Radicalisation et « image de soi »

Radicalisation et « image de soi »

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AMEPSY-2867; No. of Pages 3 Annales Me´dico-Psychologiques xxx (2020) xxx–xxx

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

Me´moire

Radicalisation et « image de soi » Radicalization and ‘‘self-image’’ Emmanuel Drouin Centre d’e´tudes de la Renaissance, 59, rue Nericault-Destouches, 37000 Tours, France

I N F O A R T I C L E

R E´ S U M E´

Historique de l’article : Rec¸u le 24 octobre 2019 Accepte´ le 8 janvier 2020

L’Europe et la France sont traverse´es par des formes de mobilisation nouvelles, d’initiatives individuelles ou collectives qui trouvent leur expression dans une radicalite´ exacerbe´e, qui se forgent et se nourrissent dans le rejet du pacte re´publicain. Bien souvent, face a` la crise e´conomique, les jeunes sont en queˆte d’ide´al. Ce phe´nome`ne de radicalisation se nourrit notamment des e´volutions socie´tales et sociales de ces dernie`res de´cennies, telles que l’e´clatement de la structure familiale avec la de´valorisation de l’autorite´ parentale. Aussi, l’islamisme radical leur offre un « kit preˆt a` penser ». Nous rapportons le roˆle de « l’image de soi » en tant que produit de sensations corporelles et d’e´motions dans la gene`se de ce phe´nome`ne. L’Islam radical peut fournir une sorte de « prothe`se identitaire » qui va venir supporter l’e´cart entre la repre´sentation de soi et l’ide´al de soi.

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Mots cle´s : Conscience Image de soi Pre´vention Psychiatrie Radicalisation

A B S T R A C T

Keywords: Conscious Prevention Psychiatry Radicalization Self image

Europe and France are traversed by new forms of mobilization, individual or collective initiatives that find their expression in an exacerbated radicalism, forged and fed by the rejection of the republican pact. With economic crisis, young people are looking for an ideal. This phenomenon of radicalization feeds in particular societal and social changes of recent decades, such as the break-up of the family structure with the devaluation of parental authority. Also, radical Islamism offers them a ‘‘kit ready to think’’. We report the role of ‘‘self-image’’ as a product of bodily sensations and emotions in the genesis of this phenomenon. Radical Islam can provide them a kind of ‘‘identity prosthesis’’ that will support the gap between self-representation and self-idealism.

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1. Introduction L’Europe est touche´e par la violence terroriste et celle-ci atteint des niveaux tre`s alarmants. La France est e´galement confronte´e a` une menace terroriste ine´dite et probablement durable. Elle est touche´e sur son sol par des attentats meurtriers (263 morts depuis 2012) et doit faire face a` des de´parts de certains de ses ressortissants vers la zone irako-syrienne, souvent des jeunes implique´s dans les filie`res djihadistes. Ce phe´nome`ne de la radicalisation violente a pris un tournant de´cisif en France apre`s les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher a` Paris qui ont fait 17 morts en janvier 2015. Les individus souffrant de troubles psychiatriques repre´sentent une partie minoritaire des personnes

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implique´es dans des activite´s terroristes. En effet, Bazex et Be´ne´zech ont montre´ que seuls environ 10 % des individus sousmain de justice et suivis pour radicalisation pre´sentent un trouble psychiatrique [1]. Nous ne voudrions pas ici limiter le phe´nome`ne tre`s complexe de la radicalisation a` une seule explication psychopathologique ou psychiatrique. Pour autant, l’attentat a` la pre´fecture de police de Paris survenu le 3 octobre 2019 dans l’enceinte meˆme de la pre´fecture de police qui a tue´ quatre policiers au sein des services de renseignements (DRPP) pose a` nouveau le sujet de la sante´ mentale de ces criminels. L’assaillant, malentendant, s’e´tait semble-t-il, converti a` l’Islam en 2008. Il e´tait en contact avec la mouvance salafiste et fre´quentait la mosque´e de Gonesse. Lors de sa garde a` vue, l’e´pouse du tueur affirme que son mari a « entendu des voix » la nuit pre´ce´dant l’attaque et qu’il « e´tait incohe´rent ». Or, en regardant certains faits historiques, nous voyons, par exemple, que Gavrilo

https://doi.org/10.1016/j.amp.2020.01.011 C 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve´s. 0003-4487/

Pour citer cet article : Drouin E. Radicalisation et « image de soi ». Ann Med Psychol (Paris) (2020), https://doi.org/10.1016/ j.amp.2020.01.011

