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SFE Toulouse 2012 / Annales d’Endocrinologie 73 (2012) 306–335
L’association maladie de Basedow à un syndrome des antiphospholipides n’a été rapportée que dans trois cas. La rareté de cette association fait l’originalité de cette observation. Nous rapportons le cas de la patiente H.F âgée de 19 ans suivie pour maladie de Basedow avec (hyperthyroïdie, goitre homogène, exophtalmie, anticorps antirécepteurs TSH élevé) qui présente au cours de l’évolution une thrombose cérébrale. Le bilan de thrombophilie héréditaire est négatif. Les anticorps antiphospholipides type anticardiolipines positifs à trois (03) dosages. Conclusion.– Notre observation est particulière du fait qu’il s’agit d’une patiente présentant une maladie de Basedow associé à un syndrome des antiphospholipides révélé par une thrombose cérébrale. Cette association a été rarement décrite, seulement trois (03) cas ont été rapportés dans la littérature. Pour en savoir plus Cooper DS. Hyperthryroidism. Lancet 2003. Uthman I, Salti I, Khamastha M. Endocrinologic manifestations of the antiphospholipid syndrome. Lupus 2006. Takahashi A, Tamura A, Ishikawa O. Antiphospholipid antibody syndrome complicated by Grave’s disease. J Dermatol 2002. Hofbauer LC, Dpitzweg C, Heufelder AE. Grave’s disease associated with primary antiphospholipid syndrome. J Rheumatol 1996. http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2012.07.281
R. Ducloux , R. Zaharia , J.-J. Altman Hôpital européen Georges-Pompidou, université Paris-V Descartes, Paris, France Introduction.– La maladie de Basedow survenant souvent chez de jeunes femmes, le désir de grossesse peut complexifier la prise en charge. Après une durée de traitement d’une année seulement, est-il préférable de poursuivre le traitement par antithyroïdiens de synthèse (ATS) avec ses risques fœtaux, ou d’essayer un sevrage précoce avec surveillance rapprochée de l’hormonologie ? Observation.– Une patiente de 27 ans présente une maladie de Basedow symptomatique, avec taux d’anticorps antirécepteurs à la TSH (TRAK) à 23,1 U/l. Elle est traitée par ATS et ajout secondaire de lévothyroxine, avec une bonne évolution clinique et hormonologique. Du fait d’un désir de grossesse, on décide d’arrêter le traitement après une année seulement, devant un aspect échographique favorable et un taux de TRAK quasiment négativé à 1,6 U/l. Alors que la TSH à deux mois du sevrage est discrètement inférieure à la valeur basse de la norme (0,38 puis 0,32 mU/l) avec T4l normale, une grossesse se révèle. La courbe du suivi mensuel de la TSH durant cette grossesse démontre parfaitement l’effet TSH-like de la bêta-HCG. À six mois du post-partum, on constate une récidive de la maladie de Basedow avec hyperthyroïdie et TRAK à 24,2 U/l. Discussion.– Chez cette patiente présentant une maladie de Basedow traitée par antithyroïdiens de synthèse durant une année seulement du fait d’un désir de maternité, l’euthyroïdie a été maintenue sans traitement durant la grossesse, mais une récidive de la maladie est survenue six mois après l’accouchement, illustrant la tolérance immunitaire favorisée par l’état gravidique.
