Statut en iode et facteurs de risque de déficit en iode chez des enfants vus en consultation de protection maternelle et infantile dans le département du Nord

Statut en iode et facteurs de risque de déficit en iode chez des enfants vus en consultation de protection maternelle et infantile dans le département du Nord

Archives de pédiatrie 10 (2003) 96–101 www.elsevier.com/locate/arcped Mémoire original Statut en iode et facteurs de risque de déficit en iode chez ...

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Archives de pédiatrie 10 (2003) 96–101 www.elsevier.com/locate/arcped

Mémoire original

Statut en iode et facteurs de risque de déficit en iode chez des enfants vus en consultation de protection maternelle et infantile dans le département du Nord Iodine nutritional status and risk factors for iodine deficiency in infants and children of the french North department G. Pouessel a, K. Bouarfa a, B. Soudan b, J. Sauvage c, F. Gottrand a, D. Turck a,* a

Unité de gastro-entérologie, hépatologie et nutrition, clinique de pédiatrie, hôpital Jeanne-de-Flandre et faculté de médecine, 2, avenue Oscar-Lambret, 59037 Lille cedex, France b Laboratoire de biochimie, USN-A, 2, avenue Oscar-Lambret, 59037 Lille cedex, France c Direction de la famille, conseil général du département du Nord, hôtel des services du département du Nord, 51, avenue Gustave-Delory, 59047 Lille cedex, France Reçu le 17 mai 2002 ; accepté le 9 novembre 2002

Résumé Introduction – Le déficit en iode est responsable d’une augmentation de la mortalité et de la morbidité périnatales et infantiles. Plusieurs études récentes ont montré des déficits en iode dans certaines régions européennes, en particulier dans le Sud et l’Est de l’Europe. Objectifs – Les objectifs étaient de déterminer le statut en iode d’enfants suivis en consultation de Protection Maternelle et Infantile (PMI) dans le département du Nord et de rechercher des facteurs de risque de déficit en iode. Population et méthodes – L’étude concernait 160 enfants âgés de 10 jours à 6 ans (moyenne ± DS : 17,7 ± 2,5 mois). Les informations recueillies étaient : les antécédents familiaux de maladie thyroïdienne, le mode d’alimentation lors de la consultation, l’âge au début de la diversification, l’état nutritionnel et les données socioculturelles. La valeur de l’iodurie sur une miction permettait d’évaluer le statut en iode. Résultats – L’iodurie était comprise entre 4 et 1042 µg/l (médiane ± DS : 195,5 ± 21,6 µg/l). Trente-huit (24 %) des 160 enfants avaient un déficit en iode (iodurie < 100 µg/l), caractérisé comme suit : déficit faible (50–99 µg/l : 17 %), déficit modéré (20–49 µg/l : 5 %) et carence (< 20 µg/l : 2 %). Le statut en iode n’était pas statistiquement différent selon l’âge, le sexe, l’état nutritionnel et l’origine géographique de l’enfant et la catégorie socioprofessionnelle des parents. L’allaitement maternel ne protégeait pas du déficit en iode. Le statut en iode n’était pas différent entre les enfants consommant du lait de vache et ceux n’en consommant pas. La consommation de lait pour nourrissons, de lait de suite et de lait pour enfants en bas âge était un facteur de risque de déficit en iode (p = 0,02). Conclusion – La fréquence de la carence en iode était très faible dans la population étudiée, dont le statut en iode n’était cependant pas optimal. © 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés. Abstract Introduction – Iodine deficiency is responsible for a higher mortality and morbidity in neonates and infants. It has not yet disappeared in European countries, especially in Southern and Eastern Europe. Objectives – The present study aimed at evaluating the status of iodine nutrition of infants living in the North department (France) and at studying risk factors for iodine deficiency. Methods – The study was conducted in primary health care centres in 160 healthy infants aged ten days to six years (mean ± SD: 17.7 ± 2.5 months). Data included: familial thyroid disease history, type of feeding at inclusion, timing of introduction of complementary foods,

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (D. Turck). © 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés. DOI: 10.1016/S0929-693X(03)00304-X

