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Article original
Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue More on the masculinization of female statues-menhirs from Rouergue, France Marc C. Peeters 55150 Brandeville, France
Résumé Dans la littérature, les statues-menhirs du Rouergue et du Haut-Languedoc sont considérées comme étant majoritairement masculines et lorsqu’elles ont été l’objet d’un changement de genre, l’opération est toujours perçue comme une transformation d’effigies masculines en effigies féminines. Cette lecture des statues postule une prééminence masculine initiale. Néanmoins, dans un article précédent, ce point de vue ne paraissait guère constituer une règle générale (Peeters, 2005). Prenant en compte les statues-menhirs nouvellement découvertes depuis, nous avons repris la lecture des statues modifiées, ainsi que l’approche quantitative des groupes et des attributs à partir des données mises à jour et assemblées par M. Maillé (2010). # 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Statues-menhirs ; Rouergue ; Haut-Languedoc ; Changement de genre ; Groupes ; Attributs
Abstract The literature regards the statues-menhirs from the Rouergue and the Haut-Languedoc as being predominantly male. When they have been the object of a gender change, the operation is always perceived as being a transformation from male effigies into female effigies. This interpretation postulates an initial male pre-eminence. However, in a previous article, this point of view seemed hardly constitute a general rule (Peeters, 2005). In the light of the statues-menhirs that have been discovered since, we have resumed the reading of the modified statues, as well as the quantitative approach of the groups and of the attributes, from the data updated and collated by M. Maillé (2010). # 2016 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Statues-menhirs; Rouergue; Haut-Languedoc; Gender change; Groups; Attributes Adresse e-mail :
[email protected]. http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001 0003-5521/# 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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1. Introduction Les statues-menhirs dites du Rouergue et du Haut-Languedoc1 comportent des figures masculines et des figures féminines dont certaines ont été modifiées en altérant et/ou en ajoutant des attributs de l’un ou de l’autre sexe. Depuis Arnal et Hugues (1963), la règle est de considérer que ces changements de genre ont toujours été effectués à partir de statues-menhirs masculines, à l’unique exception près de la statue des Vignals, une statue-menhir féminine masculinisée2. Ce point de vue était toujours très présent au IIIe Colloque international sur la Statuaire mégalithique de 2012 à Saint-Pons-de-Thomières, alors que nous pouvons aisément avancer d’autres cas, vraisemblables ou évidents, de statues féminines masculinisées (Peeters, 2005). Autrement dit, les inversions de genre peuvent avoir été opérées dans les deux sens selon le schéma « » plutôt que « M!F »3. Des modifications sans lien avec le genre de l’effigie existent également. Le façonnage des statues-menhirs de Jouvayrac et de Balaguier amorcé dans un sens a été repris après une rotation du menhir de 1808. Les attributs masculins de la statue de Gruasse 2 ont été totalement recouverts d’un manteau sur sa face avant sans les altérer. Seize statues-menhirs ont été modifiées en changeant et/ou en ajoutant un ou plusieurs attributs liés au genre. L’une d’elle, la statue-menhir de Réganel 1, a été complètement sculptée sur l’ancienne figure après effacement des attributs initiaux. Sur la statue-menhir de Lacoste, le fourreau a été martelé sans autre intervention, à moins que la transformation n’ait pas été menée à son terme. Les 14 statues-menhirs modifiées qui subsistent l’ont été avec une inversion visible du genre. Pour rappel, les attributs spécifiquement féminins sont les seins, le collier à plusieurs rangs, une pendeloque en Y et les cheveux dans le dos ; ceux du genre masculin sont le fourreau, ou la pendeloque-poignard, suspendu aux deux bandes d’un baudrier, des armes ou des outils (hache, arc, flèche), une boucle au centre de la ceinture4 et la partie dorsale du baudrier. Ces attributs ne sont pas tous systématiquement présents. Si, à l’exception de la statue des Vignals, les statues transsexuées sont, selon l’ensemble des auteurs5, toutes des figures masculines féminisées, on ne peut plus parler dans un corpus mixte d’interventions opportunistes, mais d’une évolution qui aurait favorisé les représentations féminines. Néanmoins, l’option « M!F » dans les modifications du genre a conduit certains auteurs à postuler, depuis Arnal et Hugues (1963), un corpus originel unisexué masculin qui aurait évolué vers la mixité, suite à une avancée de la position sociale du féminin dans le groupe rhodézien6. Ce point de vue repose cependant plus sur l’a priori d’une prééminence du masculin
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Ces statues-menhirs se répartissent au sud de l’Aveyron, à l’est du Tarn et au nord-ouest de l’Hérault. Celles qui ont subi une inversion de genre sont toutes situées dans l’ancienne province du Rouergue, à savoir sur les Monts de Lacaune et dans les bassins du Rance et du Dourdou. 2 Dans trois cas, deux à trois inversions successives de genre ont été décrites. Il s’agit des statues-menhirs des Arribats (Arnal et Hugues, 1963), de Malvielle (Rodriguez, 2009) et de Mas-Viel 2 (Maillé, 2010). 3 Avec « M » pour les statues masculines et « F » pour les féminines. 4 Trente-cinq statues-menhirs masculines et trois transsexuées présentent une boucle au centre de la ceinture. Deux autres transsexuées sont munies d’une simple cupule. Ardaliès 6, une statue féminine non modifiée, présente une petite cupule légèrement décalée par rapport au centre de la ceinture. 5 Dont Arnal et Hugues, 1963 ; Arnal et Serres, 1986 ; D’Anna et al., 1995 ; Van Berg et Cauwe, 1995 ; Serres, 2002 ; Rodriguez, 2009 ; Maillé, 2010. 6 Pour Arnal et Serres (1986), leurs neuf cas de féminisation de figures rouergates « conduisent à croire à l’antériorité des masculines ». Arnal (1987) applique cette règle aux statues-menhirs du Rouergue, du Languedoc oriental, du Bassin parisien et de la Bretagne datées du Néolithique final au Chalcolithique (de la fin du IVe à la fin du IIIe millénaire).
Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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Fig. 1. Répartition des statues-menhirs du « Rouergue » avec la dénomination des statues ayant subi un changement de genre. Les groupes ont été définis en tenant compte des bassins hydrographiques, de la nature du support et d’une certaine proximité. Les statues en granite ou en gneiss sont signalées par les signes & pour les masculines, & pour les féminines et [TD$INLE] pour les indéterminées ; les statues en grès sont indiquées par * pour les masculines, O pour les féminines et [TD$INLE] pour les indéterminées. Les statues façonnées dans d’autres roches sont notées par [TD$INLE] pour les masculines, [TD$INLE] pour les féminines et X, pour les indéterminées. Les statues dont le genre a été inversé sont toutes en grès et représentées par [TD$INLE] pour les masculines féminisées et par [TD$INLE] pour les féminines masculinisées. Le signe [TD$INLE] symbolise l’intervention sur l’attribut masculin de Lacoste sans changement de genre. Distribution of the statues-menhirs from Rouergue (France) with the denomination of the statues that have undergone a gender change. The statues have been grouped based on watershed, support type and relative proximity. The statues in
Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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que sur des éléments susceptibles de la fonder. Le présent article se propose de les revisiter en suivant deux règles : d’une part, les attributs des genres s’excluent mutuellement (Serres, 1997 ; Peeters, 2005) et, d’autre part, les attributs dorsaux n’ont jamais été modifiés lors d’un changement de genre indiquant ainsi, par la chevelure ou le baudrier, le sexe d’origine de la statue lorsque l’attribut est présent. 2. Groupes Les statues-menhirs ont été groupées de façon pragmatique en tenant compte de la nature de la roche, du bassin hydrographique et de leur proximité (Fig. 1). Dans le sud, les statues du bassin de l’Agout sont toutes gravées7 sur un support en granite ou en gneiss8. Au nord, toutes les statues des bassins du Rance et du Dourdou sont gravées et/ou sculptées sur un support en grès. Deux sous-groupes intermédiaires sont composés de statues gravées et/ou sculptées sur diverses roches, dont le grès, à l’exclusion du granite et du gneiss. Le groupe de l’Agout est composé de façon très homogène de statues masculines gravées dont les jambes sont jointes. Le façonnage par gravure peut s’expliquer par la dureté du support, mais le genre et la position des jambes sont indépendants de cette particularité. Le haut du bassin du groupe de l’Agout présente cependant des exceptions entre Murat-sur-Vèbre et Fraïsse-surAgout avec deux statues féminines (Les Favarels et La Landette), dont la position des jambes n’est pas apparente, et trois figures masculines aux jambes disjointes (Rouiregros, Salverguettes et Fontanelles). Le groupe de l’Agout ne présente aucune statue dont le genre a été modifié. Dans le groupe intermédiaire, un premier sous-groupe chevauche partiellement le groupe de l’Agout sur les cours supérieurs du Viau et de la Vèbre. Il est composé de statues-menhirs en grès, en diorite et en rhyolite (Maillé, 2010). Trois statues en grès y sont transsexuées (Les Arribats, Malvielle et Puech de Naudène). L’autre sous-groupe, composé de statues en grès et en schiste (Maillé, 2010), est situé plus à l’ouest autour de la source du Dadou. Nous nommerons ce groupe intermédiaire « Dadou-Vèbre ». Les autres statues-menhirs sont gravées et/ou sculptées dans le grès. Elles se répartissent dans les vallées du Rance et du Dourdou, ainsi que dans un groupe situé sur les hauteurs entre le Rance et le Tarn. Ce dernier sera dénommé « Rance-Tarn ». Subsistent trois statues-menhirs isolées, celles de Crays et de Lacoste sur le versant droit du Tarn et la statue-menhir transsexuée de Serregrand dans la vallée du Gos. 3. Lecture de quelques figures Parmi les 14 statues-menhirs dont le genre a été modifié, huit d’entre elles sont manifestement des statues masculines féminisées. Il s’agit des statues Ardaliès 2 et 9, Balaguier, Flamenc 1, Mas granite or gneiss are shown with the following symbols: & for male, & for female and [TD$INLE] for undetermined effigies. Sandstone statues are shown as: * for male, O for female and [TD$INLE] for undetermined effigies. Statues shaped in other rock types are shown as: [TD$INLE] for male, [TD$INLE] for female and X for undetermined effigies. The statues with a gender change are all in sandstone and are shown as: [TD$INLE] for the feminized masculine effigies and by [TD$INLE] for the masculinized female effigies. The sign [TD$INLE] symbolizes the intervention on the Lacoste male attribute without gender change.
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À l’exception de la statue de Nages dont le seul attribut, à savoir la ceinture, est représenté en bas-relief. Le groupe de l’Agout est situé dans le bassin moyen et supérieur de la rivière sur un socle primaire à prédominance granito-gneissique (Rodriguez, 1997). 8
Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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Viel 2, Les Monteils, La Prade et Saint-Jean-de-l’Hôpital. Les six restantes peuvent être interprétées avec certitude ou de façon crédible comme des féminines masculinisées. 3.1. Les Vignals Sur cette statue en bas-relief, les cheveux sont bien représentés dans le dos. Sur la face avant, la masculinisation de la figure a consisté à effacer les seins placés au bout des doigts et à graver un fourreau sans anneau dans le prolongement de la bande droite du baudrier, ainsi qu’une hache. Une boucle est creusée sur la ceinture. 3.2. La Borie-des-Paulets Le genre premier de la statue peut être aussi bien masculin que féminin (Fig. 2). Deux lectures sont possibles. 3.2.1. La représentation originelle est masculine L’anneau du fourreau, représenté sans baudrier, a été partiellement martelé pour féminiser la figure, mais sans vraiment former l’Y de la pendeloque féminine. Néanmoins, si l’intention n’avait pas été la reproduction de cette pendeloque, le fourreau aurait sans doute été martelé dans sa totalité. Un collier a été gravé et une troisième jambe ajoutée, peut-être pour se conformer à la norme féminine des jambes disjointes (Serres, 1997). 3.2.2. La représentation originelle est féminine Elle a été masculinisée par l’ajout légèrement décalé vers le bas et sans baudrier d’un fourreau, dont la perte partielle de l’anneau serait due à un accident de gravure. À moins que le graveur n’ait simplement attribué un symbole masculin à une effigie féminine. Une jambe a été ajoutée, peut-être entre les deux autres pour masculiniser la figure avec des jambes jointives (Serres, 1997). Dans la seconde proposition, les seins gravés au bout des mains et le collier forment une configuration plus significative qu’un fourreau flottant sans baudrier sous les mains, seul cas de ce type dans l’ensemble du corpus9. La perte sur l’anneau ne donne pas une imitation certaine de la pendeloque en Y. La boucle est absente sur cette ceinture à deux bandes, préférentiellement attribuée aux figures féminines10. Quant aux jambes, leur répartition équilibrée de part et d’autre du centre de la ceinture évoque l’image de jambes disjointes. L’ajout d’une troisième jambe entre ces dernières offre une paire jointive décalée par rapport à l’axe central. 3.3. Malvielle La statue-menhir est gravée dans sa partie inférieure. Dans sa partie supérieure, on observe des zones piquetées qui font ressortir le baudrier et la hache au détriment des seins réduits de moitié 9 Le fourreau ou son anneau sont figurés 36 fois entre les mains d’une figure avec baudrier et deux fois sans baudrier. Dans deux autres cas, le fourreau est placé sous les mains, porté par le baudrier (Pousthomy 2) ou sans baudrier, soit précisément sur la statue de la Borie-des-Paulets. Sur la statue de Saint-Léonce, le fourreau est placé au-dessus des mains. 10 Quatre statues-menhirs munies d’une ceinture double sont féminines (Puech de Cabanettes, Puech du Lac, SaintSernin et Mas Viel 1), deux sont transsexuées (Flamenc 1 et La Borie-des-Paulets) et une est masculine (Rouiregros).
Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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ANTHRO-2596; No. of Pages 20 6[(Fig._2)TD$IG]
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Fig. 2. Statue-menhir de la Borie-des-Paulets (143 cm). Statue-menhir La Borie-des-Paulets (143 cm). Copie numérisée du tirage photographique de J.-P. Serres d’après le cliché original de Louis Balsan.
(Fig. 3). La boucle de ceinture est également creusée. La distinction entre parties gravées et parties creusées est bien visible sur le frottage de la statue11. Pour Rodriguez (2009), la statue-menhir est à l’origine gravée et masculine, munie du fourreau et du baudrier, avec les jambes jointes. Lors d’une seconde intervention, le fourreau a été totalement effacé, un collier gravé, ainsi que des seins dont l’un chevauche le bord du baudrier droit. Une troisième intervention a consisté à marteler la surface pour faire ressortir une hache en même temps que le baudrier en laissant deux demi-seins gravés sur le relief. Le point faible de cette lecture est que l’espace entre les mains et l’extrémité de la bande gauche du baudrier, qui aurait dû recevoir le fourreau, n’ont pas été entamées dans ce but. Autrement dit, il n’y avait pas de fourreau à cet endroit dans la phase initiale. M. Maillé (2010) réduit la lecture de Rodriguez à deux étapes, la première étant masculine et sculptée avec baudrier, fourreau et hache, tandis que la seconde féminise la statue avec effacement du fourreau et gravure de demi-seins sur le baudrier et sur la hache. Le tracé du sein droit déborde légèrement le relief de la bande du baudrier, une trace qui peut parfaitement être antérieure à la mise en relief de cette partie de la statue.
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Frottage réalisé par E. Hugentobler (Rodriguez, 2009, p. 391).
Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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[(Fig._3)TD$IG]
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Fig. 3. Statue-menhir de Malvielle (160 cm), ainsi que le frottage de la statue réalisé par E. Hugentobler (G. Rodriguez, 2009) et reproduit avec son aimable autorisation. Statue-menhir from Malvielle (160 cm), as well as the rubbing of the effigy made by E. Hugentobler (G. Rodriguez, 2009) and reproduced with her kind authorization. Photo de la statue-menhir: J.-P. Serres, 1997. Photo du frottage : E. Oeschger.
Selon une autre lecture, la statue, à l’origine gravée et féminine, avec collier, seins et les jambes jointes, a été martelée à hauteur du buste pour faire ressortir un baudrier sans fourreau et une hache au détriment des seins réduits de moitié. Sinon comment rendre compte de leur apparence si particulière ? Une boucle a été creusée sur la ceinture. Sur dessin, Maillé (2010) fait apparaître un tracé de chevelure dans le dos, mais cela ne paraît guère certain au vu de la photo. Quelle que soit l’interprétation de la statue, l’absence de fourreau avec présence du baudrier pose question dans les deux cas, à ceci près qu’elle serait un peu moins déconcertante dans le cas d’une opération incomplète de masculinisation. 3.4. Serregrand La statue présente sans conteste une chevelure dans le dos et nous pouvons nous étonner de la perception d’une effigie initialement masculine par les auteurs, à l’exception de Cartailhac (1889), cité par Octobon (1931, p. 411). La face avant offre une partie gravée et des zones martelées (Fig. 4). Dans sa partie supérieure, qui est gravée, des lignes obliques parallèles au contour du visage convergent vers l’espace entre les mains. Les seins ne chevauchent pas ces lignes. Des deux côtés du visage ces traits peuvent être interprétés comme les plis d’un vêtement qui s’étend dans le dos par les épaules. Entre les mains, deux sillons ont été creusés pour faire ressortir un fourreau au contour peu adroit (Fig. 5). Si cet attribut devait être supprimé pour féminiser l’effigie, le corps même du fourreau aurait été Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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ANTHRO-2596; No. of Pages 20 8[(Fig._4)TD$IG]
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Fig. 4. Statue-menhir de Serregrand, vues de face et de dos (80 cm). Statue-menhir from Serregrand, front and back views (80 cm). Copie numérisée d’après le tirage photographique de J.-P. Serres d’après le cliché original de Louis Balsan.