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http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2012.07.283
Association thyroïdite d’Hashimoto et syndrome de Gougerot Sjögren révélée par un myxœdème : à propos d’un cas
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Hakkou ∗ ,
K. S. Hajhouji , H. Zaddouq , I. Berkia , S. El Moussaoui , G. Belmejdoub Service d’endocrinologie-diabétologie, hôpital militaire d’instruction Mohammed V, Rabat, Maroc ∗ Auteur correspondant. Introduction.– Le syndrome de Gougerot Sjögren (GS) est une exocrinopathie auto-immune dont le pronostic peut être grave dû au risque de dégénérescence lymphomateuse. L’intérêt de notre observation est de souligner l’importance de la recherche régulière d’autres maladies auto-immunes afin d’en guetter les complications. Nous rapportons le cas d’une patiente présentant une association de thyroïdite d’Hashimoto et syndrome de GS. Observation.– Il s’agit d’une patiente âgée de 40 ans, admise dans un tableau de myxœdème, chez qui le diagnostic d’hypothyroïdie sur thyroïdite d’Hashimoto a été retenu. L’interrogatoire a retrouvé des signes fonctionnels en rapport avec un syndrome sec oculaire et buccal. Le test de Shirmer est positif et la BGSA objective une scialadénite chronique stade 4 de Chisholm. La recherche des Ac antinucléaires, anti-ADN et antinucléaires solubles est négative. Le diagnostic de syndrome de GS est ainsi retenu. Discussion.– L’association d’un syndrome (sd) de GS et d’une dysthyroïdie n’est pas rare puisque les dysthyroïdies sont présentes dans près de 20 % des Sd de GS. Inversement, un Sd de GS est retrouvé dans 6 à 20 % des hypothyroïdies et dans 5 à 35 % des maladies de Basedow. Cette association conforte l’idée d’une relation entre le syndrome de GS et l’immunité thyroïdienne et nous incite à une surveillance clinique et immunologique régulière des patients présentant une thyroïdite auto immune afin de dépister le plutôt possible l’apparition d’un Sd de GS dont la complication la plus redoutable est la survenue d’un lymphome surtout le lymphome malin de type B.
http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2012.07.282 P135
Grossesse deux mois après sevrage d’une maladie de Basedow traitée médicalement durant une année : euthyroïdie gravidique mais récidive dans le post-partum
Diminution de la fréquence des crises migraineuses lors d’une hyperthyroïdie liée à une maladie de Basedow R. Ducloux , R. Zaharia , J.-J. Altman Hôpital européen Georges-Pompidou, université Paris-V Descartes, Paris, France Introduction.– L’hyperthyroïdie atteint environ 0,5 % de la population, la migraine 10 %, sans qu’un lien entre les deux pathologies soit évoqué dans la littérature. À l’inverse, il semble y avoir moins de céphalées chez les personnes avec une TSH élevée [1]. Observation.– Il s’agit d’une patiente de 63 ans, migraineuse, chez qui est diagnostiquée en 2011 une maladie de Basedow. Elle constate une diminution de ses crises migraineuses durant la phase d’hyperthyroïdie, puis une augmentation de leur fréquence une fois l’euthyroïdie obtenue par antithyroïdiens de synthèse. La mise en parallèle du calendrier des migraines avec les symptômes et les taux hormonaux confirme cette impression clinique : la fréquence mensuelle des crises migraineuses est de 2,2 avant la maladie de Basedow, chute à 0,3 durant la phase d’hyperthyroïdie pour revenir à 2,2 sous traitement. Discussion.– Il n’y a pas d’autre cas signalé dans la littérature d’une amélioration de la maladie migraineuse par l’hyperthyroïdie. On s’attendrait plutôt à une péjoration du fait de la vasodilatation cérébrale. Cependant, des auteurs [2] suggèrent que l’augmentation du tonus sympathique liée à l’hyperthyroïdie peut induire une vasoconstriction, ce qui expliquerait la diminution des céphalées. Néanmoins, cette observation peut être une coïncidence et nécessitera d’autres cas similaires avant d’envisager un lien physiopathologique et le traitement de la migraine par thyromimétiques. Références [1] Hagen K. Low headache prevalence amongst women with high TSH values. Eur J Neurol 2001;8(6):693–9. [2] Ai-Ling S. Concurrent moyamoya disease and graves’ thyrotoxicosis: case report and literature review. Acta Neurol Taiwan 2006;15(2). http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2012.07.284 P137
