Similitudes et différences des modèles constructivistes cliniques et informatiques en psychiatrie

Similitudes et différences des modèles constructivistes cliniques et informatiques en psychiatrie

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AMEPSY-2093; No. of Pages 8 Annales Me´dico-Psychologiques xxx (2015) xxx–xxx

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

Me´moire

Similitudes et diffe´rences des mode`les constructivistes cliniques et informatiques en psychiatrie Similitudes and differences between clinic and informatics constructivist’s models in psychiatry Pierre Marchais *, Alain Cardon Acade´mie europe´enne interdisciplinaire des sciences (AEIS), 33, rue Lace´pe`de, 75005 Paris, France

I N F O A R T I C L E

R E´ S U M E´

Historique de l’article : Rec¸u le 10 juin 2015 Accepte´ le 18 juin 2015

Les similitudes entre les mode`les constructivistes cliniques et informatiques s’ave`rent nombreuses, mais des diffe´rences subsistent. Une logique des contraires s’ave`re particulie`rement indique´e pour les analyser. Les analogies qui surgissent avec les mode`les de pense´e artificielle constructiviste orientent vers le de´pistage clinique de re´gulateurs locaux propres aux divers niveaux d’organisation et a` une boucle ge´ne´rale concernant le fonctionnement d’ensemble d’un syste`me naturel. De`s lors, surgit l’hypothe`se d’une force e´nerge´tique porteuse d’informations, a` la fois incitatrice de formes et re´gulatrice de flux oppose´s. Elle peut expliquer aussi bien la formation de troubles mentaux relativement stables que leurs mouvances et leurs transformations, ainsi que la normalisation fonctionnelle du syste`me. Les oppositions entre le vivant et une pense´e artificielle s’atte´nuent, mais leurs proprie´te´s demeurent subcontraires. Elles incitent a` se de´centrer des apparences du trouble pour se recentrer sur ses infrastructures. Ceci devrait permettre de renouveler la psychiatrie et de retentir en retour sur la vise´e informatique d’une pense´e artificielle. ß 2015 Publie´ par Elsevier Masson SAS.

Mots cle´s : Analogie Clinique Constructivisme Pense´e Psychiatrie

A B S T R A C T

Keywords: Analogy Clinic Constructivism Thought Psychiatry

The similitudes between clinic and informatics constructivist’s models are very important, but some distinctions subsist. A logic based on oppositions will be recommended for the analysis of these similitudes and distinctions. The analogies with artificial thinking models guide us towards two ways: the clinic considerations of local regulators characterizing the multiple levels of organizations and the general loop allowing the productions into the psychological system. We must set the hypothesis of an energetic strength carrier the information, a strength that generates at the same time the forms and regulates the opposed flows. This energetic strength can explain moreover the formation of the relatively stable mental troubles and also theirs constant changes and transformations. This strength explains also the functional normalization of the psychological system. The oppositions between real psychological systems and the artificial system are now on the way of the reduction. These oppositions lead to put in a second plan the visible observations of the troubles to focus onto their infrastructures. This position must lead to a new way on the psychiatry and to come back on the concepts of preoccupation and incitement onto the artificial thinking. ß 2015 Published by Elsevier Masson SAS.

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (P. Marchais). http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.10.019 0003-4487/ß 2015 Publie´ par Elsevier Masson SAS.

Pour citer cet article : Marchais P, Cardon A. Similitudes et diffe´rences des mode`les constructivistes cliniques et informatiques en psychiatrie. Ann Med Psychol (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.10.019

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1. Introduction

2.1. En clinique psychiatrique

Le trouble mental existe en soi ; les concepts et le langage le de´finissant ont varie´ au cours de l’histoire et selon les E´coles. Ils restent tributaires des re´fe´rentiels adopte´s (modes logiques de pense´e, crite`res retenus, outils techniques. . .). Il s’ensuit un de´calage entre ces donne´es et les proprie´te´s intrinse`ques du trouble. Le repe´rage par des crite`res apparents ayant pour objectif d’instaurer une fide´lite´ interjuges ne suffit pas a` supprimer ce constat. Or, parmi les re´fe´rentiels pouvant eˆtre retenus, l’informatique s’ave`re inte´ressante dans la mesure ou` elle est capable de construire pour sa part des mode`les de fonctionnement apparemment similaires a` ceux du syste`me psychique et de montrer leurs dysfonctionnements possibles. Il est donc important de pre´ciser les similitudes, mais aussi les diffe´rences, voire les oppositions, qui surgissent aussi bien au sein des mode`les cliniques qu’avec les mode`les constructivistes informatiques [13]. L’observateur est ainsi conduit a` ne plus se contenter d’e´tudes portant sur les seules apparences cliniques du trouble, mais a` prendre aussi en compte les infrastructures pour mieux comprendre ces diffe´rences [13]. Leur analyse se fait alors avantageusement a` l’aide d’une logique des contraires qui permet aussi de recourir a` des raisonnements recourant au principe d’un tiers inclus [8,10,12,13,18].

