Prévalence de l’hépatite virale C chez le personnel de santé au Centre tunisien

Prévalence de l’hépatite virale C chez le personnel de santé au Centre tunisien

Médecine et maladies infectieuses 39 (2009) 66–67 Lettre à la rédaction Prévalence de l’hépatite virale C chez le personnel de santé au Centre tunisi...

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Médecine et maladies infectieuses 39 (2009) 66–67

Lettre à la rédaction Prévalence de l’hépatite virale C chez le personnel de santé au Centre tunisien Prevalence of hepatitis C virus among health care workers in central Tunisia

Mots clés : Personnel de santé ; Hépatite virale C ; Tunisie Keywords: Health care personnel; Viral hepatitis C; Tunisia

1. Introduction Les professionnels de santé sont confrontés au risque de contamination par les virus de l’hépatite virale B et C, et ce par l’intermédiaire du sang et des liquides biologiques. Dans la littérature, les résultats de la prévalence de l’hépatite virale C (HVC) chez le personnel de santé sont discordants. En Tunisie, aucune étude de prévalence de l’HVC n’a été publiée. L’objectif de ce travail était de déterminer la prévalence des anticorps antivirus de l’hépatite C (VHC) chez les personnels de santé de l’hôpital Farhat-Hached de Sousse. 2. Matériels et méthodes L’hôpital Farhat-Hached est un des deux centres hospitalouniversitaires de la ville de Sousse (500 000 habitants, au centre de la Tunisie), il est composé de 26 services médicaux, chirurgicaux, et de neuf laboratoires et d’un potentiel de 698 lits budgétaires ; 1632 agents hospitaliers exercent dans cet hôpital. Durant le premier trimestre de l’année 2005, nous avons mené une étude transversale, descriptive, séroépidémiologique des anticorps anti-VHC chez le personnel de l’hôpital FarhatHached. Les agents hospitaliers inclus dans cette étude ont été prélevés et interrogés concernant leurs données démographiques. La recherche des anticorps anti-VHC a été effectuée par deux techniques Elisa différentes : Murex quatrième génération laboratoire (Abbott) et technique microparticulaire automatisée par AxSYM® (Abbott). La sérologie est considérée positive quand les deux tests sont positifs. Les personnes ayant des anticorps anti-VHC positifs ont été convoquées pour réaliser la PCR-VHC. 3. Résultats Parmi les 1632 personnels hospitaliers, 885 (54 %) ont accepté de participer à cette étude. Il s’agissait de 324 hommes et 0399-077X/$ – see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.medmal.2008.10.007

560 femmes, l’âge moyen était de 41,8 ans avec des extrêmes de 30–54 ans. La répartition du personnel en fonction de leur profession figure dans le Tableau 1. Les anticorps anti-VHC étaient positifs chez neuf personnes (1 %). La prévalence la plus élevée (1,6 %) a été notée chez les infirmiers, la plus basse (0 %) chez le personnel administratif et d’entretien, mais la différence entre ces groupes n’était pas significative. La prévalence des anticorps anti-VHC en fonction de la profession est rapportée dans le Tableau 1. L’âge moyen des personnes ayant des anticorps anti-VHC positifs était de 42,5 ans avec un sex-ratio de 0,12 (1 H/8 F). Ces personnes avaient une ancienneté professionnelle moyenne de 17,8 ans (extrêmes de 1,5 à 25 ans). Aucun accident d’exposition au sang au cours de la carrière professionnelle n’a été rapporté. Les lieux de travail étaient les services médicaux (sept cas), de chirurgie (un cas) et de laboratoire (un cas). La PCR-VHC, réalisée chez huit personnes, était positive dans deux cas, il s’agissait du génotype 1 dans les deux cas. 4. Discussion Dans notre hôpital, la prévalence des anticorps anti-VHC chez le personnel de santé était faible (1 %), elle est proche de celle retrouvée chez les donneurs du sang dans la même région (0,7 %) [1]. Cette prévalence est variable en fonction de la profession, 0, 0,8 et 1,6 % chez, respectivement, le personnel administratif, les techniciens de laboratoire et les infirmiers ; cependant, la différence entre ces différents groupes n’était pas significative. Dans la littérature, les résultats de la séroprévalence de l’HVC chez le personnel de santé sont discordants. Au Sud de l’Italie [2] et en Hongrie [3], la prévalence des anticorps anti-VHC était élevée par rapport à la population générale (4,7 % versus 1 % et 2,7 % versus 0,7 %, respectivement). Cependant, en France [4], au Liban [5] et au Danemark [6], la séroprévalence de l’HVC était similaire à celle dans la population générale. Certains auteurs pensent que l’exposition professionnelle constitue un risque d’infection par le VHC. Ce risque dépend

