VACCINATIONS
quels sont les b n fices de la vaccination h patite B ?
vaccination h patite B et prevention du cancer du foie A Goudeau
'actualitd de l'hdpatite Best marqude par la publication daus le New EnglandJournal of Medidne du 26 juin 1997 d'un rdstdtat tr~s attendu provenant de Taiwan [1]. Ce travail fait le bilan de 10 ans de vaccination systdmatique contre l'hdpatite B et apporte la preuve que la vaccination fait diminuer de mani~re significative l'incidence des cancers du foie. I1 s'agit de la premiere ddmonstration dinique que certains cancers viro-induits peuvent &re prdvenus par la vaccination. Cette annonce constitue une nouvelle majeure qui ouvre la vole pour d'autres interventions du meme type comme la prdvention du cancer du nasopharynx lid au virus d'Epstein-Barr. I2dtude taiwanaise conclut une rdflexion commencde il y a 40 ans au Sdndgal off l'existence d'une filiation entre hdpatite virale chronique, cirrhose posthdpatique et cancer primitif du foie avait dtd suspectde ~ partir de donn&s dpiddmiologiques et cliniques. La d&ouverte du virus de l'hdpadte B (VHB) 10 ans plus tard devait permettre de montrer l'extraordinaire diffusion de ce virus (acmellement 350 millions de porteurs chroniques dans le monde), de confirmer son r61e majeur dans la gen~se du cancer primitif du foie et de jeter les bases thdoriques d'une intervention par vaccination. En 1983, une rdunion d'experts de I'OMS sur la prdvention du cancer du foie conduait de mani~re daire que le che-
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min ~isuivre &ait la vaccination universelle contre l'hdpatite B. Taiwan devenait, en 1984, le premier pays ~ s'engaget dans cette voie. Taiwan devait &re aussi le premier pays dmergeant fi se doter d'une production locale de vaccin pour couvrir ses besoins dans le cadre d'un transfert de la technologie ddveloppde par Pasteur Vaccins.
le seul vaccin disponible pour pr~venir un cancer I2histoire unique de l'expdrience taiwanaise commence dans les anndes 1970 par le travail capital d'un chercheur am&icain d&achd par l'universitd de Washington dans son centre de recherche mddicale ~ Taipei. fii l'issue d'une longue enquete dpid& miologique [2] portant sur plus de 22000 fonctionnaires, Palmer Beasley montre que le risque relatif de d&elopper un cancer du foie est de 390 pour un sujet porteur chronique du virus de l'hdpatite B (rappeIons que ce risque est de 20 pour un fumeur de d&elopper un cancer du poumon). Avec plus de 12 % de porteurs d'antig~ne HBs dans la population gdndrale, Taiwan est un pays de tr~s forte enddmie d'hdpatite B. Corrdlativement le cancer du f o i e y est tr&s frdquent (plus de 30 cas/100 000/an), ddpassd seulement chez les hommes par les cancers de
l'oesophage et de l'estomac. La ddcision de lancer un programme national de prdvention de l'h~patite B par vaccination est prise en 1984 apr~s plusieurs ann&s d'&udes cliniques chez l'enfant, des vaccins disponibles ~t l'dpoque (GenHevac B Pasteur ® et HB Vax D N A ® de Merck). Le programme prdvoit une montde en charge progressive sur 10 ansen commenqant par une vaccination des nouveau-ntis de m~res porteuses chroniques en 1984, puis en incorporant progressivement la vaccination systdmatique de tousles nouveau-n& en 1986 et le rattrapage des enfants plus grands et des adultes ~ partir de 1987 [3]. Les premiers rdsultats, 5 ans apr~s le ddbut du programme, montrent ddj~i une diminution significative de la pr&alence du portage chronique de I'AgHBs chez les enfants de moins de 5 ans: de 9,3 % en 1984 ~ 2 % en 1989 [4]. En outre, l'&ude met en &idence une diminution de la diffusion du VHB chez les enfants plus grands non vaccin&. On peut noter que cette herd immunity des Anglo-Saxons est malheureusement encore peu prise en compte dans les &udes cofit-efficacitd du vaccin contre l'hdpatite B. Compte tenu de l'~e moyen de survenue du cancer du foie ~ Taiwan (pic d'incidence entre 60 et 70 ans), on n'attendait pas de r&ultats sur cette affection avant au moins 20 ans. C'est dire l'int&
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VACCINATIONS r& des r&ultats publi& rdcemment : une baisse d'incidence de 0,7/100 000/an 0,36/100 000/an chez les enfants de 6 ~i 14 ans et de 0,52/100 000/an ~i 0,13/100 000/an chez les enfants de 6 ~i 9 ans. Ils viennent confirmer de mani~re ~clatante les conclusions des experts il y a pros de 15 ans : ~Les dvidences en faveur d'une association entre le portage chronique du virus de l'hdpatite Bet le cancer du foie sont ddsormais suffisamment solides pour justifier l'utilisation de la vaccination contre cette infection pour pr&enir ce canceD~ [5].
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comment se fait la pharmacovigilance de la vaccination h patite B en France ? B Soubeyrand
fonctionnement g6n~ral de la pharmacovigilance en France Les vaccins, comme tout mddicament ~t usage humain, sont soumis au d&ret n ° 98-278 du 13 mars 1995 rdatif fi la pharmacovigilance. Ce ddcret fixe Forganisation du syst~me national de pharmacovigilance ainsi que cdle de toute entreprise ou tout organisme exploitant un mddicament. La pharmacovigilance repose, en France, apr~s la mise sur le marchd des mddicaments, sur la notification spontan& : toute prdsomption d'effet inddsirable grave ou inattendu doit &re notifi8e par le professionnel de santd ~t un Centre rdgional de pharmacovigilance. Le signalement des autres dvdnements ind&irables reste 5 la libre apprdciation du notificateur. La ddfinidon, en pharmacovigilance,
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d'un effet inddsirable grave rdpond aux crit~res suivants : - effet inddsirable ldtal, - effet ind&irable mettant la vie en danger, effet ind&irable entralnant une invaliditd ou une incapacitd,
s'agit d'un effet grave ; ou sous forme d'un rapport p&iodique : tousles 6 mois durant les 2 ans suivant l'autorisation de raise sur le marchd du mddicament, -
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tousles ans les 3 anndes suivantes,
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- effet inddsirable provoquant ou prolongeant une hospitalisation. Un effet inddsirable est considdrd comme inattendu s'il ne figure pas sur le rdsumd des caractdristiques du produit (RCP). Toute entreprise ou tout organisme exploitant un mddicament poss~de un service de pharmacovigilance chargd de recueillir l'ensemble des informations portdes ~ sa connaissance et relatives aux effets inddsirables. La totalitd des notifications portdes ~i la connaissance de ce service sont transmises au Directeur gdndral de l'agence du mddicament : immddiatement s'il
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puis tousles 5 ans.
Le ddclenchement d'une enqu&e de pharmacovigilance se fait ~ la suite d'une alerte (succession ou nombre inhabituel de notifications ou de publications), un Centre rdgional de pharmacovigilance est alors nommd rapporteur responsable de cette enquSte. Les notifications de l'ensemble des centres rdgionaux de pharmacovigilance et de l'industrie pharmaceutique sont mises en commun. )l la fin de cette enqu&e, un rapport rddigd par le responsable est prdsentd au Comitd technique et la Commission nationale de pharmacovigilance qui fait une recommandation sur les mesures &entuelles ~i prendre (modification RCP, retrait du produit).
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