martelé entre les deux sillons, dont le creusement plaide en faveur de l’ajout de cet attribut. Au centre de la ceinture une boucle apparaît sous la forme d’une simple cupule. Enfin, la zone sous la ceinture a subi un martelage qui n’efface pas la marque des jambes jointives. Les bandes obliques sous les seins sont interprétées par les auteurs comme les parties gauche et droite d’un baudrier en scapulaire. Cela ne semble cependant pas réaliste pour la partie droite du baudrier qui forme une bande fragmentée. D’autre part, l’espace entre le bras gauche et la ceinture peut constituer, malgré sa largeur, la bande gauche d’un baudrier classique, dont le bord inférieure est distinct de la limite de la ceinture, mais cela sans prolongement visible dans le dos. Nous pouvons donc voir dans cette statue une figure gravée féminine aux jambes jointes et vêtue, qui fut masculinisée par l’adjonction peu adroite d’un fourreau et d’une boucle-cupule au milieu de la ceinture. À moins qu’il ne s’agisse d’une effigie féminine simplement dotée, dans un second temps, de symboles masculins, comme cela avait également semblé possible sur la statue de la Borie-des-Paulets. Restent les jambes jointives incomplètement martelées, observées ici sur une effigie féminine masculinisée. 3.5. Puech de Naudène La statue, en relief sur sa face antérieure, jambes disjointes, est elle aussi considérée comme une figure masculine malgré la présence d’une chevelure en double tresse dans le dos (Fig. 6). Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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[(Fig._5)TD$IG]
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Fig. 5. Détail de la statue-menhir de Serregrand. Statue-menhir from Serregrand, detail. Photo : P. Belzeaux-Zodiaque (Varagnac et Fabre, 1964).
Peut-être est-ce dû à la présence du petit objet triangulaire assimilé à une arme, perçue comme masculine, ainsi qu’au creusement d’une boucle de ceinture et à l’absence de collier12. Octobon (1931) avait déjà souligné les particularités de ce petit objet qui le différencient du fourreau (ou de « l’objet » de son époque) et qu’on retrouve sur la statue-menhir des Arribats, dont il sera question ci-après. Il s’agit pour l’auteur d’une « lame courte » aux bords droits, à la différence des bords courbes du fourreau. L’objet est tenu horizontalement, et non de façon oblique, dans la main droite, sans baudrier. L’anneau de cet objet est visible sur la statue des Arribats. Il a une forme en U, tandis qu’il est circulaire sur les fourreaux13. Compte tenu de la chevelure, nous avons ainsi à l’origine une figure féminine aux jambes disjointes dont la masculinité présupposée a été renforcée par l’ajout d’une plaque-boucle creusée sur la ceinture. En considérant les particularités qui distinguent ce petit objet triangulaire des fourreaux, rien n’empêche d’y voir au départ un attribut féminin, que cet objet soit une arme, un outil ou cultuel. 3.6. Les Arribats La statue-menhir perdue des Arribats est gravée tout en présentant deux surfaces piquetées qui séparent les espaces de la tête, des bras et de la ceinture. Au-dessus de cette dernière, la zone du 12
Si Serres (1997) admet la présence d’un « objet », équivalent du fourreau, sur la face ventrale et d’un baudrier « bifide » dans le dos, certains auteurs hésitent. Lautier (1995) perçoit une figure masculine tout en signalant la présence d’une chevelure. Rodriguez (2009) parle aussi bien de statue masculine que de statue « asexuée » en raison de l’absence d’attributs caractéristiques. Maillé (2010) place la statue munie d’une « arme » dans son tableau des figures masculines (figure 160), mais n’en donne pas le sexe dans la description de la photo où il retient la boucle et la chevelure tout en assimilant le petit objet triangulaire au fourreau. 13 Cette forme en U de l’anneau se retrouve sur « l’objet » horizontal de la statue de La Verrière (non classée dans le groupe des statues-menhirs du Rouergue). Il a la forme d’une lame allongée et n’est pas retenu par un baudrier.
Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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[(Fig._6)TD$IG] 10
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Fig. 6. Statue-menhir du Puech de Naudène, vues de face et de dos (123 cm). Statue-menhir from the Puech de Naudène, front and back views (123 cm). Copie numérisée du tirage photographique de J.-P. Serres d’après le cliché original de Jean Lautier ; à droite, photo de J.-P. Serres.
visage et du collier et celle de la bande des bras ne sont pas reliées entre elles en ayant, par ailleurs, subi chacune des interventions secondaires (Fig. 7). Dans la partie inférieure, la ligne médiane des jambes se prolonge dans la ceinture, tandis que les bords extérieurs s’étendent jusqu’à la bande des bras. Sous la tête, un fin collier aurait précédé le grand collier à trois rangs, mais il n’a laissé aucune trace sur ce dernier. Le fourreau, relié à un mince baudrier en scapulaire, est placé de façon tout à fait inhabituelle loin de la bande des bras et sur un sein qui l’a précédé. Il est également postérieur au petit objet triangulaire posé à l’extrémité du bras droit, car sans sa présence le fourreau aurait été gravé à sa place entre les mains. Nous pouvons en même temps associer les seins à l’un des colliers ou aux deux. Reste l’énigme de l’absence de mains ou de doigts remplacés par deux grandes cupules et le petit objet. Faut-il supposé un stade premier avec la représentation des mains sans le petit objet, ni la cupule ? Le fait que l’anneau de l’objet triangulaire soit légèrement plus profond que la surface du triangle pourrait s’expliquer par l’effacement des doigts dans l’espace correspondant. D’autre part, le renflement du poignet gauche pourrait résulter du creusement d’une cupule plutôt que du façonnage initial d’une main. Le prolongement des lignes des jambes constitue également une question à laquelle nous n’avons pas de réponse. De ce qui précède, nous pouvons avancer que cette statue gravée aux jambes jointes a subi une transformation du féminin vers le masculin : le fourreau est postérieur aux seins et aux colliers, tandis que le petit objet triangulaire, antérieur au fourreau, peut être identifié, au vu de la statuemenhir du Puech de Naudène, à un attribut féminin. Parmi les auteurs, seul Octobon (1931) a Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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[(Fig._7)TD$IG]
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Fig. 7. Statue-menhir disparue des Arribats (105 cm). The missing statue-menhir Les Arribats (105 cm). Copie numérisée du tirage photographique de J.-P. Serres d’après le cliché original de l’abbé Hermet.