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nutritional status (weight, height, head and arm circumference), as well as maternal education level and family socio-economical status. Iodine status was assessed by urinary iodine excretion. Results – Urinary iodine concentration ranged from 4 to 1042 µg/l (median ± SD: 195,5 ± 21,6 µg/l). Thirty-eight (24%) of 160 children were iodine deficient (urinary iodine < 100 µg/l): mild iodine deficiency (50–99 µg/l: 17%), moderate iodine deficiency (20–49 µg/l: 5%), severe iodine deficiency (<20 µg/l: 2%). No relationship was found between iodine status and age, sex, geographic origin of the children, as well as social and occupational group of the parents. Breast-feeding did not prevent from iodine deficiency. Iodine status did not differ between the cow’s milk fed group and the group that was not fed cow’s milk. Formula feeding was associated with iodine deficiency (p = 0,02). Conclusion – Prevalence of severe iodine deficiency was very low in this population. However, iodine status was not optimal. © 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. All rights reserved. Mots clés : Iode, carence en ; Statut nutritionnel Keywords: Iodine deficiency; Nutritional status; Child nutrition

Le déficit en iode est la première cause de retard mental évitable dans les pays en développement ; il est responsable de la survenue de goitre et d’une augmentation de la mortalité et de la morbidité périnatales et infantiles [1]. Des déficits en iode faibles ou modérés ont été mis en évidence dans de nombreuses régions européennes, en particulier dans le Sud et l’Est de l’Europe [2]. En France, peu d’études ont été consacrées au statut en iode des nourrissons et des jeunes enfants [3–5]. L’objectif principal de l’étude était de déterminer le statut nutritionnel en iode de nourrissons et d’enfants suivis en consultation de Protection Maternelle et Infantile (PMI) dans le département du Nord. La recherche de facteurs de risque de déficit en iode dans cette population constituait l’objectif secondaire de l’étude. 1. Patients et méthodes L’étude a été réalisée de façon prospective entre janvier et mars 2000 puis entre janvier et mai 2001, dans le département du Nord, après avoir reçu l’approbation du comité consultatif pour la protection des personnes dans la recherche biomédicale de Lille. Les enfants âgés de 0 à 6 ans se présentant en consultation systématique de PMI dans 5 circonscriptions de la métropole lilloise pouvaient être inclus dans l’étude. Les critères de non inclusion étaient le refus des parents de participer à l’étude et l’impossibilité de recueillir des urines lors de la consultation. Le nombre total d’enfants examinés en consultation de PMI dans les 5 circonscriptions pendant toute la durée de l’étude n’était pas connu. Le consentement d’au moins 1 des 2 parents était obtenu par écrit. Les données recueillies étaient : l’âge, le sexe, la taille, le poids, le périmètre crânien (PC), le périmètre brachial (PB), le mode d’alimentation au moment de la consultation (enquête alimentaire qualitative exclusivement), la date de début de la diversification, les antécédents familiaux de maladie thyroïdienne, l’origine géographique et la catégorie socioprofessionnelle des parents et le niveau d’études de la mère (primaire, collège, lycée, université). Le statut en iode était évalué par la mesure de l’iodurie sur un prélèvement urinaire [6], méthode actuellement privilé-

giée [1,7]. Les urines étaient recueillies le jour de la consultation de PMI à l’aide d’un sachet collecteur pour les nourrissons et les enfants non propres, sans utilisation d’antiseptique à base d’iode. Cent quatre-vingts prélèvements d’urines ont été recueillis pendant la durée de l’étude, mais 20 d’entre eux ne permettaient pas une mesure adéquate de l’iodurie, en raison de la quantité insuffisante d’urines collectées. Cent soixante prélèvements urinaires étaient congelés le jour du recueil et analysés dans le même laboratoire (Laboratoire de biochimie, USN-A, CHRU de Lille). La technique de mesure de l’iodurie était spectrophotométrique, par un lecteur photométrique sur microplaque (EL 808 Ultra microplate Reader, Winnoski, Vermont, États-Unis). Les valeurs seuils de l’iodurie déterminant le statut en iode indépendamment de l’âge étaient celles définies par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) [7] : > 100 µg/l : statut en iode normal ; 50–99 µg/l : déficit en iode faible ; 20–49 µg/l : déficit en iode modéré ; < 20 µg/l : carence en iode. Le rapport PB/PC, reflet de l’état nutritionnel entre 1 mois et 5 ans, était interprété selon les critères suivants : dénutrition sévère (rapport PB/PC < 0,25) ; dénutrition moyenne (rapport PB/PC entre 0,25 et 0,28) ; dénutrition légère (rapport PB/PC entre 0,29 et 0,31) ; état nutritionnel normal (rapport PB/PC > 0,31). Les données statistiques étaient analysées à l’aide du logiciel Epi info version 6.0 (Center for Disease Control, Atlanta, Georgia, États-Unis). Les liaisons entre le statut en iode et les variables qualitatives étaient analysées par le test du v2. Le seuil de significativité était de 5 %.