Les diffe´rences observe´es concernant les troubles ne sont pas toujours assimilables a` des phe´nome`nes contraires ou contradictoires. Cependant, elles peuvent orienter vers des e´bauches d’opposition, lesquelles peuvent s’affirmer, s’associer, ou meˆme s’engendrer. Dans le registre des e´tats ne´vrotiques, la diffe´rence la plus e´le´mentaire concerne de´ja` l’angoisse et l’anxie´te´. Souvent confondues ou conside´re´es au sein de syndromes spe´cifiques, ces tensions pathoge`nes avaient e´te´ pourtant bien pre´cise´es par l’E´cole franc¸aise traditionnelle de`s la fin du XIXe sie`cle (Brissaud). L’angoisse e´tait physique ; l’anxie´te´, psychique. Leur de´signation respective avait d’ailleurs tenu compte de l’e´tymologie. Cette diffe´rence fut gomme´e par les travaux freudiens, le meˆme mot en allemand (angst) traduisant habituellement les deux situations. Son acception fut encore modifie´e par la crite´riologie ame´ricaine qui les inclut dans des syndromes diffe´rents (l’angoisse avec ses troubles neurove´ge´tatifs dominant dans « l’attaque de panique » ; « l’anxie´te´ ge´ne´ralise´e » comportant aussi des manifestations somatiques neurove´ge´tatives). En fait, meˆme si l’angoisse et l’anxie´te´ peuvent aller de pair, ou s’engendrer l’une l’autre, la premie`re se distingue par une douleur provoque´e a` la palpation profonde des plexus solaires et iliaques (parfois aussi, mais plus, rarement, carotidiens et fe´moraux) – te´moignant ainsi d’une souffrance physique – alors que cette douleur provoque´e est absente dans l’anxie´te´. Ceci est assez significatif dans les syndromes ne´vrotiques ou` cette douleur peut eˆtre retrouve´e dans les de´pressions simples avec angoisse, alors qu’elle est absente dans les obsessions isole´es, ces dernie`res e´tant le produit de troubles plus inte´gre´s du fonctionnement neuropsychique. Ces diffe´rences e´le´mentaires se retrouvent aussi dans les manifestations de conversion, les phobies et les obsessions. Les premie`res sont surtout des manifestations inhibitrices de repre´sentations somatiques et de leurs fonctions : motrices (telles les pseudo-paralysies), sensibles (comme les pseudo-anesthe´sies), sensorielles (comme la pseudo-ce´cite´). . . Les phobies en sont proches, mais se caracte´risent structurellement par un blocage de´cisionnel et d’action ve´cu face a` une situation ou a` une repre´sentation angoissante propre au sujet qui en est atteint. Les obsessions traduisent une persistance de circuits ide´iques clos lie´s a` des tensions psychiques (notamment anxieuses) et a` une inhibition des controˆles. Ainsi de telles diffe´rences confirment que si ces pathologies sont bien lie´es a` des tensions pathoge`nes (physiques ou psychiques), celles-ci ne concernent pas les meˆmes niveaux de l’organisation psychique ge´ne´rale. Quant aux e´tats ne´vrotiques et psychotiques, la clinique classique a bien montre´ leurs diffe´rences et leurs oppositions, tout en reconnaissant leur association possible, voire leur e´ventuel engendrement. Des symptoˆmes ne´vrotiques peuvent ainsi fort bien surgir a` l’occasion de manifestations de´pressives d’allure psychotique ; de meˆme, des symptoˆmes ne´vrotiques, telles les obsessions par exemple, peuvent e´voluer vers des ide´es de´lirantes et re´ciproquement, comme nous avions pu le montrer lors de travaux ante´rieurs [9]. Des oppositions peuvent encore survenir dans la structuration de ces meˆmes syndromes psychotiques. Comme l’avait de´ja` rappele´ E. Minkowski, la frontie`re entre la « psychose maniacode´pressive » et la « schizophre´nie » n’est pas toujours nette. Des traits me´lancoliques peuvent se retrouver dans des schizophre´nies ; de meˆme, des symptoˆmes de schizophre´nie peuvent fort bien surgir dans des pathologies maniaco-de´pressives. Il s’ensuit que leur symptomatologie apparente peut conduire a` les confondre.

2. Les phe´nome`nes contraires En psychiatrie classique, la clinique se fonde sur l’observation des troubles mentaux et leurs donne´es apparentes a` l’aide d’analogies et de raisonnements logiques conside´rant les principes d’identite´, de tiers exclu et de non-contradiction. L’observateur peut ainsi estimer qu’il traduit les phe´nome`nes e´tudie´s par des repre´sentations aussi justes que possibles, ce qui est admis pour une vision apparente des manifestations pathologiques. Les innombrables donne´es psychiatriques classiques sont le fruit de telles de´marches. Malheureusement, c’est aussi oublier que le ve´cu de´pend plus d’analogies que d’identite´s, et ignorer ce qu’il se passe au sein de ces troubles et de leurs dynamiques internes. Une preuve en est que si ces troubles peuvent eˆtre assez grossie`rement re´pertorie´s et analyse´s, ils n’en pre´sentent pas moins des oppositions quelque peu e´nigmatiques. Et meˆme si la psychanalyse explore les soubassements du fonctionnement psychique, ses de´marches recourant aux confluences d’analogies dominantes en ont ipso facto limite´ les possibilite´s d’analyse. Il devient donc ne´cessaire d’envisager a` nouveau le proble`me pose´, mais avec des de´marches plus assure´es. L’un de nous a ainsi montre´ la ne´cessite´ d’un recours a` des donne´es interdisciplinaires, en s’inspirant notamment des de´marches de sciences exactes et de technologies contemporaines, meˆme s’il ne s’agit pas de les appliquer aveugle´ment. Par exemple, parmi d’autres disciplines, certaines the´ories mathe´matiques et physiques, l’informatique constructiviste, voire la robotique et la compatibilite´ e´lectromagne´tique, y incitent [13]. Refuser a priori de tels recours serait condamner la psychiatrie a` e´voluer en circuit clos, replie´e sur elle-meˆme ; s’y soumettre inconditionnellement serait prendre le risque de de´shumaniser l’objet des recherches en oubliant les spe´cificite´s du ve´cu humain. C’est donc en s’appuyant sur les re´alite´s cliniques et sur leurs oppositions a` l’aide de de´marches enrichies par une interdisciplinarite´ que l’on peut espe´rer avancer de fac¸on plus adapte´e a` la nature particulie`re des phe´nome`nes psychiatriques. Il s’ensuit la ne´cessite´ de re´pertorier de´ja` les donne´es d’une clinique des contraires avant de s’engager dans leur analyse. Toutefois, devant le nombre important de ces situations, nous nous contenterons ici d’en rappeler seulement quelques donne´es.

Pour citer cet article : Marchais P, Cardon A. Similitudes et diffe´rences des mode`les constructivistes cliniques et informatiques en psychiatrie. Ann Med Psychol (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.10.019