Paralysie diaphragmatique : complication inhabituelle du cancer différencié de la thyroïde (à propos d’un cas)
SFE Toulouse 2012 / Annales d’Endocrinologie 73 (2012) 306–335 N. Makni , D. Ben Sellem , L. Zaabar , I. El Bez , B. Letaief , M.F. Ben Slimene Institut Salah Azaiez, Tunis, Tunisie Introduction.– Le cancer différencié de la thyroïde (CDT) est rare et considéré de bon pronostic. Nous rapportons une complication non commune diagnostiquée fortuitement. Observation.– Patient âgé de 73 ans présentant depuis 3 mois une dyspnée, une dysphagie et une dysphonie dans un contexte d’altération de l’état général. Une fibroscopie bronchique objectivait une formation bourgeonnante de la trachée dont la biopsie était en faveur d’un cancer oncocytaire de la thyroïde. La TDM montrait une masse thyroïdienne droite envahissant la trachée et les parties molles en regard ainsi qu’une ADP jugulo-carotidienne droite de 35 mm. Une lobo-ishmectomie droite a été pratiqué avec découverte d’une infiltration tumorale tout au long de la paroi latérale droite de la trachée, de la jonction crico-thyroïdienne jusqu’au médiastin supérieur, dont l’exérèse chirurgicale était quasi-impossible. Il a bénéficié d’une radiothérapie externe du lit tumoral et du médiastin supérieur à la dose 70 Gray et de 2 cures d’irathérapie cumulant 180 mCi. Le dernier balayage post-thérapeutique associé à une TEMP-TDM objectivait une plage d’hyperfixation cervicale intense latéralisée à gauche, un foyer moins intense à droite, une ADP jugulo-carotidienne droite inferieure et une métastase osseuse lytique de l’arc antérieur de la 4e côte droite. L’évolution était marquée par l’apparition d’une fracture pathologique humorale droite et une exacerbation de la dyspnée. La radiographie du thorax trouvait une ascension de la coupole diaphragmatique droite. Discussion.– À notre connaissance, c’est le premier cas d’un CDT associé à une paralysie diaphragmatique en rapport avec une infiltration tumorale du nerf phrénique. http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2012.07.285
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Aspects étiologiques des hypothyroïdies de l’adulte : à propos de 92 cas H. Bouxid ∗ , M. Diarra , L. Agerd , F. Ajdi CHU Hassan II, Fès, Maroc ∗ Auteur
correspondant. Objectif.– Décrire les aspects étiologiques des hypothyroïdies rencontrées dans notre contexte. Patients et méthodes.– Étude rétrospective menée sur une année (2011) portant sur les patients porteurs d’une hypothyroïdie et suivis à la consultation d’endocrinologie du CHU de Fès (Maroc). Résultats.– L’âge moyen des cas étudiés était de 44,5 ans (16–73), le sexe ratio H/F est de 0,26. Il s’agissait d’une hypothyroïdie franche dans 86 % des cas, fruste dans 10 % des cas et d’origine centrale chez 4 patients. La moyenne de la TsH était de 26,47 uUI/ml. Le bilan d’auto-immunité était fait seulement chez 22 % des cas, parmi lesquelles 50 % avaient des anticorps anti TPO positifs. L’hypothyroïdie suite à une thyroïdectomie totale ou subtotale était la cause la plus fréquente chez 67,4 % des cas, suivi des thyroïdites auto-immune dans 15,3 %. Nous avons révélé deux cas d’hypothyroïdie sous traitement par interféron et 4 cas d’hypothyroïdie d’origine centrale dans le cadre d’adénome ou d’atrophie hypophysaire. Alors que dans 13 % des cas l’hypothyroïdie était d’origine idiopathique. Discussion.– L’hypothyroïdie est l’endocrinopathie la plus fréquente surtout chez la femme, d’étiologies diverses. L’hypothyroïdie post thyroïdectomie totale ou subtotale est la cause la plus fréquente dans notre contexte suivie des pathologies auto-immunes. L’insuffisance thyréotrope reste une pathologie rare qui s’inscrit dans le cadre d’une maladie hypothalamo-hypophysaire. http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2012.07.287