interprété l’effigie des Arribats comme féminine au départ d’une séquence de trois interventions (F!M!F), les seins ayant précédé le fourreau avec lequel le petit objet ne doit pas être confondu. Arnal et Hugues (1963), Arnal (1976) et Maillé (2010) proposent une séquence de quatre étapes (M!F!M!F) qui débute avec le petit objet triangulaire comme « arme » masculine avant un retour au masculin avec le fourreau. 4. Le genre, la taille, le façonnage, la position des jambes La modification du genre de certaines statues-menhirs peut viser le statut de la figure à travers sa dimension, le type de façonnage ou la position des jambes. Compte tenu des nouvelles statuesmenhirs reprises dans l’ouvrage de Maillé (2010) et de la lecture des figures transformées proposée dans ce travail, il serait intéressant, dans l’optique d’une prééminence d’un genre sur l’autre, de reprendre la vérification du constat de Serres (1997) selon lequel les figures féminines sont en règle générale représentées sculptées avec les jambes disjointes. Peeters (2005) confirmait son observation concernant la position des jambes, mais non celle relative au façonnage du fait que le groupe homogène de l’Agout n’avait pas été inclus dans l’analyse. Ce Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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groupe essentiellement composé de figures masculines gravées, jambes jointes, peut masquer certaines différences entre les autres groupes. Il ne sera donc pas davantage repris ici dans nos tests statistiques. Le façonnage en bas-relief représente un soin plus grand porté à l’image d’une figure et ainsi à son statut, tandis que les jambes disjointes nous offrent une attitude large, plus imposante, qui en position assise a valeur d’une posture trônante (Wex, 1993). 4.1. Tests statistiques Nous avons utilisé le test de deux proportions (Dagnelie, 1984 ; Peeters, 2005) pour la comparaison de deux variables à deux critères (tableau de contingence à quatre cases) et le test du Chi2 pour la comparaison de deux variables à trois critères (tableau de contingence à six cases) lorsque les fréquences attendues permettaient son application. Le premier test fournit des probabilités exactes, le second des probabilités estimées. Pour la comparaison de la taille des statues-menhirs, nous avons utilisé le test des rangs de Kruskal et Wallis. 4.2. Les attributs dans les groupes 4.2.1. Le genre Dans l’ensemble des statues-menhirs du Rouergue et du Haut-Languedoc, les figures masculines sont plus nombreuses que les féminines. Cependant, si nous ne prenons pas en compte le groupe particulier de l’Agout, et suivons notre lecture des figures transsexuées selon l’option « », la proportion des genres apparaît sous un jour différent : nous observons dans l’ensemble des groupes analysés autant de figures masculines que féminines avant et après les transformations (Tableau 1). Néanmoins, les figures de la zone Dadou-Vèbre sont plus souvent masculines après ces transformations, en quoi ce groupe se rapproche du groupe voisin de l’Agout, tandis que dans le groupe combiné Rance et Rance-Tarn ce sont les figures féminines qui sont les plus nombreuses, toujours après les changements de genre ( p 0,02). Si nous examinons la répartition des genres selon l’option « M!F », les changements de genre entraînent une augmentation significative des figures féminines de 43 % à 62 % ( p 0,04). Suite à cette nouvelle répartition, les différences entre les groupes n’apparaissent plus du fait que le grand groupe Rance et Rance-Tarn présente une proportion femme/homme du même ordre, à savoir que les figures féminines sont nettement plus nombreuses, comme pour l’option « ».
Tableau 1 Répartition des figures selon le genre et les groupes pour l’option « ». Distribution of the figures according to the gender and the groups for the option. Avant Dadou-Vèbre Rance Ra-Tarn Dourdou et isolées n.s. (n.s.)
Fém. 3
Masc.
9 (6) 212 (201) 51 (4)
3
10 (13 ) 156 (167) 92 (103)
35 (30)
34 (39)
Après
Fém.
Masc.
19 36 14
Dadou-Vèbre Rance Ra-Tarn Dourdou et isolées
6 (9) 25 (26) 6 (7)
13 (10) 11 (10) 8 (7)
19 36 14
69
px2 0,02 (n.s.)
37 (42)
32 (27)
69
Fém. : féminin ; Masc. : masculin ; n.s. : test statistique non significatif. L’exposant indique le nombre de figures, dont le genre a été inversé. Entre parenthèses, la répartition des statues-menhirs pour l’option « M!F ».
Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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Tableau 2 La taille en centimètres des statues-menhirs des groupes d’analyse d’après les données publiées par Maillé (2010). Size in centimeters of the statues-menhirs of our groups according to the data published by Maillé (2010).
Agout Dadou-Vèbre Rance et Rance-Tarn Dourdou et isolées
N F+M+?
Hors distribution
Étendue
Médian groupe
Médian F
Médian M
2 + 36 + 2 8+9+1 21 + 15 + 1 5+8+3
3 1
109–337 85–210 67–209 68–209
202 146 110 104
– 123 108 98
– 155 139 97
F : féminin ; M : masculin. Les statues qui s’écartent nettement de la distribution de leur groupe n’ont pas été retenues pour fixer l’étendue des tailles – il s’agit des hauteurs de 85, 400, 450 cm dans le groupe de l’Agout et de 266 cm dans le groupe Dadou-Vèbre. Le nombre total des figures dans chaque groupe (N) correspond à la somme des genres (F, M) et des indéterminées (?).
4.2.2. La taille La taille moyenne des statues-menhirs du bassin de l’Agout est plus élevée que celle des trois autres groupes qui ne présentent pas de différences significatives entre eux (Tableau 2). La taille des statues du groupe Dadou-Vèbre est plus élevée que dans les groupes des vallées du Rance et du Dourdou, mais sans atteindre le seuil de signification ( p 0,075). En fait, les statues du sous-groupe en contact avec le bassin supérieur de l’Agout sont plus grandes que celles du sous-groupe plus proche du bassin du Rance (Fig. 1). Le groupe Dadou-Vèbre se présente ici aussi comme une transition entre les statues-menhirs du bassin de l’Agout et celles des bassins du Rance et du Dourdou. 4.2.3. Le façonnage Les tests ont d’abord été appliqués aux trois possibilités retenues par Maillé (2010) : statues gravées, statues gravées et sculptées ou statues sculptées. Les différences entre les trois groupes d’analyse au test du Chi2 avec ces trois critères ne sont guère significatives. Elles le sont, par contre, si nous distinguons simplement les figures selon qu’elles ont ou n’ont pas d’élément sculpté : les probabilités du Chi2 sont de 0,03 avant et de seulement 0,08 après les transformations (Tableau 3). La différence provient du groupe combiné Rance et Rance-Tarn qui présente une proportion élevée de figures en bas-relief ou ayant au moins un élément sculpté. Si nous comparons les figures gravées ou ayant au moins un élément gravé aux figures uniquement sculptées, les différences avant et après les transformations sont du même ordre de signification. Tableau 3 Répartition selon les groupes d’analyse des figures « sans » ou « avec » au moins un élément sculpté (S). Distribution of the figures ‘without’ or ‘with’ at least one carved element (S) in the different groups. Avant
Sans S
Avec S
(Agout) Dadou-Vèbre Rance R-Tarn Dourdou et isolées
(41) 12 9 9
(1) 10 30 10
px2 0,03
30
50
Après
Sans S
Avec S
22 39 19
Dadou-Vèbre Rance R-Tarn Dourdou et isolées
11 9 8
11 30 11
22 39 19
80
px2 0,08
28
52
80
Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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Tableau 4 La position des jambes selon le genrea. The position of the legs according to the gender. Avant
J
D
?
