Faut-il en finir avec la maladie de Haglund ? Revenir à l’histoire pour comprendre le futur…

Faut-il en finir avec la maladie de Haglund ? Revenir à l’histoire pour comprendre le futur…

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Modele + JTS-497; No. of Pages 2

ARTICLE IN PRESS Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com Journal de Traumatologie du Sport xxx (2017) xxx–xxx

Éditorial

Faut-il en finir avec la maladie de Haglund ? Revenir à l’histoire pour comprendre le futur. . . End-of-story for Haglund’s syndrome or a new understanding for the future?

Dans son article princeps, en 1928, Haglund [1] définissait les achillodynia en 3 groupes pathologiques : • la tendinite achilléenne ossifiante ; • les pathologies de croissance de l’épiphyse calcanéenne ; • les bursites achilléennes. C’est dans ce dernier groupe qu’il mit en évidence deux bourses sujettes à une inflammation. Si la bourse postéroinférieure, située entre la peau et l’insertion du tendon, ne trouvait pour lui aucun substrat anatomique valable mais un simple problème de chaussage, la bourse antéro-supérieure devenait source d’intérêt. En effet, celle-ci pouvait être inflammatoire suite à un conflit entre l’insertion du tendon et la proéminence osseuse du calcanéum. Il décrivait, déjà à l’époque, la possibilité d’un traitement chirurgical de résection de cette exostose. Cette association définissait alors sa maladie éponyme. Quelques années plus tard, Dickinson et al. [2], en 1954, introduisirent le terme de pump bump pour décrire un élargissement du talon à l’insertion du tendon associée à une bursite, traité par résection chirurgicale d’une exostose calcanéenne antérosupérieure. Le terme de Haglund est finalement réapparu dans la littérature dans les années 1980. Pavlov et al. [3] définissaient le syndrome de Haglund comme une douleur des parties molles à l’insertion du tendon d’Achille associée, sur des radiographies de cheville de profil, a un épaississement radio-opaque de la bourse antéro-supérieure. S’en est alors suivi un nombre important de publications regroupant les talalgies postérieures sous le terme de syndrome de Haglund. Vega et al. [4] enrichissaient la sémantique par la déformation de Haglund qu’ils définissaient comme un gonflement de la région achilléenne avec proéminence visible de la partie postéro-latérale du calcanéum puis Biyani et Jones [5] reprirent le terme de maladie de Haglund pour caractériser l’exostose postéro-supérieure du calcanéum. C’est dans cette confusion terminologique que Van Dijk et al. [6] proposent en 2011 une clarification en excluant les termes obsolètes de déformation, maladie ou syndrome de Haglund.

Il dissocie les tendinopathies d’insertion d’Achille, avec ou sans calcifications ou épine osseuse à l’insertion ; la bursite rétrocalcanéenne, fréquemment associée à une exostose calcanéenne et la bursite calcanéenne superficielle, le plus souvent due à un conflit avec un contrefort de chaussure traumatisant comme l’avait évoqué Haglund près d’un siècle auparavant. . . Ces 3 entités pouvant être associées chez un même patient. Kang et al. [7] ont complété cette analyse en montrant qu’il n’existait aucune corrélation entre la présence d’une épine calcanéenne radiographique et une symptomatologie douloureuse à l’insertion, la taille de cette épine ne préjugeant en rien de la sévérité de l’atteinte tendineuse et de l’importance des symptômes. La clarification terminologique de ses douleurs à l’insertion du tendon calcanéen est nécessaire pour continuer la recherche dans des groupes lésionnels homogènes. Une simple exérèse d’exostose sans considérer l’origine physiopathologique du conflit et de l’atteinte tendineuse sous-jacente (notamment la rétraction des chaînes musculaires postérieures) fait le lit d’échec thérapeutique. Le terme « fourre-tout » de maladie de Haglund doit donc conduire à une réflexion plus détaillée de cette enthésopathie permettant un démembrement lésionnel précis orientant vers une stratégie thérapeutique adaptée s’attachant à corriger les facteurs favorisants fonctionnels, anatomiques et morphostatiques et à traiter les lésions tendineuses associées. Déclaration de liens d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Haglund P. Beitrag zur klinik der Achillessehne. Zeitschr Orthop Chir 1928;49:49–58. [2] Dickinson PH, Coutts MB, Woodward EP, Handler D. Tendo Achillis bursitis. Report of twenty-one cases. J Bone Joint Surg Am 1966;48:77–81. [3] Pavlov H, Heneghan MA, Hersh A, Goldman AB, Vigorita V. The Haglund syndrome : initial and differential diagnosis. Radiology 1982;144:83–8.

http://dx.doi.org/10.1016/j.jts.2017.01.001 0762-915X/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´eserv´es.

Pour citer cet article : Rousseau R. Faut-il en finir avec la maladie de Haglund ? Revenir à l’histoire pour comprendre le futur. . .. J Traumatol Sport (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.jts.2017.01.001

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[4] Vega MR, Cavolo DJ, Green RM, Cohen RS. Haglund’s deformity. J Am Podiatry Assoc 1984;74:129–35. [5] Biyani A, Jones DA. Results of excision of calcaneal prominence. Acta Orthop Belgica 1993;59(1):45–9. [6] Van Dijk CN, Van STerkenbug MN, Wiegerinck JI, Karlsson J, Mafulli N. Terminology for Achilles tendon related disorders. Knee Surg Sport Tramatol Arthrosc 2011;19:835–41.

[7] Kang S, Thordarson DB, Charlton TP. Insertional Achilles tendinitis and Haglund’s deformity. Foot Ankle Int 2012;33:487–91.

R. Rousseau IAL Nollet, 23, rue Brochant, 75017 Paris, France Adresse e-mail : [email protected]

Pour citer cet article : Rousseau R. Faut-il en finir avec la maladie de Haglund ? Revenir à l’histoire pour comprendre le futur. . .. J Traumatol Sport (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.jts.2017.01.001