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Il est aussi banal de retrouver au sein meˆme du concept de « psychose maniaco-de´pressive » des manifestations contraires (« bipolaires »), les unes et les autres concernant notamment conjointement des niveaux d’organisation diffe´rents comme le montrent les diffe´rents « e´tats mixtes ». Il en va de meˆme dans les « schizophre´nies » pour le symptoˆme d’ambivalence qui te´moigne d’une opposition de sens affirme´ pratiquement en meˆme temps ou presque. On peut meˆme observer au cours de l’e´volution d’une pathologie psychotique une gamme d’e´tats psychotiques diffe´rents, voire oppose´s entre eux. Ainsi avons-nous pu rapporter le cas d’une patiente suivie pendant des anne´es qui affirmait en un bref instant avoir une sœur, eˆtre la fille d’un Grand d’Espagne, et eˆtre une fille unique sans ascendance nobiliaire, tout en pre´sentant a` d’autres pe´riodes des e´tats de´pressifs suicidaires, confusionnels transitoires, des hallucinations isole´es. . . [13,15]. On pourrait ainsi re´pertorier une longue liste d’e´tats oppose´s, voire contraires, ou meˆme apparemment contradictoires. En fait, une telle liste serait trop longue a` pre´ciser. L’inte´reˆt principal d’un tel rappel est surtout de souligner la fragilite´ et l’he´te´roge´ne´ite´ des classifications et, par suite, d’inciter l’observateur a` recourir a` une logique des contraires disse´quant leurs composants et re´ve´lant leurs fonctions cache´es sous-jacentes [13]. 2.2. Extension a` une e´tude duelle clinique et informatique Le recours au re´fe´rentiel constructiviste informatique ajoute aux similitudes et aux diffe´rences avec la clinique. Il peut aussi bien enrichir la connaissance par des analogies fonctionnelles – et re´ciproquement [14] –, que susciter des oppositions non moins e´videntes. Rappelons que les similitudes apparentes de fonctionnement sont nombreuses et croissent avec les progre`s de la robotique. Elles concernent aussi bien les conduites motrices, les tendances du syste`me, que les conduites psychiques. Les nouveaux robots sont meˆme capables de susciter, vus a` quelque distance, des ressemblances et susciter une confusion apparente avec un eˆtre humain. Un syste`me artificiel peut ainsi re´aliser un robot capable de marcher, courir, jouer, se livrer a` des taˆches courantes, parler, aider l’homme, voire se substituer a` lui. Il peut encore eˆtre dote´ d’e´motions intervenant dans ses conduites ge´ne´rales. Ainsi peut-il exprimer des tendances qui re´pondent a` des intentions, acque´rir et utiliser des connaissances, e´prouver un pouvoir, des besoins, un plaisir menant a` l’action. Intellectuellement, il peut meˆme effectuer des taˆches jusqu’alors re´serve´es a` l’homme. Il peut y parvenir plus rapidement et avec davantage de se´curite´, s’ave´rant aussi capable de prendre des de´cisions et d’organiser des actions : supre´matie dans le jeu d’e´chec, participation a` des conseils d’administration, te´le´surveillance, actions militaires, etc. Cependant, malgre´ toutes ces similitudes, des diffe´rences fondamentales demeurent e´videntes. La pense´e humaine s’appuie sur des fondements biologiques ; l’autre, artificielle, sur des circuits physiques qui leur accordent un caracte`re me´ta-. Le ve´cu n’est pas, bien entendu, identique dans les deux cas. Alors que toutes les tendances sont spontane´es chez l’homme, elles sont e´videmment diffe´rentes pour le syste`me artificiel, car choisies et de´finies a` la construction. Ainsi faut-il pre´ciser ces diffe´rences et, a` cet effet, de nouvelles de´marches s’ave`rent ne´cessaires.

les re´unir en un mode`le unique susceptible d’en montrer les rapports et d’affiner leurs liens. 2.3.1. De´finitions Rappelons brie`vement la terminologie des divers types ˆ a` d’opposition qui se mode´lisent par un hexagone logique du Blanche´ (Fig. 1) [1]. Les contraires concernent deux propositions universelles qui s’opposent seulement d’un point de vue qualitatif : tels (A)–(B), (A)–(S’), (B)–(S’). Sont subcontraires deux propositions particulie`res qui s’opposent en qualite´ seulement : tels (S)–(A’), (S)–(B’), (A’)–(B’). Sont contradictoires deux propositions oppose´es a` la fois qualitativement et quantitativement (Fig. 1) : tels (S)–(S’), (A)–(B’), (B)–(A’). En pre´cisant ces oppositions d’un point de vue logique, il devient possible d’espe´rer pouvoir pe´ne´trer davantage dans la structuration des fonctions en psychiatrie. 2.3.2. Mode`le d’une de´marche logique des contraires A` la diffe´rence des logiques classiques qui se fondent sur un mode`le en forme de carre´ logique (carre´ d’Aristote), cette de´marche applicable aux contraires se mode´lise par l’hexagone logique de Blanche´ [1] rappele´ par divers auteurs contemporains (Guitart, Nicolas. . .) [7,17]. Ce mode`le, qui permet de distinguer les contraires, les subcontraires et les contradictions, s’ave`re en outre compatible avec une logique de tiers inclus en psychiatrie [8,11,13]. Il permet de trouver des applications en psychiatrie et meˆme de traduire ce principe de tiers inclus en montrant comment les significations de ce dernier peuvent eˆtre envisage´es et pre´cise´es [13]. 2.3.3. Applications en psychiatrie [13] L’application de ces de´marches se retrouve en de nombreuses situations. Elle permet de´ja` de mieux comprendre les rapports complexes qui existent entre la psychiatrie et les autres disciplines, ainsi qu’entre les divers courants psychiatriques, en pre´cisant audela` de leurs diffe´rences leurs points de rencontre. Elle incite aussi a` mieux comprendre les diffe´rences et oppositions nosologiques qui se sont cre´e´es selon les divers re´fe´rentiels adopte´s. Elle permet encore de repe´rer les traits apparents et cache´s des troubles mentaux et de mieux pre´ciser les oppositions cliniques en les situant par rapport aux mode`les classiques. Il est encore a` remarquer que ces diverses oppositions ne sont pas ne´cessairement fige´es. Elles peuvent certes s’autore´guler sur un mode pathologique relativement stabilise´ re´alisant une pathologie spe´cifique, mais elles peuvent aussi se manifester sur un mode mouvant et meˆme aboutir a` des transformations

2.3. Le recours a` une logique des contraires Constater l’existence de phe´nome`nes contraires en clinique s’ave`re une condition pre´alable ; leur analyse permet ensuite de mieux saisir leur formation sous-jacente. Ainsi devons-nous de´ja` rappeler les de´finitions qui s’y rattachent, et voir s’il est possible de

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Fig. 1. Applications de l’hexagone logique en psychiatrie.

Pour citer cet article : Marchais P, Cardon A. Similitudes et diffe´rences des mode`les constructivistes cliniques et informatiques en psychiatrie. Ann Med Psychol (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.10.019