Fém.
74 (41) 153 (186)
172 (15) 121 (143)
11 (11) 74 (74)
35 (30) 34 (39)
22
29
18
69
Masc.
Après
J
D
?
Fém.
6 (9) 17 (13)
16 (18) 12 (11)
15 (15) 3 (3)
37 (42) 32 (27)
23
28
18
69
Masc.
p 0,04 ( p 0,01)
p 0,025 ( p 0,075)
Fém. : féminin ; Masc. : masculin. L’exposant indique le nombre de statues-menhirs qui ont subi un changement de genre. Entre parenthèse, la répartition des statues dont le genre a été défini à partir de l’option « M!F ». a Le passage, après les changements de genre, de 22 à 23 statues-menhirs aux jambes jointes est dû à la prise en compte de la troisième jambe de la statue de la Borie-des-Paulets.
Le groupe Dadou-Vèbre présente davantage de figures avec gravure, ce qui le rapproche cette fois encore du groupe de l’Agout. 4.2.4. La position des jambes Le groupe de l’Agout présente vingt et une statues-menhirs avec les jambes jointes et trois, dans le haut du bassin, avec les jambes disjointes. Dans les autres groupes, on observe une égalité entre les deux maintiens. 4.3. Relations entre les attributs 4.3.1. Le genre et la taille Seul le groupe combiné Rance et Rance-Tarn, deux fois plus nombreux que le groupe DadouVèbre (Tableau 2), présente une différence statistique entre les genres dans la taille des statues ( p 0,03) : la taille des masculines est plus élevée avec un médian de 139 cm pour 108 cm aux féminines. Dans le groupe de l’Agout, les deux statues-menhirs féminines font 109 cm et 130 cm de hauteur pour un médian de groupe de 202 cm. 4.3.2. Le genre et le façonnage Aucun groupe, ni aucune combinaison de groupes n’a donné une relation particulière entre le genre et le façonnage à trois (G, GS, S) ou à deux (G, S) critères14 pour les lectures « » et « M!F ». 4.3.3. Le genre et la position des jambes Une différence apparaît avant et après les transformations de genre pour l’option « » : les jambes jointes sont entre deux à trois fois moins fréquentes sur les figures féminines (Tableau 4). Avec les statues-menhirs nouvellement découvertes, et en particulier les trois statues féminines aux jambes jointes d’Albespy, l’hypothèse de Serres se vérifie plutôt en termes de préférence que de règle générale. L’évitement des jambes jointives sur les figures féminines est la plus nette avec l’option « M!F » dans la configuration originale des statues, du fait que les effigies sont toutes censées être initialement masculines. 14
Avec « G » pour gravure et « S » pour sculpture ou bas-relief.
Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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Tableau 5 Relation entre la position jointive (J) ou disjointe (D) des jambes et le façonnage des statues-menhirs : gravées (G), gravées et sculptées (GS) ou sculptées (S). Relationship between the joined (J) or disjunct (D) position of the legs and the shaping of the statues-menhirs: engraved (G), engraved and carved (GS) or carved (S). Avant
G
GS
S
Après
G
GS
S
J D
16 8
2 3
11 20
29 31
J D
15 7
7 3
8 20
30 30
--
24 5 31 (G) vs (GS + S) : p 0,015 (G + GS) vs (S) : p 0,025
60
px2 0,008
22 10 28 (G) vs (GS + S) : p 0,020 (G + GS) vs (S) : p 0,002
60
Données empruntées à Maillé (2010). Pour les sommes J et D, voir la note «
a
» au Tableau 4.