2. Résultats Cent soixante enfants (93 garçons, 58 %) âgés de 10 j à 6 ans étaient inclus dans cette étude. Pour chacune des 5 circonscriptions de PMI, le nombre d’enfants inclus était supérieur à 20. L’âge moyen lors de la consultation de PMI était de 17,7 ± 2,5 mois. L’âge moyen au début de la diversification était de 4,2 ± 0,3 mois chez 126 enfants âgés de 15 j à 11 mois. Les données concernant le mode d’alimentation lors de la consultation, l’origine géographique des parents, les antécédents familiaux de maladie thyroïdienne, la catégo-

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Tableau 1 Caractéristiques de la population (antécédent familial de maladie thyroïdienne, origine géographique, catégorie socioprofessionnelle des parents, niveau d’études de la mère, mode d’alimentation lors de la consultation) Caractéristiques Antécédent familial de maladie thyroïdienne : – goitre – traitement hormonal substitutif – thyroïdectomie – cancer de la thyroïde Origine géographique : – Europe (dont Europe du Sud) – Afrique du Nord – Afrique Noire – Asie Mode d’alimentation lors de la consultation : – lait de vache « standard » (dont lait demi-écrémé ; lait entier ; lait liquide concentré) – lait pour nourrissons – lait de suite – lait pour enfants en bas âge – allaitement maternel – pas de lait consommé Catégorie socioprofessionnelle des parents : – ouvriers – artisans, commerçants et chefs d’entreprise – cadres intermédiaires – cadres et professions intellectuelles supérieures – agriculteurs, retraités – autres inactifs Niveau d’études de la mère : – école primaire – collège – lycée – université

rie socioprofessionnelle des parents et le niveau d’études de la mère sont résumés dans le Tableau 1. Soixante-dix-sept enfants (48 %) avaient bénéficié d’un allaitement maternel mais 10 nourrissons seulement recevaient encore un allaitement maternel exclusif lors de la consultation en PMI. Aucun enfant ne consommait de préparation à base de soja. Les paramètres anthropométriques des enfants (poids, taille, PC) ont été classés selon les courbes de Sempé (Tableau 2). Le rapport PB/PC était normal, supérieur à 0,31, chez 133 enfants (83 %). Vingt-sept enfants (17 %) avaient un rapport PB/PC inférieur à 0,31, répartis comme suit : PB/PC entre 0,28 et 0,31 (n = 24 : 15 %), PB/PC entre 0,25 et 0,28 (n = 2 : 1 %), PB/PC inférieur à 0,25 (n = 1 : 1 %). Cent soixante échantillons d’urine ont été analysés et un dosage de l’iodurie a été réalisé pour chaque enfant. L’iodurie variait de 4 à 1042 µg/l (médiane ± DS : 195,5 ± 21,6 µg/l). Cent vingt-deux enfants (76 %) avaient une iodurie supérieure à 100 µg/l, témoignant d’un statut en iode normal. Trente-huit enfants (24 %) avaient un déficit en iode