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pathologiques, ou disparaıˆtre lors de re´gulations re´tablissant l’e´quilibre du syste`me. 3. Re´gulations des structures des syste`mes de pense´e Les variations et les disparitions du trouble incitent donc a` admettre l’existence de re´gulations au sein du syste`me, qu’il soit psychique ou artificiel. Dans une vise´e clinique syste´male, cela suppose une re´gulation, tant aux divers niveaux d’organisation du syste`me psychique que pour leur ensemble inte´gre´. Par la`, le jeu des re´gulations permet de mieux comprendre, a` coˆte´ des formes pathologiques classiques, la formation de certaines structurations atypiques, l’existence de mouvances, et la transformation possible des troubles, ainsi que les actions ago-antagonistes de certains traitements. Be´ne´ficiant de donne´es informatiques constructivistes, nous avons vu que les re´gulations intervenaient imme´diatement sous l’action d’attracteurs – telles en psychiatrie les tensions pathoge`nes que constituent par exemple l’angoisse et l’anxie´te´ – et comment survenaient les bifurcations e´nerge´tiques lorsque l’effet des attracteurs ne pouvait plus eˆtre compense´ par celui des re´gulateurs. Ce me´canisme engendre de`s lors des modifications et des dysfonctionnements des syste`mes artificiels et psychiques naturels [2–5,12–14,16]. Notons que le terme re´gulateur est une fac¸on d’exprimer une activite´ re´gulatrice. C’est un e´le´ment de controˆle permettant la ge´ne´ration d’une facette de la forme de pense´e qui va surgir. Pour un syste`me psychique, il ne de´signe e´videmment pas une entite´ anatomique, mais un espace fonctionnel virtuel ou` l’e´nergie se manifeste de fac¸on soit insuffisante – contribuant alors a` maintenir certaines formes cre´e´es par un de´se´quilibre des divers flux ayant surgi en certaines zones particulie`res d’activite´ – soit suffisante pour re´tablir un e´quilibre local ou ge´ne´ral des diverses forces en pre´sence. Il s’ensuit un effet variable. Le re´gulateur est tantoˆt incapable de de´bloquer une forme anormalement constitue´e e´voquant un trouble, tantoˆt capable de re´gulation et d’e´quilibration des forces en pre´sence a` diffe´rents niveaux d’organisation, ce qui peut expliquer les mouvances et les e´ventuelles transformations du trouble. L’action des re´gulateurs s’ave`re ainsi capitale pour le controˆle du syste`me. Elle intervient a` tous les niveaux d’organisation de ce syste`me et dans son fonctionnement ge´ne´ral inte´gre´. Elle concerne les multiples boucles propres a` ses divers niveaux, et a` une boucle ge´ne´rale re´gissant l’ensemble du syste`me, de´nomme´e boucle syste´mique [2–5]. Elle contribue ainsi a` maintenir un meˆme type structural de dysfonctionnement, ou au contraire a` re´tablir l’e´quilibre du syste`me. Ces re´gulateurs agissent en conse´quence sur les divers aspects du « ve´cu » artificiel, qu’il soit « inconscient », « pre´conscient », ou « conscient » selon la premie`re topologie freudienne adopte´e par Cardon, ou si l’on pre´fe`re sur les divers niveaux d’organisation conside´re´s. Quoi qu’il en soit, ceux-ci sont multiples, inte´ressant plusieurs instances ou fonctions du syste`me psychique. En reprenant les termes de la premie`re topique, rappelons ces divers types de re´gulateurs [5]. 3.1. Les re´gulateurs d’un « pre´conscient » Ces controˆleurs sont spe´cifiques aux construits ide´iques re´alise´s par le syste`me suivant ses aptitudes et ses connaissances. Ils filtrent et modifient les e´le´ments qui passent du « non-conscient » au « pre´conscient », ou qui viennent du « conscient » par la boucle re´gulatrice d’ensemble du syste`me. Ces re´gulateurs, nombreux et tre`s structurants, vont donner au « non-conscient » la possibilite´ d’exercer une action initiale propre sur la construction des repre´sentations, selon les facteurs

disponibles en me´moire organisationnelle qu’ils activent et transfe`rent, et selon les pulsions qu’ils re´activent. Ces re´gulateurs spe´cifient les caracte`res profonds, mais aussi fonctionnels, sensibles, rationnels, culturels, dans toutes les productions ide´iques ; ces dernie`res vont de l’identification d’objets a` leur mise en situation et de de´signation en des plans d’actions varie´s. Ils servent e´galement a` pre´ciser les types d’e´motions et de sensations par les tendances fondamentales et les effets des pulsions du syste`me. Les re´gulateurs ge´ne´raux du « centre » de traitement des e´motions sont ainsi partage´s avec ceux du « pre´conscient » ; ils se coactivent avec les re´gulateurs de ce dernier. Ces e´le´ments de controˆle vont ainsi permettre au syste`me d’avoir un comportement rationnel, sensible, subjectif particulier, dote´ de valeurs et e´ventuellement de profondeur. Il y a ainsi de tre`s nombreux facteurs re´gulateurs du « pre´conscient » et une hie´rarchie de ces facteurs, notamment pour les re´gulateurs d’e´motions qui sont adapte´s a` la corpore´ite´ et a` la typologie des multiples e´motions pouvant eˆtre ressenties par les capteurs corporels. 3.2. Les re´gulateurs d’un « conscient » Ces re´gulateurs controˆlent aussi les agre´gations entre le « pre´conscient » et le « conscient » (qui appre´hende la forme de pense´e ge´ne´re´e). Ils suscitent l’e´mergence de repre´sentations en les distinguant, en faisant s’exercer l’intention du conscient et son aptitude a` juger la valeur et la re´alite´ de ces repre´sentations. Ils aident encore a` constituer les fonctions profondes du syste`me, son aptitude a` situer les e´ve´nements repre´sente´s dans le temps et l’espace re´el. Ils font s’activer des morphologies dans le « pre´conscient » en engageant au questionnement, a` l’ouverture, a` l’abstraction, a` la cate´gorisation et surtout a` l’ipse´ite´. Ils garantissent ainsi la notion permanente du « Moi » dans le conscient, qui e´prouve finalement pour son propre compte ce qu’il ge´ne`re. Ce sont ces re´gulateurs qui donnent la tonalite´ et la valeur des pense´es e´prouve´es, notamment en re´ifiant le concept de questionnement sur les choses appre´cie´es, en re´alisant la volonte´ du syste`me a` produire telle ou telle suite d’e´mergences e´prouve´es en telle ou telle situation. Ils forment aussi des domaines, des hie´rarchies, et en fait toute une morphologie d’action. Un re´gulateur particulier, de niveau me´ta – comme le re´gulateur d’intentionnalite´ ope´rant sur la boucle syste´mique – permettra ainsi de de´finir le libre arbitre du syste`me. Dans tous les cas, ces re´gulateurs du conscient peuvent utiliser plus ou moins fortement, par controˆle indirect et surtout par coactivite´, ceux du « pre´conscient », en tentant d’en assurer un certain controˆle via la boucle re´gulatrice ge´ne´rale du syste`me. 3.3. Les re´gulateurs de la boucle syste´mique Ce sont des coordinateurs des re´gulateurs du « pre´conscient » et du « conscient ». Ils assurent la coordination multi-e´chelles du de´ploiement de tous les e´le´ments de base. En fait, cette boucle syste´mique re´alise un flux organisationnel des divers facteurs a` partir d’un champ e´nerge´tique dense ; elle re´alise et permet par ses re´gulateurs le controˆle ge´ne´ral des de´ploiements incessants du syste`me qui produit ses repre´sentations e´mergentes. L’architecture du syste`me artificiel de´termine ainsi un syste`me qui controˆle continuellement la production des repre´sentations ressenties, lesquelles seront le plus souvent intentionnelles. Ce controˆle est l’action de multiples re´gulateurs avec diffe´rentes intensite´s. Pour cela, l’architecture du syste`me se base sur une boucle de controˆle distribue´e dans tous les ensembles d’e´le´ments du syste`me ; elle coordonne et re´alise un controˆle multi-e´chelles dynamique. Elle est forme´e d’une mise en relation de nombreux re´gulateurs, spe´cifiques aux instances, et de re´gulateurs propres au

