Place des dosages biologiques dans les ostéoporoses

Place des dosages biologiques dans les ostéoporoses

suivi thérapeutique | pratique Place des dosages biologiques dans les ostéoporoses L’ostéoporose est une affection caractérisée par une réduction de...

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suivi thérapeutique

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Place des dosages biologiques dans les ostéoporoses L’ostéoporose est une affection caractérisée par une réduction de la masse osseuse. Pour l’heure, les marqueurs osseux sont utiles au suivi thérapeutique pour évaluer l’efficacité et surtout vérifier que les patients ont une bonne observance des traitements, notamment concernant la prise au long cours de bisphosphonates, des inhibiteurs de la résorption osseuse.

L’

ostéoporose est une affection caractérisée par une réduction de la masse osseuse et une dégradation de l’architecture du tissu osseux, responsables d’une fragilité accrue du squelette et d’une augmentation du risque de fracture. Sa définition repose sur la densitométrie osseuse (DMO) mesurée par absorptiométrie biphotonique aux rayons X, et exprimée en nombre de déviations standard (tableau I) par rapport à la moyenne des valeurs obtenues chez des adultes jeunes, au pic de masse osseuse (T-score).

Tableau I. Définition densitométrique de l’ostéoporose. Normal Ostéopénie Ostéoporose Ostéoporose sévère ou compliquée

DMO entre +1 et –1 T-score DMO entre –1 et –2,5 T-score DMO = –2,5 T-score Ostéoporose avec une ou plusieurs fractures ostéoporotiques

Ostéoporose et remodelage osseux Le remodelage osseux est le processus physiologique assurant le renouvellement permanent de la matrice osseuse. Au cours du vieillissement, l’activité ostéoblastique (formation osseuse) diminue et, lors de la ménopause, l’activité ostéoclastique (résorption) augmente et le remodelage osseux devient très important. La régulation du remodelage osseux est assurée par de nombreux facteurs : hormonaux (parathormone ou PTH, 1,25(OH)2D, hormones thyroïdiennes, estrogènes, testostérone, glucocorticoïdes, hormone de croissance, etc.) et locaux (en particulier des cytokines et des facteurs de croissance). En cas de dysfonctionnement de l’un ou plusieurs de ces facteurs régulateurs, l’altération du remodelage osseux peut induire une ostéoporose. Le remodelage osseux est la cible du traitement de l’ostéoporose : il est possible soit d’inhiber la résorption osseuse (selective estrogen receptor modulators ou SERM, bisphosphonates, etc.), soit de stimuler la formation osseuse (tériparatide).

Bilan biologique d’une ostéoporose En 2007, une réflexion menée avec des experts, sous l’égide de la Haute Autorité de santé (HAS) a abouti à proposer devant toute ostéoporose, le bilan suivant : calcémie, phosphatémie, PTH et 25(OH)D. Il sera complété, en cas de signes cliniques évocateurs (type lithiase, hyperthyroïdie, maladie de Cushing, malabsorption, hypogonadisme chez un homme ou d’une ostéomalacie), par certains des dosages suivants : calciurie et natriurie des 24 heures, TSH, cortisolurie des 24 heures, testostérone, phosphatases alcalines, anticorps anti-transglutaminase.

Intérêt des marqueurs osseux Les principaux marqueurs du remodelage osseux figurent au tableau II. Les marqueurs osseux sont utiles au suivi thérapeutique pour évaluer l’efficacité et surtout vérifier l’observance thérapeutique de certains médicaments de l’ostéoporose, notamment les bisphosphonates (inhibiteurs de la résorption osseuse), au long cours. Si le patient a une bonne observance, cela se traduit par une diminution du télopeptide C-terminal (CTX) sérique d’au moins 30 % après 3 mois de traitement, prédisant ainsi un gain de DMO et une réduction du risque fracturaire. Toutefois, ces marqueurs devraient perdre un peu de leur intérêt avec la commercialisation prochaine de bisphosphonates administrables par voie injectable, entraînant donc beaucoup moins de problèmes d’observance que les formes orales dont la prise est contraignante.

En cas d’utilisation d’un médicament stimulant la formation osseuse comme la PTH en séquentiel (tériparatide), le marqueur le plus pertinent à doser est le propeptide N-terminal du procollagène I (PINP). Enfin, les marqueurs osseux, en particulier de résorption, peuvent être intéressants si un surdosage par les bisphosphonates est suspecté, en cas de traitement prolongé (> 5 à 7 ans) : dans ce cas leur concentration sérique est effondrée. Les marqueurs osseux ne sont pas indiqués pour le diagnostic d’ostéoporose. Mais, certains marqueurs de résorption peuvent, si leur concentration sérique est supérieure aux “normes préménopausiques”, prédire un risque de perte osseuse rapide ou un risque fracturaire indépendant de la DMO. Ainsi, ils peuvent être une aide à la décision thérapeutique dans des situations d’ostéopénie significative ou d’ostéoporose densitométrique modérée et sans fracture, en l’absence d’autres facteurs de risque de fracture comme un index de masse corporelle bas ou des antécédents familiaux. Un traitement pourra être proposé si les marqueurs sont élevés ; une abstention sera préconisée s’ils sont normaux. | CAROLE ÉMILE Biologiste, CH de Montfermeil (93) [email protected] Source Communication du Dr Jean-Claude Souberbielle, dans le cadre de la Journée scientifique du laboratoire Marcel Mérieux (Biomnis), Lyon, janvier 2008.

Tableau II. Principaux marqueurs du remodelage osseux Formation osseuse Phosphatase alcaline totale (TAP) Phosphatase alcaline osseuse (bAP) Ostéocalcine (Oc) Propeptide C-terminal du procollagène I (PICP) Propeptide N-terminal du procollagène I (PINP)

Résorption osseuse Non collagéniques Sérum

Collagéniques Sérum Urine

OptionBio | Lundi 15 septembre 2008 | n° 405

Phosphatase acide tartrate-résistante (TRAP5b)

Télopeptide N-terminal (NTX) Télopeptide C-terminal (CTX, Crosslaps) Désoxypyridinoline libre (fDpd) Pyridinoline libre (fPyd) Télopeptide N-terminal (NTX) Télopeptide C-terminal (CTX) Désoxypyridinoline totale (tDpd)

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