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L’hyperthyroïdie, une cause rare d’embolie pulmonaire : à propos d’un cas O. Lyhyaoui ∗ , H. Azib , Y. Ghanimi , H. Iraqi , M. Gharbi , A. Chraibi Service d’endocrinologie, CHU Ibn Sina, Rabat, Maroc ∗ Auteur
correspondant. Introduction.– Les états préthrombotiques peuvent être primaires, liés à une anomalie héréditaire de la coagulation ou secondaires. Nous rapportons un cas d’hyperthyroïdie compliquée d’une embolie pulmonaire. Observation.– Mme B.D. âgée de 54 ans, hospitalisée pour préparation à l’IRA thérapie d’un goitre devant une neutropénie sous les antithyroïdiens de synthèse. Examen trouvait une patiente altérée, polypnéique à 44 cycles/min et tachycarde à 120 bat/min, avec une hypertension artérielle, présence d’un éréthisme cardiaque, l’ECG montrait un rythme régulier avec des extrasystoles en antérieur étendu. Sur le plan endocrinien, présence de signes de thyréotoxicose, avec une glande thyroïde modérément augmentée de taille homogène. Au bilan hormonal, TSH à 0,001 mUI/ml, FT4 > 6 ngl/dl et LT3 à 11,20 pg/ml, AC anti-TPO : 186,51 UI/ml. Une embolie pulmonaire était suspectée, confirmée par l’angioscanner thoracique qui a montré la présence d’un thrombus d’une bronche segmentaire du lobe inférieur droit avec une image en rapport avec un foyer d’infarctus. L’écho doppler veineux des membres inférieurs était sans particularité et l’écho transthoracique a montré un ventricule gauche légèrement dilaté, une fraction d’éjection à 50 %, une HTAP à 50 mmHg. La patiente est mise sous anticoagulants, antihypertenseurs, avlocardyl et a eu une cure d’iode radioactif à 15 mCi. L’évolution était marquée par une amélioration clinique, biologique et électrique. Discussion et conclusion.– Cette association est rare. Les hypothèses avancées sont les désordres de l’hémostase rencontrés dans l’hyperthyroïdie en particulier l’élévation du facteur Willbrand et de l’activité du facteur X. http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2012.07.286
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Hyperthyroïdies liées à l’amiodarone : importance du choix de l’isotope dans l’évaluation scintigraphique. Étude prospective chez 8 patients A. Ryndak-Swiercz a,∗ , A. Beron b , A.-S. Balavoine a , W. Karrouz a , C. Do Cao a , C. Cardot-Bauters a , D. Huglo b , J.-L. Wémeau a a Service d’endocrinologie, hôpital Huriez, centre hospitalier régional universitaire de Lille, Lille, France b Service de médecine nucléaire, hôpital Huriez, centre hospitalier régional universitaire de Lille, Lille, France ∗ Auteur correspondant. Les hyperthyroïdies liées à l’amiodarone procèdent d’un mécanisme lésionnel (type 2) ou hyperfonctionnel (type 1). Parmi les outils diagnostiques proposés pour leur distinction, l’intérêt de l’imagerie fonctionnelle isotopique a été mis en question. Nous formulons l’hypothèse que ceci tient au choix de l’isotope I123 ou Tc99. Matériel et méthodes.– Les patients adressés dans notre centre pour une hyperthyroïdie liée à l’amiodarone, entre janvier et avril 2012, ont bénéficié d’évaluations clinique, biologique, échographique associées à une scintigraphie double isotope (I123 et Tc 99). Résultats.– Huit patients, 6 hommes et 2 femmes, en hyperthyroïdie franche, ont été inclus. L’âge moyen était de 59 ans (21–70). L’échographie était normale (4/8) ou révélait une hypoéchogénicité (4/8) sans hypervascularisation (8/8). La scintigraphie thyroïdienne à l’I123 était blanche avec un taux de fixation à la 1re heure ≤ 2 %. En revanche, la scintigraphie au technétium n’était pas discriminante dans 3 cas. Le diagnostic d’hyperthyroïdie de type 2 a été retenu pour l’ensemble des patients avec évolution favorable spontanément ou après corticothérapie. Discussion.– Ce travail confirme la prépondérance actuelle des hyperthyroïdies de type 2, l’excellent apport diagnostique de l’échographie couplée au doppler. La distinction entre type 1 et type 2 apparaît plus délicate par la scintigraphie au technétium compte tenu d’une fixation persistante dans plus d’un tiers des cas. Ceci est explicable par l’affinité plus forte démontrée pour le technétium que pour l’iode du symporteur de l’iodure. En définitive, l’iode 123 constitue