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GASTROENTEROL CLIN BIOL, 2009, 33
Impact pronostique du dépistage systématique du carcinome hépatocellulaire (CHC) : étude rétrospective d’une cohorte hospitalière de 229 patients
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Caractéristiques cliniques et histologiques, traitement et survie de 40 patients atteints de carcinome hépatocellulaire en l’absence de cirrhose
A Dobrin (1), C Richou (1), T Thevenot (1), I Doras (1), E Monnet (1), JP Cervoni (1), AC Dupont-Gossart (1), V Di Martino (1) (1) Besançon.
AM Marion-Audibert (1), E Morineaux (1), P Merle (1), B Bancel (1), S Radenne (1), C Ducerf (1), JC Souquet (1), F Zoulim (1) (1) Lyon.
Introduction : Le bénéfice d’un programme de dépistage systématique du CHC chez le cirrhotique reste controversé, particulièrement en cas de cirrhose alcoolique. L’objectif principal de ce travail était d’évaluer l’impact du dépistage du CHC sur la survie et l’accès au traitement quelle que soit l’étiologie de la cirrhose.
Introduction : Le carcinome hépatocellulaire (CHC) survient essentiellement sur foie cirrhotique. Dans 10 à 25 % des cas, il est cependant diagnostiqué en l’absence de cirrhose. Peu de données sont disponibles sur ce sujet dans la littérature. L’objectif de notre étude était de préciser les caractéristiques épidémiologiques, le traitement et la survie de tels patients.
Patients et Méthodes : Les dossiers consécutifs des patients atteints de CHC et hospitalisés dans le service d’hépatologie entre janvier 2004 et décembre 2006 ont été repérés par les données PMSI et examinés rétrospectivement avec recueil de 186 variables (données démographiques, histoire et étiologie de la cirrhose, circonstances de diagnostic, prise en charge thérapeutique, survie). Les patients dont le CHC avait été diagnostiqué dans le cadre d’un dépistage semestriel constituaient le groupe dépisté. Les autres constituaient le groupe non dépisté. Les analyses statistiques ont utilisé le modèle de Kaplan-Meier et le modèle de Cox.
Patients et Méthodes : Etude rétrospective incluant tous les patients atteints de CHC, hospitalisés dans notre institution (hépatologie et chirurgie viscérale) entre 1996 et 2007. Les critères d’inclusion étaient un CHC prouvé histologiquement développé sur foie non fibreux ≤ F2 (selon le score METAVIR) avec relecture histologique centralisée. Les critères d’exclusion étaient l’absence de données histologiques du CHC et/ou du foie adjacent, une fibrose hépatique > F2 et des signes radiologiques ou endoscopiques de cirrhose.
Résultats : Durant la période de l’étude, 229 patients (89 % d’hommes) ont été étudiés. 96 étaient dépistés, 133 non dépistés dont 83 symptomatiques et 50 de découverte fortuite. L’étiologie de la cirrhose était alcoolique (77 %), virale C (22 %), dysmétabolique (11 %), virale B (8,3 %), ou autre (3 %). L’âge moyen au diagnostic de cirrhose était de 63 ± 11 ans. Les patients Child-Pugh A, B et C représentaient respectivement 67, 25 et 8 % des cas. L’âge au diagnostic de CHC était comparable dans les 2 groupes (65 ± 11 ans) ainsi que la fréquence d’une alpha-fœtoprotéine (AFP) anormale (44 % vs 57 %, NS). En revanche, comparés aux patients non dépistés, les patients dépistés avaient plus souvent une cirrhose non alcoolique (30 % vs 18 %, p = 0,049), étaient plus souvent des femmes (16 % vs 7 %, p < 0,01) et avaient un score de Child-Pugh moins élevé (6 ± 1,5 versus 6,6 ± 1,8, p = 0,037). Les CHC dépistés étaient significativement plus petits