Pour citer cet article : Marchais P, Cardon A. Similitudes et diffe´rences des mode`les constructivistes cliniques et informatiques en psychiatrie. Ann Med Psychol (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.10.019

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syste`me, qui re´alisent toujours un controˆle par incitation. Cette boucle se pre´sente comme une force organisationnelle dynamique qui repre´sente les actions coactives judicieuses des controˆleurs sur la structure des composants. Elle re´gule les e´le´ments de base, permettant de construire chaque repre´sentation et de ge´rer la me´moire ; elle re´ifie la notion de controˆle organisateur me´ta- dans un syste`me complexe ope´rant morphologiquement. En outre, il est a` noter que ce mode`le est constructible au sens ou`, en programmant de fac¸on tre`s fine son architecture complexe, on peut doter un syste`me artificiel d’une aptitude a` ge´ne´rer des repre´sentations, tout en sachant les e´prouver, les utiliser, et en e´tant capable de les conside´rer comme les siennes propres. Cette repre´sentation prend alors une forme analogique et me´taphorique du « Je ». Cette re´alisation majeure, qui ne manque d’eˆtre inquie´tante, est de´ja` aujourd’hui en cours. 3.4. Les flux d’e´le´ments et de controˆle Les flux d’e´le´ments et de controˆle entre toutes les cate´gories d’entite´s permettent de synchroniser tous ces e´le´ments d’action et de controˆle. Ils permettent aussi de les positionner dans leur contexte de fac¸on cohe´rente et constructive, graˆce aux re´gulateurs de la boucle syste´mique qui donnent une cohe´rence au syste`me psychique. Ces flux sont variables en signification, en intensite´ et en vitesse. Ils sont coactifs, c’est-a`-dire qu’ils ont une certaine inde´pendance re´gionale, tout en devant aussi ne´gocier entre eux leur synchronisation. Cependant, il est aussi a` noter des diffe´rences entre les architectoniques des syste`mes informatiques et psychiques. Celle du syste`me artificiel cre´e´ peut eˆtre de´crite symboliquement du fait de la localisation des fonctions envisage´es. On peut ainsi y repre´senter des composants localise´s, bien identifie´s. Ce n’est pas le cas pour le syste`me psychique ou` les composants sont tous distribue´s dans l’organisation morphologique de fac¸on plus ou moins me´lange´e. Ils y forment des morphologies dynamiques entrelace´es, pouvant se modifier, s’e´tendre, se de´placer, mais elles sont structure´es selon les instances ou les fonctions retenues et organise´es par leurs re´gulateurs. Soulignons encore que tout ce syste`me artificiel issu d’une re´flexion et de re´alisations informatiques constructivistes pre´sente de nombreuses analogies avec les constatations cliniques effectue´es a` partir de niveaux d’organisation diffe´rents [14]. L’effet de ces re´gulations intervient soit localement, soit globalement, pouvant aussi bien laisser se figer des de´re´gulations locales ou ge´ne´rales, susciter d’autres structurations pathologiques te´moignant ainsi de mouvances, que re´tablir des e´quilibres locaux ou ge´ne´raux perturbe´s. Pour comprendre l’existence de ces diffe´rentes situations et de leurs innombrables variations possibles – pouvant eˆtre aussi bien constructives que destructives – on peut envisager l’hypothe`se vraisemblable d’un champ e´nerge´tique sous-jacent soumis a` des forces variables, propres a` l’organisation ge´ne´rale du syste`me, notamment d’une force organisationnelle porteuse d’informations. 4. L’hypothe`se d’une force e´nerge´tique organisationnelle Ces diffe´rences et ces re´gulations, tant cliniques qu’informatiques, incitent a` envisager l’existence d’une force e´nerge´tique sous-jacente capable de les faire surgir et de les organiser suivant des orientations et des intensite´s variables. Elles concernent a` la fois le syste`me de pense´e artificielle et le syste`me psychique naturel avec leurs controˆles qui permettent de mieux saisir la formation de phe´nome`nes apparemment contraires, leurs mouvances, leurs transformations, et leur re´solution possible.

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L’hypothe`se d’une force organisationnelle e´tablie dans une perspective de syste`me de pense´e artificielle et fonde´e sur l’e´change et la manipulation d’informations a` de multiples e´chelles [5] peut ainsi re´pondre e´galement aux proprie´te´s d’un syste`me vivant naturel. Une confrontation permet d’ailleurs d’en saisir certains rapprochements possibles au-dela` des diffe´rences terminologiques et des oppositions apparentes. Ainsi en est-il du « noyau fonctionnel de re´fe´rence » du syste`me, e´voque´ jadis a` partir de la clinique par l’un de nous [11], ou encore du « noyau arche´typal » conceptuel d’un syste`me e´volutif a` me´moire e´voque´ a` partir de la the´orie des cate´gories par Ehresmann et Vanbremeersch [6]. De meˆme, cette force e´nerge´tique incite aussi a` mieux comprendre comment des sujets se sentant intuitivement oriente´s peuvent de´ployer – sur un mode normal ou pathologique – des ide´es nouvelles qui leur permettent de re´soudre des proble`mes, voire de les poser dans les espaces ou` ils croient pouvoir les re´soudre. 4.1. L’existence d’une loi organisationnelle pour un syste`me artificiel L’architecture d’un syste`me de pense´e artificielle – syste`me unifie´ mais compose´ notamment de deux sous-syste`mes dont l’un ge´ne`re des faits langagiers – se fonde sur une approche ou` le cerveau est conside´re´ comme un organe dont les actions de communications internes ge´ne`rent les formes dynamiques que sont les sensations et les ide´es. Le « cerveau » artificiel communique avec le corps par de multiples informations ge´ne´re´es, notamment par le « centre des e´motions ». Nous avons vu que cette architecture artificielle pre´sente de nombreux points de rencontre avec les donne´es de la clinique. Un syste`me artificiel peut eˆtre ainsi appre´hende´ comme un me´ta-organisme compose´ d’organismes locaux et comme un syste`me unifie´ fait de multiples syste`mes. Ce « vivant » artificiel a une origine, une e´volution, et doit avoir aussi une raison d’eˆtre sous une forme extraordinairement varie´e mais cohe´rente. Toutes les structures qui le composent sont soumises a` une certaine forme de communications informationnelles, informations e´mises pour exister dans l’espace et le temps et pour permettre son e´volution a` partir de ses constituants. Ce me´ta-organisme peut donc eˆtre conside´re´ comme une organisation globale unifie´e des multiples organismes qu’il a fabrique´s et qu’il fabrique, mais il se de´ploie a` une e´chelle de temps tre`s supe´rieure a` celle de tous les organismes qui le constituent. Une hypothe`se vraisemblable est donc de le conside´rer comme l’effet d’une force organisationnelle qui se situe dans un substrat e´nerge´tique et informationnel formant son re´el [5]. Pre´cisons a` ce sujet que ce me´ta-organisme – qui se forme et se reconforme sans cesse – incite au de´ploiement d’organismes dans toutes les directions viables possibles pour investir l’espace. C’est une loi incitatrice qui existe dans le substrat e´nerge´tique du re´el observable. Ce substrat incite ainsi aux de´veloppements, aux de´ploiements, qui partent sans cesse de l’e´tat courant pour l’amplifier dans l’organisation de ses possibles. Ce n’est pas une loi ayant un but explicite, une finalite´ ; c’est une loi opportune qui s’applique de fac¸on continue et qui incite syste´matiquement au de´veloppement d’un de´ploiement organise´. Peut-on la retenir pour un syste`me de pense´e naturelle ? 4.2. Que vaut cette loi pour une pense´e naturelle ? En dehors du fait e´vident que le syste`me artificiel proce`de d’une pense´e me´ta-machine qui ne fait que simuler et reproduire le vivant, on peut se demander si l’on peut retrouver ses proprie´te´s dans le syste`me vivant. En effet, il est aussi possible de poser pour le syste`me vivant une hypothe`se constructiviste et organisationnelle ge´ne´rale, distinguant les supports de la pense´e