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Princip (1894–1918), le terroriste qui a tire´ sur l’archiduc Franz Ferdinand le 28 juin 1914 a` Sarajevo (casus belli de la Premie`re Guerre mondiale), avait e´te´ rejete´ par la gue´rilla serbe a` cause de sa faiblesse physique et de sa petite taille. De nombreux auteurs ont de´clare´ que ces terroristes radicalise´s recherchaient un sens a` leur vie, une « queˆte d’ide´al », mais personne n’a re´ellement explore´ le roˆle de « l’image de soi » en tant que produit de sensations corporelles et d’e´motions, si bien de´crite par le ce´le`bre neuro-psychiatre Jean Lhermitte (1877–1959). 2. Radicalisation La radicalisation est un proble`me socie´tal relativement re´cent, extreˆmement complexe, multifactoriel, qui existe en Occident depuis les anne´es 2000. La radicalisation est le processus qui fait devenir plus fondamental, qui se produit lorsque ide´ologie et actions violentes sont couple´es [16]. La de´finition de la radicalisation propose´e par Pierre Conesa e´voque « une le´gitimation intellectuelle, philosophique et religieuse du passage a` la violence » [6]. Pour Khosrokhavar, la radicalisation est un « processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement lie´e a` une ide´ologie extre´miste a` contenu politique social ou religieux qui conteste l’ordre e´tabli sur le plan politique, social ou culturel » [4]. Politiques, sociologues, juges et psychiatres sont donc concerne´s directement par la compre´hension de la radicalisation. Il convient de pre´ciser que ce phe´nome`ne ne concerne pas uniquement l’adhe´sion a` l’islamisme radical, meˆme s’il est tre`s majoritaire ; actuellement, il existe d’autres formes d’extre´mismes comme le ne´onazisme d’extreˆme droite (cas de la tuerie du 9 octobre 2019 en Allemagne). Certains, de´nomme´s « loups solitaires », agissent de manie`re isole´e et se radicalisent plus rapidement. Le mode`le pyramidal de la radicalisation ne s’appliquerait pas pour eux. Ces derniers repre´sentent une minorite´ des individus implique´s dans des activite´s terroristes et sont plus susceptibles de pre´senter une pathologie psychiatrique [2]. Dans sa revue tre`s exhaustive, Nicolas Campelo pre´cise qu’un nouveau mode`le de radicalisation est apparu dans les pays occidentaux depuis les anne´es 2010. En effet, les groupes radicaux sont plus petits, moins hie´rarchise´s et compose´s en grande partie de jeunes « terroristes-maison ». En effet, avec le de´veloppement des re´seaux sociaux, l’organisation pyramidale et hie´rarchise´e d’Al-Qaı¨da des anne´es 1990 est devenue horizontale avec Daech. Aussi, depuis 2010, il apparaıˆt que les individus radicalise´s en Europe sont plus jeunes qu’auparavant, souvent avec une certaine composante de´pressive [14]. Comme le souligne Pietrasanta1, les nouveaux candidats au djihad sont de plus en plus jeunes, issus de toutes les classes sociales, et nombre d’entre eux sont inconnus des services de police. C’est en cela que re´side toute la difficulte´ de la pre´vention de la radicalisation qui doit eˆtre multidisciplinaire dans son approche. Ce phe´nome`ne de radicalisation se nourrit notamment des e´volutions socie´tales et sociales de ces dernie`res de´cennies, telles que l’e´clatement de la structure familiale avec la de´valorisation de l’autorite´ parentale (absence de normativite´ autoritaire), la monte´e du choˆmage des jeunes a` qui les politiques avaient promis le Bac, un emploi et le « bien vivre ensemble », ou encore la panne flagrante de l’ascenseur social. Il existe alors un sentiment d’injustice tre`s fort et de me´pris de la socie´te´ chez ces jeunes. Ces e´volutions socie´tales ont parfois conduit une fraction de la jeunesse a` la contestation sociale (e´meutes des banlieues en 2005). La fracture sociale a augmente´ et s’est concre´tise´e en France par l’apparition des « gilets jaunes » de`s octobre 2018 et 2019. Concomitamment, le conflit irako-syrien a acquis une visibilite´ 1 Commission d’enqueˆte sur la surveillance des filie`res et des individus djihadistes, 2015.