Lorsque nous retenons les statues-menhirs dont la position des jambes est indéterminée suite à une cassure ou pour une autre raison, nous observons après les transformations un nombre beaucoup plus important de figures féminines où manque la qualité de la posture des jambes (Tableau 4, colonne « ? »). 4.3.4. Le façonnage et la position des jambes La position des jambes présente un lien statistique avec le façonnage (Tableau 5). Les troisquarts des statues aux jambes disjointes sont façonnées en bas-relief ou présentent au moins une composante sculptée avant (74 %) et après (77 %) les changements de genre ( p 0,02). Pour les statues uniquement en bas-relief, ces proportions sont de 65 % et 67 %. 5. Conclusion Les observations ont porté sur le corpus des statues-menhirs comme s’il n’avait pas varié au cours du temps, ce qui laisse des questions ouvertes et des incertitudes. 5.1. La prééminence d’un genre sur l’autre L’affirmation selon laquelle des modifications de genre ont été opérées dans les deux sens, du masculin vers le féminin et du féminin vers le masculin, paraît plus plausible que l’hypothèse selon laquelle seules des statues masculines ont été soumises à un changement de genre. En suivant cette dernière, qui semble faire l’unanimité, on peut s’étonner de certaines options : pourquoi sur la statue de la Borie-des-Paulets le fourreau a été choisi comme attribut initial malgré sa représentation peu ordinaire ; pourquoi sur la statue de Malvielle l’absence de traces de façonnage et de martelage d’un fourreau n’a pas été prise en compte, et pourquoi cette curieuse représentation de demi-seins ; pourquoi sur la statue des Arribats le petit triangle a été posé en premier attribut de préférence à un autre dans la séquence des changements ; pourquoi sur la statue de Serregrand la présence de la chevelure n’a pas été retenue, tout comme sur la statue du Puech de Naudène ? Les interventions sur certaines statues-menhirs peuvent trouver une explication dans l’opportunité d’un réemploi. Dans ce cas, en postulant un corpus initial mixte de figures féminines et masculines, les changements de genre devraient se présenter dans les deux sens. Si ces changements n’ont été opérés que sous la forme d’une féminisation de figures masculines, cela implique que les réemplois sont orientés intentionnellement vers une plus large féminisation. Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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Mais si nous gardons l’idée de changements par simple opportunité et que ces changements vont toujours du masculin vers le féminin, on doit poser l’existence d’un corps initial uniquement masculin, un point de vue généralement suivi par les auteurs depuis Arnal et Hugues (1963)15. Pour Maillé (2010, p. 223) : « Il semble donc que les femmes, ou du moins certaines femmes, n’ont accédé au ‘‘privilège’’ de voir leur image gravée dans la pierre qu’après les hommes. [. . .] À l’origine, il semble que seul l’homme avait droit à une statue, ensuite apparaissent les premières statuesmenhirs féminines, certaines d’entre elles remplacent même l’image de certains hommes. » Même s’il est présenté au conditionnel, ce point de vue paraît bien être une projection sur le Néolithique final et le Chalcolithique du rapport contemporain entre les genres. Les six figures féminines masculinisées pour huit masculines féminisées, identifiées dans le présent travail sur la base d’indices évidents ou vraisemblables, ne corroborent pas l’option d’une antériorité du masculin et de sa prédominance dans la création des statues-menhirs du Rouergue. L’archéologie fournit de nombreuses données qui infirment une prééminence première du masculin dans ses représentations. Au cours du Paléolithique supérieur, les figures féminines sont très largement dominantes16. Des représentations essentiellement ou exclusivement féminines, en terre cuite, réapparaissent au Chasséen (4300–3600 ans) dans le Bassin parisien, au LanguedocRoussillon et en Franche-Comté17, soit juste avant l’apparition au Néolithique final, de la représentation sur menhirs de figures humaines (Montjardin et Roger, 1993 ; Terra Amata, 2005). La question serait alors plus précisément de savoir pourquoi des représentations masculines sont apparues en nombre après les représentations féminines du Néolithique moyen18. Une autre lecture à propos des statues de la Borie-des-Paulets et de Serregrand pourrait être que le graveur a simplement ajouté un symbole masculin sur une effigie féminine, tandis que sur celle de Lacoste ce symbole aurait été simplement contesté. 5.2. Les attributs La prééminence d’un genre sur l’autre peut s’exprimer par la valorisation de traits tels que le nombre de figures, leur taille, le façonnage, la position des jambes. Les figures assises jambes écartées apparaissent dans une posture plus large et trônante. 5.2.1. Le genre Sans le groupe de l’Agout et en suivant la lecture « » des changements de genre, les statues féminines et masculines se présentent en nombre égal, mais avec des différences entre les 15
Voir, notamment, Van Berg et Cauwe, 1995 ; Serres, 1997 ; Rodriguez, 2009 ; Maillé, 2010. Les représentations masculines gravettiennes et solutréennes sont exceptionnelles et elles sont nettement inférieures aux représentations féminines du Magdalénien (Duhard, 1996). 17 Montjardin et Roger (1993, p. 88 et 94) notent que « les statuettes paraissent toutes, à l’exception peut-être de l’exemplaire du Mont d’Huette, de sexe féminin. », ainsi que le « caractère exceptionnel et très hypothétique des représentations masculines dans le Chasséen français ». D’Anna (2002) parle de figurines « généralement féminines » et signale le corpus uniquement féminin des statues-menhirs bretonnes, tandis qu’ailleurs les corpus sont mixtes. Pour Roger (1994, p. 20), « quelques productions chasséennes de forme cylindrique en céramique peuvent éventuellement être interprétées comme des objets phallomorphes ». 18 D’Anna et al. (1995) évoquent les figurines en terre cuite languedociennes du Néolithique moyen sans signaler le fait important que ces figures soient féminines. Louboutin (1999) relate le lien qui associe le Néolithique et la figure humaine, suivi d’une disparition presque totale de celle-ci à l’Âge du Bronze. Pour Montjardin et Roger (1993), après une éclipse au Bronze ancien et moyen, les figures anthropomorphes en terre ou en métal se multiplient, surtout dans le Languedoc, avec des figures qui sont plus souvent masculines. 16
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groupes. Les statues féminines sont deux fois plus nombreuses que les statues masculines dans le bassin du Rance après les transformations. La valeur statistique de cette différence disparaît pour « M!F » sous l’effet du basculement de 13 statues masculines vers les féminines, pour un seul exemple dans l’autre sens, entraînant un saut significatif de 43 % à 62 % de figures féminines. Un tel saut fait apparaître une évolution féminisante, qui ressort du point de vue porté sur les statues-menhirs. 