 0,01), mais surtout la presence d'adenopathies peripheriques cliniques (p = 0,003), d'une anemie <12,9 gr (p = 0,004), d'une hypergammaglobulinemie >15 g/I (p = 0,001), I'element statistiquement le plus significatif etant la presence d'une hyper IgG >16 g/I (p = 0,0002). Le fait qu'il n'existe aucune correlation avec les signes fonctionnels de secheresse ni les signes systemiques autres que les adenopathies permet de confirmer le caractere non specifique de I'infiltrat glandulaire salivaire en tant qu'element diagnostique du SS et incite & le considerer comme le reflet d'une Iocalisation particuliere (pour des raisons encore inconnues) s'integrant dans le cadre d'une reaction immunitaire generale.
* Service de M6decine Inteme; HSpital Saint-Antoine ; 184, rue du Faubourg Saint-Antoine ; 75571 PARIS C#dex. 1993 - Tome X I V Num6ro 6
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