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ORL Pathologie infectieuse Sinusite aiguë En cas de sinusite aiguë, une séance de mésothérapie associant méloxicam + lidocaïne ou un mélange Mobic® + antibiotique (Rocephine®) + sérum physiologique permet de juguler dans les minutes qui suivent les douleurs. Cela ne veut pas dire qu’un traitement antibiotique par voie générale ne doit pas être instauré s’il s’avère nécessaire.
Sinusite chronique Depuis la disparition du Ribomunyl®, nos confrères français, les Dr Walter et Martin, proposent d’utiliser quelques gouttes du vaccin antigrippal dilué dans un flacon de soluté physiologique phénolé. Pour espacer, voire éviter les récidives, nous proposons d’injecter en regard des sinus atteints 1/10e de produit actif en intradermique et 1/10e en regard de chaque amygdale en réalisant une papule [1]. Dans cet article, l’auteur propose également la cimétidine ou certains antibiotiques comme immunostimulants.
Angines à répétition Qu’il s’agisse de l’enfant ou de l’adulte, il nous apparaît qu’un patient faisant plusieurs angines dans l’année peut bénéficier, en dehors des épisodes aigus traités par antibiotiques par voie orale, de séances de mésothérapie à base de vaccin. Différentes études épidémiologiques [2] ont montré que des microvaccinations locales intradermiques diminuaient nettement la consommation d’antibiotiques et l’absentéisme scolaire de l’enfant et professionnel des parents. Chez l’enfant de moins de trois ans, il est préférable d’utiliser la Xylocaïne® 0,5 % plutôt que la procaïne. Il s’agit de pratiquer une papule du vaccin plus ou moins dilué en regard de chaque amygdale (Fig. 14.1). Le résultat semble plus performant lorsqu’une réaction locale à type de papule érythémateuse se produit pendant 48 heures. Cette réaction doit être contrôlée. Des séances à J0, J45, J105 et J195 sont proposées, ainsi qu’une ou deux séances espacées de 45 jours l’année suivante.
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Traité de mésothérapie
Fig. 14.1. Injection « papule » en regard de l’amygdale.
Pathologie allergique Les résultats dans les rhinites allergiques nous semblent moins constants que dans les rhinopharyngites infectieuses à répétition, mais assez souvent des résultats étonnants permettent au patient qui devait subir deux ou trois intramusculaires de corticoïdes par an de ne plus y avoir recours. L’intervention consiste à faire une injection intradermique profonde en regard de chaque aile du nez et une injection intradermique superficielle du même mélange vaccin antigrippal dilué dans un flacon de soluté physiologique phénolé (9 mL) en regard de chaque amygdale, permettant d’éviter la rechute des symptômes suivants : écoulement oculaire, prurit de gorge, écoulement nasal.
Pathologie vasculaire Hypoacousie Le traitement de l’hypoacousie fut à l’origine de la mésothérapie découverte par le Dr Pistor en 1952. Ce n’est pas là l’indication majeure de la mésothérapie, mais dans les hypoacousies modérées et isolées, nous pratiquons des injections de vasodilatateurs en péricarotidien et proposons les mêmes produits en mésoperfusion sur le pourtour de l’oreille atteinte.
Acouphènes 176
Nous pouvons parler ici de troubles très invalidants et ces phénomènes peuvent conduire certains patients au suicide.
ORL
Dans les acouphènes isolés, les séances de mésothérapie répétées à deux mois d’intervalle suivant le protocole proposé dans l’hypoacousie peuvent donner quelques résultats encourageants. Malheureusement, il peut exister des associations entre acouphènes et hypoacousies, rendant les résultats médiocres [3]. Dans ces cas, la mésothérapie a pu être pratiquée le long des carotides et autour des oreilles en injectant le mélange procaïne + Trivastal®. Certains confrères ORL pratiquant la mésothérapie ont constaté des résultats tout à fait intéressants lors de l’utilisation de vaccin antigrippal (voir Pathologie allergique).