Lettre à la rédaction / Médecine et maladies infectieuses 39 (2009) 66–67 Tableau 1 Fréquence des anticorps antivirus de l’hépatite C (VHC) chez les personnels de santé en fonction de la profession. Frequency of anti-hepatitis C virus antibodies in healthcare workers according to the occupation. Professions

Nombre de personnels testés n (%)

Anti-VHC (+) n (%)

Secteurs de soins Médecin Anesthésiste Sage-femme Infirmier/aide-soignant Technicien laboratoire Ouvrier professionnel Kinésithérapeute

737 (83,2) 73 (8,2) 24 (2,7) 38 (4,3) 375 (42,4) 120 (13,6) 105 (16,8) 2 (0,2)

9 (1,2) 1 (1,3) 0 0 6 (1,6) 1 (0,8) 1(0,9) 0

Secteur administratif et d’entretien Secrétaire/Agents administratifs Ouvriers non professionnels

148 (16,7) 104 (11,7) 44 (5)

0

Total

885 (100)

9 (1)

essentiellement du type de la profession, des lieux du travail et de l’ancienneté professionnelle. Ainsi, les infirmiers, le personnel des services de chirurgie et des blocs opératoires ont constitué les facteurs de risque les plus élevés d’infection par le VHC [7]. Dans notre étude, la majorité des personnes infectées étaient des infirmiers. La moitié avait une ancienneté de plus de 20 ans dans la profession. En conclusion, dans notre hôpital, la prévalence des anticorps anti-VHC chez le personnel de santé est faible, elle est similaire à celle observée chez la population générale. Références [1] Hatira SA, Yacoub-Jemni S, Houissa B, et al. Hepatitis C virus antibodies in 34130 blood donors in Tunisia Sahel. Tunis Med 2000;78:101–5. [2] Catalani C, Biggeri A, Gottard A, Benvenuti M, Frati E, Cecchini C. Prevalence of HCV infection among health care workers in a hospital in central Italy. Eur J Epidemiol 2004;19:73–7. [3] Mihály I, Telegdy L, Ibrányi E, Lukács A, Rókusz L, Bánkuti E, et al. Prevalence, genotype distribution and outcome of hepatitis C infections among the employees of the Hungarian Central Hospital for infectious diseases. J Hosp Infect 2001;49:239–44.

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[4] Djeriri K, Fontana L, Laurichesse H, Peigue-Lafeuille H, Henquell C, Chamoux A, et al. Seroprevalence of markers of viral hepatitis A, B and C in hospital personnel at the Clermont-Ferrand University Hospital Center. Presse Med 1996;25:145–50. [5] Irani-Hakime N, Aoun J, Khoury S, Samaha HR, Tamim H, Almawi WY. Seroprevalence of hepatitis C infection among health care personnel in Beirut, Lebanon. Am J Infect Control 2001;29:20–3. [6] Fisker N, Mygind LH, Krarup HB, Licht D, Georgsen J, Christensen PB. Blood borne viral infections among Danish health care workers – frequent blood exposure but low prevalence of infection. Eur J Epidemiol 2004;19:61–7. [7] Thomas DL, Gruninger SE, Siew C, Joy ED, Quinn TC. Occupational risk of hepatitis C infections among general dentists and oral surgeons in North America. Am J Med 1996;100:41–5.

N. Kaabia a,∗ E. Ben Jazia a N. Hannachi b M. Khalifa a S. Dhouibi a F. Dabbabi c J. Boukadida b F. Bahri a A. Brahem a N. Mrizak c A. Letaief a a 04/UR/08-21, service de médecine interne et maladies infectieuses, CHU F.-Hached, rue Med-Karoui, 4000 Sousse, Tunisie b Laboratoire de microbiologie, CHU F.-Hached, 4000 Sousse, Tunisie c Service de médecine de travail, CHU F.-Hached, 4000 Sousse, Tunisie ∗ Auteur

correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (N. Kaabia). 8 avril 2008 8 octobre 2008 Disponible sur Internet le 28 novembre 2008