5.2.2. La taille Les statues-menhirs masculines de l’Agout se démarquent également par une taille moyenne nettement supérieure à celle des autres groupes. Le groupe Dadou-Vèbre se présente comme intermédiaire entre les statues en granite ou en gneiss de l’Agout et les statues en grès des bassins du Rance et du Dourdou. Dans le groupe combiné Rance et Rance-Tarn, les statues masculines, par ailleurs moins nombreuses, sont plus grandes que les féminines. Maillé (2010, p. 223) note, sans distinction de groupes, que la dimension « des statuesmenhirs féminines est en moyenne nettement inférieure à celle des statues-menhirs masculines. . . », et plus loin : « D’un côté les hommes par leur grande taille, parfois suprahumaine, et leurs attributs témoignent de la volonté de mettre en avant le prestige et le pouvoir. De l’autre les femmes, de taille humaine, sont placées dans le registre du naturel, de l’affectif, de la séduction. » Dans ces derniers termes, soulignés par moi-même, on retrouve la projection de perceptions contemporaines. À partir du port d’un fourreau, et donc d’un poignard, Maillé perçoit les figures masculines comme étant « armées » et représentant de la sorte une forme de « pouvoir »19, tandis que les figures féminines porteuses d’un collier à rangs multiples et/ou d’une pendeloque sont dites « parées » et ayant donc seules vocation à séduire. Mais le fourreau n’est-il pas aussi une parure et le collier à rangs multiples un symbole de prestige, si ce n’est de pouvoir, en considérant l’aspect imposant de l’attribut ? Maillé évoque l’idée d’une évolution vers des statues-menhirs plus grandes pour marquer une supériorité dans le cadre d’une compétition avec les productions précédentes. Mais par rapport à quoi : à des représentations masculines d’autres groupes ou d’autres générations, ou simplement, en suivant les données de l’archéologie, en réaction à une prééminence initiale du féminin20 ? 5.2.3. Le façonnage et la position des jambes Les statues avec des éléments gravés ont plus souvent les jambes jointes, et celles qui ont au moins un élément sculpté ont plus souvent les jambes disjointes. Cependant l’hypothèse de Serres (1997) selon laquelle les statues-menhirs féminines sont représentées sculptées avec les jambes disjointes, signes d’une valorisation de l’effigie, n’est vérifiée que pour la position des jambes. Sans le groupe de l’Agout, aucune relation entre le genre et le façonnage n’a été trouvée. Néanmoins, le groupe combiné Rance et Rance-Tarn s’individualise par une préférence pour les figures féminines et, comme l’observe également Maillé (2010), pour les statues avec sculpture, malgré l’absence de relation entre ces deux variables. 19 On ne peut considérer le port d’armes et la violence guerrière comme un atavisme ou un pouvoir spécifiquement masculin. Dans diverses cultures et à diverses époques des déesses et des femmes guerrières se sont manifestées dans des récits mythologiques, parfois de façon très violente, et dans la réalité (Labat, 1970 ; Bottéro et Kramer, 1993 ; Samuel, 1975 ; Lebedynsky, 2009). 20 Un exemple éloigné s’observe dans la « Civilisation des Oasis » qui s’est développée entre l’Elam et l’Indus dans le sud du Turkménistan. Elle a présenté au Chalcolithique des statuettes en terre cuite exclusivement féminines. Des statuettes masculines sont apparues ultérieurement pour se développer à partir de 2100 av.n.ère dans la citadelle d’Adji Kui (Rossi Osmida, 2007, p. 221). L’un des deux modèles de ces statuettes s’est particularisé avec l’apparition de jambes distinctes en position debout et par un doublement de la hauteur en passant de 12 cm au plus à 20–22 cm.
Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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Avec les trois statues-menhirs féminines d’Albespy aux jambes jointes découvertes en 2005, la tendance à ne pas représenter les figures féminines dans une position étroite, ou à les figurer trônant, avant et après les transformations est toujours présente dans l’ensemble du corpus, mais sans que cela ne constitue une règle générale. Quant aux figures masculines, elles sont aussi souvent représentées jambes jointes que disjointes. De façon un peu étonnante, sur les statues-menhirs féminines dont la partie inférieure manque par cassure ou pour une autre raison, la posture des jambes en tant que marque d’une valorisation sociale est plus souvent absente après les transformations. 5.3. « Microcultures » et transitions Dans la typologie commune des statues-menhirs du Rouergue et du Haut-Languedoc, les attributs susceptibles de valoriser les figures permettent de caractériser des groupes, si ce n’est des « microcultures », qui se distinguent notamment dans le rapport entre les genres. Le groupe de l’Agout se singularise avec ses figures essentiellement masculines et gravées, jambes jointes et de taille supérieure, tandis que le groupe Rance et le groupe Rance-Tarn se démarquent par la supériorité en nombre des figures féminines après les transformations, par la plus grande taille moyenne des figures masculines et par le grand nombre de figures comportant des éléments sculptés. En comparaison, le groupe du bassin du Dourdou ne présente pas de traits significatifs. Dans le groupe Dadou-Vèbre sur les Monts de Lacaune, la nature du support, le genre, la taille, et la gravure apparaissent comme intermédiaires entre les statues méridionales en granite ou en gneiss et celles du nord façonnées dans le grès. Rodriguez (1997, 1998, 2009) situe les statues-menhirs du bassin de l’Agout dans le groupe saintponien du Haut-Languedoc (Néolithique moyen et final) distinct des statues-menhirs du groupe rhodézien (fin du Chalcolithique et Bronze ancien) rattaché au groupe des Treilles. Les deux cultures ne se chevauchent pas dans le temps. Néanmoins, l’auteur situe le groupe intermédiaire des Monts de Lacaune à une période mitoyenne entre le Saintponien et le groupe des Treilles. Maillé (2010) ne retient pas ces décalages chronologiques entre ces ensembles de statuesmenhirs dans la mesure où il lui paraît difficile de les associer avec certitude à des contextes archéologiques et culturels. En prenant en considération le fait généralement observé, dans les représentations de différentes cultures, de l’évolution d’une prédominance des figurations féminines vers une prédominance des figures masculines, ne pourrait-on pas, dans le prolongement de la remarque de Maillé, poser, à titre d’hypothèse, la question d’une postériorité des statues-menhirs masculines de l’Agout par rapport au corpus mixte des bassins du Rance et du Dourdou ? Par ailleurs, les statues-menhirs du groupe de l’Agout n’ont jamais été modifiées, comme si cela n’avait plus été nécessaire après une période instable de transition. En suivant cette hypothèse, l’évolution vers une prééminence du masculin aurait notamment pu s’affirmer de façon concurrentielle à travers une augmentation de la taille de statues. La question suggère une interprétation distincte de celle que Rodriguez (2009) tire de ses observations. Pour ce dernier21, les statues-menhirs ont évolué du sud vers le nord avec, dans un premier stade, des proto-statues-menhirs non gravées, peut-être peintes, localisées au sud du 21
p. 17, 37 et 42.
Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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bassin de l’Agout sur les versants des vallées du Jaur et du Thore. Au stade suivant sont apparues les statues-menhirs gravées masculines du bassin de l’Agout, puis les statues sculptées en grès, plus élaborées, sur la rive droite de son bassin supérieur pour déborder en un corpus mixte dans les bassins du Rance et du Dourdou. Une très large prédominance initiale des figures masculines représenterait ici une exception du point de vue de l’évolution générale des représentations humaines.
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Pour citer cet article : Peeters, M.C., Pour en revenir à la masculinisation de statues-menhirs féminines du Rouergue. L’Anthropologie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.04.001
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ANTHRO-2596; No. of Pages 20 20
M.C. Peeters / L’anthropologie xxx (2016) xxx–xxx
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