Population (n) 16 7 4 4 1

Fréquence (%) 10 4 2 2 1

221 (4) 75 20 3

69 (1) 24 6 1

80 (61 ; 16 ; 3) 34 24 10 10 2

50 (38 ; 10 ; 2) 21 15 6 6 1

92 24 14 5 0 20

59 15 9 3 0 13

13 41 70 36

8 26 44 23

(iodurie inférieure à 100 µg/l), caractérisé comme suit : déficit en iode faible (n = 26 : 17 %), déficit en iode modéré (n = 8 : 5 %), carence en iode (n = 4 : 2 %). Parmi les 4 enfants qui avaient une carence en iode, un nourrisson consommait un lait pour nourrissons de façon exclusive, un enfant un lait pour enfants en bas âge et deux enfants du lait de vache demi-écrémé en complément de l’alimentation diversifiée. Ces enfants étaient asymptomatiques. Le statut en iode n’était pas différent selon les classes d’âge (Tableau 3). Il n’existait pas de relation significative entre le statut en iode et les paramètres suivants : sexe, état nutritionnel, âge au début de la diversification, niveau d’études de la mère, catégorie socioprofessionnelle et origine géographique des parents. Le Tableau 4 indique la valeur de l’iodurie selon le mode d’alimentation lors de la consultation. La proportion d’enfants avec un statut en iode normal (iodurie > 100 µg/l) n’était pas différente dans le groupe d’enfants consommant du lait de vache (68 sur un total de 80 : 85 %) par rapport au groupe ne consommant pas de lait de vache (54 sur un total de 80 :

Tableau 2 Répartition de la population en fonction du poids, de la taille et du périmètre crânien selon les courbes de Sempé. Nombre d’enfants (%) dans chaque catégorie Population 3e au 97e percentile > 97e percentile < 3e percentile

Poids n = 141 (88 %) n = 15 (9 %) n = 4 (3 %)

Taille n = 135 (85 %) n = 18 (11 %) n = 7 (4 %)

Périmètre crânien n = 126 (93 %) n = 6 (4 %) n = 4 (3 %)

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Tableau 3 Répartition des valeurs de l’iodurie par tranche d’âge Population 17,7 ± 2,5 160 196 ± 22 2 5 17 76

ˆ ge moyen (mois) A Nombre d’enfants Iodurie médiane (µg/l) Iodurie < 20 µg/l (%) Iodurie : 20–49 µg/l (%) Iodurie : 50–99 µg/l (%) Iodurie > 100 µg/l (%)

Groupe 1 0–6 mois 3,3 ± 0,5 54 183 2 2 13 83

68 %) (non significatif). L’allaitement maternel exclusif au moment de la consultation ne protégeait pas du déficit en iode ; 2 des 10 (20 %) nourrissons allaités par leur mère avaient un déficit en iode. Le déficit en iode était plus fréquent parmi les enfants consommant un « lait infantile » (lait pour nourrissons, lait de suite, lait pour enfants en bas âge) lors de la consultation (p = 0,02) : 24 des 68 enfants (29 %) consommant un lait infantile avaient un déficit en iode (iodurie < 100 µg/l) contre 14 des 92 enfants (19 %) ne consommant pas de lait infantile (allaitement maternel, consommation de lait de vache « standard » ou absence de consommation de lait).

3. Discussion Cette étude prospective réalisée sur une cohorte de 160 nourrissons et de jeunes enfants vus en consultation de PMI dans le département du Nord a montré que 122 enfants (76 %) n’avaient pas de déficit en iode. Trente-huit enfants (24 %) avaient un déficit en iode et quatre (2 %) seulement une carence avérée en iode. Le seul facteur de risque de déficit en iode identifié était la consommation de lait pour