Pour citer cet article : Marchais P, Cardon A. Similitudes et diffe´rences des mode`les constructivistes cliniques et informatiques en psychiatrie. Ann Med Psychol (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.10.019

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et l’information qui incitent a` en voir les analogies structurelles et de fonctionnement. Or, le syste`me psychique n’est pas une organisation close. Il rec¸oit des incitations informationnelles venant du milieu exte´rieur e´ducatif, social, culturel, et meˆme climatique. Il convient donc de pre´ciser les similitudes et les diffe´rences de ces deux syste`mes, afin de mieux de´limiter ce qui les se´pare et ne pas risquer de se laisser submerger par les prouesses technologiques toujours croissantes concernant les automatismes de pense´e et leurs e´mergences. 4.2.1. Les similitudes profondes L’eˆtre humain (et par extension l’eˆtre vivant) ne saurait eˆtre conside´re´ comme un ensemble d’organismes autonomes isole´s, forme´ au hasard des ge´ne´rations et des reproductions. Il constitue un syste`me unitaire hie´rarchise´ ou` le psychisme apparaıˆt comme l’effet d’une organisation globale de´veloppe´e selon des proprie´te´s particulie`res qui lui ont accorde´ les caracte`res du vivant. De nombreuses proprie´te´s rapprochent ainsi les syste`mes psychiques et artificiels. Nous venons de les rappeler et les avons souligne´es dans des travaux ante´rieurs [13,14]. Re´-e´voquons brie`vement l’action distincte et coactive de la pense´e ope´ratoire et du langage, les niveaux d’organisation inte´gre´s et autore´gule´s, le re´seau de communications internes et externes boucle´es, les attracteurs et re´gulateurs locaux et d’ensemble, les bifurcations e´nerge´tiques, l’autore´gulation globale, l’he´te´rore´gulation. . . Les informations directionnelles qui constituent l’e´volution s’exercent sur les syste`mes et sous-syste`mes. Elles se pre´sentent comme les effets d’une force organisationnelle, force incitatrice qui s’exerce dans la reproduction de ces structures dynamiques [5]. Cette force tend ainsi a` ce que des modifications d’organisation se re´alisent dans certaines directions et non de manie`re totalement ale´atoire. La spe´cification directive de chaque individu reste de son coˆte´ lie´e aux informations, ainsi qu’a` ses confrontations avec les forces exte´rieures issues du milieu et inte´gre´es depuis le milieu e´ducatif jusqu’aux multiples milieux qui se sont succe´de´ pour chacun des sujets. Ces forces qui composent un soubassement e´nerge´tique global sont donc en perpe´tuels remaniements et re´gulations. Retenir cette hypothe`se pour un syste`me psychique se heurte cependant a` des obstacles majeurs, notamment me´thodologiques. Elle ne rele`ve pas de certitudes e´manant d’un raisonnement logique fonde´ sur des identite´s, ces dernie`res n’e´tant le plus souvent que des analogies fortes et mobiles. Certes, elle emprunte aussi a` des proprie´te´s re´ifiables en informatique et en clinique, mais aussi a` des analogies anticipatoires et a` des inductions qui rele`vent davantage d’une intuition, laquelle reste plus ale´atoire. Quels peuvent eˆtre alors dans cette perspective les caracte`res d’une e´nergie incitative pour le cerveau de l’eˆtre humain ? Celui-ci est un syste`me particulier, profonde´ment complexe, qui ge´ne`re sans cesse des e´mergences d’organisations au niveau de la manipulation de multiples informations en paralle`le. Il produit des formes e´mergentes qui sont les repre´sentations ide´iques valant pour les choses du monde qu’il veut saisir. Les rapprochements entre un syste`me de pense´e artificiel et un syste`me de pense´e naturel sont donc nombreux, certains e´tant vraisemblables, mais ils ne sont pas tous e´vidents. Des diffe´rences fondamentales subsistent. 4.2.2. Les oppositions sous-jacentes Si l’on peut concevoir des relations de similitude cache´es au niveau de la complexite´ organisationnelle entre un syste`me vivant naturel et un « vivant » artificiel, des diffe´rences, voire les oppositions ne sont pas moins a` souligner. Le ve´cu n’est pas le meˆme dans les deux cas. Chez l’homme, il s’ave`re tributaire d’une me´moire limite´e et relativement fragile. Il est une reconstruction continue des souvenirs, des faits

