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Nutrition clinique et métabolisme 27 (2013) S57–S175 / Cahiers de nutrition et de diététique 48 (2013) S57–S175
les patients en fonction des mécanismes de dénutrition et d’identifier les paramètres différentiels. Matériel et méthodes. – Tous les patients pour lesquels le diagnostic de cancer fut posé (digestif, tête et cou, poumon, urologique en dehors de la prostate) furent inclus dans une étude prospective au sein d’un seul centre (Hôpital Erasme – Bruxelles) entre octobre 2011 et décembre 2012. Les patients ont eu un suivi de 6 mois. L’accord écrit fut demandé aux patients. On a repris les caractéristiques démographiques, oncologiques, nutritionnelles, la performance musculaire, l’évaluation globale, les apports protéinocaloriques, les tests biologiques incluant les taux sanguins de préalbumine (PAB), albumine (ALB) et c-reactive protein (CRP) et IL-6. Les patients ont été divisés en 4 groupes selon les critères suivants : Group 1 : « normal » (PAB > 17 et Alb > 3,5 mg/100 ml et CRP < 10 mg/L. Group 2 : « déprivation alimentaire » malnutrition protéique sans inflammation (PAB < 17 mg/ml et/ou Alb < 3,5 mg/100 ml et CRP < 10). Group 3 : « Inflammation isolée » (PAB et Alb normales et CRP > 10 mg/L). Groupe 4 : « Cachexie » (PAB < 17 et/ou Alb < 3,5 g/100 ml et CRP > 10 mg/L). Les 4 groupes ont été comparés aux critères de cachexie décrits par Fearon et coll (Lancet Oncol 2011). Résultats. – 165 patients (âge moyen 59 ± 10) ont été inclus ans l’étude dont 62 % avec un cancer digestif. Parmi les paramètres testés, nous reprenons dans le tableau les valeurs significatives. Groupe 1 n = 84 (51 %) Force musculaire max (KPa)
Groupe 2 n = 7 (4 %)
Groupe 3 n = 38 (23 %)
Groupe 4 n = 36 (22 %)
78 (21)
55 (10)
71 (24)
56 (15)*
WHO PS
0,19 (0,39)
0,71 (0,76)
0,20 (0,47)
0,48 (0,71)*
Vitamine B12 sérique (pg/ml)
580 (327)
598 (264)
639 (391)
890 (526)**
IL-6
8,1 (16,1)
16,6 (12)
18,9 (34,5)
40,4 (41)*
*
p < 0,05 entre Groupe 1 et Groupe 2 ; **p < 0,05 entre Groupe 1 et 3 ; seuls les valeurs de Vit. B12 et force musculaire sont différentes entre le Groupe 2 et 3. La perte de poids était significativement plus élevée dans le groupe 4.
Conclusion. – Cette étude montre que la prévalence de déprivation alimentaire est de 4 % et de 22 % pour la cachexie au moment du diagnostic de cancer. Les critères de cachexie décrits par Fearon et coll sont retrouvés chez 72 % des patients avec des taux bas de protéines et élevés de CRP. La perte de poids, l’indice de performance (WHO PS), les taux de vitamine B12, et les valeurs de IL-6 sont significativement altérés dans le groupe dit « cachectique ».
P178 Le SNAQ (Simplified Nutritional Appetite Questionnaire) : un outil de prédiction de l’apport protéino-énergétique chez des patients cancéreux ambulants ? L. Frateur1,2,*, P. Sente3, M. de Barsy2,4,5, A. Loumaye4,5, J.-P. Thissen4,5 1 Alimentation et diététique, 2 Centre du cancer, Cliniques universitaires Saint-Luc, 3 Service d’Endocrinologie et Nutrition, Cliniques universitaires StLuc, 4 Pôle Endocrinologie, Diabétologie et Nutrition, Université catholique de Louvain, 5 Service d’Endocrinologie et Nutrition, Cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles, Belgique
Introduction et but de l’étude. – Le SNAQ (Simplified Nutritional Appetite Questionnaire) est un outil simple qui a été validé pour le dépistage de la perte d’appétit. Un score inférieur à 14/20 définit le patient comme anorexique. Néanmoins, ce score n’a jamais été comparé à l’apport calorique réel. En effet, en oncologie, l’anorexie secondaire est définie par un apport calorique inférieur à 20 kcal.kg-1.jour-1 ou par une consommation alimentaire inférieure à 70 % des apports habituels. Cependant, en pratique clinique, l’évaluation systématique des ingestats de façon précise requiert du temps et de l’expérience. Le but de cette étude est donc d’évaluer si le score SNAQ permet d’estimer l’apport énergétique et protéique de patients cancéreux ambulants. Matériel et méthodes. – Une évaluation nutritionnelle (score SNAQ et carnet alimentaire de 3 jours) a