Groupe 2 6–24 mois 14,2 ± 1,5 58 160 3 7 21 69

Groupe 3 > 24 mois 38 ± 3,3 48 261 2 6 15 77

nourrissons, de lait de suite ou de lait pour enfants en bas âge au moment du recueil des données et de la mesure de l’iodurie. La mise en évidence de déficits modérés en iode dans de nombreuses régions européennes, en particulier dans le Sud et l’Est de l’Europe, a suscité un regain d’intérêt depuis les années 1970–1980 [2] (Tableau 5). En 1997, une enquête épidémiologique a été menée dans 12 pays d’Europe, dont la France, pour évaluer le statut en iode de 5709 enfants âgés de 6 à 17 ans (moyenne ± DS : 10,4 ± 2,4 ans pour les garçons et 10,5 ± 2,5 ans pour les filles) [5]. L’iodurie était mesurée dans plusieurs sites pour chaque pays visité. La valeur médiane de l’iodurie était dans la norme (iodurie > 100 µg/l) en Allemagne, Autriche, France, Hollande et Slovaquie. Elle était proche de la norme au Luxembourg, mais y était inférieure en Belgique, Hongrie, Italie, Pologne, République tchèque et Roumanie. En 2000, une étude belge portant sur 111 enfants âgés de 6 mois à 3 ans montrait un déficit faible en iode chez 25 % des enfants et un déficit modéré à sévère chez 24 % d’entre eux [8]. En Suisse, la prévalence de la carence en iode dans la population a diminué depuis les années 1980 grâce à l’utili-

Tableau 4 Valeur de l’iodurie selon le mode d’alimentation lors de la consultation Mode d’allaitement

n

Allaitement maternel Lait infantile Lait de vache

10 68 80

Iodurie (µg/l) moyenne ± DS 234 ± 47 175± 81 224 ± 80

Iodurie (µg/l) médiane

Iodurie (µg/l) 1er quartile

Iodurie (µg/l) 3e quartile

206 165 220

124 87 110

296 244 327

Tableau 5 Statut en iode de l’enfant : étude de la littérature Études Als et al., Suisse 2000 [9] < 5 ans (n = 33) 6–12 ans (n = 47) 13–20 ans (n = 24) Delange et al., Belgique 2001 [8] 6 mois-3 ans (n = 111) Rapa et al., Italie 1999 [10] 1 mois (n = 241) 8–10 ans (n = 847) Delange et al., France 1997 [5] 6–17 ans Valeix et al., France 1994 [4] 10 mois (n = 456) 2 ans (n = 368) 4 ans (n = 398)

Iodurie (µg/l) (médiane ± DS) 108 110 127 101 69 121 85-131* 181 134 116

* extrêmes des médianes des populations étudiées en France dans 15 sites différents ** NP : non précisé

Iodurie < 100 µg/l (%) 41 40 34 49 63 48

Iodurie < 50 µg/l (%) 9 8 13 21 34 14

Iodurie < 20 µg/l (%)