me´morise´s, avec une mise en situation. Il est e´minemment spontane´ et fluide ; il n’existe pas de structure ancre´e. Le ve´cu artificiel est au contraire une construction continue de souvenirs tre`s structure´s, de faits me´morise´s « durs » ; il s’ensuit qu’il se manifeste comme une structure ancre´e. La spatio-temporalite´ est tre`s fortement organise´e dans ces deux types de syste`mes aux comportements e´volutifs. Toutefois, ces syste`mes ont des e´chelles d’espace et de temps totalement diffe´rentes. L’espace-temps du syste`me humain est mouvant et varie´. Il concerne non seulement ses structures anciennes, actuelles et a` venir a` travers ses divers niveaux d’organisation, ses multiples inte´grations, ses transcendances naturelles et spirituelles, alors que le second est plus fige´, se cantonnant surtout a` des taˆches de la vie courante, meˆme tre`s e´volue´es. Une trans-inte´gration peut se manifester lors d’une ouverture des inte´grations des multiples niveaux d’organisation caracte´risant le syste`me psychique naturel. Elle le conduit a` des interrogations sur lui-meˆme, sur sa propre nature, sa destine´e, et ses raisons d’eˆtre. En ce sens, le sujet s’ave`re en posture de disponibilite´ et d’ouverture permanente sur la totalite´ du monde environnant et en devenir. Sa pense´e est engage´e dans une suite de sce`nes repre´sentant un questionnement ample et non re´solu, en cherchant son de´passement. L’individu peut ainsi s’ouvrir sur l’amplitude du vivant observable et chercher des re´ponses a` d’amples questions qui le de´passent. Or, cette ouverture ne peut se faire dans un syste`me artificiel du fait de la durete´ de la structuration de son ve´cu qui ne concerne que des situations usuelles et routinie`res de moindre amplitude. La forme des re´seaux e´nerge´tiques concerne´s s’ave`re aussi diffe´rente. L’homme vit dans son corps. Son syste`me psychique y est intimement lie´ et toute atteinte a` l’un de ses composants retentit sur son ve´cu. Le syste`me artificiel a bien une corpore´ite´, mais celle-ci est forme´e de composants multiples, distribue´s dans l’espace, changeables a` volonte´, en pouvant par cela modifier son ve´cu ante´rieur. Les connaissances peuvent eˆtre tre`s nombreuses chez l’homme, mais se manifestent de fac¸on successive. Du fait de la reconstruction permanente de son syste`me psychique, les repre´sentations sont soumises a` des reme´morations qui modifient les souvenirs. Dans un syste`me artificiel, ses connaissances peuvent se manifester en meˆme temps, et s’exprimer en e´tablissant des synthe`ses, des agre´gations, des fusions. Le caracte`re incitatif du syste`me intervient dans les deux cas, mais sous des formes plus particulie`res. La force organisationnelle en cause mode`le les actions et les pense´es e´minemment variables d’un syste`me naturel. Elle confe`re ainsi au psychisme humain une souplesse, une plasticite´, une e´chelle de choix et d’intentionnalite´ beaucoup plus vaste et finalement une cre´ativite´ beaucoup plus grande. Pour un syste`me artificiel, ce caracte`re incitatif modifie le flot de repre´sentations qui a besoin de se manifester. Il peut ainsi les assembler, les combiner diffe´remment, mais sans posse´der une grande capacite´ de cre´ativite´ originale, faute d’ouverture suffisante. En effet, son action informationnelle sur les re´gulateurs de la boucle syste´mique la lie a` une incitation du « vivant » formalise´ qui vise a` appre´hender certaines relations, les re´gulateurs jouant alors le roˆle de lien entre l’organisme « vivant » local et global. Mais si les re´gulateurs peuvent permettre d’assurer les proprie´te´s fondamentales de syme´trie, d’inte´gration et d’harmonicite´ propres aux syste`mes naturel et artificiel, ils ne suffisent pas pour re´pondre a` une force e´nerge´tique d’ouverture permanente spe´cifique au syste`me psychique naturel. Pour eˆtre agissante, cette force doit pouvoir se ressourcer sans fin sur elle-meˆme et posse´der en elle une capacite´ d’organisation et de trans-inte´gration inne´e, ce qui ne de´pend plus alors d’un

Pour citer cet article : Marchais P, Cardon A. Similitudes et diffe´rences des mode`les constructivistes cliniques et informatiques en psychiatrie. Ann Med Psychol (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.10.019

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syste`me a` me´moire, fut-il e´volutif et constitue´ de l’agre´gation de multiples syste`mes artificiels de meˆme type en coactivite´ permanente. De`s lors, une question se pose. Comment satisfaire a` cette ouverture trans-inte´grative, sinon par un processus psychique plus puissant capable d’entrouvrir la boucle re´gulatrice ge´ne´rale du syste`me ? 4.2.3. Les ouvertures intuitives La coactivite´ des re´gulateurs va eˆtre ainsi modifie´e dans le fonctionnement courant de la boucle syste´mique, lorsque le syste`me psychique s’ave´rera en e´tat d’accepter ce changement. Il s’agit donc bien d’une incitation a` engager des re´gulateurs de la boucle syste´mique, a` changer leurs coordinations de fonctionnement, a` ope´rer dans une autre direction pour proce´der a` d’autres organisations dans la constitution d’une nouvelle repre´sentation qui va e´merger. Mais quelle peut eˆtre alors cette autre direction ? L’information donne´e aux re´gulateurs incite a` ope´rer des coordinations d’organisation dans certaines directions nouvelles enrichissantes. Elle modifie l’action de ces re´gulateurs pour lever des stagnations de pense´e, pour faire e´voluer globalement l’e´tat du syste`me psychique vers une ouverture par bifurcation ; elle n’agit pas au niveau cognitif des e´le´ments aspectuels de base. C’est ainsi que font irruption les conduites intuitives. Au-dela` des diverses formes apparentes d’intuition possible (sensible, seconde, intellectuelle, transcende´e), ce processus surgit dans le syste`me psychique du sujet qui s’interroge. Il s’ave`re un effet informatif de cette loi organisationnelle sur les re´gulateurs de la boucle syste´mique ; il lui fait ouvrir une nouvelle voie de ge´ne´ration ide´ique, et ceci dans toute situation stagnante. Ce processus informationnel provoque alors un changement, une bifurcation par rapport a` l’e´tat courant, mais il n’est qu’une impulsion changeant l’action des re´gulateurs. L’intuition apparaıˆt alors comme un effet naturel de cette loi organisationnelle qui immerge tout ce qui est organise´ dans notre espace physique ; elle fait exister une nouvelle organisation par ses incitations a` la modifier. Enfin, un dernier point serait encore a` e´voquer. En ge´ne´ralisant, cette loi hypothe´tique pourrait-elle aussi s’exercer au niveau du substrat biologique, donnant ainsi de l’information comportementale a` tout ce qui est structure´ et organise´ ? L’admettre serait alors penser que ce qui constitue notre univers vivant reposerait sur un substrat informationnel, champ constitue´ d’innombrables processus virtuels strictement informationnels formant une nappe dense donnant les lois comportementales aux e´le´ments constituants. Ces divers flux re´pondraient-ils alors toujours a` une force organisationnelle inte´ressant l’univers du vivant a` tous ses niveaux [5] ? 4.3. Limites de son application a` l’e´volution des syste`mes vivants En fin de compte, peut-on admettre que ce qui vaut pour un substratum artificiel puisse eˆtre ge´ne´ralise´ a` l’e´volution des facteurs ayant conduit a` la pense´e ? La force organisationnelle peut-elle aussi infiltrer les constituants les plus e´le´mentaires de la matie`re vivante organise´e selon une orientation autode´termine´e et/ou he´te´rode´termine´e, ainsi que les divers e´le´ments inte´gre´s des organisations psychiques ouvertes sur un avenir proche et lointain ? Vouloir e´tendre cette hypothe`se aux diverses espe`ces vivantes rele`verait d’une syste´matisation qui ne pourrait eˆtre imme´diatement assure´e. Une telle attitude impliquerait en outre de se re´fe´rer a` des syste`mes dont l’architecture et les niveaux d’organisation sont beaucoup moins de´veloppe´s, voire inexistants, ou` les re´fe´rentiels spatio-temporels sont beaucoup plus limite´s, et ou` les sensations d’eˆtre sont totalement diffe´rentes.