été réalisée chez 50 patients adultes ambulants porteurs d’un cancer colorectal ou pulmonaire. Un score de 1 à 5 a été attribué à chacune des quatre questions du SNAQ. L’apport calorique et protéique a été calculé pour chaque patient, par une diététicienne clinicienne, sur base d’un recueil alimentaire de 3 jours. Une corrélation entre les résultats de ces deux outils a été recherchée. La sensibilité et la spécificité du score SNAQ pour déterminer une anorexie en oncologie ont également été évaluées. Un coefficient kappa de Cohen a été déterminé. Résultats. – Nos données montrent une association linéaire directe et positive entre le score SNAQ et l’apport énergétique total, exprimé en kcal.kg-1.jour-1 (r = 0,48, p < 0,01) ou en pourcentage du métabolisme de base calculé selon la formule de Harris et Benedict (r = 0,54, p < 0,01), ainsi qu’entre le score SNAQ et l’apport protéique exprimé en g.kg-1.jour-1 (r = 0,42, p < 0,01). Un score SNAQ de 14 correspond à un apport calorique de 19,3 kcal.kg-1.jour-1 ou à 101 % du métabolisme de base et à un apport protéique de 0,75 g.kg1 jour-1. Le score SNAQ a une sensibilité de 67 % et une spécificité de 90 % pour détecter l’anorexie secondaire en oncologie. La concordance entre les deux définitions d’anorexie est modérée (κ = 0,55). Conclusion. – Un score SNAQ inférieur à 14 est révélateur d’un apport calorique inférieur à 19,3 kcal.kg-1.jour-1 ou 101 % du métabolisme de base et d’un apport protéique inférieur aux recommandations. Le score SNAQ semble donc être un outil intéressant et facile d’utilisation pour identifier dans une population de patients cancéreux, ceux qui présentent une anorexie et surtout ceux qui ont un apport calorique et protéique insuffisant pour couvrir leurs besoins.
P179 Facteurs cliniques et biologiques de mortalité précoce chez des patients atteints de cancer A. Demols1,*, S. Leseine2, S. Vereecken2, J.-L. Van Laethem1, T. Pepersack3, S. De Breucker3, A. Van Gossum1 1 Gastroentérologie, 2 Diététique, 3 Gériatrie, Hôpital ERASME, Bruxelles, Belgique Introduction et but de l’étude. – L’anorexie / cachexie est une composante fréquente du processus cancéreux. La dénutrition progressive du patient cancéreux altère sa qualité de vie, la tolérance et réponse thérapeutique, la survie. La détection précoce de facteurs de mauvais pronostic peut aider à une prise en charge nutritionnelle adéquate. Le but de ce travail est de détecter des paramètres cliniques et biologiques qui peuvent prédire une mortalité précoce chez des
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sujets cancéreux. Une évaluation clinique et nutritionnelle a été effectuée dès le moment du diagnostic de cancer. Matériel et méthodes. – Tous les patients pour lesquels le diagnostic de cancer fut posé (digestif, tête et cou, poumon, urologique en dehors de la prostate) furent inclus dans une étude prospective au sein d’un seul centre (Hôpital Erasme – Bruxelles) entre octobre 2011 et décembre 2012. Les patients ont eu un suivi de 6 mois. L’accord écrit fut demandé aux patients. On a repris les caractéristiques démographiques, oncologiques, nutritionnelles, la performance musculaire, l’évaluation globale, les apports protéinocaloriques, les tests biologiques incluant les taux sanguins de préalbumine (PAB), albumine et c-reactive protein (CRP) et IL-6. Les évaluations ont été réalisées au moment du diagnostic à 3 mois et à 6 mois. Les résultats d’une analyse univariée et multivariée sont donnés pour les critères cliniques et biologiques. Résultats. – 1. Variables cliniques associées avec le décès (analyse univariée) (n = 165)
WHO PS > 0
OR (95 % CI)
p
6,53 (2,71 – 15,7)
< 0,0001
Force musculaire < 60
3,04 (1,31 – 7,06)
0,0087
Alb < 35 g/L
9,97 (3,78 – 26,39)
< 0,0001
CRP > 10 mg/L
4,14 (1,66 – 10,26)
0,0016
En analyse multivariée, seuls l’indice de performance (WHO PS > 0) et le taux sérique d’albuminémie (< 35 g/L) sont prédictifs d’un décès précoce. Conclusion. – Un indice de performance altéré (WHO PS > 0) et un taux sérique d’albuminémie bas (< 35 g/L) au moment du diagnostic d’un cancer sont prédictifs d’un décès précoce.