18 32 37,2

NP** NP NP

NP NP NP

3

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sation large de sels iodés dans l’alimentation [9]. Néanmoins, l’étude de Als et al. [9] montrait la persistance de déficits en iode dans la région de Berne en 1997. L’iodurie était comprise entre 50 et 100 µg/l chez 32 % des 33 enfants de 0 à 5 ans, 32 % des 47 enfants de 6 à 12 ans et 21 % des adolescents de 13 à 20 ans. Dans notre étude, seuls 7 % des enfants avaient un déficit modéré ou sévère. En France, une étude du statut en iode a été réalisée en région parisienne dans une cohorte de 642 enfants âgés de 10 mois à 4 ans [3]. Les valeurs médianes de l’iodurie étaient respectivement de 184, 119 et 109 µg/l pour les enfants de 10 mois, 2 et 4 ans. Un déficit faible (iodurie entre 50 et 100 µg/l) était retrouvé chez 18 % des enfants à l’âge de 10 mois, 35 % à l’âge de 2 ans et 38 % à l’âge de 4 ans. Dans l’étude de Rapa et al. [10] en Italie, qui concernait 241 nouveau-nés âgés d’un mois et 847 enfants d’âge scolaire (entre 8 et 10 ans), la valeur médiane de l’iodurie était respectivement de 69 µg/l (IC 90 % : 1,2–2,1) et 121 µg/l (IC 90 % : 3,9–24,4) dans les 2 groupes d’enfants. La proportion d’enfants qui avaient une iodurie inférieure à 100 µg/l était respectivement de 37 % et 52,5 % dans ces 2 groupes. Dans notre étude, un déficit faible en iode était noté chez 12 des 58 enfants (21 %) du groupe 2 (entre 6 mois et 2 ans) et 7 des 48 enfants (15 %) du groupe 3 (âge supérieur à 2 ans). L’étude de Valeix et al. [4], réalisée en région parisienne dans une cohorte de 1222 enfants âgés de 10 mois à 4 ans, montrait une augmentation du risque de déficit faible en iode avec l’âge et une variation de l’iodurie selon l’origine géographique des parents (iodurie plus élevée que la moyenne pour les enfants nés de parents originaires d’Asie du Sud-Est et plus basse pour les enfants nés de parents originaires d’Afrique de l’Ouest). Ces 2 aspects n’ont pas été retrouvés dans notre étude. Dans l’étude de Rapa et al. [10], le statut en iode était différent selon l’habitat, rural ou urbain, avec une médiane de l’iodurie plus élevée parmi les enfants habitant en milieu urbain (124 µg/l) que chez ceux habitant en milieu rural (113 µg/l) (p = 0,04). Notre étude n’a pas permis d’évaluer ce facteur géographique. L’évaluation du statut en iode réalisée chez 247 enfants âgés de 3 à 5 ans dans 5 pays européens (Allemagne, Autriche, Hongrie, Italie, Portugal) dans le cadre de l’étude EuroGrowth a montré que la situation n’était pas encore optimale dans ces différents pays : en effet, l’iodurie n’était supérieure à 100 µg/l que chez 48 à 56 % des enfants étudiés et était inférieure à 50 µg/l chez 10 à 18 % des enfants [11]. Le déficit en iode est défini notamment par une valeur seuil de l’iodurie mesurée sur une miction selon les critères définis par l’OMS [6]. Manz et al. ont proposé d’utiliser le rapport iodurie/créatininurie sur une miction comme critère d’évaluation du statut en iode [11]. Dans la littérature, il n’existe pas de valeur de référence de l’iodurie définissant un statut en iode normal avant l’âge de 3 ans. À partir des apports recommandés en iode (90 µg/j) et de la diurèse horaire, Delange et al. ont proposé de définir un statut en iode normal par une iodurie comprise entre 180 et 220 µg/l dans cette classe d’âge [8]. D’après cette estimation, le statut en iode de notre cohorte était satisfaisant dans l’ensemble en

dehors de la classe d’âge de 6 à 24 mois (iodurie médiane : 159,5 µg/l). En France, la prévention du déficit en iode repose essentiellement sur l’enrichissement en iode des sels destinés à la consommation humaine, qui est encore interdite dans les restaurants scolaires. Notre étude ne rend pas compte de leur consommation. Pendant la grossesse, la supplémentation iodée n’est recommandée que pour les femmes ayant un déficit en iode avéré (iodurie inférieure à 100 µg/l). La supplémentation quotidienne recommandée est alors de 100 à 150 µg d’iode pendant la grossesse et l’allaitement [12]. La principale source d’iode est représentée par l’alimentation. La teneur moyenne en iode du lait de vache « standard » est de 6,1 µg pour 100 g de lait [13]. La teneur moyenne en iode des laits pour nourrissons et des laits de suite varie de 7,3 à 15 µg pour 100 ml de lait reconstitué à 15 % [13]. La teneur en iode du lait maternel varie selon le statut en iode de la femme, de 12 µg/l ± 1 à 95 µg/l ± 6, dans l’étude de Delange réalisée en Europe [6]. Notre étude a montré que les enfants consommant un lait pour nourrissons, un lait de suite ou un lait pour enfants en bas âge avaient plus fréquemment un déficit en iode que les enfants consommant d’autres produits laitiers, en particulier du lait de vache « standard ». Une enquête qualitative et quantitative plus précise semble nécessaire. Ce résultat suggère néanmoins l’intérêt d’une augmentation du contenu minimal en iode des laits pour nourrissons et des laits de suite de 5 µg/100 kcal (valeur actuellement définie par la directive européenne 91/321/CEE) à 10 µg/100 kcal [14].

4. Conclusion La fréquence de la carence en iode était très faible dans la population étudiée mais son statut en iode n’était cependant pas optimal. L’augmentation des apports alimentaires en iode, notamment par l’augmentation du contenu minimal en iode des laits pour nourrissons et des laits de suite et l’utilisation plus large des sels iodés, en particulier en restauration scolaire, semble nécessaire pour améliorer le statut en iode des jeunes enfants dans notre région.

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