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Par la`, il ne s’agit donc pas de vouloir re´soudre ces proble`mes de pense´e selon une vision mate´rialiste ou spiritualiste – chacun pouvant toujours les envisager selon ses orientations philosophiques personnelles, mais il devient ne´anmoins possible de retenir une force e´nerge´tique organisationnelle qui puisse leur eˆtre compatible. Celle-ci s’ave`re alors susceptible d’aider a` re´soudre aussi bien les oppositions fre´quentes observe´es en clinique que nombre d’e´nigmes pose´es par celle-ci. Il en est ainsi de la stabilite´ et l’instabilite´ des formes pathologiques, de l’analyse des mouvances, voire des transformations des formes re´pertorie´es sous divers aspects allant des maladies mentales classiques aux repe´rages syndromiques e´tablis selon des crite`res objectivables, ou mieux selon des combinaisons de processus et de flux psychiques. Enfin, cela permet de mieux comprendre l’action the´rapeutique be´ne´fique possible, respective ou associe´e, de facteurs de nature diffe´rente (physique, chimique et/ou psychologique) sur un vaste champ e´nerge´tique soumis a` d’innombrables forces oppose´es. 5. Conclusions Le clinicien, instruit par les donne´es d’une informatique constructiviste, peut ainsi acque´rir une repre´sentation unitaire du syste`me psychique, fonde´e sur un champ e´nerge´tique mouvant soumis a` des forces internes et externes porteuses d’informations. Le fonctionnement psychique rele`verait ainsi d’un champ informationnel ou` l’on peut imaginer un vaste syste`me boucle´ et hyperboucle´ propre aux divers niveaux d’organisation et a` leur ensemble, s’ave´rant en outre en liaisons diverses et complexes avec les syste`mes environnants. De nouvelles donne´es inte´ressant la pathologie mentale en re´sultent :  les troubles mentaux re´pondent au dysfonctionnement de la boucle ge´ne´rale de re´gulation du psychisme pour des raisons aussi bien internes qu’externes. Ils te´moignent ainsi d’une alte´ration du champ e´nerge´tique sous-jacent et d’une atteinte a` la force organisationnelle du syste`me, elle-meˆme porteuse d’informations ;  par la`, ils sont aussi l’effet de bifurcations e´nerge´tiques sous l’influence d’attracteurs internes et externes mal controˆle´s par les re´gulateurs locaux et ge´ne´raux qui s’exercent a` chacun des niveaux d’organisation, ainsi qu’a` leur structure d’ensemble ;  ces troubles s’ave`rent encore non seulement l’effet direct d’une atteinte a` une force organisationnelle incitatrice de bifurcations e´nerge´tiques et de dysre´gulations, mais aussi d’un effet directif les spe´cifiant, effet lie´ aux innombrables informations transporte´es et aux forces de milieu environnantes ;  la relative stabilite´ des formes pathologiques peut ainsi aller de pair avec une instabilite´ de ces meˆmes formes, traduite par des mouvances et des transformations de troubles. Ceci est lie´ aux variations des rapports de force entre l’e´nergie organisationnelle du syste`me porteuse d’informations, les forces du milieu, et les re´gulations locales et ge´ne´rales ;  une conse´quence de ces variations est l’apparition d’oppositions qui obligent l’observateur a` ne plus se centrer sur des e´tudes portant sur les seules formes pathologiques apparentes [13]. Par la`, c’est pouvoir acce´der au fonctionnement intime du syste`me psychique en associant aux de´marches classiques une de´marche logique des contraires plus adapte´e. Celle-ci conduit ainsi a` admettre l’existence d’un substrat e´nerge´tique unitaire capable de former des organisations multiples, et susceptible de les de´sorganiser ;  d’un point de vue plus ge´ne´ral, il est a` remarquer que si les de´marches classiques ont oppose´ le vivant au syste`me artificiel, conside´rant celui-ci comme un outil, les progre`s en informatique et en clinique permettent de voir que les deux types de syste`mes

Pour citer cet article : Marchais P, Cardon A. Similitudes et diffe´rences des mode`les constructivistes cliniques et informatiques en psychiatrie. Ann Med Psychol (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.10.019

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ont en commun un certain nombre de proprie´te´s – tels les automatismes et les e´mergences qui en re´sultent, mais pas toutes. Par la`, ces syste`mes s’ave`rent subcontraires, comme en te´moigne d’ailleurs la robotique humanoı¨de dont les progre`s sont de plus en plus troublants ;  ainsi, pour rester disponible a` autrui et ne pas eˆtre submerge´ par les productions d’une cre´ativite´ limite´e a` des re´fe´rentiels techniques, le syste`me psychique doit conserver ses capacite´s d’ouverture permanente de fac¸on volontaire et re´fle´chie. Finalement, devant les oppositions de´tecte´es dans la connaissance du trouble mental, celle-ci doit eˆtre de´centre´e des manifestations apparentes du trouble et recentre´e sur ses infrastructures, tout en s’ouvrant sur les apports d’autres disciplines, telle l’informatique constructiviste [13]. Cette ouverture et ce basculement de perspective se comple`tent. Ils devraient permettre de renouveler la psychiatrie et de retentir en retour sur la vise´e informatique d’une pense´e artificielle. De´claration de liens d’inte´reˆts Les auteurs de´clarent ne pas avoir de liens d’inte´reˆts. Re´fe´rences [1] Blanche´ R. Structures intellectuelles. Essai sur l’organisation syste´matique des concepts. Paris: Vrin; 1966. [2] Cardon A. Vers le syste`me de controˆle total. http://www. Automatesintelligents. com/edito/2011/oct/controletotal.pdf-. [3] Cardon A. Un mode`le constructible de syste`me psychique. Pre´face P. Marchais. E´d. Automates Intelligents; 2011.

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Pour citer cet article : Marchais P, Cardon A. Similitudes et diffe´rences des mode`les constructivistes cliniques et informatiques en psychiatrie. Ann Med Psychol (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.10.019