internationale avec Internet et l’e´mergence d’un projet d’E´tat islamique, une attractivite´ aupre`s des jeunes en panne d’ide´al social. Le discours djihadiste vient ainsi combler une faille identitaire, bien plus qu’un de´sir de religion, et fournit un kit « preˆt a` penser », indique Pietrasanta. L’islamisme radical offre des normes tangibles et rassurantes porte´es par une autorite´ clairement identifie´e. L’E´tat islamique propose une Terre ou` ils pourront se reconstruire et auront l’impression d’eˆtre de´sormais conside´re´s et valorise´s. Une partie de la jeunesse vit une ve´ritable frustration, le sentiment de ne pas appartenir a` la communaute´ nationale Re´publicaine (E´galite´, Fraternite´, Liberte´), ces jeunes « auraient pu s’accrocher a` n’importe quelle branche : une secte, le suicide, l’arme´e ou la drogue » pre´cise l’ancien pre´fet Pierre N’Gahane. En son temps, le Pre´sident Hollande avait sugge´re´ d’instaurer un certain « re´enchantement » de la socie´te´ pour revivifier le sentiment d’appartenance a` la communaute´ nationale.

3. Conscience de soi Sur le plan neurologique, la spe´cificite´ essentielle du fonctionnement psychique humain repose sur sa conscience re´flexive. Ce sujet de la conscience est un cas d’e´tude d’e´mergence bien connu en biologie et en philosophie. Raymond Houdart (1913–2008), neurochirurgien, distinguait trois phases de de´veloppement de la conscience. La premie`re qui est celle de la fonction nerveuse archaı¨que, correspondant a` l’e´tage me´dullaire : c’est la conscience inconsciente. C’est l’exemple du cervelet. La deuxie`me apparaıˆt avec l’affectivite´ a` l’e´tage centro-ce´phalique et limbique : c’est la conscience inconsciemment consciente. La troisie`me pe´riode se cre´e avec l’apparition de la pense´e de l’homme a` l’e´tage cortical supe´rieur : c’est la conscience de la conscience [13]. Cette conscience doit apparaıˆtre avec le de´veloppement des lobes frontaux et l’apparition du langage. En lui-meˆme, le langage est discontinu et la continuite´ est la marque la plus e´vidente imprime´e par la pense´e sur le langage. Dans sa lec¸on inaugurale du 16 janvier 1976, Jean-Pierre Changeux indiquait qu’a` la difficulte´ de savoir comment fonctionne le cerveau, s’ajoute celle plus redoutable encore de comprendre comment il se construit [5]. Jean Lhermitte pre´cisait « qu’il semble que le syste`me nerveux ait e´te´ fac¸onne´, modele´ par les fonctions qui s’y de´roulent et que nous tenions en partie dans l’architecture du syste`me nerveux, la trace mate´rielle des processus qui s’y accomplissent » [9]. Le corps, le cerveau et l’esprit sont des manifestations d’un organisme unique. Jean Lhermitte s’est inte´resse´ au roˆle central de l’image mentale en neurologie et en psychiatrie. Ainsi, il explique que la conscience naıˆt progressivement de la matie`re (le cerveau) principalement a` partir de l’image corporelle, des mouvements du corps et des e´motions. Cela implique des re´seaux neuronaux (l’homme a environ un million de milliards de synapses. Si l’on ajoute a` cela la notion de gradation, il y a une infinite´ de possibilite´s) tre`s complexes qui e´voluent eux aussi dans le temps, y compris a` l’e´chelle d’un individu. Cette conscience n’existe pas chez le nouveau-ne´ qui n’a pas encore forme´ son image corporelle ; en effet, la conscience est lie´e a` l’apprentissage. L’image de notre corps est faite d’e´le´ments perceptifs divers, tire´s des sensibilite´s superficielles et profondes, du sens de la vue et surtout de l’appareil d’e´quilibration et peut se preˆter a` d’e´tranges modifications [10,17]. Selon Georges Canguilhem (1904–1995), « la conscience de soi n’est pas repre´sentation du sujet je, elle est revendication. . . ». Tout au long de sa vie, l’homme construit une repre´sentation de soi, une image de soi (nous pensons a` la « statue inte´rieure » de Franc¸ois Jacob) qui lui permet d’avoir acce`s a` un ve´cu identitaire. Chacun doit forger sa place et son identite´, construire sa « statue inte´rieure », son image de soi, avec toutes les angoisses que cela

Pour citer cet article : Drouin E. Radicalisation et « image de soi ». Ann Med Psychol (Paris) (2020), https://doi.org/10.1016/ j.amp.2020.01.011

