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GASTROENTEROL CLIN BIOL, 2009, 33
Rôle des récepteurs de CXCL12 dans la progression des tumeurs endocrines digestives
S Navoizat (1), JC Gevrey (1), V Hervieu (1), F Lepinasse (1), T Walter (1), H Schmid-Antomarchi (2), A SchmidAlliana (2), C Lombard-Bohas (1), JA Chayvialle (1), JY Scoazec (1), J Abello (1) (1) Lyon ; (2) Nice.
Introduction : Les tumeurs endocrines digestives (TED) sont des tumeurs rares, d’évolution difficile à prédire mais dont le caractère agressif est indiqué par le fait que 50 % sont d’emblée associées à des métastases au moment du diagnostic. A ce jour, les marqueurs pronostiques et les cibles thérapeutiques efficaces font défaut dans la prise en charge de ces tumeurs. Dans ce contexte, l’objectif de notre travail est d’évaluer l’implication potentielle des récepteurs de chimiokines dans la progression des TED. Le rôle de certains de ces récepteurs dans la progression de plusieurs types de cancers a en effet été montré et l’existence d’inhibiteurs pharmacologiques en fait des cibles thérapeutiques potentielles. Nous avons donc déterminé le profil d’expression de ces récepteurs dans les TED humaines et évalué leur fonction au cours de la tumorigenèse endocrine. Matériels et Méthodes : Les niveaux d’expression de l’ensemble des récepteurs de chimiokines ont été analysés par RT-PCR quantitative à partir d’échantillons cryopréservés de 12 TED (pancréas : 6 ; intestin grêle : 6). L’expression de certains récepteurs a été vérifiée par immunohistochimie. La présence des récepteurs d’intérêt a également été confirmée dans les lignées cellulaires tumorales endocrines digestives BON et QGP1. Leur fonctionnalité a été évaluée in vitro à travers des tests de migration, d’adhésion et de tumorigénicité en réponse à leur ligand spécifique et les effets in vitro d’inhibiteurs pharmacologiques ont été testés. Résultats : L’analyse des récepteurs de chimiokines par qRT-PCR a révélé que les TED exprimaient un large panel de récepteurs, à des niveaux très variables. Dans toutes les tumeurs testées, les ARNm de CXCR7 et CXCR4 étaient les plus exprimés. L’expression des protéines correspondantes a été confirmée par immunohistochimie. La présence de CXCL12, le ligand commun à ces deux récepteurs, a été détectée dans le tissu tumoral, suggérant la possibilité d’une interaction fonctionnelle ligand/récepteur(s). Les lignées endocrines humaines BON et QGP1 présentaient un profil d’expression comparable à celui observé dans les tumeurs, avec une forte expression de CXCR4 et CXCR7. Les tests fonctionnels indiquaient que ces cellules migraient en réponse à CXCL12 de manière CXCR4-dépendante, CXCR7-indépendante. D’autres processus associés au caractère invasif des tumeurs étaient également stimulés par CXCL12 comme l’interaction des cellules avec du matrigel et le développement de colonies en agar mou. L’effet des inhibiteurs de CXCR4 et CXCR7 a révélé une implication différentielle de ces récepteurs dans ces processus. Conclusion : Nos données indiquent que deux récepteurs de chimiokines, CXCR7 et CXCR4, sont exprimés conjointement et à un niveau important dans les TED humaines. L’interaction de ces récepteurs avec leur ligand commun, CXCL12, est susceptible de moduler les propriétés invasives des cellules et par conséquent d’influencer la progression des TED. L’existence d’inhibiteurs de ces récepteurs en fait des cibles thérapeutiques potentielles.
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Comparaison des profils de méthylation de l’ADN dans les tumeurs endocrines iléales et pancréatiques : de nouvelles pistes moléculaires pour la compréhension des mécanismes de la tumorigenèse endocrine digestive ?
MO Joly-Pharaboz (1), T Walter (1), V Hervieu (1), M Cordier-Bussat (1), C Roche (1), G Poncet (1), C Partensky (1), JA Chayvialle (1), C Lombard-Bohas (1), JY Scoazec (1) (1) Lyon.
Introduction : Dans les tumeurs endocrines digestives sporadiques, des mutations d’oncogènes ou de gènes suppresseurs de tumeurs sont rarement observées. D’autres mécanismes moléculaires, notamment épigénétiques, doivent donc être recherchés. L’objectif de notre travail était d’analyser les profils de méthylation de plusieurs gènes cibles dans une série de tumeurs endocrines digestives et de les comparer en fonction de leur site d’origine. Patients et Méthodes : 53 tumeurs endocrines digestives sporadiques ont été analysées : 32 de siège pancréatique (13 tumeurs bien différenciées, 19 carcinomes bien différenciés) et 21 de siège iléal (tous des carcinomes bien différenciés). Le statut de 13 gènes et loci a été évalué par la méthode MSP (Methylation Specific PCR, après traitement de l’ADN au métabisulfite de Na) appliquée à des échantillons tissulaires congelés. Résultats : Les deux gènes les plus fréquemment hyperméthylés dans les tumeurs examinées étaient HIC (hypermethylated in cancer) et RASSFA1, dans respectivement 94,3 et 73,5 % des cas, sans différence significative en fonction du site de la tumeur primitive ; ces deux gènes sont connus pour être fréquemment hyperméthylés dans de nombreux types de tumeurs. Quatre gènes impliqués dans la carcinogenèse colique étaient fréquemment hyperméthylés dans les tumeurs examinées : APC (36 %), DCC (36 %), UNC5H3 (23 %), et ECAD, codant pour la E-cadhérine (21 %). Trois de ces gènes, DCC, UNC5H3 et ECAD, étaient altérés de manière significativement plus fréquente dans les tumeurs iléales que dans les tumeurs pancréatiques (respectivement, 71 vs 15 %, 57 vs 3 %, et 38 vs 6 %, chi2 test, p < 0,01). Contrairement aux cancers colorectaux de phénotype méthylé (CIMP), les tumeurs endocrines examinées ne présentaient que rarement des altérations des gènes et loci hMLH1, p16, MINT1, MINT2 et MINT31 (dans respectivement 0 %, 7,5 %, 1,8 %, 7,5 % et 13,2 % des cas). Enfin, les gènes MEN-1 et VHL n’étaient hyperméthylés dans aucune des tumeurs examinées. Il n’existait pas de différence statistiquement significative dans les profils de méthylation des gènes étudiés entre les tumeurs endocrines bénignes ou malignes du pancréas. Conclusion : Les tumeurs endocrines digestives sporadiques présentent des profils de méthylation différents en fonction de leur localisation, iléale ou pancréatique. Nos résultats suggèrent que plusieurs gènes déjà connus pour être impliqués dans la carcinogenèse épithéliale intestinale, comme DCC et UNC5H3, pourraient jouer un rôle dans la tumorigenèse endocrine iléale.