P180 Regards des médecins en charge des malades atteints de cancer sur la dénutrition et sa prise en charge X. Hébuterne1,*, E. Gyan2, J. Lacau de Saint Guily3, F. Goldwasser4, B. Raynard5 1 Gastro-entérologie et Nutrition, CHU de Nice, Nice, 2 Hématologie, CHU de Tours, Tours, 3 ORL, Hôpital Tenon, 4 Oncologie, Hôpital Cochin, Paris, 5 Nutrition, IGR, Villejuif, France Introduction et but de l’étude. – La dénutrition est fréquente chez les malades atteints de cancer et sa prise en charge est insuffisante. Cette étude avait pour but de connaître l’opinion des médecins en charge de ces malades, sur la dénutrition et son traitement. Matériel et méthodes. – Au cours d’une enquête un jour donné réalisée le 09/10/2012, 193 médecins de différentes spécialités (chirurgie générale et digestive, gastro-entérologie, hématologie, oncologie médicale, ORL, pneumologie, radiothérapie, etc...) de 89 services et 283 départments de CHU, CLCC ou Hôpitaux Généraux de France, en charge de malades atteints de cancer, ont répondu à un questionnaire concernant la dénutrition, ses conséquences et sa prise en charge. Treize affirmations étaient soumises aux médecins ; pour chacune d’entre elles ils(elles) indiquaient sur une EVA (0 à 10) leur degré d’accord. Pour
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chaque réponse une quotation 9 ou 10 indiquait que le médecin était tout à fait d’accord (AT), 6 à 8 partiellement d’accord (AP) et 0 à 5 plutôt pas d’accord (PA). Résultats. – 184 questionnaires exploitables ont été analysés. Les affirmations et le degré d’accord des médecins sont indiquées ci-dessous : 1-La dénutrition a un effet délétère sur l’état de fatigue du patient (AT : 66 %, AP : 31 %, PA : 3 %) ; 2-La prise en charge nutritionnelle apporte un vrai confort au patient (AT : 52 %, AP : 44 %, PA : 4 %) ; 3-Prendre en charge la dénutrition des patients est une priorité (AT : 51 %, AP : 43 %, PA : 6 %) ; 4-La prise en charge nutritionnelle du patient permet d’éviter un arrêt prématuré des traitements (AT : 46 %, AP : 47 %, PA : 7 %) ; 5 – La prise en charge nutritionnelle des patients permet d’éviter des décès (AT : 25 %, AP : 51 %, PA : 24 %) ; 6 – Dans mon service nous avons des ressources suffisantes pour la prise en charge nutritionnelle des patients (AT : 23 %, AP : 49 %, PA : 28 %) ; 7-Je me sens bien formé à la prise en charge nutritionnelle des patients (AT : 17 %, AP : 59 %, PA : 24 %) ; 8-La prise en charge nutritionnelle du patient est discutée en staff pluriprofessionnel (AT : 10 %, AP : 25 %, PA : 65 %) ; 9-Certains aliments peuvent avoir un effet anticancer (Oméga 3, anti-oxydants, etc.) (AT : 6 %, AP : 38 %, PA : 56 %) ; 10-Les problèmes nutritionnels c’est normal, c’est une conséquence inévitable du cancer (AT : 5 %, AP : 20 %, PA : 75 %) ; 11-La prise en charge nutritionnelle des patients est optimale (AT : 4 %, AP : 38 %, PA : 58 %) ; 12-Une prise en charge nutritionnelle correcte des patients est facile (AT : 2 %, AP : 39 %, PA : 59 %) ; 13-La prise en charge nutritionnelle des patients est moins prioritaire que celle des autres effets secondaires (AT : 0 %, AP : 19 %, PA : 81 %). Conclusion. – Cette enquête démontre que les médecins en charge des malades atteints de cancer ont conscience du problème de la dénutrition et de ses conséquences et ils(elles) estiment que sa prise en charge est prioritaire et actuellement non optimale. Pour autant, l’état nutritionnel des malades n’est que rarement évoqué au cours des Réunions de Concertation Pluridisciplinaires. L’étude met en exergue que seuls 23 % des médecins estiment globalement avoir les ressourses suffisantes pour gérer ce problème. Une majorité de médecins juge la prise en charge nutritionnelle difficile et se sent insuffisament formée.
P181 Patients, proches et médecins n’ont pas la même vision de la dénutrition en cancérologie. Résultats de l’étude NUTRICANCER 2012 B. Raynard1,*, S. Gouy2, M.-H. Movschin3, N. Flori4, F. Khemissa5, F. Goldwasser6, E. Gyan7, J. Lacau Saint Guily8, X. Hébuterne9 1 Unité transversale de diététique et de nutrition, 2 Département de chirurgie générale, Gustave Roussy – Cancer Campus – Grand Paris, Villejuif, 3Département D’anesthésie-réanimation, Hôpital la Pitié-Salpétrière, Paris, 4Département De Gastro-nutrition, Institut du Cancer De Montpellier, Montpellier, 5 Service d’hépato-gastro-entérologie, Hôpital de Perpignan, Perpignan, 6 Service D’oncologie, Hôpital Cochin, Paris,