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peut ge´ne´rer. Pour autant, tout le monde n’est pas arme´ de la meˆme manie`re pour y arriver, ceux qui e´chouent peuvent eˆtre tente´s par les solutions « simples » qu’offrent les ide´ologies radicales. Franc¸ois Jacob indiquait : « Je porte en moi, sculpte´e depuis l’enfance, une sorte de statue inte´rieure qui donne une continuite´ a` ma vie, qui est la part la plus intime, le noyau dur de mon caracte`re. Cette statue, je lui ai sans cesse apporte´ des retouches, je l’ai polie, affine´e » [15]. Cependant, l’individu construit e´galement un ide´al de ce qu’il voudrait eˆtre [12] . L’e´cart entre la repre´sentation de soi et l’ide´al de soi peut eˆtre parfois source d’une grande souffrance avec l’impression d’eˆtre sans valeur. Et l’Islam radical peut fournir une sorte de « prothe`se identitaire » qui va venir supporter l’e´cart entre la repre´sentation de soi et l’ide´al de soi. Si le jeune perc¸oit que l’environnement a du plaisir avec lui, il sera possible d’investir une image de soi plaisante, mais ce n’est pas toujours le cas dans la socie´te´ actuelle comme nous l’avons indique´. Ainsi, l’adolescence est une pe´riode de changements et de re´organisation intense, donc une pe´riode a` risque. La recherche d’une identite´ propre entraıˆne parfois une perte de se´curite´ et des angoisses d’abandon explique le Dr Dr Chambery, psychiatre. Or, appartenir a` une communaute´ radicale ame`ne un sentiment d’appartenance, une signification existentielle qui vient pallier ces angoisses [8] et donner un sens nouveau, rassurant pour le jeune. Plus les individus vivent leur environnement de fac¸on incertaine, plus ils sont enclins a` s’identifier massivement a` des groupes. Ces jeunes sont donc un terreau propice de tous les phe´nome`nes de radicalisation. Ici, la pre´vention est essentielle, voire la re´insertion en lien avec les maisons des adolescents (MDA) par exemple [7]. A` cette « dislocation sociale » peut s’associer une dislocation psychique, une fragmentation de la synthe`se mentale, sans de´sinte´gration pour autant. La conscience personnelle est en position de repli (mise de coˆte´ les valeurs morales qu’ils avaient dans le passe´), alors les courants conscients et inconscients ne forment plus un re´gime unique, ils forment des sortes de re´gimes autonomes qui entretiennent souvent entre eux des mauvaises relations de voisinage. Les re´actions ide´atives et affectives du sujet sont parfois morbides, comme l’avait indique´ Revault d’Allones en 1924 au sujet de la polyphre´nie [18]. De`s 1903, le Dr Paul Sollier (e´le`ve de Jean Martin Charcot, connu pour avoir e´te´ le me´decin de Marcel Proust) avait bien de´crit les phe´nome`nes d’autoscopie associe´s aux hallucinations [19]. Re´cemment, nous avons rapporte´ le cas des hallucinations auditives de Guy de Maupassant [11] associe´es a` sa folie et son autoscopie ne´gative. 4. Psychiatrie et radicalisation ? Ainsi, il n’existe pas de profil psychiatrique spe´cifique des individus radicalise´s. Pour autant, le rapport [3] de la Fe´de´ration Franc¸aise de Psychiatrie (FFP) insiste sur les me´canismes psychopathologiques propres a` la pe´riode de l’adolescence, pe´riode a` haut risque, sur laquelle nous avons centre´ notre inte´reˆt. La prise en charge des jeunes en voie de radicalisation ne´cessite des intervenants multiples du coˆte´ de l’accompagnement psychique et e´ducatif, voir judiciaire, du jeune et de sa famille. Cette action s’entend sur la dure´e. E´tant donne´ que la radicalisation est un phe´nome`ne complexe et multifactoriel, une intervention a` plusieurs niveaux est ne´cessaire pour espe´rer avoir un effet pre´ventif sur ce phe´nome`ne. Des e´quipes mobiles e´ducatives (pouvant inte´grer des psychologues et des psychiatres) sont ne´cessaires, tout comme un lien avec les CMP, les MDA ou des services de pe´dopsychiatrie. Ces e´quipes peuvent se re´ve´ler