Vertiges ■ VERTIGES DE MÉNIÈRE La mésothérapie peut être efficace dans cette affection dans laquelle les vertiges sont au premier plan, mais où existent également des acouphènes unilatéraux et une baisse auditive unilatérale. Nous rapportons le cas d’une patiente sous Serc® en traitement de fond depuis sept ans et Agyrax® à la demande. Cette femme présentait fréquemment de grands vertiges giratoires qui se poursuivaient toute la journée. La première séance de mésothérapie, qui consista en des injections de procaïne associée à un vasodilatateur le long des axes carotidiens et sur le pourtour des deux oreilles, fut inefficace. La deuxième séance, avec le même type d’injections, donna une réponse favorable. Cette patiente revue neuf mois plus tard n’avait pas eu de nouvelles alertes. Elle est revue tous les trois mois pour une séance de mésothérapie, permettant d’injecter au total 1 mL de produit actif. Un autre cas était celui d’une femme qui présentait des vertiges de Ménière depuis sept ans, associés à des bourdonnements d’oreilles et une hypoacousie. Elle faisait des cures de Serc® trois fois par an en traitement de fond, et prenait de l’Agyrax® ou du Tanganil® à la demande. Nous avons traité cette femme pour un début de presbytie en lui injectant des vasodilatateurs le long des carotides et en regard des temporales. Après la deuxième séance, elle se dit déçue du traitement ophtalmologique mais avait constaté une nette amélioration de ses crises vertigineuses. Depuis, elle a arrêté tout traitement par voie buccale pour les vertiges et reçoit tous les six mois quelques injections en mésothérapie de vasodilatateurs en regard de la carotide et sur le pourtour de l’oreille. ■ VERTIGES SYSTÉMATIQUES OU DE POSITION Ces vertiges apparaissent dans certaines positions de la tête ; il s’agit d’otolithes qui se meuvent dans l’oreille interne. En général, une rééducation est proposée ou une technique de mobilisation rapide de la tête. Ces traitements avaient échoué chez une patiente qui présentait systématiquement des vertiges en se couchant sur l’oreille gauche. Des injections associant procaïne 1 mL + Cervoxan® 1 mL (maintenant Trivastal®) le long de la carotide gauche et autour de l’oreille gauche ont été proposées. Les troubles fonctionnels furent nettement améliorés ; la deuxième séance a eu lieu deux mois plus tard.
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Traité de mésothérapie
■ FAUX VERTIGES Il s’agit de patients présentant une sensation d’ébriété et de déséquilibre. Toute cause générale ayant été éliminée, une intervention de mésothérapie en regard des cervicales hautes proposant le mélange procaïne + Torental® + Bevitine® peut être pratiquée avec des résultats bénéfiques.
Réflexions et conseils sur la pratique clinique Malheureusement, depuis la disparition du Divasta®, en matière de prévention des pathologies infectieuses les résultats ne sont plus comparables ; la prévention des angines et des sinusites chez l’enfant ne donne plus autant de satisfaction. Néanmoins, lorsque le nombre d’accès aigus avoisine les quatre à cinq par an, un traitement de mésotherapie peut être systématiquement proposé.
À RETENIR La voie IDS est dans ce chapitre largement utilisée. Il faut savoir faire une papule stricte d’environ 6 mm de diamètre soit un volume de 0,1 mL. Il faut injecter lentement pour éviter la douleur. ■ BIBLIOGRAPHIE 1 Martin JP. Pproposition d’un nouveau protocole d’immunomodulation en mésothérapie. Revue de mésothérapie n˚ 128, janvier 2007. 2 Walter A. Flash méso : mise au point sur les vaccinations pré-hivernales. Bulletin SFM, 66, p. 5, 1986. 3 Malafosse Ph. Pathologie circulatoire de l’oreille interne et mésothérapie. Bulletin SFM, 62, p. 3-5, 1985.
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