que ceux diagnostiqués dans le groupe non dépisté (3,4 ± 2,4 cm versus 6,5 ± 4,1 cm ; p < 0,001), satisfaisaient plus fréquemment les critères de Milan (62 % vs 34 % ; p < 0,001), étaient moins fréquemment associés à une élévation de l’AFP à plus de 200 ng/ml (16 % vs 42 % ; p < 0,001) et ont bénéficié plus fréquemment d’un traitement à visée curative (61 % vs 39 % ; p = 0,001). La survie à 1 et 5 ans était respectivement de 83 % et 35 % dans le groupe dépisté versus 45 % et 17 % dans le groupe non dépisté (p < 0,001). En analyse multivariée ajustée sur l’âge, le sexe, et l’étiologie de la cirrhose, trois facteurs étaient indépendamment associés à la survie : l’AFP inférieure à 20 ng/mL (RR = 3,67, p < 0,001), le respect des critères de Milan (RR = 3,70, p < 0,001) et le dépistage systématique (RR = 1,78, p = 0,022). Conclusion : En dépit des recommandations, le dépistage systématique ne concernait que 42 % des patients vus pour CHC en CHU. L’impact bénéfique du dépistage sur la survie a été observé dans cette population. Néanmoins, seuls 61 % des patients dépistés ont eu accès à un traitement curatif et le taux de survie à 5 ans des patients dépistés n’était que de 35 %.
Résultats : 40/648 patients étaient inclus (6,2 %). La moyenne d’âge était de 60,1 ans. Les facteurs de risque spécifiques ou non du foie étaient : alcool > 30 g/j (10 cas) et/ou hépatites virales B et/ou C actives ou guéries (5 cas) et/ou hyperferritinémie (1 cas) et/ou adénomes hépatiques (4 cas) et/ou exposition médicamenteuse ou toxique (8 cas) et/ou syndrome métabolique (10 cas). A l’histologie, la tumeur était très bien ou bien différenciée pour 26 cas, avec présence d’emboles vasculaires dans 17 cas. La fibrose hépatique était significativement plus élevée chez les patients avec syndrome métabolique vs hépatites virales vs consommation excessive d’alcool (respectivement 80 % F2 vs 66 % vs 60 %) (p < 0,05). La stéatose était significativement plus élevée chez les patients avec syndrome métabolique et consommation excessive d’alcool vs patients avec hépatites et adénomes (% médian de stéatose 23 % vs 5 %) (p < 0,05). Aucun patient ne présentait de stéatohépatite (NASH) selon la classification de Kleiner [1]. L’imagerie montrait une tumeur unique dans 30 cas (75 %) avec une taille tumorale moyenne de 13,4 cm. Le traitement était chirurgical dans 37 cas dont 3 transplantations hépatiques. 3 patients ont bénéficié d’une chimio-embolisation exclusive. 16 patients ont eu un traitement complémentaire (radiofréquence 1, chimioembolisation 2, lipiodol 12, chimiothérapie 1). Au terme du suivi (médiane 47 mois) 17 patients étaient décédés et 23 vivants. La médiane de survie sans progression était de 24 mois. La médiane de survie globale était de 51 mois. A 3 ans, les probabilités de survie sans progression et de survie globale étaient respectivement de 45 et 56 %. Conclusion : Dans notre série, 25 % des carcinomes hépatocellulaire sur foie non cirrhotique étaient associés à un syndrome métabolique (isolé ou associé à un autre facteur de risque), soulignant son potentiel rôle hépatocarcinogène avant le stade de fibrose sévère. Le traitement était chirurgical avec une survie semblant supérieure à celle des patients atteints de CHC de même taille sur foie cirrhotique, en raison probablement des bonnes fonctions hépatiques sous-jacentes. Ces données à confirmer pourrait conduire à une surveillance précoce des patients présentant un syndrome métabolique. Référence
1. Kleiner DE et al. Hepatology 2005;41:1313.