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pertinentes dans cette optique de prise en charge inter-institutionnelle et pluridisciplinaire. Les Agences Re´gionales de Sante´ (ARS) doivent re´pertorier les institutions pouvant intervenir sur le volet « soin », cartographier les dispositifs de prise en charge me´dicaux et me´dico-sociaux et les transmettre aux Pre´fets. Rappelons que les ARS doivent participer aux dispositifs des campagnes de pre´vention primaire mene´es en partie par des acteurs du milieu soignant en fonction des besoins spe´cifiques des territoires. Lors de campagnes de pre´vention, les psychiatres (au sein de ces petites e´quipes d’intervention) pourraient avoir un roˆle majeur. Toutefois, le syndicat des psychiatres des hoˆpitaux (SPH) s’alarmait du de´cret du 23 mai 2018 relatif au fichier Hopsyweb, autorisant les pre´fets, procureurs et maires a` mettre en œuvre des traitements de donne´es a` caracte`re personnel de personnes faisant l’objet de soins psychiatriques sans consentement, par le biais des ARS. Ce sujet a pose´ a` nouveau la question du secret me´dical et des liens de confiance me´decins/patients. En cas de danger imminent, le praticien peut prendre attache aupre`s des conseillers ordinaux, voire du Pre´fet. Dans un format de recherche/actions, les professionnels de la sante´ mentale et les neurologues ont un roˆle majeur a` jouer dans la compre´hension et le traitement de l’engagement radical. Aussi, a` ce jour, les facteurs/ e´ve´nements de´clenchant le passage a` l’acte violent ne sont pas clairement e´lucide´s et peuvent eˆtre de nature multiple (deuil, vide´os violentes, de´ception amoureuse, etc.) [4]. De´claration de liens d’inte´reˆts L’auteur de´clare ne pas avoir de liens d’inte´reˆts. Re´fe´rences [1] Bazex H, Be´ne´zech M, Mensat JY. « Le miroir de la haine ». La prise en charge pe´nitentiaire de la radicalisation : analyse clinique et criminologique de 112 personnes place´es sous main de justice. Ann Med Psychol 2017;175: 276–82. [2] Be´ne´zech M, Estano N. A` la recherche d’une aˆme : psychopathologie de la radicalisation et du terrorisme. Ann Med Psychol 2016;174:235–49. [3] Botbol M, Campelo N, Lacour-Gonay C. Psychiatrie et radicalisation. Rapport interme´diaire du groupe de travail de la fe´de´ration franc¸aise de psychiatrie. Pour Rech 2018;93–96:60 [in press]. [4] Campello N, et al. Who are the European youths willing to engage in radicalisation? A multidisciplinary review of their psychological and social profiles. Eur Psychiatry 2018;52:1–14. [5] Changeux JP. Lec¸on inaugurale au colle`ge de France. Chaire de communications cellulaires. Imprimerie Daupeley-Gouverneur; 1976. p. 27. [6] Conesa P. Confe´rence « Quelle politique de contre-radicalisation en France ? ». Classe Internationale; 2015. [7] Corduan G. Preventing radicalisation, the role of a Maison des adolescents. Soins 2017;62:47–52. [8] Dhami MK, Murray J. Male youth perceptions of violent extremism: towards a test of rational choice theory. Span J Psychol 2016;19:E51. http://dx.doi.org/ 10.1017/sjp.2016.49 [35]. [9] Drouin E, Pe´re´on Y. Physiology and psychiatry: Lhermitte’s inaugural lecture in 1923. Revue neurologique 2015;171:329–32. [10] Drouin E, et al. Phantom limb and Lhermitte. Lancet Neurol 2016;15:796. [11] Drouin E, Pe´re´on Y, et al. Maupassant’s folie, from unpublished letters. Encephale 2019;45:454–5. [12] Hogg MA. Uncertainty – Identity theory. In: Advances in Experimental Social Psychology. Academic Press; 2007. p. 69–126. [13] Houdart R. Le syste`me nerveux de l’homme. Paris: Mercure de France; 1990. [14] Jacob F. La statue inte´rieure. Paris: Odile Jacob; 1987. [15] Kamaldeep B, et al. Might depression, psychosocial adversity, and limited social assets explain vulnerability to and resistance against violent radicalisation? PLoS ONE 2014;9:e105918. http://dx.doi.org/10.1371/journal.pone.0105918. [16] Khosrokhavar F. Radicalisation. Paris: E´ditions de la Maison des sciences de l’homme; 2014. [17] Lhermitte J. L’image de notre corps. Paris: Nouvelle Revue Critique; 1939. [18] d’Allones R. La polyphre´nie. Dislocation psychique. Ann Med Psychol 1924;82: 475–87. [19] Sollier P. Les phe´nome`nes d’autoscopie. Paris: Fe´lix Alcan; 1903. p. 175.

Pour citer cet article : Drouin E. Radicalisation et « image de soi ». Ann Med Psychol (Paris) (2020), https://doi.org/10.1016/ j.amp.2020.01.011